Isabelle et le vélo

Ce voyage commémoratif s'est déroulé sur 15 jours, dont deux de repos à La Charité sur Loire et à Oullins. Il a été réalisé par 7 collectionneurs ou historiens qui ont roulé sur des machines d'il y a 150 ans, sous la houlette des Solognots Alain Cuvier et son épouse Martine. De nombreuses personnes ont accompagné ce voyage pour de courtes périodes, et quelques uns sur la totalité.

La RN7, révélatrice de l'état de notre pays

Le voyage s'est déroulé au plus près de l'itinéraire initial, qui était la route impériale, devenue RN7, avec un crochet vers Tullins. Ce fut une expérience intéressante sur la géographie de notre pays, mais aussi sur ses routes. Nous avons souvent roulé sur cette foutue nationale, dans un vacarme épouvantable, mais aussi à côté, et découvert des morceaux déclassés et quasi vides, et d'autres interdits aux vélos. Pour quitter Fontainebleau nous avons occupé une voie entière (sur quatre) avec la protection des camions et voitures qui transportaient les bagages des vélocipédeurs. Mais un de nos hôtels n'a été atteignable qu'en portant les vélos au-dessus du muret de séparation entre les deux sens …

 

 

Un accueil public mémorable : nous vivons bien un événement unique

Ce qui restera dans les souvenirs, c'est d'abord les accueils municipaux. Citons Bagneux sur Loing et son déjeuner d'apparât dans les salons de la mairie, Montargis, Tullins où la mairie se trouve dans une maison Olivier, Rives, Gillonay, petite commune qui décida in extremis de nous recevoir et dont presque toute la population était là, Amplepluis dont tout le monde aussi était dans la rue et nous offrit un banquet nocturne mémorable sur la place, St-Pierre le Moutier en mairie puis avec une autre sorte de banquet chez le président des cyclos, qui nous hébergea à domicile, un pique-nique dans le jardin du marquis de La Palisse, maire de la commune et propriétaire du château, et j'en passe.

Nous passâmes le col du Pilon, qui partage les eaux de la Loire de celles du Rhône, roulâmes sur des routes du type de celles de 1865, aujourd'hui destinées aux cyclistes sur la Loire à vélo, et sur la via Rhôna, non finie mais promise à une meilleure qualité. 

Ce voyage fut un intéressant rappel de l'horreur automobile, ou de la réalité à l'heure du changement climatique ... en particulier en entrée et sortie de la région lyonnaise, de Lozanne à Vienne. Et encore n'étions-nous qu'en août... Ensuite, pour la première fois du voyage j'ai distingué la sonnerie de mon téléphone...

Des accompagnateurs très concernés

Deux accompagnateurs doivent être mentionnés, Philippe Orgebin en cyclo-campeur et moi-même en cyclo-voyageuse. Francis Robin aussi, mais il avait voiture et épouse. Ont aussi fait tout le trajet les Parisiens emmenés par Michel Delmotte, par un trajet permettant de se loger à meilleur compte, et nous nous sommes retrouvés plusieurs fois. Je tiens également à nommer Brigitte et Jean-Pierre Vincent, du club audio-visuel de Bois-le-Roi, qui nous ont beaucoup filmés et photographiés, et ont fait bien plus.

 

Les individuels et associations de cyclistes de Paris, Lyon et Valence ont accompagné en masse, les clubs cyclos de la FFCT partout ailleurs. Les participants aux forums de bromptomistes, ou d'amateurs de vélos anciens, nous ont rejoint, ainsi que de nombreux individuels versés ou pas dans le cycle, ayant prévu d'être là ou nous ayant simplement croisés. Pardon à tous ceux que je ne nomme pas. Ce furent de bien belles rencontres avec des amis non encore connus en direct, lecteurs de ce blog, auteurs de site spécialisé, etc

 

Enfin, pas mal de descendants de nos protagonistes du premier voyage se sont manifestés et ont roulé avec nous ou rejoint aux étapes.

Un exploit ou un témoignage?

Ce fut pour les 7 un exploit sportif, pour l'organisateur un défi d'organisation. L'un, qui ne roule jamais à vélo, voulait être encore plus proche des frères Olivier, l'autre, qui ne roule qu'en grand-bi ou en auto, voulait célébrer la bicyclette, la plupart n'y voyait qu'un défi sportif entre hommes et tous s'étaient préparés avec soin, eux et leur machine.

Aucun n'utilise de bicyclette pour ses affaires courantes. Aucun ne parla jamais de l'avenir du vélocipède, du rôle du vélo dans la mobilité, des bouleversements sociaux qu'il engendra -avènement des loisirs, modifications dans les rapports entre les sexes, travail en usine...- ni de ses suites industrielles que sont l'auto et l'avion. Pour les amis des clubs, ce fut souvent une chouette sortie.

Ce voyage peut pourtant être vu comme marquant le début de notre ère contemporaine, et sa réédition comme le début de sa fin ; entre les deux le monde devint dévoreur de ressources mortes et doit aujourd'hui se choisir une nouvelle orientation. Il doit abandonner le pétrole, et, sans doute, revenir au vélo.

Aucune association de cycliste voyageur n'était partie prenante dans la réédition du premier voyage à vélo du monde, et aucune fédération de cyclistes quotidiens n'avait été invitée à célébrer l'acte de naissance du vélo. N'est-ce pas pourtant le succès de ce premier voyage qui décida de la création de la fabrication en série de vélos et de l'ouverture de magasins de vente ? C'était le début de notre époque.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez :

• Aller sur le site de l'événement,
  
• lire mes tweets quotidiens, relatant notamment les accueils,
• lire ma présentation du voyage, et son annonce,
  
• m'écouter dans Roue-libre le 30 août,
• visionner le reportage sur le voyage, de Paris à La Charité-sur-Loire.

• Vous pouvez aussi lire la presse :

• Les vélocipédistes rencontrent leurs admirateurs à Nevers. Le jdc, 13 août.
• Les vélocipédistes ont quitté Amplepuis, direction le col du Pilon. Le Progrès, 18 août.
• De merveilleux fous roulants. Le Dauphiné libéré, 29 août. Un bel article qui souligne la portée qu'aurait pu avoir ce voyage.