La FUB inaugure le futur des déplacements

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full-la-fubUne journée dense, une salle pleine à craquer, une assemblée très variée, de l’industriel à l’associatif, tous ceux qui ont un intérêt au vélo étaient à La Rochelle ce vendredi 8 avril à l’invitation de la FUB. 250 inscrits, dont 37 intervenants, ont réfléchi à la complexité et aux impasses du code de la route, aux liens entre vélo tourisme et vélo quotidien, et aux dispositifs d’incitation, ceux qui font lâcher l’auto personnelle et réduire ses kilomètres, ou ceux qui encouragent directement la pratique du vélo. Dernières corrections le 14 avril au matin.

foule à la FUB250 inscrits donc (dont 180 hommes), parmi lesquels une quinzaine de bromptomistes, se pressaient à la Rochelle, et il s’en est fallu d’un poil pour qu’il faille en refuser1 Pas de refus, car, faut-il le préciser, les inscriptions avaient été closes à temps (la date de clôture était annoncée pour le 29 mars), et il restait une petite marge pour les imprévus!… et pourtant la FUB ne transige pas, sa journée d’étude est payante.
Ce fut une très belle organisation, des animateurs différents à chaque session, tous efficaces, et de nombreux orateurs parfaits.

Les impasses du code de la route
Ce code est plein de contradictions, et la question fut posée de savoir s’il était plus malin de le simplifier ou de le complexifier.
Un code qui marche à l’envers
Pierre Toulouse, adjoint d’une dame dont on ne sait plus si elle sera un jour madame vélo nationale2 L’absence forcée de Sylvie Banoun, future ex- ou pas ex- coordonatrice déjà en fonction des politiques nationales du vélo, aura permis à un congressiste de plus de participer!, rappelle que ce code n’en est qu’un parmi les autres, du travail, des impôts, de l’environnement etc. Mais il a la particularité de fonctionner à l’envers des autres. Ici le décret est d’abord rédigé, et après on voit comment ça marche. En général ça marche mal, personne n’y comprend rien alors on tente d’expliquer ou de dire comment il aurait dû être écrit… J’ai souvent donné l’exemple des zones 30. Il donne l’exemple des voies cyclables parallèles à des routes.
La question des priorités
Vous savez que les voies cyclables parallèles font partie de la route et qu’elles bénéficient du même régime de priorité que la route en question. Mais en cas de voie cyclable à double sens ? Mais en cas de traversée piétonne ? Un autre cas est illustré par les rond-points, lorsqu’on fait tourner autour de loin, en parallèle avec les piétons. Les cyclistes y perdent en général toute priorité, alors que les piétons la conservent !!!
On complique tout, alors que le plus simple pourrait être de décider que le piéton a toujours priorité, partout, et que le cycliste a toujours priorité, partout, sauf sur les piétons.
Pour Pierre Toulouse (comme pour d’autres) la signalisation a pour but essentiel de protéger le gestionnaire de la voirie. Mais un code qui redonnerait la responsabilité à l’usager serait quand même plus simple. C’est d’ailleurs ce qu’on fait avec les « passages aux feux » et avec les Double-sens cyclables.

Simplifier n’est pas simple
Thomas Jouannot, du Cerema, nous a fait bien rire avec son histoire des simplifications du code de la route. En 1899, un décret limite la vitesse à 20 km/h en agglomération et à 30 en-dehors. 25 ans plus tard on simplifie, il n’y a plus de limite de vitesse nulle part !
Revenant sur l’affaire des feux, il précise qu’en effet changer le contenu des mouvements autorisés aux cyclistes aux feux (à droite, puis aussi tout droit, puis en plus à gauche, et enfin partout) n’est pas vraiment plus simple que de décider d’un coup qu’un feu rouge est, pour les cyclistes, un cédez-le-passage. Manque de chance, la convention de Vienne sur la signalisation routière (uniformisée dans ses grandes lignes) ne le permet plus3 On a aussi beaucoup parlé de réglementation, et jurisprudence, à la dernière journée d’étude du Club des villes cyclables.. A défaut ces évolutions montrent-elles combien les feux ne servent à rien pour les cyclistes. Et faute de pouvoir simplifier, on complexifie.

D’autres simplifications à grappiller
Pour Hans Kremers, chroniqueur dans ce blog4 Voir les dernières chroniques de Hans Kremers. mais surtout consultant en politiques cyclables, il faut encore « grappiller » des avancées. Il en présente 5.
marquages-SaumurL’enfant. 70% des enfants sont amenés à l’école en auto en France, 63% y vont en marchant ou pédalant en Suède. Il ne faudra pas s’étonner que nos jeunes ne sachent pas se conduire à vélo !
D’ailleurs l’enfant qui joue a disparu du panneau « zone de rencontre » en France et en Autriche, au profit d’une limitation à 20 km/heure incompatible avec ce jeu… La limitation de la vitesse des zones de rencontre en Allemagne est à 4 ou 7 km selon les cas, au Danemark à 15 km/heure.
La circulation sur les trottoirs. En France, les enfants y sont autorisés jusqu’à 8 ans. En Allemagne ils y sont obligés jusqu’à 7 ans, et autorisés jusqu’à 9 ans5 Et moi je pose la question des personnes en situation de handicap qui réussissent à être autonomes grâce par exemple à un tricycle. Vous les envoyez sur la route? On se fiche de qui, là?.
Les plateformes du tramway. Une étude du Cerema de 2014 montre qu’il n’y a pas de danger à y autoriser les cyclistes. Hans Kremers propose d’appliquer la proposition du cerema : de les y autoriser, notamment si on ne peut pas faire autrement.
Les chaucidou, CVCB (chaussée à voie centrale banalisée). Plusieurs remarques plaident en leur faveur. Les mesures de vitesse effectuées en Grande-Bretagne montrent que les vitesses pratiquées sont plus modérées s’il n’y a pas de marquage axial. Lorsque les surlargeurs sont colorées, elles sont également bien mieux respectées. Alors, mieux que nos chers panneaux de police, des transformations visibles au sol ne sont-elles pas plus efficaces? Mais la complication revient, puisque, comme explique Thomas Jouannot, les marquage « d’animation » (ceux qui ne figurent pas dans le code!) ne doivent pas être en blanc … sauf ceux indiquant une zone 30, qui pourtant ne peuvent se substituer au sacro-saint panneau sur son poteau. Le chaucidou, ça n’est pas réglementaire mais ça marche, conclut P. Toulouse, et les panneaux, c’est gentil mais personne ne les voit !
La vélorue, créée en Allemagne en 19806 Sur les vélorues, voir l’article de H. Kremers de janvier dernier.. Ici l’automobile est l’invitée, elle doit tout simplement rester derrière le cycliste. Quoi de plus simple ?

Y a-t-il un lien entre vélo tourisme et déplacements urbains?
REV de SaumurQuand on voit les flux de vélos chaque matin et soir sur certaines voies vertes, on comprend quelle polyvalence on peut viser pour ces infrastructures. Pistes cyclables ou voies vertes, elles servent à quelque chose si les jonctions et la signalisation sont proprement réalisées7 Au nord de Saumur, exemple inverse : un magnifique réseau de pistes cyclables, datant visiblement des années 90, est sous-utilisé car absolument pas fléché. Il préfigurerait un excellent REV, mais a été fléché uniquement en fonction de la Loire à vélo !!!.. Camille Thomé, la secrétaire générale des DRC, invite la FUB à faire pression et plaide pour des associations fortes et unies8 Mais là on est peut-être dans les coulisses… De toutes façons il est peu probable que nous atteignions le niveau de l’Allemagne, où les associations locales et leur représentant national, l’équivalent de la FUB, ont souvent le même nom (comme dans plusieurs pays où la part modale du vélo est importante), selon la remarque de Hans Kremers, pour qui ce nom unique donne beaucoup plus de force et de lisibilité au mouvement associatif. Pour y arriver il y a un passage pénible à franchir, ajoute-t-il …..
Camille Thomé rappelle que le vélo-tourisme est une affaire très rentable, la Loire à vélo est remboursée en 4 ans, la Bretagne récupère 16 000 € par km et par an, l’Alsace montant à 24 000… Le cycliste peut être un riche, certaines agences de vélo-voyage facturent 250 € par jour.

Le vélo est une affaire en pleine expansion, comme le VAE
Le patron de Arcade9 Arcade, constructeur français de flottes de vélos se félicite de la période actuelle, favorable à son commerce, grâce aux thèmes de la santé, des embouteillages, du partage des vélos, et aussi grâce aux vélos à assistance (VAE). Il s’en vend 30% de plus chaque année en France, et on atteindra bientôt, pense Olivier Schneider, la proportion de 50% de VAE parmi les vélos en circulation (on n’achète pas un VAE pour ne pas l’utiliser, contrairement à ce qui arrive à de nombreux vélos).

Pour la libération de l’auto, vélo assisté ou voiture partagée ?
Mathieu Chassignet, de l’ADEME, nous invite à considérer le VAE comme un formidable outil de transition depuis l’automobile. 51% des utilisateurs arrivent de l’automobile, et 7% de la moto. Ne pas négliger non plus le train, dans son étude 12% des cyclotrainistes quotidiens étaient des automobilistes.
Mais pour les systèmes de location d’automobiles, là, attention. Tous ne sont pas bénéfiques ! 
On croit que ça fait diminuer la possession individuelle d’auto. C’est un peu vrai pour le système parisien autolib’, qualifié de « en trace » (la voiture va d’un point à un autre) puisque le taux de non-possesseur d’auto est passé parmi les utilisateurs, de 50 à 60%10 Encore ne faut-il pas négliger l’érosion naturelle de la possession d’automobile ainsi que le montre par exemple Julien Demade., mais avec les systèmes « en boucle », (on ramène l’auto là où on l’a prise), la baisse est bien plus significative : passage de 56 à 87% de non-possesseurs d’auto pour les communautos, et de 38 à 78% pour d’autres systèmes d’auto-partage !
Mais ce qui compte encore plus, c’est la baisse globale d’utilisation de l’auto. Seuls les systèmes en boucle la provoquent. Avec autolib’, baisse de 11% des kilomètres parcourus, avec les systèmes en ligne baisse de 41%.
En revanche le co-voiturage, dont on se gargarise tant, n’a que peu d’influence. 7% des utilisateurs retardent l’âge de l’obtention du permis, 4% retardent la date de leur premier achat…

IKV et vélos de fonction, un projet très malin
Michel Hareng, qui fut président de la FUB11 Michel Hareng avait été co-fondateur avec moi de l’association Vélo15&7 à Paris. Il vit désormais près de Thouars. L’idée dont il parle publiquement était son projet, mais des circonstances diverses le rendent pour l’heure indisponible pour le lancer. Le montage est écrit., propose de contourner la faiblesse de l’indemnité kilométrique vélo en créant des flottes de vélos en location-vente. Ainsi les vélos relèvent-ils du régime de la location à un service public, remboursés à 50% par l’employeur. Le service qu’il voudrait voir se créer (il est prêt à s’associer avec un créateur d’entreprise) pourrait offrir, d’ailleurs, beaucoup d’autres avantages, choix et échange de vélo, location ponctuelle ou permanente de vélos spécifiques, entretien des vélos loués, rachat des vélos à l’issue de leur période de location, etc. Lui aussi fit rire la salle, en évoquant l’IKV dans son entreprise : « Si je l’avais instaurée, j’aurais été le seul à la demander! ». Obligé de beaucoup se déplacer, il est sédentaire chaque vendredi, car, pour lui, comme y invite un programme de la ville de La Rochelle, vendredi c’est vélo.

Une interkoalition du vélo c’est une convergence de tous ceux qui y ont intérêt
full-la-fubLe futur de la mobilité est représenté par l’Interkoalition du vélo, qui réunit, comme on l’a mentionné, tous ceux qui ont un intérêt au développement du vélo. Une bonne dizaine de nouveaux entrepreneurs ont profité de la tribune de La Rochelle, de Addbike, système de transformation du vélo en vélo-cargo, à Bicylift, solutions de logistique urbaine décarbonnée, de Pragma industries, fabriquant de piles à combustible, à Arcade, à Vélogik ou Cyclez, gestionnaires et fournisseurs de services intégrés pour les flottes de vélos, des boîtes à vélo à Connected Cycle (la pédale connectée)… Ils s’associent avec les collectivités territoriales et les associations d’usagers dans l’Interkoalition du vélo pour promouvoir la ville du futur.

L’absence de représentants officiels du club des villes cyclables (alors que ceux de la FUB se pressent à sa journée parisienne), ainsi que celle des femmes (70 seulement) a été remarquée. Cela ne semble pas avoir fait baisser l’intérêt des débats. Si avec ça la FUB améliore sa communication et lance un concours de villes cyclables, copiant l’ADFC allemande, ainsi que l’a annoncé son excellent président suite à une suggestion d’Olivier Razemon, alors nous la rejoindrons tous, elle ou l’IKV !

vendredi

Mon texte ne saurait rendre compte de l’ensemble des présentations et débats. Voir le site de la FUB12 FUB : Fédération des usagers de la bicyclette. où se trouve le programme. On peut aussi lire le récit de Olivier Razemon : A La Rochelle, les militants du vélo imaginent la société de l’a-voiture. Christian Louchez, sur son blog « velobuscotedopale« , publie aussi son compte-rendu, vous y découvrirez des choses sur La Rochelle et sur Lorient, notamment.
Merci aux lecteurs qui m’ont signalé des erreurs, me permettant aussi d’en découvrir par moi-même ! Travail bâclé, comme on dit !!! 

—Notes—

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[…] Bonus 1 : deux autres récits du congrès, sur le site Weelz et sur le blog d'Isabelle et le vélo. […]

David
7 années

Bonne idée que ce que propose Michel Hareng… sauf que la loi est claire, elle parle bien de « services publics de location de vélo ». On n’est donc pas là dans le domaine du créateur d’entreprise (privé par définition).

David
7 années

Merci pour la réponse. Concrètement que doit faire le vélociste à côté de chez moi qui loue des vélos pour avoir l’estampille « service public » ?

Bravo pour cet excellent et riche compte-rendu dont j’ai fait mention au sein de notre association (CADRes Mulhouse) et sur notre site. Ce blog toujours très complet au niveau des informations permet une passerelle aux associations locales qui peuvent s’y référer. Un outil de référence. Un grand merci.

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