Le parlement européen est en train d’examiner les évolutions à apporter au Règlement des droits et devoirs des voyageurs européens. Ce règlement comporte des obligations de service, par exemple d’emport des vélos. Les associations appellent à la mobilisation pour que le transport des vélos dans les trains redevienne possible partout en Europe, malgré certaines réticences.
Plus de trains, comment faire ?
Les trains qui transportent les vélos se réduisent comme peau de chagrin. Le Bordeaux-Nice s’arrête à Marseille, le Paris-Nice a disparu, le Quimper-Toulouse est devenu un Nantes-Bordeaux…
La Belgique n’est plus accessible que depuis Lille. Tout l’Est est condamné, les TGV à un niveau y sont remplacés par des deux niveaux, signifiant sans vélos.
L’Allemagne du sud, la Suisse, Berlin, Copenhague, toutes ces destinations sont désormais inexistantes, comme l’Italie et l’Espagne, dont les frontières n’ont jamais été franchies. La disparition des trains de nuit ne fait que renforcer les problèmes.
Le Paris-Namur devrait être rétabli en fin d’année, le train de la Loire à vélo aura bientôt 50 places en accès libre et facile1 Le nouveau train de la Loire à vélo, baptisé Jumbo vélo, va être bientôt commandé et pourrait entrer en service dès l’an prochain. Il sera à niveau et comportera 50 places pour les vélos., l’Allemagne a intégré 8 places dans ses nouveaux trains à longue distance (ICE4). Certes et très bien, mais comment découvrir le Danemark, comment se rendre sur les véloroutes allemandes, à commencer par celle du Danube? Comment vont venir les cyclotouristes étrangers sur nos véloroutes françaises si prisées ?
La fin du tourisme et du vélotourisme pourrait être irréversible
La France n’est-elle pas la première destination touristique du monde, et la seconde pour le vélo, après l’Allemagne? Ses véloroutes sont le produit touristique qui monte, et le fer de lance de la revitalisation des zones rurales. 80% des communes traversées par les véloroutes sont rurales, et chaque kilomètre aménagé génère 16 000 à 30 000 € de dépenses en logement, restauration, achats de proximité, nettement plus que les touristes en auto ! La France a reçu le premier prix EuroVelo du tourisme à vélo en mars pour ses 8 itinéraires euroVelo et ses quelques 10 itinéraires nationaux. Mais quoi?
Très prochainement il ne restera aux cyclistes que la solution de l’automobile pour se rendre au départ2 Le début de l’histoire est ici : Train + vélo et train de nuit sur une pente dangereuse, novembre 2017.. C’est un système très peu pratique et très peu recommandable, très contre-productif. La Commission européenne, qui enjoint à la France de respecter ses engagements sur la qualité de l’Air, ne doit pas nous obliger à recourir à l’automobile.
La Commission européenne doit être cohérente
La Communauté européenne est en train de revoir son Règlement des droits et devoirs du voyageur européen. Son article 5 pourrait devenir le 6 et être beaucoup plus contraignant. Comme tout règlement européen il doit être voté, mais ensuite il est d’application immédiate et opposable.
Cela ferait notre affaire, mais pour l’heure il est discuté entre Commission, Parlement et Gouvernements.
- Aucun gouvernement n’a souhaité modifier l’article 5. Sans doute parce qu’il est très peu contraignant.
- C’est au tour du Parlement d’être dessus. Il pourrait suivre la proposition des associations de promotion du vélo3 Les associations signataires de l’appel sont la Fédération Nationale des Associations des Usagers des Transports FNAUT – la Fédération française des Usagers de la Bicyclette FUB – la Fédération Française de Cyclotourisme FFCT – la Fédération Française Union Touristique les Amis de la Nature FFUTAN – France Nature Environnement FNE – l’Association Française pour le développement des Véloroutes et Voies Vertes AF3V – CyclotransEurope CTE – Vélorution – CycloCamping International CCI – Oui au Train de Nuit., qui remplacerait le texte de l’article 5 par celui-ci :
Proposition d’article 6 en remplacement de l’article 5 :
- Les voyageurs sont autorisés à prendre leur bicyclette non démontée dans le train moyennant un paiement raisonnable éventuellement.
- Tout matériel roulant ferroviaire neuf ou remis à neuf doit comporter un espace réservé au transport de bicyclettes non démontées4 A terme tous les TGV seraient donc à nouveau ouverts au transport des vélos entiers..
- Le nombre de places à vélo doit correspondre à au moins 1,5 % de la capacité totale du transport de passagers, avec un minimum de 4 places par train5 Ce minimum de 4 places par train est nécessaire à préciser à cause des autorails, car ils n’ont que 70 places environ, ce qui ferait 1/2 vélo..
- Les entreprises ferroviaires, les vendeurs de billets, les voyagistes et, le cas échéant, les gestionnaires des gares devraient informer les voyageurs des conditions de transport de bicyclettes pour tous les services conformément au règlement (UE) n° 454/2011.
A vous de jouer
Les associations signataires vous demandent donc d’écrire à votre député européen, ou à celui que vous lui préférez, par une lettre courte et simple par laquelle pour pourriez illustrer votre demande d’adoption du nouvel article par un ou deux exemples bien concrets de difficultés rencontrées. N’hésitez pas non plus à twitter, la séance plénière aura lieu en juin et d’ici là il faut se faire entendre.
Vous pouvez aussi vous manifester auprès de votre député national, car pour les trains français, c’est dans la loi ferroviaire (celle qui provoque les grèves en cours mais dont l’examen a commencé aujourd’hui à la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale) et dans la loi sur les mobilités que cela peut se jouer. En France ou en Europe, le train et le vélo sont de bons amis. Si bien que si vous hésitiez de peur de charger la barque, pensez au contraire que personne n’a intérêt à ce que la SNCF se retrouve hors jeu, ni que les nouvelles compagnies oublient les vélos. Vous pouvez aussi écrire entre les jours de grève !
Pour vous aider :
Chercher un député européen.
Pour lui écrire c’est facile, il suffit de mettre leur prénom et nom séparés par un point comme dans l’exemple ci-dessous :
prenom.nom@europarl.europa.eu
Ecrire aux députés européens français membres de la Commission transports et tourisme.
- Groupe des Verts/Alliance libre européenne
karima.delli@europarl.europa.eu
présidente de la commission
- Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe
dominique.riquet@europarl.europa.eu
Vice-Président de la commission
- Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens)
renaud.muselier@europarl.europa.eu
- Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen
christine.revaultdallonnesBONNEFOY@europarl.europa.eu
- Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique
marie-pierre.vieu@europarl.europa.eu
Lettre-type proposée par le GRACQ : trains internationaux, la galère.
Liste des députés français pro-vélo, classés par département.
—Notes—
Encore plus tôt que le jumbo: La Direction des Transports et des Mobilités, Conseil régional des Pays de la Loire : « nous vous informons que les Régio2N seront mis en circulation à compter du lundi 4 juin 2018 sur la ligne n° 4 Nantes-Ancenis. »
Il nous reste à jongler avec les ter et intercités. Si vous ne trouvez pas, avec « oui-sncf » ou par le site de la sncf, une combinaison de trains transportant votre vélo alors utilisez l’application « SNCF »
Avec l’appli SNCF on peut chercher des itinéraires en précisant qu’on ne veut pas de TGV et acheter le billet !
Par exemple j’ai fait une recherche sur Paris (toutes gares) – Charleville-Mézière.J’ai décoché « TGV » dans « mode de transport »; j’ai lancé la recherche;
j’ai sélectionné un itinéraire puis j’ai fait défiler l’affichage pour aller tout en bas et là il y a un bouton « acheter votre billet TER »
J’ai vérifié qu’il vous donne de manière plus générale tout mélange d’intercité et ter par exemple sur Paris-Bordeaux!
Ca ne marche pas si bien! Pour Paris – Poitiers on me propose d’aller à la gare en auto alors que j’ai mis « vélo » et qu’ils ne proposent même pas auto. Puis l’intercité pour Orléans accepte les fauteuils roulants, pendant que les 2 TER suivants acceptent les vélos. Où peut-on préciser « emporter son vélo » ?… A part ça appli sans doute commode.
j’ai fait la recherche Paris-Poitiers pour le 5 avril. Il est proposé des combinaisons avec intercité sans vélo. Si les intercités sont tous sans vélo alors rebelote en plus on désélectionne les intercités et alors là j’ai trouvé une combinaison de ter avec vélo à 6h 52.
C’est vrai qu’il n’y a pas de critère « vélo » pour avoir directement les bonnes combinaisons.
Cela fait des années que j’ai demandé un critère vélo dans les applis de la sncf.
Sur le site voyages sncf on précise le critère « vélo » et on a directement 6 trains le matin pour faire Paris-Poitiers avec son vélo le 5 avril.
Je l’avais fait bien avant sur le site trainline qui est beaucoup plus pratique.
Merci pour l’info, mais ne nous emballons pas : c’est en beta et je n’ai en effet pas vu l’ombre d’un critère « vélo non démonté »… (j’en ai profité pour donner mon avis…) A suivre donc !
Ils mettent “vélo” pour faire joli, mais il n’en connaissent pas la nature. Ils croient naturel et universel d’avoir une auto, et banal de l’utiliser, même pour aller prendre un train en emportant son vélo ! Ou peut-on donner son avis ???
Quand on consulte/recherche sur sncf.com, il y a un onglet de couleur qui apparait sur le côté droit de l’écran.
On va faire passer le mot et écrire à nos députés !! Merci Isabelle pour l’information !
Pour donner son avis, dans l’appli SNCF > menu > Votre opinion sur l’appli (j’ai l’appli en anglais parce que c’est la langue du téléphone).
Ah oui, en haut à gauche, des lignes parallèles horizontales. Dans la version en français, c’est non pas « contactez-nous » mais plus bas : « votre avis sur l’application ». Il fallait chercher, mais ce n’est pas totalement anormal. Merci, je viens d’envoyer ma remarque.
Ma lettre est partie. Elle explique que je voulais aller à une rencontre de cyclos en Moselle et que je suis obligée d’y renoncer, faute de trains acceptant les vélos. J’irai à une autre rencontre, dans le nord, via Maubeuge, s’il n’est pas trop tard pour s’inscrire.
Un souci – de taille : l’interdiction désormais explicite de tous les vélos non standards : vélos couchés, tandems, remorques.
On est donc à la merci d’un contrôleur tâtillon, même en cas de faible affluence.
Parti pour un Nevers-Auxerre par les canaux, j’ai bien failli ne pas monter dans le train à Bercy. Le contrôleur a finalement accepté.
Sans être particulièrement handicapé, en vélo droit je ne peux plus faire de telles distances, et de toute façon je n’y prendrais aucun plaisir.
Au retour dans le Auxerre-Paris, aucune remarque de la contrôleuse.
Merci et bravo pour ce message.
Je ne comprends pas le revirement de la SNCF.
Avant 2014, le groupe de travail dont je faisais partie comme responsable de la Mission nationale des véloroutes et voies vertes (avec l’AF3V, les DRC, Cyclotranseurope…) avait acté un kit vélo mis au point par la SNCF pouvant accueillir 4 voire 6 vélos, en supprimant 4 fauteuils.
Ce dispositif était prévu pour une rame ce qui n’était pas dramatique pour les finances de l’entreprise, bien au contraire, car le potentiel des cyclistes itinérants s’accroit.
Il faudrait inciter la SNCF à faire du bench marking chez nos voisins!
L’exemple de la Loire à vélo est vraiment la cerise sur le gâteau dans la logique de gestion globale d’un itinéraire!