Les Ardennes : le fin-fond du bout de la France renaît grâce au vélo

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Les Ardennes françaises, montagne austère et vallée sombre, furent la patrie du clou et du sanglier. Pays au bout de tout, selon ses habitants, sacrifié en 14, il renaît grâce à un axe cyclable d’une grande intelligence … C’est un véritable miracle visible à l’oeil nu, une merveille qui vous marquera.

Je voulais revoir la piste des Ardennes, et en voir le prolongement1Le prolongement de la voie avait été présenté ici. Depuis la gare de l’est à Paris j’ai mis 4 h 15 et deux changements jusqu’à Charleville-Mézières2J’ai trouvé ma succession de TER sur le site de la db, et l’ai acheté en détails sur un site français. Sur ce joyeux sujet, voir l’article Vélo en France : l’enfer de la recherche d’un train.. Une fois sur la piste, c’est formidable, 75 km de paysages grandioses, passant de zones délaissées à d’autres où les difficultés se voient moins, quittant des gorges si profondes et sombres qu’on s’y sent bloqué avant que la vallée ne s’élargisse et que l’on jouisse d’amples vues, traversant enfin des zones qui se remettent de l’ère industrielle, et des villages obsédés par les crimes subis pendant la guerre de 14. 

L’intelligence à l’oeuvre
Je n’ai pas reconnu grand’chose, mais l’essentiel est toujours là : une intelligence de l’aménagement qui fait que la piste n’est presque jamais qualifiée de « voie verte », qu’elle est assez souvent autorisée aux véhicules motorisés tout en gardant son aspect de piste cyclable, et que la plupart des barrières sont soit tombées, soit pourries, soit retirées. La piste est goudronnée partout (quand l’argent manque on sait, ici comme ailleurs, qu’il vaut mieux trouver moyen d’avoir du solide plutôt que de pinailler sur des camelotes), et seule la partie nord compte une vraie côte, d’ailleurs sur route, coupant la dernière boucle pour éviter le site nucléaire de Chooz.

Si l’économie de signalisation de police est une décision éminemment saine, celle de la signalisation de direction me paraît regrettable. N’indiquer que le patelin suivant oblige le visiteur à suivre une carte. Ne pas faire en sorte que ce qui est indiqué en vrai soit aussi sur le « carnet de route » que l’office de tourisme distribue gratuitement n’est guère mieux. Ne jamais faire savoir très bien dans quelle commune on se trouve n’est pas non plus une façon de faire s’arrêter les touristes. Heureusement le jalonnement « Meuse », tout simple, Nord ou Sud, vient désormais compléter les indications.

  

Signalisation de proximité seulement
→ De la gare de Charleville la voie verte n’est indiquée que partiellement. Elle se devine finalement au-delà d’un pont.
→ A Givet la jonction avec le Ravel, réseau des voies lentes en Belgique, est assez facile à trouver mais peu agréable. Quand on est dessus on ne le sait toujours pas. Seul le début du trajet est indiqué en ville.
→ A Monthermé, la nouvelle voie au nom imprononçable de « trans-semoysienne » n’est indiquée qu’à son entrée, et encore, en marron clair sur marron foncé, et dos à la ville. Elle n’est pas encore terminée mais dispose déjà de plusieurs superbes campings. La fin, en jonction avec la Belgique là aussi, n’est pas encore revêtue et restera bien pentue, paraît-il. 

Pour le retour j’ai pris le même chemin, dépassant Charleville jusqu’à Sedan. La piste ne va guère plus loin, s’arrêtant à Remilly, et non encore à Mouzon. 

« La voie verte nous fait revivre » m’a-t-on déclaré, elle nous fait vivre. Et cela se voit. Pendant cette semaine très chaude de l’Ascension, j’ai croisé de nombreux cyclotouristes en voyage. Mais plus au sud, déjà en Champagne, l’hôtelière s’étonnait de ne plus recevoir, depuis 4 ou 5 ans, de cyclotouristes néerlandais. Et pour cause, la véloroute de la Moselle, à l’est, est ouverte et figure déjà dans les guides… Je vous en parle bientôt.

Je ne regrette pas ces quelques jours qui m’ont fait passer des forêts austères et fermées de la Meuse aux plaines de la Champagne, via les monts d’Argonne. Rien de plus facile que de s’y rendre, grâce aux TER, depuis Laon, Reims, Paris, Chalons en Champagne … 

Ardennes, site de l’agence de développement touristique. 

Guides :

  • Champagne-Ardenne, éditions Chamina. Il présente plusieurs itinéraires parmi lesquels la Trans-Ardennes, la partie nord du canal de Champagne à Bourgogne, la liaison entre Vitry-le-François – Saint-Dizier et Troyes. Cartes, topos touristiques, liaisons ferrées, hébergements, ce guide piloté par Philippe Coupy est dans les bons standards. 
  • Voie verte Trans-Ardennes, carnet de route. Gratuit. « De Givet à Mouzon », en réalité jusqu’à Rémilly. La voie trans-semoysienne y figure sur le plan d’ensemble. Très jolie présentation, pas très pratique dans la réalité. Pages coupées dans une boucle, fin de la jonction nord manquante, hébergements situés sur la carte mais sans adresse ni téléphone, et taille obligeant à le plier pour la sacoche de guidon. C’est dans ce carnet que ne se trouve pas Romery, fléché sur le terrain en sortie de Charleville. Les repères kilométriques sont en revanche les mêmes sur le papier et en vrai. 
  • En selle, en Champagne et en Ardenne, guide des véloroutes et voies vertes. On ne peut être plus clair, ni plus mensonger. La Meuse à vélo s’y trouve, comme le canal de Champagne à Bourgogne. 6 autres axes sont proposés, selon des étapes de taille correcte. Aucun n’est une véloroute officielle et aucun n’est fléché. Par contre les voies vertes, sur l’itinéraire, sont clairement différenciées des routes. Gratuit. Une sélection d’hébergements. Je me suis bien inspirée de ces propositions, après les avoir reportées sur une carte routière classique, à échelle constante et orientation nord-sud. 

A noter qu’il existe une Maison des randonnées à Haybes où vous serez très bien reçus et documentés. Vous pourrez même calmer vos angoisses en y acquérant un sanglier en peluche !

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Fred02840
5 années

Dans les Ardennes avec un vélo à selle Berthoud : peut-on rêver mieux ?

Albina
5 années

Bonjour Isabelle, A quelques jours près on aurait pu se croiser. Rencontre régionale du Randonneur à Haulmé tout près de Montthermé, la semaine passée. Nous avons roulé le long de la Meuse et puis de la Semoy. Superbes balades et pays ravissant ! Charly

Timm
5 années

Bonjour Isabelle, j’habite Aix-la-Chapelle tout près de la frontière belgo-néerlandaise. J’avais fait la Meuse à vélo vers Charleville-Mézières en septembre 2016. C’est vraiment très très joli entre Namur et Charleville.
J’espère qu’un jour la prolongation en direction de Reims sera construite, parce que c’est la ville jumèle de Aix-la-Chapelle. Pour continuer vers le nord et trouver des RAVeL en Wallonie je vous recommande la page dédiée.

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