La Seine à vélo, de Paris aux lacs : une expédition agitée

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Fin août j’ai voulu voir si depuis Paris on pouvait longer la Seine jusqu’à son embouchure sa source. C’est presque le cas. Un trajet bien plus facile qu’on peut l’imaginer, mais aux embûches redoutables !!! 

Pour ce trajet de Paris à Brienne-le-Château et Vitry-le-François j’ai utilisé successivement :

  • De Paris à Moret du Loing, le guide de la véloroute de Saint-Jacques nord : « Eurovelo 3 ou variantes », chez Chamina ;
  • Pour l’arrivée à Troyes, et la remontée par les Lacs jusqu’à Vitry-le-François, les pages « véloroute de la Seine » du guide En selle en Champagne et Ardenne, gratuit, et la carte Michelin départementale Haute-Marne – Aube. En complément (cartes plus détaillées, hébergements) le guide « Champagne-Ardennes », de chez Chamina. 

Paris

Sortir de Paris fut incroyablement facile. Vous longez la Seine, vous passez en rive droite quand vous voulez à partir d’Austerlitz, vous franchissez le périphérique à Bercy et vous continuez. Vous changez de côté au pont du gaz, et voilà que bientôt vous trouvez des zones encore récemment route portuaire et aujourd’hui fermée aux autos … Les 20 premiers kilomètres sont désormais en site propre, parfois pas parfait mais quel progès ! Le Département du Val de Marne a bien travaillé. Il y a même des panneaux EV3, bien que pas assez. L’astuce dans cette sortie est de s’appuyer sur le jalonnement de la véloroute des Pélerins (EV3) et sur celui du réseau express vélo.

Villeneuve-de-Roi : signalisation double : EV3 et RERv

Ensuite gros cafouillage

Du côté de Grigny je me suis retrouvée dans une situation calamiteuse, à faire des aller et retour sur la piste de la RD 448 pour ne plus rien comprendre de la signalisation et me retrouver à grimper une côte pour la redescendre, puis faire une pause dans le charmant cimetière d’Etioles (eau et toilettes de luxe à l’entrée arrière !).
Là je me décidais à revenir au dernier panneau vu, et je compris enfin. Il ne faut pas passer sous le chemin de fer, mais le panneau indiquant de tourner juste avant avait été posé dans le dos des cyclistes concernés, de telle façon qu’ils ne peuvent le voir que dans le sens du retour à Paris. Un seul panneau mal placé vous fait perdre 2 à 3 heures. De plus, posé comme ça, il envoie dans une impasse, donc encore faux.

J’ai alors décidé que j’allais mordicus ne me fier qu’à la Seine et la suivre coûte que coûte. Ce fut efficace, mais me valu de longs sentiers cahoteux et le risque de tomber à l’eau. Du moins arrivais-je à Melun en fin d’après-midi.

Les additifs citoyens sont révélateurs des manques

Melun !

Surtout n’y faites pas étape. Ce n’est plus qu’un croupion de centre-ville, sans ravitaillement et sans hôtel ! Un hôtel de chaîne se trouve au-delà de la rocade. Il y en a un autre de la même chaîne juste avant celle-ci, à gauche, quasi au même prix frôlant les 100 euros, soit plus du quart de plus que ce qui est pratiqué dans ce genre d’hôtel. Pour y monter c’est en sens inverse des autos qui seront piégées dans l’entonnoir, alors il ne vous reste qu’à monter à pied. Je vous parle plus bas de cette mauvaise adresse, je vous dit surtout de ne pas mettre les pattes à Melun.

Deuxième jour

Dès le deuxième jour la tactique de suivre la rivière au plus près ne fonctionne plus, il faut suivre les panneaux officiels de l’EV3, clairsemés, ou leurs compléments associatifs à la peinture bleue. 

Jalonnement européen dans un sens, manuel et citoyen dans l’autre

A Moret-sur-Loing il s’impose de ne pas s’attarder dans la ville mais de trouver le canal du Loing, au sud, en passant par la rue du peintre-Sisley, et de le longer, puis de remonter à Montereau-Fault-Yonne. 
Napoléon vous y attend, comme vous le savez (je vous l’ai expliqué dans l’article De Paris à la Bourgogne, comment j’ai évité le train de Migennes), et en plus j’y ai trouvé une très bonne adresse, et aussi découvert qu’il existe un centre-ville, et qu’on peut même s’y ravitailler, ainsi que boire un pot et casser la croûte. 

A partir de Montereau-Fault-Yonne

A Montereau votre idée est maintenant d’accepter que la Seine ne soit qu’un filet d’eau minable pendant que l’Yonne continue de se gonfler d’orgueil. Vous pouvez, mais vous ne pourrez même pas le vérifier car il n’y a pas de route convenable. La solution est de commencer par passer derrière Napoléon, que l’on voit depuis ma bonne adresse donnée plus bas, et de suivre l’Yonne jusqu’où vous voudrez. Ensuite arrachez-vous en pour piquer vers le nord et traverser de drôles de marais et autres filets d’eau dotés du charme de la France cachée, jusqu’à rejoindre le chemin de halage. Il s’agit du canal de la Haute-Seine.

Et là, attention ! 

L’arrivée par l’ouest est en entier sur voie verte, selon le guide offert par la Région. Moi je me suis retrouvée sur la rocade !

L’arrivée à Troyes

Vous allez rouler sur une petite route, vous finirez par apercevoir le chemin de halage sous un pont et vous en profiterez. Vers la fin vous distinguerez dans les branchages un panneau « Interdit à tous véhicules », puis un autre, bien visible, limitant la vitesse. Comme moi vous croirez ce qui vous arrange, et là vous avez fait la pire chose de votre vie. Le guide gratuit de la Région nous dit bien que le chemin de halage transformé en voie verte (…) « tout en restant sur une piste cyclable permet de rejoindre le coeur de Troyes ». Peut-être manquait-il juste un seul panneau pour nous éviter ce qui suit ? 

A cycliste bien née point d’impasse, pourtant Troyes l’a fait. Une petite passerelle bien pourrie sous un pont barre le passage, comme si personne n’en prenait la responsabilité. Je prend alors la première petite route, d’ailleurs à proximité, et la voit longer la grand’route. J’y vais, mais elle se transforme bientôt en herbe et monte au niveau de la grand’route. Et là l’impossible continue, il n’y a plus aucun accès nulle part, une sorte d’autoroute roule de l’autre côté de la glissière, et bientôt il n’y a même plus d’espace pour marcher en poussant le vélo. 

Le premier piège. Infranchissable et sans solution latérale.
Le second piège, qui aurait pu être plus fatal encore, cette route non revêtue semble longer une route secondaire. C’était peut-être une bretelle !

Qu’auriez-vous fait ? une folie. Je la fis. Sacoches par au-dessus, vélo par en-dessous, entre deux vagues de monstres métalliques je m’élance. Voici un pont, la route se rétrécit et je ne sais d’ailleurs toujours pas où je suis. Même tactique, sans mollir, comme vous imaginez ! 3 km plus loin un arrêt parking, je le quitte à travers un champs sec, labouré et moissonné, autant dire un champs de baguettes, puis me retrouve enfin sur une route qui me fait revenir en arrière, mais je ne savais toujours pas où j’étais. J’avais roulé sur la rocade, certainement formellement interdite aux cyclistes.

Qu’auriez-vous fait à ma place ???

Troyes

Le guide offert par la Région est peut-être optimiste

Troyes se traverse mal. L’itinéraire de l’Est, vers les lacs, est déjà ancien. Une traversée de la ville mène désormais à son départ, assez loin hors de la ville. Il est si tordu qu’on le perd forcément en route, ou qu’on n’y croit pas. Finalement la meilleure méthode est de viser la cathédrale et de demander son chemin. Ensuite ne pas jouer à la puriste, ça va comme ça. Ce n’est pas parce que c’est fléché sous un nom mais que ce nom n’est utilisé que plus tard que ça n’est pas le bon chemin. 

3 noms pour à peu près la même chose. Le bonjour aux étrangers !!!

J’ai longé le lac d’Orient puis celui du Temple, j’ai vu où était l’eau qui n’ira pas inonder Paris, je me suis beaucoup ennuyée sur les pistes monotones, et ai dormi à Brienne-le-Château, comme Napoléon. J’y ai vu son musée, fort beau, et des pancartes expliquant sa stratégie d’image, imposant sa silhouette dans toute l’Europe.

Et voilà, j’ai ensuite roulé jusqu’à Orconte sur le canal entre Saint-Dizier à droite et Vitry le François à gauche (puisque rien n’est indiqué). 

En conclusion, le parcours Paris à Saint-Dizier se fait (presque) très bien à vélo, et je compte bien recommencer.

Pour savoir comment ça a commencé :
Journée fondatrice pour la véloroute de la Seine en entier (mai 2019)

Bonnes adresses

Melun, hôtel d’une célèbre chaîne, av. de Meaux. Honteux. Bâtiment préfabriqué genre chantier, sur 2 niveaux, camouflage par moquette épaisse. Chambres minuscules, souper niveau hôpital. Prix hôtel 4 *. Plat genre sous plastique et micro-ondes, si mauvais que j’ai demandé de la sauce pour m’aider à finir. Oublient de me le faire payer. Me harcèlent le lendemain au téléphone pour que je les autorise à se payer sur ma carte !!! Un mois après je découvre qu’ils se sont payés tout seuls. Bravo les gars ! Cet hôtel (comme celui de Givet) sape la confiance en la marque, c’est le moins qu’on puisse dire. Et dire qu’ils font en ce moment de la promotion pour des formules de demi-pension !  

Nogent-sur-Seine, j’y ai trouvé un hôtel à visée gastronomique qui n’a pas besoin de moi pour avoir des clients. Il est au centre-ville, chambres correctes donnant sur la piscine, restaurant bien. Il fait payer pour rentrer le vélo ! C’est une raison pour ne pas insister.

Montereau-Fault-Yonne. Chambre d’hôte désuète comme chez les grand-parents vers 1960, sur le quai, au bout de la rue de l’Yonne. Des personnes qui font du bien.  01.64.32.04.05  Super restau libanais en ville, à 2 pas.

Brienne-le-Chateau, Hôtel des Voyageurs, 30 avenue Pasteur. 03.25.92.83.61 Au pied des usines, fermées ou en vacances. Calme, agréable, repas simple et bon, sans histoires. Et chouette, le petit-déjeuner ne se pique de rien, il est « normal ». N’hésitez pas. Les fleurs de la devanture vous attendent.

Vitry-le-François, jonction faite avec le retour de la Meuse : Au bon séjour, 2 faubourg Léon-Bourgeois, angle Bd Carnot, proche de la gare. 03.26.74.02.36. Hôtel pour « le monde du travail », très bien, sauf que les vélos y sont vécus comme encombrants … Nous étions trois et j’y retournerai quand même. Comme vous. On finira bien par trouver une solution.

Deux ans plus tard l’hôtel a changé de mains et est devenu détestable.

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marmotte27
2 années

Oh pour les fietsknooppunten néerlandais (et les infrastructures qui vont avec…). Pas d’article en francais, üourtant ca existe aussi en Belfique.

2 années
En réponse à  marmotte27

Votre encyclopédie préférée a désormais un article sur le fietsknooppuntennetwerk.

2 années

Les actes du colloque « La Seine, une nouvelle voie pour le vélo » sont téléchargeables ici.

Christian Frume
2 années

Comme souvent en France et sur les itinéraires « vélo » c’est le père Ubu qui se charge de poser des panneaux pour mieux perdre les cyclistes. Maintenant que tout le monde a son smartphone, ils feraient mieux de créer une bonne appli qui permettrait de ne pas devenir fou en suivant une signalétique beaucoup trop lacunaire ou faite pour un seul sens de circulation.

2 années
En réponse à  Christian Frume

Les applis vélo pour smartphone ne manquent pas : OsmAnd, Komoot, OrganicMaps/Maps.me, etc. Il existe aussi des GPS dédiés pour ceux qui préfèrent un modèle plus compact et avec une batterie qui dure plus longtemps au dépend de la taille de l’écran, du détail des cartes voire du prix. Voir l’article Les meilleurs GPS vélo pour le voyage dans le site En roue-libre.

2 années
En réponse à  Isabelle Lesens

« beaucoup » sans chiffre ne veut rien dire. Si l’objectif est de voyager plusieurs jours loin d’une prise électrique, il suffit de l’alimenter avec une dynamo dans le moyeu. Un non-problème.

2 années
En réponse à  Vincent

Ou avec une batterie externe. Mais le gps ne remplace pas une bonne signalétique. C’est elle qui permet de s’orienter confortablement.

promeneur
2 années

Ça me donne des idées pour l’an prochain. Dommage que vous n’aviez pas connaissance de Claude Bandiera (Forum voyager à vélo). Il a fait pas mal de balades et fournit tout un tas de renseignements sur ses itinéraires et vend même des guides. J’ai utilisé son guide pour parcourir il y a pas mal d’années le Rhône de Lyon à la Méditerranée alors que l’itinéraire était incomplet. Sur la Seine, voici sa contribution. Elle pourra servir à d’autres, sauf que Claude a supprimé son topo-guide.

P.S. Hélas Voyage forum est mort. Son responsable est parti dans un délire complotiste. Le forum est en lecture seule.

Didier Lebrun
2 années

Bonjour Isabelle. A la fin du mois d’Août, en appelant les associations Troyes en Selle ou Atelier Vélo Solidaire des Viennes, vous auriez (peut-être) pu trouver quelqu’un pour vous guider dans la traversée de Troyes. Ça aurait été un plaisir de faire un bout de route avec vous.

2 années

Je suis en admiration devant la ténacité d’Isabelle. Je serais bien incapable de me mouvoir ainsi. Je ne sais pas me servir d’une carte. Seulement d’un GPS avec une réserve de batteries que je recharge le soir. Mais c’est moins poétique, j’en conviens.

Stephane Jauss
2 années

Merci pour votre article. Au début, si vous me permettez, vous confondez embouchure et sources.

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