Un plan national pour la cyclologistique

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Le Plan cyclo-logistique profitera des décisions inscrites dans la Loi Climat et Résilience, en cours de vote. Il a été présenté hier à Marseille par la ministre Barbara Pompili. Une annonce qui a pour mérite de mieux faire connaître les dispositifs déjà existants ou se décidant ailleurs. 

La place des livraisons dans les zones à faible émission

Dans la Loi Climat & Résilience la prochaine extension des zone à faible émission aux agglomérations de plus de 150 000 habitants ne devrait pas s’appliquer aux utilitaires. Le développement très important des livraisons, de toutes sortes, implique cependant que l’on veille à en limiter les impacts sur la qualité de l’air comme sur le bruit.
En clair il faut en finir avec les gros camions à moteur thermique, mais il faudrait aussi que les nuisances des camions ne soient pas remplacées par celles des hordes de mobylettes patientant ou pétaradant dans les rues secondaires et tranquilles des quartiers d’habitation. 

Le vélo-cargo électrique devrait être privilégié

Barbara Pompili a dévoilé hier à Marseille un plan national pour la cyclo-logistique qui visera notamment à ce que les livraisons s’effectuent en vélo-cargo et non en petite camionnette ou en mobylette. 

La cyclo-logistique, des pouvoirs super-forts
Une conférence de Francisco Luciano

Un vélo cargo triporteur possédant une caisse de 1500 litres émet 85 % de CO2 en moins par rapport à un véhicule thermique ayant une capacité similaire, fait-on remarquer. La puissance de ces véhicules est impressionnante, ainsi que le savent les heureux visiteurs des salons spezi.

Spezi : La voiture à moteur n’a plus de raison d’être
Cet article montre de nombreuses solutions de logistique.

Comme la prime à la conversion, qui devrait permettre d’acheter un « vélo-à-assistance-électrique » mais pas un vélo, fut-il cher ou très spécial, l’aide du plan cyclo-logistique ne concernera que les utilitaires à 2 roues à assistance électrique. En revanche le bonus vélo devrait être élargi aux vélos cargos, même normaux. 

Orienter la création des entrepôts à proximité des lieux de livraison

L’usage de la cyclo-logistique implique aussi que les entrepôts soient le plus proches possible des centre-ville, ce à quoi la loi pourrait contribuer :  les implantations d’entrepôts pourraient ne pouvoir s’installer que sur des sols déjà pollués ou imperméabilisés, donc déjà occupés et non en plein champs1 Sur ce point les Amis de la Terre sont plus offensifs : « Le texte fixe un moratoire sur l’implantation de zones commerciales en périphérie des villes pour lutter contre l’artificialisation des sols, reprend-il. Mais ne sont pas inclus les entrepôts logistiques de l’e-commerce, qui représentent pourtant un vrai enjeu d’artificialisation dans les années à venir. »  rapporté par le journal 20minutes.. Pourront-ils prendre la place de restaurants ou d’agences de production audiovisuelle, en pied d’immeuble sous le nom-paravent de « magasin », comme on le voit déjà ? 

Les progrès réalisés contribueront à la limitation des embouteillages qui perdurent malgré la baisse de l’utilisation de l’auto dans les grandes villes, et sont causés par l’explosion des livraisons directement aux particuliers. 

Les livraisons explosent, l’asphyxie des villes menace
Une conférence passionnante donnée par Jean-Louis Missika, alors adjoint à la maire de Paris, pendant la préparation de la LOM.

Un Plan qui regroupe des mesures diverses

Le plan cyclo-logistique en tant que tel propose un certain nombre de mesures qui existent déjà. Il s’inscrit dans la continuité de la politique du Gouvernement en faveur du développement de la pratique du vélo : Loi d’Orientation des Mobilités, plan vélo de 350 millions d’euros, Coup de Pouce Vélo, Académie des métiers du vélo… Les 200 millions d’euros du plan France Relance qui financent des pistes cyclables et des emplacements sécurisés en gare pour le stationnement des vélos, et la poursuite du programme ColisActiv, qui permet de financer jusqu’à deux euros par colis les livraisons par vélo cargo, figurent aussi dans cette liste riche de programmes pilotés par la Fub (Fédération des usagers du vélo). 

La Fub se lance dans les livraisons
Lancement du programme ColisActiv

Et la suite ?

L’Assemblée Nationale procèdera cet après-midi au « vote solennel » de la loi Climat et Résilience. Ce ne sera pas fini pour autant, car le Sénat doit encore la voter de son côté, avec d’abord passage en commission puis discussions et amendements. Le vote des sénateurs devrait avoir lieu en juin, et, s’il n’est pas conforme à celui de l’Assemblée Nationale, une commission paritaire se réunira en juillet. En cas d’absence d’accord il y aura une seconde et dernière lecture à l’Assemblée en septembre. C’est le même processus que celui qu’avait subi la Loi sur la Mobilité, sauf que je l’avais suivi d’assez près, ce qui n’est pas le cas cette fois-ci, tout simplement parce que la mobilité du quotidien n’y occupe qu’une place assez faible. 

La LOM est adoptée à l’Assemblée nationale

Adoption de la LOM, le retour

Les opérateurs de la cyclo-logistique en France sont regroupés
dans l’association Les boîtes à vélo.

En complément, voir dans la dernière revue de presse plusieurs articles parlant justement de cyclo-logistique (paragraphe 6, Utilisations du vélo) :

  • Entrepreneurs à vélo : le boom de la cyclo-mobilité professionnelle ? Programme d’accompagnement Ma Cycloentreprise. Livreurs, électriciens, paysagistes, blanchisseur, prof de gym, ou même traiteurs, leurs motivations ne sont pas toutes vertueuses… et le changement pas toujours très facile. 
  • Des légumes aux fripes, on livre tout en vélo cargo
  • Plombier, ébéniste, bouquiniste… L’artisanat à vélo en passe de changer de braquet à Paris ? 

Note

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Pons Jean-Louis
2 années

Le transport de marchandises à vélo se développe et c’est parfait.
Le plan est de nature à faciliter son développement sur de courtes distances.
Néanmoins, il faut penser par exemple aux artisans de banlieue qui viennent travailler à Paris et qui transportent, par nécessité, dans leur véhicule utilitaire un véritable atelier (plombier, électricien…).
Mettons de la souplesse dans les modes de transport!

Bertrand
2 années

Paris est la capitale la plus dense hors Asie, la proche banlieue est elle-même dans l’ensemble dense voire extrêmement dense.
Donc les distances pour une même zone de chalandise sont plus restreintes qu’ailleurs.
Le débat porterait sur des travailleurs précaires, contraints de se loger dans des no mans land, le raisonnement ne serait pas le même, mais là, si l’artisan en question a choisi d’habiter à la campagne pour profiter de la ville pour son activité économique, mais sans en supporter les coûts de fonctionnement, il est normal qu’il assume les problèmes de transport afférents.

Sante Consiglio
2 années

Je lis ci et là que la cyclo-logistique serait bien plus chère que la logistique « classique ». J’imagine que cela est lié aux volumes plus importants qu’on peut transporter en camionnette en un temps donné. C’est d’ailleurs l’essence même du programme ColisActif.
Où peut-on trouver des détails, références, ouvrages sur les différents modèles économiques de la logistique urbaine ?
Merci !

Alexandre
2 années
En réponse à  Sante Consiglio

En complément, un article du Guardian (en anglais) sur une étude faite en Angleterre et qui montre qu’en milieu urbain dense, la cyclologistique est plus efficace que la logistique motorisée (résultat principal, dans les centres urbains, un vélo cargo livre en moyenne 10 colis par heure contre 4 pour une camionnette). Lien vers l’article : https://www.theguardian.com/world/2021/aug/05/cargo-bikes-deliver-faster-and-cleaner-than-vans-study-finds
J’avais rencontré la FUB sur le programme ColisActiv, le principe était plutôt de soutenir les entreprises de cyclo-logistique le temps d’atteindre les volumes de livraisons permettant d’avoir un coût unitaire équivalent aux autres transporteurs. Le problème principal si j’ai bien compris, c’est plutôt l’amorçage de l’activité (au début, avec peu de colis à livrer, l’activité n’est pas rentable), c’est pour ça que pour ce programme, les subventions sont dégressives pendant trois ans puis s’arrêtent.

2 années

Merci Isabelle pour ce beau résumé sur la cyclologistique (que je viens de lire) !
Il est clair que ce sujet est plus que jamais au centre d’une actualité très « chaude » (accident climatique, loi climat, impact des activités humaines, condamnation de la France par l’Europe sur la gestion de la pollution de l’air…) et surtout un moyen résilient pour un destin moins « fleurissant ».

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