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jeudi, 20 septembre 2012

Velo-city 2012 (2/7) : vélo et santé, enfants, villes

santéLes bénéfices du vélo pour la santé ont constitué un thème primordial de la conférence de Vancouver. Il fut d’ailleurs traité en séance plénière, ce qui montre l’importance qu’il revêt.


Il est vrai que la conférence se tenait en Amérique du Nord (pour la seconde fois seulement depuis  1980, date de la première conférence : en 1992 c'était à Montréal), où les conséquences dramatiques de la sédentarité et d’une mauvaise alimentation sont spectaculaires : aux États-Unis, la quasi-totalité des États affichent désormais plus de 30 % d’adultes obèses, comme en témoignent les cartes présentées par Susan Dannenberg, qui font prendre conscience de la tendance continue à la hausse sur quelques décennies. Ayant fait ce constat, ce médecin expose les prémices d’une recherche-action visant à lever les freins à la pratique de la bicyclette par les habitants des quartiers Ouest de Philadelphie, afro-américains à 75 %.

Lors de la conférence de Vancouver, la nécessité de pratiquer les modes actifs de déplacement – marche et vélo – pour être en bonne santé physique et psychologique a été affirmée par de très nombreux intervenants des séances plénières.

Si cet objectif de santé publique est ainsi sorti de son statut de thématique parmi d’autres pour marquer de son empreinte la conférence de 2012, c’est aussi parce qu’il englobe (ou rencontre) à peu près toute la réflexion autour du vélo. Sans compter que le bénéfice du vélo pour la santé est reconnu par ses usagers là où la pratique est intense. C’est ainsi que les habitants de Copenhague, interrogés sur les avantages de faire du vélo, répondent : c’est bon pour la santé, c’est pratique, c’est rapide.


Pouvoir pratiquer marche et vélo est un droit

Pouvoir pratiquer les modes actifs dans de bonnes conditions (en particulier de sécurité) est un droit pour tous, des plus jeunes (voir la Charte de Vancouver ci-après) aux plus âgés et ce dans tous les pays.

Pour Gil Peñalosa, charismatique directeur exécutif de l’ONG 8-80 cities, les deux questions incontournables pour déterminer le caractère cyclable d’une ville sont :

Laisserais-je un enfant de 8 ans rouler seul à vélo ? 
Laisserais-je un de mes proches, âgé, rouler encore à vélo ? 

Ces questions débouchent évidemment sur celles de sécurité routière et d’aménagement et, le droit au vélo étant affirmé pour des raisons de santé publique (santé des populations, dépenses de santé évitées, environnement sain), sur celles des nécessaires politiques publiques en faveur du vélo.

 

C’est dès le plus jeune âge que le vélo est bénéfique, non seulement pour éviter l’obésité précoce, mais également pour découvrir son environnement, acquérir progressivement son autonomie, plutôt que d’être surprotégé. Le vélo pratiqué tout au long de la vie diminue fortement le risque de développer nombre de maladies. 

Bénéficier d’un environnement sain, c’est pouvoir éviter les accidents, ainsi que les maladies et décès précoces dus à la pollution. La diminution de la pollution de l’air avec l’augmentation de la part modale du vélo a été auscultée dans le thème central The benefits of cycling for air pollution.

Les retombées positives sont doubles, à la fois environnementales et sanitaires (la nécessité de faire prendre conscience aux services concernés de l’importance des dépenses de santé évitées a été rappelée).


Les villes ne sont pas peuplées que de « trentenaires actifs »

Bénéficier d’un environnement sain, c’est aussi une question de cadre de vie. Pour Gil Peñalosa, il est temps d’arrêter de penser les villes (où la population tend à se concentrer selon un phénomène mondial) pour trentenaires actifs, ce qui exclut de fait tous les autres. Il faut promouvoir la ville AAA : All Ages and Abilities.

Le vélo améliore les villes

Une ville cyclable pour les enfants est ainsi une ville cyclable pour tous. Au-delà de la durabilité, une ville cyclable est également un lieu où il fait bon vivre ensemble. Le vélo améliore les villes. Nous avons ainsi appris de Maria Vassilakou, maire-adjointe de Vienne, que les familles apprécient désormais de s’installer au centre de cette ville, car les enfants peuvent y faire du vélo. L’étalement urbain n’est donc pas une absolue nécessité.

L’éducation des enfants au vélo faisait l’objet d’une double session, avec 8 communications sur les meilleures réalisations au Danemark, aux Pays-Bas, en Autriche, en Angleterre, aux États-Unis et au Canada.

Le droit au vélo est aussi un droit à l’emploi

Le droit au vélo affirmé pour tous introduit un principe d’équité. Promouvoir l’usage du vélo dans des communautés à faible pouvoir d’achat accroît les possibilités de mobilité, voire est synonyme de maintien dans l’emploi et le territoire (paysans) ou de nouveaux emplois (femmes) (session The bicycle as a social development opportunity for underprivileged and minority populations avec des exemples d’interventions en Ouganda et au Rwanda (Sue Knaup, Etats-Unis), au Nigéria (John Sanni, Nigéria) et dans les quartiers Ouest de Philadelphie (Susan Dannenberg, Etats-Unis, déjà citée).

 

 

La Charte de Vancouver affirme

le droit au vélo pour les enfants

 

Ce droit au vélo s’inscrit bien dans la Convention internationale des droits de l’enfant.

• Rappelant que, dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, les Nations Unies ont proclamé que l'enfance a droit à une aide et à une assistance spéciales (préambule). [...]

 

Les États parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à :

• Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités (article 29-1-a).

(…)

Considérant que la pratique du vélo contribue à répondre aux besoins des enfants et à assurer leurs droits car :

• Grâce au vélo, les enfants sont physiquement actifs ; ils peuvent explorer leur entourage et en faire l’apprentissage ; le vélo apporte une contribution essentielle à leur développement physique et social.

• Le vélo permet aux enfants d’explorer leur environnement et d’accéder pleinement à leur milieu de vie, de se déplacer sur de plus longues distances, de rejoindre l’école, les commerces, les parcs et tous leurs lieux d’activité quotidienne.

Grâce au vélo et aux autres formes de déplacement actif, les enfants aident à rendre plus vivables, sûrs et économiquement viables leur entourage direct, ainsi que la ville ou la communauté dans laquelle ils vivent, et apportent une contribution essentielle à l’environnement.

 

À l’occasion de la conférence Velo-City Global, tenue à Vancouver en 2012, les soussignés en appellent aux Nations unies, ainsi qu’à toutes les organisations gouvernementales, intergouvernementales et non gouvernementales pour qu’elles :

 

• Se fixent pour but de contribuer à l’amélioration du sort des enfants tout autour du monde par des politiques et stratégies de transport durable.

• Incluent le vélo dans toutes les politiques et stratégies de transport durable.

• Se fixent comme objectif d’offrir à tous les peuples des possibilités de faire du vélo.

• Soutiennent les modes actifs de déplacement pour les personnes de tous âges et capacités et améliorent la sûreté et l’accessibilité des voies et espaces publics, en particulier pour les enfants.

• Développent les programmes qui encouragent les enfants à se rendre à l’école à pied ou en vélo et en fassent la promotion.

• Développent les formations au vélo dès le plus jeune âge de manière à en faire bénéficier tous les enfants.

• Agissent en étroite coopération avec les organisations de défense et de promotion du vélo et autres organisations citoyennes pour encourager plus d’enfants à faire du vélo plus souvent. 

 

 

Texte : Sylvie Abours

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