Sortir de Paris à vélo pour faire une visite ou se promener n’est pas facile. Avec les coronapistes on peut espérer des améliorations. C’est le cas de la route de Paris à Versailles, que je vous décris ici.
J’ai déjà montré ce qu’il en est en cette fin de 2021 d’une sortie vers l’est (La Seine à vélo de Paris aux lacs), au départ de Bercy. Voici ce que j’ai découvert vers l’ouest.
Les ravages de l’automobile
Versailles n’est qu’à 18 km de Notre-Dame de Paris, à vol d’oiseau, mais depuis une cinquantaine d’années l’automobile empêchait les braves cyclistes de faire cette liaison. Il n’y avait guère que le 15 août pour le faire, et se rendre compte de sa facilité naturelle.
La RD 910, ancienne voie royale, monte jusqu’aux guichets de Versailles, lentement car c’est une route faite pour les carrosses. Au 20ème siècle on lui a greffé en bas, côté Seine, la RN 118, qui est en réalité une autoroute, ce qui a rendu le secteur du pont de Sèvres incompréhensible et intraversable.
La route de Paris à Versailles, quant à elle, pour aimable qu’elle soit, était devenue un calvaire à la montée, ou un parcours d’obstacles, et était restée un plaisir à la descente. On était bien loin malgré tout de la première randonnée à bicyclette, en 1867, si facile qu’elle avait fini en course entre amis ! ’’
A Sainte Corona reconnaissance éternelle
Et voilà que ce sombre tableau se transforme.
A Sèvres ça commence doucement le long du chantier d’élargissement de la route, et au niveau de l’entrée du parc de Saint-Cloud apparait une coronapiste à double sens au fond d’un rond-point, à droite du terre-plein central, qui passe à sa gauche au rond-point d’après. Les cyclistes locaux en sont ravis, car sans doute ils se souviennent d’avant, et moi je dis que le passage dans ces deux rond-points est de la folie pure malgré le réel confort des pistes elles-mêmes. Ce sera ma seule vraie critique.
Après, et jusqu’à Versailles on a une succession de pistes, ou plutôt bandes, provisoires, parfois définitives, souvent de bonne largeur, de chaque côté, sur presque tout le parcours. Cela change tout car elles sont assez respectées. Le parcours d’obstacle s’est transformé en voie dégagée avec quelques obstacles sans gravité.
A Versailles, tout juste après les guichets, c’est intéressant car on peut lire les 3 ages des conceptions locales. Dans l’ordre chronologique, marquages dans la contre-allée pavée; réservation d’un sentier sur le terre-plein; dévolution d’une voie entière de la chaussée. Ces nouvelles pistes sont d’une largeur aussi royale que la route, et sont intelligemment protégées par des potelets à chaque entrée. On croit rêver !
Continuons par la gauche du château et du parc et rejoignons les pistes anciennes qui mènent à Saint-Cyr-l’Ecole. Elles ont été refaites et élargies, mais, m’a-t-il semblé, sont aussi davantage utilisées par les piétons.
A Saint-Cyr on se souvient d’un capharnaüm permanent et terrible, et de vagues « tentatives expérimentales » visant à inviter les chauffeurs à la courtoisie envers les cyclistes. La transformation dans ce secteur condamné est frappante. De vraies et belles bandes cyclables sont apparues dans ce qui est tout de même un étroit boyau, qui continue d’ailleurs à être bouché. Vous pardonnerez je pense, au retour, d’être invité très ponctuellement à monter sur le trottoir.
Et voilà, nous récupérons la belle piste de Saint-Quentin-en-Yvelines, elle se trouve à votre gauche juste après le chemin de fer (en-dessous), et la traversée est bien organisée. La piste est entretenue et a été refaite il y a quelques années. Il manque juste … de savoir où elle va. Elle passe par deux tunnels, glauques mais courts, et malheureusement se dégrade à mesure qu’on s’éloigne vers l’ouest.
C’est à Trappes que ça se corse, malgré l’apparence d’un intelligent passage par une voie laissée à l’écart par la route nationale. Le fait qu’elle ait été dotée d’un rond-point n’est pas un très bon signe, mais surtout moi je sais que la fin de l’aventure approche. La rue devient en sens unique, lequel butte sur une barrière à l’intersection avec la RD36. Ce double obstacle je le connais depuis l’année 1992, lorsque je recensais les aménagements cyclables de la région Ile-de-France. 30 ans après il est toujours là, sous une forme peut-être légèrement amoindrie.
Au-delà il y avait une piste de chaque côté de la route menant jusqu’aux abords de Rambouillet. A chacune de mes tentatives elle était un peu plus délabrée, oubliée, écrasée parfois, et ce malgré des morceaux tout neufs.
Ce jour d’automne 2021 j’ai préféré rentrer à vélo et ait donc fait demi-tour à Trappes. Aux amis de l’architecture je recommande de pousser votre vélo sur la RD, jusqu’à la première et unique rue à gauche… ce qui en outre vous permettra de revenir sur la route après la partie en sens interdit.
Hep ! et depuis Paris ?
Un dernier mot : le long de la Seine, depuis le rond-point du moulin de Javel, ou du pont Garigliano, vient d’être ouverte une superbe piste cyclable qui fait la jonction avec celle qui, longeant aussi la Seine, vous mène jusqu’au pont de Saint-Cloud (d’abord à gauche, puis à droite à partir de la passerelle de l’ïle-Saint-Germain). Quant au secteur du pont de Sèvres … suivez le plan.
Je vais emprunter ce trajet que je n’ai jamais osé faire vu la dangerosité du passage pont / entrée de Sèvres. Je ne dépassais pas l’entrée du Parc de Saint Cloud.
En revanche j’ai effectivement constaté de grands progrès côté Saint Cyr l’Ecole en rentrant récemment des Étangs de Buc à Versailles .
PS : Paris -Versailles par la passerelle de l’Avre, parc de St Cloud, Marne la Coquette, Fausses Reposes … reste l’itinéraire le plus charmant….
Charmant et au milieu des bagnoles qui foncent.
Charmant peut-être mais le plus facile, direct, évident et historique est celui que je décris.
Il existe une autre alternative pour aller à Versailles, je l’avoue un peu plus longue mais bien sécurisée à beaucoup d’endroits. Regardez les 2 premières étapes de la Véloscénie : Paris – Massy (16,43kms) puis Massy – Versailles (17,37 kms). Voir le tracé sur le site France Vélo Tourisme.
Il peut exister un tas d’autres chemins pour aller partout. J’en propose un. Bernard dans son commentaire propose de passer par la passerelle de l’Arve. La coulée verte (Paris – Massy) est pénible car pleine de raidillons et barrières. Je recommande de l’éviter si l’on veut aller loin car on s’y épuise. Je vous invite même à tester mon itinéraire samedi prochain.
Je ne sais pas comment un cycliste conseille d’éviter cette coulée verte (Paris-Massy) qui est pourtant la 1ere étape officielle de la Véloscénie (Paris Mont Saint Michel – 450 kms). Elle est sécurisée dans la verdure et parfaitement adaptée aux cyclistes débutants.
Merci de me parler au féminin … et de me lire. J’ai écrit « l’éviter si l’on veut aller loin« .