Présidentielles : 8 candidats sur 12 ignorent encore le vélo

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Ils l’avaient annoncé lors du congrès de la Fub à Tours, ils l’ont fait. Ce que j’avais baptisé Appel des 4 a vu le jour le 22 février. L’Alliance pour le vélo a ouvert son livre blanc aux candidats à la Présidentielle et a recueilli leurs intentions.
Découvrez les programmes des candidats à la Présidentielle en matière de vélo.  

À travers le Livre blanc « Faire du vélo un atout pour la France » et un socle de dix mesures stratégiques, l’Alliance pour le vélo entendait interpeller les candidats aux élections présidentielle et législatives sur leur vision du vélo, et préfigurer les Etats généraux de la filière du vélo proposés par le rapport Gouffier-Cha.
Ils ont voulu faire front commun pour promouvoir le vélo comme outil d’intérêt général et de transformation dans le cadre des défis d’aujourd’hui. Il n’est pas certain qu’ils aient réussi.

L’alliance était constituée de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), de Vélo & Territoires, du Club des Villes et Territoires Cyclables et Marchables (CVTCM), de l’Union Sport & Cycle (USC) et de l’Association de Promotion et d’Identification des Cycles et de la Mobilité Active (APIC). Ce sont les mêmes qui en avaient parlé à Tours.

Pourquoi en sont-ils ?

  • Les fabricants, distributeurs, marques, détaillants et prestataires de services y ont intérêt, mais vont plus loin. Ils s’engagent dans la mise en place d’une filière à respon­sabilité élargie du producteur, favorisant ainsi le recyclage et le réemploi.
  • Les représentants des usagers du vélo au quotidien sont au cœur de la prise de conscience de l’im­passe du modèle de mobilité actuel. Ils assurent une mission accueil uni­versel et d’accompagnement à la mobilité et sont des interlocuteurs pouvant être bienveillants, quoique tenaces, des collectivités pour avancer des proposi­tions issues de leur expertise du quotidien.

A – Les mesures souhaitées par l’alliance pour le vélo

Doubler le réseau cyclable actuel 

Doubler le réseau cyclable actuel pour le porter à 100 000 km durant le prochain quinquennat. L’Etat doit augmenter sa part de financement jusqu’à 2,5 milliards d’euros afin que les dépenses publiques atteignent 30 € par an et par habitant. Ces financements devront notamment cibler prioritairement les discontinuités, les franchissements, les entrées d’agglo­mérations, les petites et moyennes villes, les territoires ruraux et péri­urbains. Le stationnement sécurisé à domicile est aussi une urgence.

Mettre tout le monde à vélo

Mettre tout le monde à vélo, qu’ils soient jeunes, vieux, salariés, paumés ou riches, lestés d’un handicap ou grand échalas. Les enfants sont particulièrement visés à travers l’apprentissage du vélo à l’école, une mesure qui tient particulièrement au coeur de Françoise Rossignol, présidente du Club des villes à mobilités actives.
Il faut également rendre obligatoire le forfait mobilité durable, comme l’avait promis Barbara Pompili, la ministre de l’Environnement, au cas où le volontariat ne suffirait pas.
Les aides financières doivent être universelles et viser les vélos « à haut niveau de service » comme les pliants et les cargos, qui n’ont pas besoin d’être électriques pour rendre le service attendu. Les confédérés citent également les vélomobiles, ce qui est une grande première dont je les félicite avec enthousiasme. Ces véhicules sont en effet l’idéal absolu pour les liaisons intercommunales en zone rurale. 

Faire qu’il soit agréable de vivre partout

Le groupe rêve qu’on fasse de tous les territoires des espaces agréables à vivre en dynamisant les villes et villages par le vélo et la marche. Il appelle à construire une France de la proximité, souhaitant qu’on limite l’étalement urbain et qu’on en finisse avec les zones commerciales de périphérie. Il veut que la voiture soit très limitée afin que les citoyens puissent trouver les commerces et services à pied ou à vélo. Pour cela les liaisons intercommunales rurales doivent être faites, via des pistes cyclables ou itinéraires sûrs, l’alliance entre train et vélo doit devenir évidente et le 30 à l’heure la règle normale. 

Soutenir la filière du vélo

Soutenir la filière du vélo, favoriser la création d’un écosystème économique exemplaire, et, on l’attendait, faire de la France la première destination mondiale du tourisme à vélo ! 

Voilà ce qui était souhaité. Les candidats ont visiblement d’autres préoccupations…

Le 10 mars … le 24 … le 29 ? Non, le 31

Après le lancement du 22 février, le 10 mars a été mise en ligne la plateforme pour accueillir les engagements des candidats à l’élection présidentielle. 

Le 31mars dans la soirée
les engagements ont été mis en ligne
 
au lien suivant
sur la même plateforme, après plusieurs reports.
7 candidats sur les 12 ont répondu. 

B – Les mesures annoncées par les candidats

1. Mesures recueillant un soutien unanime

  • Soutenir le Savoir Rouler à Vélo scolaire (mesure n° 2), 
  • Placer la promotion des modes actifs au cœur des politiques de santé publique et de prévention (n° 7), 
  • Faire émerger une filière du vélo française et européenne exemplaire (n° 8), 
  • Créer 200 000 places supplémentaires de stationnement sécurisé pour favoriser l’intermodalité (n° 4). 
  • Conduire ces différentes mesures en concertation avec les citoyens et au travers d’un tissu associatif structuré et financé.

2. Mesures soutenues par 6 candidats sur 7

  • Accompagner le déploiement de 5 millions d’emplacements de stationnement pour vélos dans les logements collectifs publics ou privés (n° 5),
  • Renforcer les mesures d’accompagnement social aux mobilités actives à travers les aides et primes (n° 6)
  • Soutenir la revitalisation des villes et villages par la mobilité de proximité (n° 9).

3. Mesure soutenue par la majorité : Un investissement public de 30 euros par habitant et par an 

Une majorité des candidates soutiennent la mesure. Emmanuel Macron n’apporte qu’un soutien partiel, sans préciser le montant de l’engagement financier prévu. Valérie Pécresse est la seule à ne pas soutenir explicitement cette mesure. 

4. Mesure refusée par 2 candidats : La généralisation obligatoire du forfait mobilités durables

Cette mesure ne connait l’opposition que de Valérie Pécresse et d’Emmanuel Macron alors que la généralisation de ce dispositif à l’été 2021 a été évoquée explicitement par la ministre Elisabeth Borne lors des débats relatifs à la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM)

5. Mesure rejetée par la majorité : Faire une règle du 30 km/h en agglomération

Seule cette mesure est rejetée par une majorité des candidates comme celle de limiter la vitesse hors agglomération en l’absence d’aménagements cyclables sécurisés (mesure n° 10). Une réticence qui s’explique par la volonté (Valérie Pécresse, Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Emmanuel Macron) de laisser aux collectivités locales la liberté de fixer elles-mêmes la réglementation routière sur leur territoire. Seuls Melenchon, Jadot et Poutou acceptent cette mesure.
La généralisation de « ville à vivre », déjà actée aux Pays-Bas ou en Espagne, était pourtant une mesure proposée par la Convention Citoyenne pour le Climat soutenue par 6 Français sur 10, se désole la bande des 4.

Qui ferait quoi ? 

Entre piloter d’en haut pour impulser et que ça aille plus vite, ou laisser le maximum d’initiative aux communes, au risque qu’elles ne fassent rien, il faut choisir.

Yannick Jadot veut créer un comité interministériel qui se réunira au moins une fois par an, sous la présidence du premier ministre, Fabien Roussel s’en tiendrait à une Agence Nationale pour le Développement du Vélo. 

Valérie Pécresse s’engage à poursuivre les appels à projets du Fonds mobilités actives et souhaite par ailleurs introduire un volet Vélo dans les contrats de Plan État-Région.

La mesure socle du Livre blanc, prévoyant de conduire ces différentes mesures en concertation avec les citoyens et au travers d’un tissu associatif structuré et financé, fait partie des 5 mesures ayant reçu un soutien unanime des candidats, ce qui devrait plaire particulièrement à la Fub.

8 candidates et candidats sur 12 ne mentionnent pas le vélo dans leur programme. Seuls Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Yannick Jadot l’ont fait. Pourtant on avait remarqué que seules les femmes candidates avaient un rapport avec le vélo.

Tous les résultats sont sur le site spécial Parlons vélo 2022. Pour chaque candidat, un tableau, une analyse, le programme. C’est tout à fait intéressant !

Au vu de ces résultats … vous voterez pour celui ou celle pour qui vous aviez déjà décidé de voter !  Vous aurez au moins appris que rien n’est jamais gagné, et que les candidats n’ont pas encore conscience de la puissance sur-multipliée du vélo… Vous trouverez aussi que l’Alliance a fait un énorme travail de présentation, et comprendrez qu’elle ait eu du mal à être prête.

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