Le train a besoin du vélo qui a besoin du train qui est bon pour la société qui a besoin du vélo

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train-cycleTrain et vélo n’ont rien à gagner à se parler en tête à tête. C’est globalement qu’il faut les considérer, comme partie d’une société : ils doivent « faire système ». Voici le message que je retiens de cette journée sur « Le vélo une chance pour le train » organisée le 14 novembre 2016 par l’association CyclotransEurope.

Ça aurait pu virer au cahier des plaintes, mais non, à part une petite frayeur dans l’après-midi, les exposés, les débats et les questions ont été d’excellente tenue. Plus de 110 personnes présentes, de tous types d’appartenances et de toutes les régions… se sont intéressés à la question de savoir : au regard des problèmes rencontrés pour prendre le train avec un vélo, que peut-on faire ? Et contrairement à ce à quoi on aurait pu arriver d’habitude, c’est vraiment le « système vélo » qui a été considéré, au sein d’une société toute entière.  

durantet01De la valeur écologique
Si ça coince à la SNCF, nul ne le conteste, c’est pour des raisons complexes. L’organisation du travail (les agents se voient confier des taches qui leur échappent), la peur des retards (et d’avoir à payer des pénalités pour l’occupation des sillons horaires), les conflits entre service et sécurité, entre rentabilité à court terme et besoins de la société, ou entre communes, régions et SNCF … ouvrent peut-être paradoxalement une porte, veut croire Gilles Durantet, celle de la valorisation environnementale, qui ne tardera pas à être mise en place. On comptabilisera dans les bilans financiers les gains et pertes écologiques. A ce moment on aura donné de la valeur au vélo transporté ou stationné, et peut-être aura-t-on compris que les autocars ne sont pas du tout une solution.

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A la SNCF tout est possible …

Gilles Durantet, parlant du Japon, souligne le rôle de l’humain pour le bon fonctionnement des sociétés. Les garages à vélo des gares y sont gardés par des salariés retraités, qui rangent bien les vélos et vous reconnaissent chaque jour. D’ailleurs on fait dire ce qu’on veut aux raisonnements économiques, remarque Nicolas Clifford, consultant en tourisme, ils varient d’un pays et d’un interlocuteur à l’autre.

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Le transport des vélos est un marché de niche, peut-être, mais aujourd’hui c’est bien le seul qui puisse rapporter, nous expliquera-t-il. Ces clients-là n’ont ni abonnement ni réductions et payent ce qu’on leur demande. Pour ses affaires ça marche grâce à l’astuce déployée par son équipe au jour le jour, malgré les règles tatillonnes de la SNCF. C’est ainsi qu’il arrive à créer des voyages de groupe en train + vélo.

Il se demande quand même si la France se rend vraiment compte qu’elle est la première destination touristique du monde. Ainsi plus aucun groupe ne logera dans un hôtel deux étoiles de centre-ville, correspondant pourtant tout à fait aux besoins. Paradoxe pour paradoxe, alors que les itinérants à vélo constituent la principale retombée financière des véloroutes, comme le note Erick Marchandise, pour l’EV3 il n’y a aucune liaison ferroviaire entre Copenhague et Paris, ni entre la Belgique et le France…

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En termes écologiques c’est l’humain qui a de la valeur
N. Clifford remarque aussi que quand la gare ferme le patelin se meurt. Et c’est vrai que le train est indispensable au vélo-tourisme permettant de sauver des itinéraires encore lacunaires et de rassurer les cyclistes. Il permet aussi de détacher les citoyens de l’automobile, et il n’y a qu’en Europe qu’on ait encore cette chance. Nous la gâchons, avec l’aide de la SNCF qui s’y prend parfois maladroitement. Un seul exemple, à Rueil, en région parisienne, les garages à vélos près de la gare sont tous pleins, sauf un, celui qui est dans la gare, créé par la SNCF… Tous les veligo d’Ile-de-France sont aux 3/4 vides, d’ailleurs.

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En France, beaucoup de gens utilisent une auto pour se rendre au départ de leur itinéraire cycliste, ainsi que l’a montré Marc Linsig, mais Sylvie Banoun remarque aussi que les abonnements à bas prix diffusés partout ont provoqué un quasi-doublement du nombre de trajets quotidiens par personne, passant de 2,5 à 4,5 … là où le vélo devrait au contraire alléger la charge du train.
Le train a besoin du vélo pour laisser de la place aux clients pour qui le train est utile. Train et vélo sont bons pour l’économie et pour la société dans son ensemble. Il faudrait que toutes les politiques publiques soient passées au tamis d’une « grille de cohérence », laquelle ne peut que porter sur l’impact écologique, explique-t-elle. Et ça devrait se rémunérer, si j’ai bien compris ce qu’avait dit Gilles Durantet.

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th-1Le voyage en train avec un vélo se passe plutôt pas mal dans les pays européens, a montré Bernard Laizé. Si la situation est mauvaise en Espagne et en Belgique, elle est excellente en Autriche, Danemark, Pays-Bas et Luxembourg, en amélioration en Pologne, acceptable en France et en Italie à condition de bien connaître, en dégradation en Allemagne, et peut-être parfaite en Suisse comme l’aura montré Marc Linsig.
On ne voit pas bien ce qui justifie ces différences, mais on voit que les lignes de nuit disparaissent, et que la seule ligne à longue distance où l’on ne rencontre aucun problème c’est le Paris-Moscou… Erick Marchandise a rappelé l’épopée que constitue le franchissement de la frontière franco-belge : au-delà de Jeumont, une seule solution, le vélo pour rattraper le train à 3 km. Avec une carte routière précise. Il a aussi déploré les nombreuses dégradations de liaisons sur toute la partie française de l’EV3.

des-garages-a-velos-sont-installes-dans-des-voitures-bagages-traditionnellesCe qui est sûr c’est que vélo et train doivent faire système pour devenir efficaces et conserver leurs clients. C’est bien pour ça que nous avons reçu Hervé Richard le directeur de SNCF Porte-à-porte, un homme convaincu, et c’est bien ce qu’ont dit les représentants des associations. Dans leurs rangs on compte hélas un certain nombre de découragés du train, puisque la SNCF a oublié de leur faire préférer le train.

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A nous de vous faire préférer le train.

  • Les associations ont eu l’idée qu’elles pourraient au moins reprendre l’édition d’horaires de train+vélo, comme le faisait le MDB dans le temps.
  • bitibi-logoLes résultats de l’expérimentation BiTiBi (Bike-Train-Bike), menée par le bureau Copenhagenize dans le cadre d’un projet européen avec 4 villes européennes, seront rendus publics le 7 mars 2017 à Utrecht. Ils porteront sur les transferts de passagers, mais aussi sur les gains en santé. Le BiTiBi2 est en cours de lancement et la France peut encore s’y joindre. Il s’agit de tout optimiser : parking, vélos partagés, intégration des services à l’échelle régionale, système commun de paiement pour train et vélo, communication, accès aux gares.

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De toutes façons, sans stratégie nationale forte les fameux 2 degrés de chaleur en plus sont déjà dépassés. Il faut multiplier la part du vélo par 4 dit Lorelei Limousin, du Réseau action Climat.

 

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  • L’étude de l’ADEME avait aussi largement fait prendre conscience du rôle que peut avoir le système-vélo.

 

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« Devenez adeptes du « train-cycles », tout est prévu »
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Mais sur qui taper ?
C’est un peu ce qu’on s’est demandé toute la journée, et la réponse aura été « sur tout le monde » et certainement pas que les chemins de fer, qui ne sont qu’un élément. Les régions commandent les trains et peuvent oublier le vélo, l’Etat fixe la fiscalité, l’Europe rédige des règlements, les parlementaires votent des lois, chacun fait sa partie et celle-ci n’est pas jouée. On est encore loin du « train-cycle » que nous vante la photo.
Le vélo a certes besoin du train, et le train du vélo, mais la société a besoin des deux, et le vélo comme le train ont besoin de la société.

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Le programme

  • Gilles Durantet : La problématique du vélo dans le domaine ferroviaire
  • Nicolas Clifford : Le lien indissoluble du train et du tourisme à vélo
  • Marc Linsig : Les cyclistes et le train, études sur leurs pratiques
  • Bernard Laizé : Un tour d’horizon européen des vélos dans les trains
  • Erick Marchandise : Restera-t-il des trains à longue distance? Un cas d’espèce, l’Eurovélo 3.
  • Table ronde avec Olivier Schneider (FUB), Bruno Gazeau (FNAUT), Jacques Vagner (FFCT), Sylvie Dargnies (CCI).
  • Clotilde Imbert, BiTiBi 
  • Lorelei LimousinRéseau Action Climat
  • Sylvie Banoun, madame vélos-piétons
  • Hervé Richard, SNCF, Arkadiy Dyakonov, chemins de fer russes
  • Holger Haubold, ECF, sur la législation européenne.

Les communications sont en ligne sur le site de CyclotransEurope, organisatrice de cette journée très réussie. Les illustrations de cet article, hors les extraits de communications, ont été trouvées sur internet et peuvent n’avoir qu’un rapport lointain avec le contenu.

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Vincent
7 années

A nous de vous faire préférer le train ? La seule solution réaliste à ce stade … voir lien dans ma signature.

7 années

Excellente journée, en effet.
Je pense que la SNCF peut faire bien mieux, tout n’est pas de son ressort mais elle est tout de même responsable de tout un tas de choses. Elle pourrait être plus volontaire en commençant par les petits trucs faciles à faire qui font aujourd’hui défaut : indiquer systématiquement les wagons acceptants les vélos sur le tableau de composition des trains, avoir des logos différenciés entre vélo gratuit et vélo payant, former ses agents pour accueillir plus positivement les cyclistes et mieux les guider, mettre des logos vélos bien plus gros sur les voitures les acceptant, proposer des billets de trains avec plusieurs correspondances mais intégralement vélo compatible, …

7 années

Lors de cette journée, nous avons également vu que pour que les trains puissent transporter les vélos, il faut qu’ils ne soient pas supprimés. Aidez nous à maintenir les trains de nuit en signant la pétition créée par de simples usagers.

Thomas
7 années

D’accord avec Vincent: le vélo (très) pliant est à ce jour là seule option réaliste. Elle reste néanmoins réservée aux passionnés prêts à consentir l’investissement nécessaire et ne résout pas le problème des voyages « BiTiBi » avec jeunes enfants.

Bardet, Marie
7 années

Pas compliqué non plus de revoir l’accès aux quais, qui relève bien souvent du parcours du combattant. Les cyclistes, mais aussi les personnes âgées ou avec valises, les mamans avec poussettes, et les handicapés, apprécieraient.

Jean-Jacques
7 années

Autre chose qui serait appréciée : pourquoi les places vélos ne sont-elles pas proposées avec des 1ères ? Pourquoi, en train de nuit, les places vélos ne sont-elles pas proposées avec l’option siège inclinable ? Bref, pourquoi tant de rigidité …
Ceci-dit, pour prendre plusieurs fois par an des trains grandes lignes et TER, je salue la compétence et la serviabilité de la majorité des personnels roulants ou à quai : ils me semblent bien plus en pointe que l’institution qui les emploie, sans doute car eux sont au contact de la clientèle ? ou que jusqu’à présent j’ai eu de la chance

Régis Reguigne
7 années

L’exemplarité de l’accueil des vélos dans le train InterLoire, lié à la Loire à vélo (partie de l’EV6), mérite d’être connue.

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