Pour le Gouvernement, le chemin de fer sera la colonne vertébrale de la mobilité

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par | Fév 24, 2023 | Actualités | 9 commentaires

Le fameux rapport Investir plus et mieux dans les mobilités pour réussir leurs transitions a été présenté ce matin par Mme Elisabeth Borne, Première ministre. Le vélo ne fait pas partie de la mobilité en transition.

La Première ministre a même parlé de vélo, environ deux phrases pour souligner qu’il lui tenait à coeur. Cette motivation ne semble pas avoir une forte influence sur le cours des évènements, et c’est seulement en filigrane qu’on pourrait apercevoir le vélo, via l’intronisation du système ferroviaire au rang de colonne vertébrale de la mobilité.

C’était la remise officielle du rapport commandé à David Valence, député des Vosges, en octobre dernier. Le président du comité d’orientation des infrastructures a d’abord tenu à indiquer qu’y figuraient Geneviève Laferrère1 Genevière Laferrère a notamment été présidente de la Fub de 2011 à 2015, après avoir été fortement investie dans le vélo en tant que fonctionnaire de France Nature Environnement, « très impliquée », Karima Delli, présidente de la commission des Transports et du Tourisme au Parlement européen, Fabienne Keller, ancienne maire de Strasbourg, et François Philizot2 François Philizot fut préfet au développement de la  Vallée de la Seine, pour laquelle il imposa une véloroute au destin glorieux., un haut fonctionnaire qui comprend tout et dont la passion pour le vélo n’est pas un secret. Ce bel appareillage était prometteur.

Applaudissements d’usage, Interprétation en langue des signes

La politique des Transports (je crois bien que le mot Mobilité n’a pas été prononcé) du Gouvernement est maintenue, a déclaré Elisabeth Borne, elle se partage en deux principaux pôles auxquels sont promis de forts investissements, le rail et la route.  La voie navigable a été également citée.  

▶️Le train doit devenir une véritable alternative à l’automobile, et pour cela il doit être fréquent, régulier et fiable. Il faudra réhabiliter les petites lignes et en construire de nouvelles. C’est la Société du Grand Paris (qui est en charge de la construction mouvementée du métro régional en Ile-de-France) qui sera chargée de s’occuper des RER métropolitains, car elle a fait ses preuves, dit, ou s’efforce de penser, la Première ministre. Nous savons bien que cette société n’a absolument pas compris que le rabattement sur ses gares, toutes en pleine ville, ne pouvait se faire principalement qu’à pied ou à vélo, et que cela n’est probablement pas le seul reproche qui lui est fait.

▶️ La route ensuite, car les citoyens ont droit à des routes en bon état. On va tout faire, pense Mme Borne, décarboner l’automobile et ne brusquer personne. Soit. On aurait bien aimé un mot sur la réduction des besoins de déplacement ainsi que sur les modes intermédiaires, pourtant soutenus par l’ADEME3 Sur les modes intermédiaires, voir l’article Le vélo s’engage dans la révolution des véhicules légers, qui est un organisme d’Etat. 

Elle a affirmé que l’on allait passer de l’infrastructure et de la technique aux services, comme le covoiturage et le partage de voiture. Ce n’est peut-être qu’une façon d’adoucir le propos, car il n’y a là rien de bien nouveau et ce n’est pas sûr que cela soit très efficace. Elle a également insisté sur le rôle des collectivités locales (« car elles connaissent leur territoire »). Les prochains Contrats de Plan Etat-région, pour lesquels les négociations commenceront le mois prochain, leur signature devant intervenir cet été, devront avoir un volet Transports. Que n’est-il pas prévu plutôt un volet « Mobilité » ? 

▶️ Le Gouvernement n’est-il pas en retard d’un train, à la traîne de l’opinion et, surtout, des besoins ? Avoir le vélo en tête et près du coeur, et là dessus il n’y a aucun doute, ne suffit pas pour en faire le fer de lance de la mobilité urbaine, ni même à faire un beau mariage avec le train, pour lequel il n’y a de même aucun doute qu’il se méfie de la bicyclette. C’est pourtant ces deux options, et celle des véhicules intermédiaires, qui feraient avancer la France. Pas la terne prolongation d’un existant sans consistance, avec des investissements qui fondront à la chaleur.

Ah, j’allais oublier : Il y aura enfin un comité interministériel du vélo. En mars4 Pour les espoirs, voir 2023, une année qui s’annonce compliquée pour les élus du vélo.. Avec la présentation des résultats de l’enquête menée conjointement par le Club des Villes cyclables (raccourcis) et Vélo&Territoires, comme annoncé. Le vélo toujours à part ? Il ne fait pas partie de la Mobilité ? 

Lire les pages 4 et 5 du rapport, contenant les « Messages-clés » 

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marmotte27
1 année

Même si le gouvernement voulait vraiment changer quelque chose, et il y a des gros gros doutes là-dessus, le train n’est malheureusement pas plus efficace en énergie par kilomètre-personnes que tous les autres transports motorisés, selon wikipedia en anglais (Efficacité énergétique des transports).

Thomas Tours
1 année
En réponse à  marmotte27

L’image ne semble pas correspondre à la dernière version de la page wikipédia.
Et prendre Amtrak comme référence pour un sujet français n’est peut-être pas pertinent. La même page donne les valeurs de la Deutsche Bahn.

Peregrin
1 année
En réponse à  marmotte27

Peut-être qu’en théorie le train peut être plus efficace mais il me semble qu’en pratique du fait des évolutions de la société il ne l’est que très rarement! Dans les années 2000 pour le transport du frêt les pouvoirs publics ne juraient que par les autoroutes ferroviaires. Ben quand on traverse la Maurienne en vélo on a plutôt tendance à jurer mais pour d’autres raisons. Quand on aperçoit de notre guidon, lorsqu’on longe l’autoroute « routière », tout au plus deux trains de frêt sur l’autoroute ferroviaire avec 4 camions dessus, ben c’est quasiment un train de camions permanent qui roule sur la voie de droite…

Dehousse
1 année

Le gouvernement voit le vélo comme un moyen de déplacement local, contrairement aux autres, et donc il s’en lave les mains. Autrement dit, c’est aux villes, métropoles, ou régions de s’occuper de ce mode de déplacement « mineur ». Nous continuerons donc à être injustement traités selon l’endroit où nous habitons, et selon des critères au bon vouloir des administrations locales.

Tonnelier, Patrick
1 année

Quelques infos dans le rapport. Il est question de savoir si l’État doit continuer à accompagner le financement du vélo.
Page 62
… et pourrait être conduit à ne pas poursuivre les AAP (appels à projet) au prochain quinquennat.
… Il conviendra, comme pour le vélo, d’évaluer régulièrement la pertinence de ce dispositif, non pas concernant l’opportunité, qui ne fait pas de doute, de la nécessité de l’intensification des efforts publics, mais concernant l’utilité de l’accompagnement par l’Etat de ces efforts.
… Au regard des annonces et de l’engagement du gouvernement sur cette thématique, cela serait néanmoins une forte déception de nombreux partenaires. Il est vraisemblable que cela aurait un effet négatif sur le rythme de ces investissements. En outre, dans les pays où les efforts les plus importants ont été réalisés, cela ne s’est pas fait sans un appui de l’état central ou fédéral.
Page 96
Mobilités actives : … pour les véloroutes, qui ont vocation à être inscrites dans les CPER (Contrats de plan Etat-Région) en prenant l’hypothèse qu’il faudra 10 ans pour les achever …. L’effort de l’État pourrait ensuite fléchir légèrement lors des 10 années suivantes, les véloroutes étant achevées.

Bertrand
1 année

Donc, pour résumer, la colonne vertébrale selon le gouvernement, c’est ce que lui et ses prédécesseurs depuis 4O ans s’emploient consciencieusement à démanteler.
Et aussi qu’on ne va pas s’intéresser à ce qui coûte le moins cher et qui a la capacité à transformer une part substantielle de la mobilité quotidienne.
Je ne vais pas prétendre que je suis surpris.

Dans le rapport du député Gouffier-Cha sur l’économie de la filière vélo on lit que seul 1,3% du budget des infrastructures de transport est consacré aux aménagements cyclables, alors que la part modale du vélo est environ 2,5 %. Et encore une bonne part de ces 1,3% sont-ils peu utiles car conçus avant tout pour ne pas déranger les automobilistes. Les cyclistes sont très mal protégés : ils constituent maintenant une part significative des victimes de la route (7,5% l’an dernier).
Le ou la cycliste touche au maximum quelques centaines d’euros de subvention quand il ou elle renouvelle son vélo, l’automobiliste a droit à 8-10 000 euros pour remplacer sa voiture thermique par une électrique. Les seconds polluent pourtant plus que les premiers.
Pour ce qui est du rail, les gares TGV construites à grands frais par la SNCF depuis les années 1980 sont prioritairement desservies par voies rapides, la plupart n’ont pas d’accès cyclable protégé.
En France les cyclistes sont une minorité croissante mais méprisée par les pouvoirs publics, sauf quand localement une administration en fait une priorité (Lyon, Paris, Strasbourg, Grenoble…). Ce plan n’en est qu’une triste illustration supplémentaire.
La défense des cyclistes en tant que minorité est un vrai problème de démocratie dans notre pays.

Dominique Bied
1 année

Alors fonçons sur l’intermodalité vélo pliant type Brompton avec le train.

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