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mardi, 01 juillet 2014

10 juillet 1994

Le Parisien, 11 07 94.jpgTout a commencé un 10 juillet. Ce jour-là, Paris s'est réveillé dans le silence et Paris fut joyeux. Ce jour-là on comprit qu'une voie routière pouvait ne pas être une voie routière. Ce jour-là on se souvint que Paris avait une Seine.

Le 10 juillet 1994, pour la première fois depuis l'inauguration des voies express, les berges de la Seine à Paris étaient fermées à la circulation motorisée.


La suite, la journée, fut un coup de tonnerre silencieux dans la France entière.

Tout avait en réalité commencé un soir du printemps, dans les bureaux de Michel Barnier, le ministre de l'Environnement, pour qui je travaillais. Son conseiller me dit : Isabelle, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour la fête du vélo (ou peut-être de l'environnement) ?

Il y eut alors plusieurs miracles. Le premier c'est que je me suis souvenue de l'hiver précédent où, pendant les inondations, je m'étais offert la traversée de Paris à vélo, de l'eau jusqu'aux moyeux, sur la route fermée... Le deuxième, c'est que l'équipe du ministre vit comme moi l'ange du vélo passer, surmonta sa peur divine et dit : vous êtes sûre, Isabelle ? On y va.

Le troisième, ce fut que la secrétaire générale adjointe du cabinet du préfet de police … s'est prise elle aussi à en rêver ! 

Après, pas de miracle. On fait l'annonce alors que Paris est déjà à moitié en vacances... On va se planter, on fait un triomphe.

Une opération très facile à mettre en œuvre, il suffisait de baisser les barrières. Pas d'animations ni de buvettes, le site se suffit à lui-même. La foule est là, elle le sera chaque dimanche des années qui ont suivi, 8 ans avant Paris-plage, 19 ans avant la fermeture de la rive gauche.

Le Parisien, 11 07 94.jpg

Il bombe le torse et lève les bras en V : "C'est beau Paris!"
"Tout le monde a le sourire"  

Pourquoi ça a marché ? Parce que nous ne nous sommes pas laissé entraîner au-delà de ce que nous voulions. Michèle Merli, de la préfecture de police, me proposait d'aller de bois à bois, et je refusais... car je voulais que cela soit très facile à mettre en oeuvre, donc … reproductible … si l'avenir le souhaitait. Baraques à frites, musiciens, et si personne ne vient ? Il ne fallait rien, ça tombait très bien que nous n'ayions eu le temps de rien organiser !

Le parisien 07:94.jpg

"Les cyclistes n'en croyaient pas leur bonheur"

 

 et l'année suivante ...

le parisien 1995.jpg

Commentaires

Vingt ans déjà ! Je m'en souviens comme si c'était hier. Et c'était bien plus important que ce dont nous pouvons maintenant profiter les dimanches : toute la voie Georges Pompidou avait été fermée aux voitures, y compris la voie sur berge dans le XVI° et les souterrains sous Iéna, l'Alma et la Concorde, si bien qu'on pouvait rouler à vélo sans croiser une voiture tout le long de la Seine depuis la limite de Boulogne !
"Nous, les cyclistes, on sait bien que les automobilistes ne nous céderont jamais les voies sur berge" dit un cycliste dans l'article. Il aura fallu 19 ans pour qu'on commence enfin à leur en prendre un tout petit bout sur la rive gauche, et 20 ans pour qu'on envisage de le faire sur un tronçon de la rive droite.

Écrit par : Abel | mardi, 01 juillet 2014

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