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mardi, 09 juin 2015

Velo-city Nantes, un congrès chargé

velo-cityIl y a des Velo-city parfaitement organisés où on s'ennuie sec. Il y en a d'autres où c'est un peu la pagaille mais où la haute exigence intellectuelle l'emporte sur tout. Le Velo-city de Nantes devrait être celui de la démesure, et, après celui de Paris mais pour d'autres raisons, celui d'une nouvelle ère.

 


Des chiffres jamais vus

  • 1 550 participants, dont environ 1/3 de Français, et 80 pays représentés. Seulement 10% de participants auraient demandé le tarif réduit. Jusqu'alors les Velo-city n'atteignaient pas 1000 participants, et les Français n'y venaient guère.
  • 91 exposants, dont beaucoup de français. Rien que ce salon aurait suffi !
  • Plus de 50 journalistes, dont au moins la moitié d'étrangers. Ceci aussi est une première (par exemple à Paris nous n'avions même pas d'attaché de presse!)
  • 65 sessions en plénières et ateliers sur 3 jours, chaque atelier et plénière comportant 3 à 4 communications ... faites le compte. 
  • Un cyclo-village, des visites techniques guidées, des visites libres, des séances plénières ou « extra-plénières ».
  • 4 310 participants à la Vélo-parade, alors même que les habitants avaient été prévenus moins d'une semaine avant !

velo-city,nantes

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Une masse peut-être trop importante de propositions

Il était difficile de s'y retrouver et de se décider dans cette masse d'événements plus ou moins superposés, sans compter la visite des stands, les rencontres informelles, la soirée de gala, le pot d'accueil et la fête post-parade... Pour certains le résultat aura été la participation à une séance un peu au hasard et s'avérant passionnante, ou à aucune autre faute d'avoir pu y entrer tellement elle était pleine. En tous cas, de multiples rencontres, et, peut-être aussi à cause du beau temps, une plénière de clôture aux 2/3 vide...

Côté organisation, quelques lacunes, dont trop de personnes se sont plaint. Imaginent-ils une seconde ce que c'est que de gérer un tel événement ??? La cuisine était délicieuse et le service impeccable, et certes il pouvait y avoir la queue. Le programme était difficile à utiliser, les salles ont beaucoup changé, les plans étaient bien cachés... oui, et il ne devrait pas y avoir d'actes. Mais là, personne ne les lit, pensez-vous peut-être. Ce n'est pas si sûr, l'affaire mérite sans doute attention. En tous cas l'animation des plénière était parfaite, il y avait des interprètes partout, c'est nouveau et cher, il faut le noter, et, certes, les posters étaient à peu près invisibles, tout comme la librairie. Certains même n'ont pas trouvé les films. Oui, c'est très difficile, et ce n'est pas ce qui restera. Il restera la convivialité, la qualité des vélos prêtés et du stationnement, et, pour les exposants, une extraordinaire moisson de très bons contacts. Aucun n'a regretté son investissement financier, pourtant jugé excessif au départ. Et j'allais oublier ... vous avez déjà vu un congrès où tous les sacs sont différents ? Ceux-ci étaient réalisés notamment en chutes de cuir Hermès par Les petites mains

velo-city

Par contre, l'absence de liste des participants et le fait que le programme ne donnait ni titres ni résumés des différentes interventions a été très gênant, et le signe, sans doute, de l'arrivée des Velo-city dans une nouvelle époque. Velo-city n'est plus un congrès scientifique. Ce qu'il est désormais, je ne sais pas encore le dire, mais c'est ça, avec le nombre de participants, qui est sans doute ce que j'ai qualifié de début d'une nouvelle ère. 

 

Les Français ont été à la hauteur 

Pour la première fois donc, depuis que ces congrès existent, les Français s'étaient déplacés et représentaient environ 1/3 des inscrits et sans doute une cinquantaine d'orateurs. A ECF on craignait que la plupart succombe à notre vieille manie de parler de «projets et intentions». A Paris nous avions dû leur faire la guerre. Il n'en a rien été ici et nos nationaux ont été droit au coeur du sujet. La France est mûre, cela est désormais évident, et cela aussi relève d'une nouvelle ère.

 

Le vélo, symbole des villes qui gagnent

Parmi les (trop?) nombreuses communications, j'ai noté que pour Jean-Marc Ayrault (ancien maire, ancien premier ministre) «il n'est pas anti-économique d'avoir des villes sereines». Pour lui, le vélo est synonyme d'un nouvel art de vivre en ville, il est futuriste.

Olivier Razemon (Le Monde) dit des choses proches. Il relève que le 20° siècle aura été celui où l'on meurt de pollution, on crève d'obésité, et où les villes sont mortes. Le vélo change tout ça, dit-il. Mais l'adversaire c'est la paresse, la facilité, la couardise. L'idée qu'il suffit de changer de moteur, de passer du thermique à l'électrique, ne suffit pas ! L'auto est bête et sale ; elle ne sera jamais ni intelligente ni propre.

Et le sénateur Ronan Dantec, marcheur non-cycliste proclamé, de clamer que chacun doit faire son boulot, et que pour les déplacements, le vélo est une partie de la solution au dérèglement climatique. Pour lui, comme pour Jean-Marc Ayrault, le vélo est la marque de fabrique des villes qui gagnent. Il faut aussi qu'il devienne un outil de solidarité, dit-il.

 

Les déplacements sont le coeur des stratégies urbaines

Au demeurant, personne n'a jamais dit que le vélo pouvait tout, encore moins que le vélo était «la» solution, ou l'avenir à lui tout seul. Le vélo en fait partie, en revanche, une partie dont on a de la chance qu'elle existe.

Jean-Marc Ayrault, qui fut l'élu d'une ville en pleine crise, dont la population était en train de glisser vers la pauvreté, et qui venait de voir son industrie fermer, a d'abord vu que pour que Nantes renaisse il avait fallu construire le tramway (époque héroïque de la réintroduction du tramway en France grâce à Nantes !). La mobilité était au cœur de sa stratégie de développement, et le transport en commun était indispensable. Ensuite, bien sûr, on s'est intéressé à ce qui le complétait, la marche et le vélo.

D'autres ont rappelé que chaque mode avait sa pertinence. Pour l'automobile, celle-ci serait les distances moyennes en secteur peu dense. Aucun déplacement de moins de 5 km ne devrait faire appel à un moteur, a dit quelqu'un.

 

Que chacun fasse sa part

velo-city,nantesAu programme également, la signature de la «charte de Nantes» (ça devient une habitude?) qui est un appel aux divers niveaux de décisions à prendre la mesure de la part que le vélo peut prendre dans le ralentissement du réchauffement climatique. Manfred Neun, le président de ECF, s'est par ailleurs félicité que la nomination de Violeta Bulc au poste de commissaire européen pour les transports ouvre une nouvelle ère. Celle-ci a en effet souvent et avec clarté manifesté sa conscience de l'intérêt du vélo.

velo-city,nantesRoland Ries, maire de Strasbourg, a précisé qu'une politique des déplacements ne devait pas être le fruit d'une addition de réponses à des demandes. Il faut avoir une ligne directrice, elle même créée à partir des réalités des différents territoires. Le politique doit savoir ce qu'il privilégie, et avoir du courage. Cependant Jacques Garreau, vice-président de Nantes-métropole, a réuni un «conseil des usagers de l'espace public». S'il est bien mené cela doit pouvoir faciliter la compréhension des enjeux. Il donne l'exemple des motards qui, grâce à ce lieu d'échanges, peuvent comprendre que les cyclistes ont besoin de se sentir en sécurité sur les pistes cyclables.

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Signalons encore la signature d'une convention entre la SNCF et France vélo Tourisme,  l'édition d'un recueil de textes francophones par Velophonie, et la parution de la nouvelle carte de l'AF3V. Nous reviendrons très prochainement sur ces points et sur quelques autres.

 

Nantes mérite le détour, sans aucun doute. Elle mérite largement sa 7° place au palmarès mondial qu'a publié lundi dernier Copenhagenize. Bordeaux est 8° et Paris 17°. Strasbourg 4°, après Copenhague, Amsterdam et Utrecht.

  

velo-cityAutres articles

  • 15 choses étonnantes vues (ou entendues) au congrès mondial du vélo. Le Monde-blog. 
  • Velo-city, le congrès de la démesure. Velotaf.

Site de Velo-city 2015

Commentaires

Très bel article bien écrit. Merci de votre participation.

Écrit par : Biet | mardi, 09 juin 2015

Pour avoir quelques temps assisté aux réunions mensuelles du Comité Vélo de la Ville de Paris, je confirme qu'une instance de coordination pour l'aménagement urbain réunissant des représentants de tous les intéressés est précieuse pour une meilleure compréhension mutuelle des besoins et contraintes.

Écrit par : Jean-Jacques | mardi, 09 juin 2015

Nantes mérite peut-être sa 7° place au palmarès mondial, mais n'était-elle pas 6° il y a peu de temps? Copenhagenhize note que Nantes n'augmentera pas d'avantage la part des modes de déplacement sans un engagement pour de meilleures infrastructures.
Les infrastructures ostentatoires, que vous n'avez pas pu ne pas remarquer, remplacent des bandes cyclables plus discrètes et tout aussi efficaces. Ces dernières ne contraignaient pas couper de 4 à 6 fois les voies de tram en empruntant la moitié des passages piétons et des trottoirs, comme sur l'axe nord-sud. Ces axes sont tarabiscotés, sans aucune cohérence, avec une signalisation lacunaire, incompréhensibles pour bien des utilisateurs occasionnels.
Par contre Nantes Métropole sait très bien communiquer sur le sujet, la tenue de Velo-city va dans ce sens.

Écrit par : 1cyclistenantais | mercredi, 10 juin 2015

Il est bizarre de lire que JM Ayrault encense la bicyclette et soutient activement l'aéroport à NDDL ! Il vient faire sa petite tournée, avec ses "belles" phrases mais lui donner du temps de parole, c'est une farce ?

Écrit par : theron | mercredi, 24 juin 2015

Les commentaires sont fermés.

 
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