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vendredi, 27 janvier 2012

1ères rencontres nationales du vélo

Ce jeudi 26 janvier 2012 se sont tenues, à guichet fermé, les 1ères rencontres nationales du vélo. Toutes les composantes du vélo y étaient représentées, du sport au transport, du formateur à l’industriel, des associatifs aux élus (peu d’élus), de l’agence de voyage aux fonctionnaires, et même une brochette d’étrangers.

La journée, regroupant de très nombreux thèmes, a fait masse, et fut plutôt intéressante ; et, à condition de bien écouter, on y a aussi entendu plusieurs «annonces». Sans doute ce n’est qu’un début. Une quarantaine de participants étaient venus à vélo, mais il n’y a pas d’arceaux devant la salle de conférences de l’assemblée nationale. Rarement vu, les vélos pliants ont été refoulés !

Avec une revue de presse à jour jusqu'au 31 janvier.

---------------Ajout du 23 février : l'arrêté "garages à vélos" est paru.


Quelques personnalités sont pour beaucoup dans le succès de la journée

Philippe Goujon, évidemment, président du groupe de travail qui a voulu et préparé ces rencontres, dont on sait déjà (1ère annonce !) qu’elles sont promises pour tous les deux ans. Sa venue au vélo est récente, et son positionnement inverse de celui des militants. Le vélo est un enjeu de société, dit-il, il doit être traité exactement à égalité avec les autres modes de déplacement. Il a pourtant dû férailler fort.

Alain Jund, Strabourg, comme Michel Duchène, Bordeaux, engagés depuis longtemps, en seront d’accord mais tonnent que la place du vélo ne peut se faire qu’à condition de baisser celle de l’automobile. M. Duchène ajoute qu’il faut aussi agir contre les habitants, changer leur culture.

En matière de fiscalité, jusqu’ici le gouvernement a surtout pris des décisions favorables à l’automobile, la jupette, la balladurette, rappelle A. Jund … Mais parmi les mesures annoncées en fin de journée figurent le cumul du remboursement à 50% de l’abonnement aux transports et au vélo en libre-service. 

Th. Mariani, le ministre, a proclamé que l’objectif était d’augmenter la part du vélo dans le trafic (hors piétons) de 1% par an, pour atteindre les 10% de vélos dans le trafic en 2010.  Si 82 % des enfants font du vélo de 2 à 5 ans (comme le croit Gérard Holtz, qui animait) quel dommage qu'il y ait une telle récession ensuite ! Pour l'heure, de toutes les mesures annoncées (liste plus bas), peu sont vraiment nouvelles, et plusieurs seront « mises à l’étude ».  Espérons que le prochain gouvernement ...


Certains orateurs ont eu un peu moins de succès

VNF donne des chiffres mais pas beaucoup de mesures concrètes. Elle a bien compris cependant que 60% de ses plaisanciers avaient un vélo à bord, et que les services pouvaient être mutualisés. Rappelons qu'une bonne partie des voies vertes sont construites sur les chemins de halage, à condition que les accords nécessaires soient trouvés.

Thierry Lemoine, sous-directeur à l’aménagement durable au ministère du même nom, a failli faire peur en disant que le vélo n’était pas une finalité ultime… il a ensuite précisé que ça voulait dire que le vélo devait être partout, mais ses exemples d’actions nationales (label écoquartier pour bientôt, programme écocités) n’ont pas été de taille à convaincre.

Bernard Gleize, de la SNCF, a vu juste en disant que « ce qui est bon pour le vélo est bon pour le transport en commun », mais au-delà, on a surtout appris que la SNCF « pourrait » faciliter l’achat de vélos pliants par ses abonnés (des pendulaires qui n’encombreraient plus avec leur vélo), et que seulement 3% des places louables étaient effectivement louées (sans précisions …). Gérard Horltz a du s’y reprendre à trois fois pour lui faire parler de l’embarquement des vélos dans les trains… sans grand succès (informations ici), mais avec une annonce de valeur tout de même : Avant la fin de l’année on pourra réserver la place de vélo par internet ! Pourquoi donc Michel Duchène dit-il que «la SNCF n’aime pas les cyclistes» ?

C’est alors que Geneviève Laferrère s’est emportée et qu’aux sourires un peu désabusés ont succédé les applaudissements. La présidente de la FUB s’est dit fatiguée des petits progrès éparpillés, que l’ «épaisseur du trait» n’allait pas suffir, qu’il fallait un changement d’échelle. Elle donne des exemples … risibles. Les policiers sont dotés de codes de la route périmés, dit-elle ! Elle évoque aussi des projets où le vélo figure en bonne place, mais où le chantier se termine avant d’avoir fait la piste cyclable. Quant aux formations des ingénieurs et urbanistes, si on s’y intéressait à la ville pour les habitants, ce serait un progrès, ajoute celle qui en sait quelque chose.


Sécurité ... et casque !

Le thème de la sécurité est revenu plusieurs fois, notamment chez M. Mariani (sécuriser les réseaux et recommander le port du casque) et chez M. Névache (directeur de la sécurité routière, désormais au ministère de l’Intérieur).

Ce dernier reconnaît d’emblée que le vélo n’est pas dangereux, que le nombre de tués et de blessés ne cesse de décroître, que le cycliste n’est enregistré comme « responsable » (= agent provocateur) de l’accident que dans 30% des accidents dont il est victime, et que 20% de ces accidents sont dûs au stationnement automobile (notamment les ouvertures de portières)… Il n’en conclut pas moins que le casque est utile, « toutes les études le montrent ».

Sans surprise ... G. Laferrère souhaite qu'on agisse plutôt sur les causes, d'autant qu'on n'imposera pas de casque aux piétons.


Santé

Le professeur Toussaint s’est encore fendu d’un discours sur l’activité physique. Au-delà de ses bienfaits sur tout, il a cette fois parlé de l’interaction entre capacités mentales et activité physique. Une étude (« Tapas ») a montré que le rapport entre accidents et gains de santé était de 1 à 10.  Dès ¼ d’heure de déplacement actif quotidien l’espérance de vie augmente de 2 ans, ajoute-t-il.

Selon une autre étude citée par lui l’index de développement humain baisse à mesure que la sédentarité augmente, qui est d’ailleurs corrélée à la dépendance aux énergies fossiles.

Le docteur Saladin en rajoute une couche avec un « Le vélo provoque un déferlement de bénéfices secondaires ». On ne sait pas assez, dit-il, que la pollution modifie l’expession des gênes, effets qui resteront visibles sur 2 ou 3 générations. Quant au bruit, ses coûts induits seraient supérieurs à ceux qui sont engendrés par la pollution !

Pourquoi la ville suédoise de Lund a-elle une politique vélo aussi volontariste ? parce que elle a vu toute la pollution qu’allaient lui apporter les autos qui emprunteraient le nouveau pont la reliant au Danemark !

Il est revenu à Jean Sivardière, président de la FNAUT (les usagers des transports), de plaider pour que le vélo soit aussi pour les vieux, grâce entre autres aux tricycles, ce qui permet de rester dans la vie sociale.


Communication, sensibilisation

M. Névache dit aussi qu’il faut continuer à travailler à la réforme du code (de la route-rue), mais qu’il faudrait aussi communiquer.

Philippe Goujon dit qu’il faut sensibiliser les citoyens aux atouts du vélo pour la santé, sensibiliser les employeurs pour qu’ils aménagent des locaux convenables, et aussi les assurances pour qu’elles modulent leurs tarifs en fonction du risque, le cycliste étant moins sujet aux maladies... Là, j’espère que vous éclatez de rire, non pas contre le ministre, mais parce que vous aviez lu ma farce de Noël (Remboursement du vélo par la sécurité sociale, 3° § : Par ailleurs on vient d'apprendre que les mutuelles…).


Le vélo c'est pas cher, le vélo ça rapporte

L’UNAF (les associations familiales) a montré que se passer d’une automobile faisait économiser 300 € par mois.

L’AF3V (association des véloroutes et voies vertes) rapporte que 1 € investi dans une véloroute rapporte 1 € dès la première année, taux de rentabilité unique au monde. Les touristes à vélo dépensent plus que les autres touristes.

Thierry Fournier, président du Conseil national des professions du Cycle (CNPC- fabrication et vente) explique que l’industrie va sûrement revenir en Europe (et qu’il faut l’y aider) car la Chine a désormais son propre marché. Tant mieux, car il ne peut y avoir innovation si on n’a pas sous les yeux la fabrication, ajoute-t-il. Or la créativité est encore ici. Pour lui la qualité s’exporte bien, son entreprise en est la preuve.

François Lombard, de Neovelo (commerce de vélos à assistance électrique) plaide lui aussi pour que l’on pense « qualité », et donc prix, et assure qu’il y a un vrai problème de formation des techniciens.

 

Je ne peux pas tout raconter. On a aussi beaucoup parlé de formation à la formation pour la conduite (les moniteurs de vélo-écoles), de communication, de label ville vélo-touristique, d’échanges d’expériences et de formation … pardon à tous ceux que je ne cite pas.

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 --- Les mesures du plan national vélo ---

Décisions déjà prises, mais avec un petit plus

- Garage à vélos obligatoire dans les constructions neuves (*) voir plus bas ... . Depuis hier on en connaît la taille minimale : 0,75 m2 pour un T2, 1,50 m2 pour un T3 et plus (soit à peu près une place pour vélo par appartement de 3 pièces, un vélo pour deux petits appartements). Ajout : L'arrêté est paru le 20 février. Il s'applique à partir du 1er juillet 2012.

- Tourne-à-droite aux feux : le panneau devait être officialisé dans quelques jours et cela a été fait depuis le lendemain, c'est-à-dire ce matin.  Il y aura le choix entre un feu clignotant à poser à droite des feux classiques, ou un panneau, avec option tourne-à-droite ou tout-droit. (ce sera fait à peu près à la même date en Belgique).

- Mise en œuvre complète du schéma national des véloroutes dans les 5 ans, et jalonnement dès cette année de 3 itinéraires majeurs : la vélodyssée (EV1, Roskoff à Bayonne), Londres-Paris, Mont-Saint-Michel – Paris, toutes trois devant être inaugurées cette année.

Mesures à l’étude

- Indemnité kilométrique pour les déplacements domicile-travail (non imposable pour le bénéficiaire, déductible de l’assiette pour l’employeur; facultative).

- Cumul des remboursements aux abonnements aux transports publics et aux vélos en libre-service.

- Encouragement aux vélos-écoles

- Marquage des vélos. Le ministre a annoncé avoir tout juste reçu l’accord de son collègue de l’Intérieur pour y associer la police. Ce qui donnera enfin tout son sens au bicycode.

 - Plan national de communication

Autres

- Une équipe pour M. vélo et un peu plus d’argent (600 000 € par an au lieu de 400 000)

- Remise en place des « monsieur-madame vélos » des directions régionales de l’environnement, de l’aménagement  et du logement DREAL, ex. DDE.

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A la sortie ... prudence et attentes

Impressions prudentes, le sentiment qu'en si peu de temps ils ne pouvaient pas faire mieux.
Un beau paquet rempli de petits cadeaux, dont certains avaient déjà été vus, cachés dans le tiroir des parents, et d’autres qui sont plutôt des « bons pour » sans qu’on soit certain que le produit verra le jour. Un paquet qui fait quand même plus gros que des petits cadeaux éparpillés, et, surtout, l’impression teintée d’espoir que ce n’est qu’un début.
Le vélo prend une nouvelle dimension, il devient un sujet national. Ça commence peut-être maintenant.
Et la prochaine fois, pourra-t-on rentrer les vélos pliants ?


(*) réf :

Code de la construction et de l'habitation. Article L111-5-2. 
Créé par loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 57

I. ― Toute personne qui construit un ensemble d'habitations équipé de places de stationnement individuelles couvertes ou d'accès sécurisé le dote des gaines techniques, câblages et dispositifs de sécurité nécessaires à l'alimentation d'une prise de recharge pour véhicule électrique ou hybride rechargeable et permettant un comptage individuel, ainsi que des infrastructures permettant le stationnement sécurisé des vélos.

II. ― Toute personne qui construit un bâtiment à usage tertiaire constituant principalement un lieu de travail et équipé de places de stationnement destinées aux salariés dote une partie de ces places des gaines techniques, câblages et dispositifs de sécurité nécessaires à l'alimentation d'une prise de recharge pour véhicule électrique ou hybride rechargeable ainsi que des infrastructures permettant le stationnement sécurisé des vélos.

III. ― L'obligation prévue aux I et II s'applique aux bâtiments dont la date de dépôt de la demande de permis de construire est postérieure au 1er janvier 2012.

 

Les premières réactions publiques

  • Le Club des villes et territoires cyclables attend encore un Plan National Vélo.  Communiqué du 26 janvier 2012. La suite est moins négative.
  • Le Comité de promotion du vélo, (…) regrette (…) que les premières mesures n’aient pas immédiatement intégré un volet économique à portée nationale, ( …) « le vélo a besoin que le local et le national appuient avec une égale puissance sur les pédales pour aller droit, vite et loin ». 
  • Geneviève Laferrère, présidente de la FUB, avant la Rencontre : "ces petits riens sont de vrais déclencheurs". "Au niveau national, c'est la première fois que le mot 'vélo' est prononcé et c'est quasiment déjà une révolution". Dans Le Monde, Le gouvernement présente son plan national vélo, 26 janvier.
  • MDB : Plan national vélo : déception.

et aussi ...

Commentaires

En tant cycliste usager au quotidien des aménagements cyclables et également pour mes loisirs, il manque à mon avis un élément important dans les mesures du plan national vélo à savoir la connaissance justement de ces aménagements cyclables. Si l'on cherche à promouvoir l'usage du vélo il faudrait au préalable partager cette connaissance or bien souvent elle reste la propriété de nombreux organismes. Aujourd'hui, une alternative existe, il s'agit du projet OpenStreetMap de cartographie libre et participative mais la licence libre n'est pas si facilement acceptée.
Vous trouverez par exemple dans ce lien une sollicitation auprès de l'AF3V à ce sujet: http://lists.openstreetmap.org/pipermail/talk-fr/2012-January/039802.html où son président indique ne pas souhaiter mettre à disposition les tracés des véloroutes et voies vertes.
Qu'en pensez-vous? N'y aurait-il pas un terrain d'entente ?

Écrit par : Romain MEHUT | dimanche, 29 janvier 2012

Je n'en pense rien ! Le relevé précis et utilisable des infrastructures est en effet un travail très lourd, le seul relevé des pistes d'Ile-de-France m'avait pris environ 6 mois. Heureusement que c'était payé ! Il n'y a pas de bons contrats sans réciprocité, mais bien sûr ce blog n'est pas le lieu pour négocier.

Écrit par : Isabelle | dimanche, 29 janvier 2012

Je constate que la plus grosse association d'usagers("L'Heureux Cyclage") n'a pas eu la parole, qu'avant cela elle n'a pas été consultée ni invitée. Pour des assises du vélo il s'agissait donc plutôt de s'asseoir sur les cyclistes ! Et les discours "sécuritaires" pour le port du casque en sont une autre preuve éclatante.
Ce sont les ateliers qui sont à la base du renouveau du vélo de ville, qui donnent leur indépendance aux associations, il faudra donc faire avec eux et si les autorités publiques n'entendent pas leurs revendications alors elles se passeront aisément des incompétents publics...

Écrit par : "theron" | mardi, 31 janvier 2012

La SNCF aimerait n'avoir que des vélos pliants à bord de ses trains : une façon de résoudre le problème...Plus besoin de Mission Vélo... Il aura fallu que Gérard Holtz s'y reprenne à plusieurs fois pour que le mot "embarquement (des vélos à bord)" soit prononcé...Comme il aura aussi fallu attendre ce 26 janvier à trois mois de l'échéance présidentielle pour que le mot vélo soit chuchoté à l'échelle d'une politique nationale. Cela constitue néanmoins un bon début, l'espoir reste permis. Même si les réalisations tardent vraiment à voir le jour et qu'on a l'impression que les mentalités évoluent peu au niveau de l'Etat... S'il fallait prendre comme exemple la place faite aux vélos dans des opérations d'intérêt national comme La Défense ou encore Roissy, le chemin restant à parcourir serait considérable ... Même chose si on considère les projets de véloroutes. Pour n'avoir pas à envisager à court terme de nouveaux itinéraires de sortie de Paris, les deux premiers projets annoncés vers le Mont Saint Michel et Londres se rabattent sur les seules sorties existantes, sans qu'elles soient améliorées (coulée verte du Sud) ni même en continuité avec l'itinéraire (cas au niveau de Massy vers Gometz et Limours). Aucune sortie n'est encore prévue à l'ouest de Paris, en recoupant le nord et le centre des Hauts de Seine. Espérons que les acteurs de terrain, comme par exemple le club des villes cyclables, sera entendu et que le vélo aura sa place comme usager de la voirie, que ce soit en centre-ville, en zone rurale et surtout - c'est là qu'il y a le plus de problèmes - en zone interurbaine et suburbaine.

Écrit par : Favier Lionel | mercredi, 01 février 2012

Les commentaires sont fermés.

 
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