jeudi, 22 novembre 2012
Sécurité routière : publicité ou surveillance ?
La police punit ce qui n'est pas dangereux et la Prévention routière fait des mamours aux automobilistes dangereux.
Deux exemples parmi mille, récents :
Téléphoner au volant multiplie par cinq le risque d'avoir un accident de la route. Une "campagne" "lancée" par la Prévention routière (issue des assurances). Moi j'aimerais mieux qu'on lance la police plutôt que de la laisser verbaliser des cyclistes qui passent un feu rouge devant un passage piéton vide de piéton.
90 euros le PV en zone 30 à Paris. Un témoignage parmi tant d'autres.
Une web-docu-vidéo très marrante
Les associations Prévention routière et Assureurs prévention déploient de grands moyens pour convaincre les jeunes de ne pas téléphoner en conduisant une auto ... 90 % des 18-24 ans se servent du portable en voiture pour prendre des appels, paraît-il. Que fait la police ?
Cette campagne n'a lieu que sur Facebook. Allez-y pour voir ce qu'on peut faire, techniquement !
C'est un très amusant développement vidéo-graphiste. Pour en profiter, cliquez ici.
(Pas d'inquiétude, il fonctionne même en conduisant, et même si vous n'êtes pas sur facebook et même si vous n'avez pas d'auto. Mais si vous êtes sur Facebook, alors c'est vraiment extraordinaire.)
90 euros le PV en zone 30
Un témoignage parmi tous les autres.
Décembre 2011, en semaine, à Paris vers midi. M. D. doit aller de la place Blanche à la portion de rue de Clichy comprise entre la rue de Bruxelles et la place Clichy. Récit.
La voie légale pour ce faire : piste du boulevard de Clichy ; passage, après un premier feu, à un deuxième feu puis à la « piste » du mail central de la portion de boulevard comprise entre Castorama et la place Clichy ; deuxième feu sur la place, lieu où il faut se re-glisser dans la circulation (se projeter dans le flot selon un angle proche de 45 °), puis contourner la statue et s’arrêter à un troisième feu avant de traverser le reste de la place pour rallier la rue de Clichy, à l’entrée de laquelle il faut mettre pied à terre puisque sa circulation (intense) remonte vers la place.
J’ai choisi une voie plus rapide et moins dangereuse : de la place Blanche, je pousse mon vélo dans une première portion de la rue de Bruxelles, très fréquentée ; place Adolphe-Max, je monte sur mon vélo pour en faire le demi-tour et m’engager dans la seconde partie de la rue de Bruxelles, toujours à contre-sens, mais très tranquille, peu de véhicules arrivant de la rue de Clichy dans cette artère de desserte locale.
Débouchant de la rue de Bruxelles sur la rue de Clichy, j’avise un poteau pour y attacher mon vélo. Sifflet. Deux policiers arrivent : « Vous vous êtes arrêtée parce que vous nous avez vus ! — Non, je vais au laboratoire, à côté. — Vous étiez en sens interdit ! — Je le sais bien, mais la rue est très calme [et encore je n’avais pas vu, à l’époque, la mention “zone 30” en énorme sur la chaussée] et j’ai choisi la sécurité plutôt que la place, très dangereuse. (…) » Mais le tandem restait a priori obnubilé par la légalité que j’aurais sauvagement bafouée. Bilan : 90 euros de PV.
Après notre entrevue, les policiers ont plié bagage : un esprit mal tourné y verrait le comportement d’un commerçant qui ferme sa boutique quand il a fait son chiffre.
Carte Paris voies cyclables, éd. Médiacarte
Moralité
J'aimerais mieux que la police s'intéresse aux cyclistes qui doublent par la droite un autre cycliste ou, évidemment, un poids-lourd. J'aimerais qu'elle rappelle aux cyclistes et autres qu'ils doivent respecter un mètre pour doubler un cycliste. J'aimerais mieux qu'elle soit sur le terrain pour verbaliser les feux rouges passés en vitesse par les automobilistes.
J'aimerais que la police surveille, qu'elle fasse de la pédagogie. J'aimerais qu'elle ait une attitude réaliste. Les campagnes de communication ... A publicité et répression, j'aimerais qu'on ajoute Pédagogie et Aménagement.
La Sécurité routière (Etat) n'est pas en reste sur le plan de la création artistique.
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Voir :
Les hommes en meurent plus. 18 avril 2012. Une admirable vidéo
Sécurité / Répression. Nov 2009. Présentation d'une vidéo concernant les cyclistes ...
Sur le thème, voir aussi :
L'hécatombe silencieuse. 24 avril 2012. un dossier de Sciences et Avenir, qui montre qu'on s'en fiche.
Strasbourg punit les cyclistes pour rassurer les piétons. Blog L'interconnexion, O. Razemon. 7 nov. 2012
Vélos verbalisés pour vitesse excessive : ce n’est pas un canular. Blog L'interconnexion, O. Razemon. 3 sept 2012
La ville de Paris primée pour ses cyclistes écrabouillés. Déc. 2009. Une campagne de communication au ton particulièrement peu encourageant, en début de second mandat.
04:00 Publié dans Publications | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sécurité, politique cyclable, anti-vélo
Commentaires
Ce témoignage est terriblement révélateur de la mentalité de la police parisienne, qui, sans être forcément pro-automobile, a des "quotas" de PV à faire pour chaque catégorie de véhicule.
Cette pratique ténébreuse a été mise en place dans les années 1990 sous la pression des associations d'automobilistes qui en avaient assez d'être apparemment les seuls à être mis à l'amende, alors que les cyclistes jouissaient jusque là d'une relative tolérance en ce qui concernait le respect de la signalisation.
Les organismes de prévention routière, gérés par et pour les automobilistes, se sont fait un devoir, en coopération avec la police, de mener des campagnes d'éducation au Code de la route, devenu dogme intangible dont toute remise en cause fait de vous un dangereux marginal tendance anarcho-écologiste.
Si les automobilistes se comportent globalement bien mieux qu'il y a 20 ou 30 ans, les cyclistes se retrouvent entre le marteau et l'enclume, car encore trop tenus, dans les textes, les aménagements et les mentalités, aux mêmes restrictions que les motorisés.
Lors d'une formation sur les aménagements cyclables, l'intervenant nous a expliqué que deux organismes s'opposent à la démarche "Code de la rue" (ex. "route nue", double-sens cyclables, cédez-le-passage au feu rouge...) : la police et les assureurs, qui n'ont aucun intérêt à ce que les règles de circulation soient simplifiées et plus "naturelles". Derrière leur discours technocratique et sécuritaire, ils savent très bien que le nombre d'accidents et d'infractions serait diminué, toutes les études l'ont démontré.
Il est remarquable de noter que la démarche "Code de la rue", entamée timidement ces dernières années, n'a fait l'objet de quasiment aucune campagne d'information de grande ampleur. À croire que le seul souci des organismes de sécurité routière est la sécurité des automobilistes, quelquefois celle des piétons.
Écrit par : Quentin | jeudi, 22 novembre 2012
Une chose me gêne : en l'état actuel de la législation, cette cycliste a joué et perdu. Je ne vois pas en quoi s'appuyer sur les fautes des autres permet de s'exonérer des libertés que l'on prend soi même avec ladite législation, fut-elle inadaptée. (J'essaierai d'aller voir dans le coin la configuration des lieux car leur description ne me dit rien).
Ce serait par contre l'occasion de demander dans un premier temps, outre un effort de formation et de pédagogie des forces de l'ordre (ça prendra du temps), une adaptation du montant des contraventions applicables aux cyclistes parisiens voire français, à l'exemple de ce qui a été décidé récemment à Strasbourg.
Quant au Code de la rue... il faudrait peut-être que les cyclistes soient plus présents lors des consultations de la population. Lors de la récente mise en route de la procédure de révision du PLU de ma commune, je crois bien avoir été le seul cycliste au quotidien à m'exprimer (phénomène observé dans bien d'autres occasions : ce ne sont pas toujours les cyclistes les plus aguerris qui participent).
Écrit par : Jean-Jacques | mardi, 04 décembre 2012
Rien n'oblige la police à verbaliser. Tenant compte des circonstances elle pouvait se limiter à une remarque. Ce qui est surtout souligné par la témoin, c'est le montant disproportionné de l'amende. Et ce que je soulignais en créant le parallèle, c'est ce que j'ai résumé par le titre : Belle oeuvre d'art pour un comportement très dangereux, punition sévère pour un comportement peu dangereux.
Écrit par : isabelle | mercredi, 05 décembre 2012
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