Isabelle et le vélo

Sur la voie verte de Flers, dont la gare est un bon point de départ, il y a à chaque intersection des arrêtés signés du maire, bien propres sur du beau contre-plaqué, disant que c'est interdit à presque tout le monde, et des barrières doubles espacées d'un mètre environ, mais pas de fléchage.  

Où l'on a confondu voyageur et VVTiste, puis voyageur et intrus, et aussi voyageur et devin.

Au départ de la gare de Flers, certes, c'est indiqué. En petit, tout au fond à droite. Entre deux feux, un peu plus loin, on vire à gauche par un petit chemin, puis on se retrouve sur ce qui est sans doute une ancienne voie de chemin de fer, débroussaillée mais très chaotique, très peu cyclable à vrai dire. Ensuite grand'route, et plus rien.

Bien plus loin on aperçoit à gauche un petit panneau qui nous tourne le dos. La curiosité aidant, on devine qu'il faut alors suivre à l'envers un jalonnement «vers la gare». Je devine, j'espère, un cycliste m'y encourage, et me voilà sur ce long chemin pour VTTistes, très champêtre mais franchement ce n'est pas sérieux. Heureusement il ne faisait pas encore sombre. La voie verte elle-même n'est guère indiquée, et elle est fort barricadée. Au retour c'est la gare elle-même qui ne sera plus indiquée avant … le moment où on a reconnu les lieux et qu'on est pile à l'entrée de la dernière rue.

La piste est en terre bien dure, mais évidemment boueuse par endroits. Elle est extrêment agréable. Il y a des bancs aux bons endroits, et le kilométrage «régressif», entre Flers et Domfront, est sans doute une bonne idée. Plus loin les panneaux sur la nature intéressent peut-être les résidents. Pour les voyageurs, des plans de l'itinéraire, des panneaux de direction et des renseignements pratiques, peut-être un jour ?

Ni voyageur ni touriste, grimpeur !

Pour rejoindre le centre-ville de Domfront, il faut suivre «centre médiéval» par la côte des camions, c'est la moins pentue. Foi de cycliste expérimentée. Mais c'est idiot, car l'hôtel recommandé par le guide se trouve en bas, sur la grand'route. Alors, je re-descend par la large et longue route en courbe ... ce qui est encore plus idiot, car cet hôtel se trouve à deux pas de l'ancienne gare … Le guide ne l'avait pas dit, pas plus qu'il n'avait dit comment monter. Ce n'était évidemment pas non plus mentionné en ville, ni visible depuis la piste. Et le lendemain c'est une Manouche qui dû m'indiquer le sens à prendre. 

Le guide n'a rien dit non plus de l'ensemble de "proto-industrie du fer" situé aux forges de Varenne. Quel dommage, ses différents sites reliés par une "boucle de découverte" méritent visiblement une journée …

Un guide qui ne guide pas

J'ai déjà écrit du mal de ce guide, utilisé en Beauce. Il ne s'est pas amélioré depuis. J'y ai trouvé les mêmes erreurs de positionnement de pistes, les mêmes manques de plan. Il est compliqué à utiliser car le plan d'ensemble ne donne pas les pages, et la présentation n'est pas linéaire. Surtout, il décrit fort bien ce qu'on va voir par nous même (c'est joli, ça sent déjà la mer, il y a du vent, il y a des panneaux, etc) mais un guide n'a-t-il pas pour rôle de donner l'information qu'on ne saurait trouver sur place ? Plans d'accès des villes, plans des intersections de pistes, situation des commerces ou hôtels … auraient rendu grand service.

Nous dire qu'on peut chercher un commerce à tel endroit, mais sans garantie, ou nous faire un tas de phrases pour ce qui devrait se trouver en symboles sur la carte (tables de pique-nique, WC, traversées dangereuses...), c'est vraiment faire du remplissage, et ce n'est pas pratique. Page 115, par exemple, pour une page entière les seules réelles informations se résument en «nombreuses tables de pique-nique» et «la véloroute évite la RD 275, très fréquentée».

Pour en finir avec ce guide, j'ai du mal à croire que le repérage ait toujours été fait à vélo. La sortie de Flers m'en a d'abord fait douter, puisqu'il y est écrit que désormais c'est bien indiqué. Le premier hôtel recommandé à Saint-Hilaire-du Harcouët, peu cher malgré ses deux étoiles mais très vétuste, se trouve en-dehors du centre-ville, sur une route départementale où seul un automobiliste a des chances d'être passé. A-t-il été visité ? Le patron, plus prudent, oblige les clients à monter voir la chambre avant de signer... Pour moi ce fut une bonne étape, mais la plupart des acheteurs de ce guide refuseront de s'y arrêter.

L'ensemble de l'itinéraire est pourtant magnifique, et je ne regrette rien. Avec de bons pneus on a même une chance de ne pas percer, malgré les lits de bogues de chataignes, et avec un peu de chance on risque même de rouler dans le bon sens. Les habitants améliorent peu à peu les lieux, scient ou repoussent des barrières, indiquent le chemin … Mais il faut bien reconnaître que de véloroute vers «la merveille», seuls les touristes sont conscients, sauf sur la fin, sans doute, où le jalonnement est bon. Mais cette fin à la fin nous réserve quelques plus désagréables surprises encore …

 Plan de l'ensemble de l'itinéraire :

 

 

• Guide : De Paris au Mont-Saint-Michel à vélo. Ouest-France, mars 2014. Attention : lorsque je critique un guide, je ne dis pas que je ne l'ai pas utilisé ni même que j'aurais pu m'en passer. S'il m'avait mis dans de grosses galères ou s'il m'avait mis en danger, ce serait grave. Ce n'est jamais le cas. Je dis seulement qu'à mon avis les guides devraient mettre l'accent sur la cartographie et les renseignements précis, et que cela enlèverait la tentation du téléchargement de plans gratuits, réalisés par des bénévoles. D'autant que je ne crois pas une seconde que des plans réalisés bénévolement soient meilleurs, car tout cela demande temps, savoir-faire et maniaquerie ! 
• Début de l'itinéraire : Dernier paragraphe de l'article De Tours à Chartres par la nouvelle véloroute de Saint-Jacques.
• Fin de l'itinéraire, accès au Mont : à suivre ...