Avertir le modérateur

lundi, 24 mai 2010

Zones 30 ? non ! toute la ville !

rue30.jpgFaire des zones 30 ne marche pas si bien. Pas plus que les zones piétonnes...

Ce sont des villes à 30 que l’on doit faire.

De l’exception il faut faire la règle.

Voici un des nombreux messages qu’auront retenus les participants à la journée Ville à 30

de l’association Rue de l’Avenir.


  • La ville c'est la rencontre

La définition de la ville, c’est le lieu de la rencontre. La « ville automobiliste » aura été une parenthèse malheureuse, mais elle aura fait beaucoup souffrir. Bientôt la voiture ne fera plus le ménage, nous explique Catherine Vourc’h, médiatrice et coordonatrice du cours de pratiques de médiation au CNAM. Bientôt elle ne fera plus le ménage autour d’elle : la vie revient, et avec elle les conflits ! avant tout était comme stérilisé, maintenant que l’on peut à nouveau se parler et se voir, les conflicts de voisinage, notamment, vont devoir être pris en compte : « la conflictualisation se déplace ». Mais il est vrai que la ville ne peut fonctionner sur la séparation. La ville, c’est le mélange, c’est la rencontre.


  • Faire des zones ne donne guère de résultat

Lorsqu’une ville fait des « zones 30 » une par une, cela ne change pas grand’chose, les représentants de Lille ou Sceaux l’ont bien reconnu. Et pourtant on y met de l’argent, on s’en plaint, et ça n’avance pas. A Montreuil comme dans les communes pauvres, reste la meilleure solution : tout passer à 30, très vite. Ainsi point d’aménagements coûteux, mais une habitude qui se prend. Et la nécessité de contrôles.

  • Les "zones 30" ne suffisent pas à rendre une ville cyclable

Selon les mesures de Patrice Nogues, une ville « normale » n’a que 50% environ de ses rues que les cyclistes expérimentés peuvent considérer comme cyclables (et 15% pour les cyclistes peu à l’aise). Dans une ville à 30, 50% est praticable par tous les cyclistes. Une fois les double-sens créés, ce sera 75%. Reste à aménager les boulevards et grands axes.

  • Tout changer, vite, tout d'un coup

Graz, par exemple, n’a quasiment pas d’aménagements spéciaux. Zurich a créé 100 zones 30 en un an. A Bâle, ce sont de très laids boudins de caoutchouc -avec un passage pour les cyclistes- qui marquent les entrées des quartiers. Aussi redoutablement efficaces que la remise à double sens de rues étroites. A Zurich, c’est la multiplication des tout petits rond-points qui sème la lenteur. Ils peuvent durer 20 ans et ne coutent que 6500 euros chaque.

L’argent économisé doit servir à aménager les axes structurants, a expliqué Alain Rouiller, conseiller en mobilité en Suisse, car c’est sur eux que se trouve l’essentiel de la vie commerçante.

 

A. Rouiller a piloté la création de nombreuses zones de rencontre au milieu de zones 30, ou sur des axes majeurs.

Le village de Grange, par exemple, est traversé par une route principale sur laquelle les véhicules ne dépassent pas 20 km / heure.

La commune de Köniz, sur une pénétrante de Berne, voit le passage de 20 000 véhicules par jour. Depuis 4 ans, tout son centre est en « traversée libre ». Un supermarché de chaque côté, des bandes médianes de 2 mètres d’paisseur, des places de stationnement auto pour une demi-heure, pas de feux. Si ! un à l’entrée, qui compte les véhicules et se met au rouge lorsque la fluidité n’est plus garantie. Il y a aussi une « rue-soupape » qui n’est ouverte à la circulation motorisée que lorsqu’il y en a vraiment trop sur la rue centrale. Réalisme… Les piétons traversent tout le temps et partout, les enfants reçoivent un entraînement à l’école, les mal-voyants utilisent des guidages podo-tactiles, et les plus contents, ce sont les gens âgés, car les traversées sont plus courrtes et sans attente ! Delemont, Bienne, Sion, tant de villes suisses où les cafés sont revenus au soleil des zones de rencontre.

 

  • Les accidents doivent être suportables

La règle, c’est qu’un accident peut toujours arriver. Mais il ne doit pas pouvoir être plus grave que ce que l’on peut supporter. A vélo ou à pied, si la vitesse environnante est à 30, c’est comme chuter du 1er étage. Mais à 50, vos chances sont plus limitées, comme de tomber d’un 3° étage.

Anne Faure, urbaniste, rappelle que les Woonerf, cours urbaines, inventés aux Pays-Bas, avaient la sécurité des enfants pour objectif majeur. Elle nous montre ensuite des croquis issus d’une étude célèbre dans lesquels on voit que plus une rue est « circulée » moins les gens connaissent du monde dans la rue, moins ils s’y déplacent. A l’opposé, les trajectoires piétonnes dans les rues calmes sont partout. De même l’automobiliste qui roule à 50 ne voit que loin devant lui, à 30 il sait où il est. Quant aux enfants, l’éveil et la débrouillardise des piétons des rues calmes est sans commune mesure avec le développement des gamins transportés en auto.

 

  • Partager ou limiter ?

Alain Rouiller montre aussi que deux concepts s’opposent : les espaces partagés, ou rues nues (Grande-Bretagne, Pays-Bas) et les villes à « vitesse limitée » (pays francophones).

Ce qui est sûr, c’est que nous sommes en train de changer d’époque. Si on a pu piétonniser Manhattam, on peut le faire partout !

La ville est faite pour y stationner : bancs, parasols, jeux... La ville doit donner du plaisir. La ville durable et équitable est donc une ville polycentrique, disent-ils tous en cœur.

 

  • Cinq leviers pour l'action

Yan Le Gal distingue 5 leviers pour l’action.

1) Diminuer les distances de déplacement, et le faire à l’échelle du département.

2) Promouvoir la marche et le vélo, par un agencement urbain de proximité. Et le faire à l’échelle de l’agglomération.

3) Organiser les interpolarités avec les transports en commun. Des transports bien remplis entre des pôles bien piétonniers.

4) Prendre en compte tous les modes.

5) Donner à tous l’envie d’être acteur de l’espace commun : informer, innover, connecter.

Il propose que ces seuls 5 principes constituent l’armature de tous schémas, plans etc.

***

De la journée on retiendra aussi la plainte, mainte fois répétée, que l’Etat ne communique pas sur toutes ces mesures (voir notamment la prise de position de mars dernier), que l’Etat est absent sur ces transformations si bénéfiques. Et que, ce que nous savions déjà, les élus sont plus frileux que la population. Ils sont ringuards.

Abel Guggenheim, dans le public, Anne Faure, ont plutôt le moral en berne. Ils tombent pleinement d’accord pour dire que à l’époque du programme Villes plus sûres, quartiers sans accidents (années 90) il y avait de l’argent public et une très belle liberté d’esprit. Aujourd’hui ils notent des crispations terribles, sur le stationnement par exemple.

Alain Rouiller se trouve du côté des optimistes. On n’a jamais autant parlé de transferts modaux, fait-il remarquer. Il y a débat, c’est bien, cela prouve que l’évolution est en marche.

***

 

La journée d’étude Ville à 30, ville à vivre était organisée par l’association Rue de l’avenir, à Montreuil, le 19 mai.

Au programme :

Une ville plus sûre, avec Marc Courbot, de Lille Métropole et Alain Rouiller, de l’association suisse Transports et Environnement.

Une ville plus agréable, avec Anne Faure, urbaniste, Alain Rouiller, Tristan Campardon, chargé du vélo à la Ville de Paris

Une ville de la mobilité apaisée, avec Patrice Nogues, FUBicy, sur la mesure de la cyclabilité des villes ; Jacques Hennebert, Grenoble, vic-président de Rue de l’Avenir ; Yan Le Gal, agence d’urbanisme de Nantes.

Un projet politique, avec Olivier Le Lamer, adjoint au maire de Lorient, Fabienne Vansteenkiste, adjointe à la maire de Montreuil, Patrice Pattee, adjoint au maire de Sceaux.

Les « enseignements » ont été tirés par Jean-François Durand, du CETE d’Ile-de-France.

 

***

Le réseau Ile-de-France de l’association est en cours de constitution. Les adhérents seront invités prochainement à une visite de Paris (ses zones 30, ses zones de rencontre !), en juin, puis à une visite d’Aulnaye-sous-bois cet automne. Une réflexion sur le thème Etalement urbain / modération de la circulation sera initiée, et le concours La Rue on partage relancé pour l’année scolaire prochaine.

Gilbert Lieutier, président de Rue de l’Avenir, réfléchit à une journée d’étude sur la ville à 30 dans le sud. Il compte aussi proposer au sein de l’association un groupe de travail sur le stationnement et un autre sur les artères principales.

***

Sur ce blog, pour mémoire, vous pouvez voir des photos de "zones30" ici

et lire le compte-rendu de la précédente journée sur "Mobilité et éco-quartiers" ici

***

Sur le site de Rue de l'Avenir vous trouverez  les présentations et les coordonnées des intervenants ainsi que les références documentaires qui avaient été recensées.

Les commentaires sont fermés.

 
Toute l'info avec 20minutes.fr, l'actualité en temps réel Toute l'info avec 20minutes.fr : l'actualité en temps réel | tout le sport : analyses, résultats et matchs en direct
high-tech | arts & stars : toute l'actu people | l'actu en images | La une des lecteurs : votre blog fait l'actu