Une nouvelle anthologie du cyclisme

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par | Déc 18, 2017 | Histoire, Sciences | 1 commentaire

La petite reine : une anthologie littéraire du cyclisme

Bien sûr ce n’est pas la première, mais l’auteur publie des haïku. Je ne sais rien de lui, mais Jean Durry lui a signé la préface. Chacune des précédentes anthologies du cycle a sa couleur, les bienfaits du vélo et l’élégance de l’édition, en format de poche (Le goût du vélo, Hélène Giraud, Mercure de France, 2011); la drôlerie, le rafinement et le triomphe du cycle (à bi cy clette, Edgard Nye, Sortilèges, 2000, ma préférée); le plaidoyer et la conscience de la « vélorution » dès les origines (Les bienfaits de la vélocipédie, Pierre Thisset, Le pas de côté, 2013), l’histoire et l’accès aux sources vénérées (Le cyclisme dans les livres et les revues, Gérard De Smaele, L’Harmattan, 2015)1 Il y a aussi celle de Jean Durry sur l’histoire des Géants de la route, 1973, et celle initiée par Keizo Kobayashi, poursuivie depuis par Henri Bosc et paraissant chaque année, ainsi qu’encore d’autres, citées par Jean Durry dans sa préface. … Tout cela Nicolas Grenier le sait, il a donc cherché de nouveaux textes.

Cette anthologie présente en effet des textes et des signatures largement ignorées (pas toutes), charmants et désuets, qui m’ont beaucoup fait rire. L’auteur a voulu faire découvrir des textes qui sinon seraient tombés dans l’oubli, « il s’agit également d’un hommage au génie littéraire français » m’a-t-il écrit. « C’est aussi une façon élégante de dire que le vélo a été une révolution dans la société, en France, et de par le monde, et que des révolutions, aujourd’hui, il y en a cent par jour. «

La couverture est fort laide, il n’y a pas d’illustrations, même lorsque l’auteur cité est un illustrateur connu, la mise en page est d’une banalité affligeante; les présentations sentent leur recopie d’encyclopédie, les introductions sont parfois peu claires, et peu distinctes du texte cité. L’auteur commet des erreurs, attribuant à Michelin l’invention du pneumatique, à Coubertin des vues sur le cyclisme qu’il n’expose pas2 Coubertin n’écrit pas que le cyclisme est le sport qui demande le plus de caractère, il écrit l’inverse : la pratique du vélo développe une capacité de décision très particulière, « pour ainsi dire, une décision instinctive. (…) peut-on dès lors s’étonner que le moral ne bénéficie pas de qualités physiques si pleinement inconscientes ni que ces qualités demeurent spéciales à la pratique de la bicyclette. », oubliant de nous préciser que Sanderval plaide pour lui-même, croyant que Deharme et Dillaye nous renseignent sur les perfectionnements du vélo, alors qu’ils ne voient aucun avenir à ce qui en aura et prédisent les plus grandes destinées à ce qui n’a toujours pas abouti… Bref, l’intérêt de ce livre n’est peut-être pas là où on l’attend, la littérature, l’histoire ou la science, et peu vous importe sans doute.

Ce livre n’est pas dénué de qualités, certes un peu cachées et impliquant de trouver la bonne distance… mais justement. Les extraits sont assez courts pour être dégustés comme des petits gâteaux à l’heure du thé, ou du tramway. Vous rirez comme je l’ai fait; vous vous émerveillerez du style désuet de ces messieurs, un peu comme de l’odeur de rose séchée qui s’échappe de l’armoire de votre arrière-grand-mère; vous tendrez l’oreille à ce passé déjà si effacé. Vous vous souviendrez que l’eau rougie n’est pas de l’alcool, vous apprendrez les règles de l’élégance cycliste et verrez que la hargne anti-cycliste ne date pas d’aujourd’hui. Vous ne croirez pas grand’chose à ce qu’ils racontent et vous rattraperez avec Jarry, Courteline, Allais ou Perrodil.

A quoi bon faire la fière? Vous vous réjouirez à la lecture de cet ouvrage qui reflète la vraie vie des débuts sans doute mieux que bien des anthologies vraiment littéraires. De son travail l’auteur attend qu’il « apporte un peu de joie et de bonne humeur » au lecteur. Il a plutôt réussi. Malgré son aspect revêche.

 

La petite reine : une anthologie littéraire du cyclisme.
Nicolas Grenier, éd. du Volcan, novembre 2017.
22 €

 

—Notes—

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Sand28
5 années

Beau coup de coeur sur ce livre qui met la tête en friche !

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