Isabelle et le vélo

Ce nouveau décret devrait, on l’espère, régler tous les problèmes d’ordre juridique encore en suspend… Les mots devraient être choisis avec la plus grande prudence.

 

Une voie verte est-elle une sorte de route ? Pourquoi l'avoir traduit parfois par vague trottoir ?

Le terme de « route » avait été retenu, apprend-on dans le document de préparation (*), pour éviter que de simples trottoirs ne soient baptisés « voie verte ». Ce fut peine perdue. Au-delà de l’inconvénient dû au fait que « route » évoque « véhicule motorisé », on a trouvé "tout et n'importe quoi", notamment des bouts de trottoirs fièrement affublés du nouveau panneau. La preuve en est donnée page 9 : « Voir notamment les photographies publiées sur le blog "Isabelle et le vélo", dans l’article publié le 9 décembre 2010. » Voici donc cette preuve. Vous êtes aux premières loges, bravo à vous.

 

Le code de la route est-il applicable sur une voie verte ?

S’il s’agit d’une route, ne serait-il pas utile de le préciser, quitte à simplement transposer les parties utiles du code ? Cela permettrait, selon mon expérience, d’organiser la cohabitation des piétons (à gauche) et des véhicules, fussent-ils vélos, à droite, sans angélisme.

Mais si ce n'est plus une route, que va faire le département de la Gironde, dont tout le réseau, le plus grand et magnifique de France, est classé en RD - route départementale ?

Et de toutes façons, moi je trouve qu'il serait vraiment utile qu'il y ait des règles organisant cette fameuse cohabitation tant vantée.

 

Qui devrait faire la police ?

En cas d’infraction à la circulation, ou en cas d’accident, qui fait la police ? En agglomération c’est le maire, lit-on page 11, s’il y a convention d’ouverture à la circulation publique. Mais dans certains cas, ce sera la police de la circulation, dans d’autres celui de la police administrative générale.

Cependant, créer une route ne peut se faire que sur domaine public, lisons-nous dans la même page 9. Donc la piste "du canal de l'Ourcq" à Paris, établie sur la propriété privée de la Ville, ne sera pas une voie verte ? Ni celle de l'aqueduc de la Dhuis ? Donc personne n'est chargé de chasser les motocyclettes qui envahissent ce chemin ? Et donc on peut continuer à s'y faire détrousser la nuit venue ? Cela n'est pas pour encourager son rôle de "support de déplacement" !

 

Alors, route, voie, ou "support de déplacement" et outil d’aménagement du territoire ???

Finalement, à « route » il sera peut-être préféré le terme de "voie de communication", ou de "voie autonome", ou encore autre chose. Les critères devraient rester les mêmes, plat, sûr (ah ! les traversées de ... routes !), globalement interdit aux moteurs… Même aux motocyclettes, que l’on a parfois eu la tentation d’autoriser, au moins aux heures des entrée et sortie de classe et d’usine ? Attention aux mots ! Mais ça devrait aller.

Le document traite en outre de planification, la voie verte étant à la fois support de déplacement et outil d’aménagement du territoire, avec des retours sur investissement de seulement deux ans (du jamais vu, autant dire !). Mais les voies vertes sont aussi un lieu de démocratie et de lien social, "un lieu de vie susceptible d’unir une communauté humaine", nous dit-on.

 

Riche concept que ces voies vertes ! Mais entre faire et définir y a-t-il un lien ? A ma connaissance un tel concept n’existe vraiment qu’en Espagne, en Wallonie et en France. Les réseaux des pays européens me semblent fonctionner au coup par coup et surtout sur l’aspect physique. Au pire, des panneaux de « piste cyclable ». Ou une largeur rendant impossible le passage aux autos. En Suisse, souvent des panneaux "engins agricoles et vélos", comme sur l'île de Ré. La TransArdennaise, si belle, n’est officiellement ni une piste cyclable ni une voie verte. Et pas plus un chemin ou un sentier… ni une véloroute, évidemment. Et c'est la même chose un peu partout...

 

(*) Pistes pour l ‘évolution de l’encadrement juridique des voies vertes. Coll. Etudes et documents, n° 36, février 2011. Rédigée par Gabrielle Pollet pour son mémoire de master 2 en Droit de l’environnement. Un magnifique travail édité par le ministère, sous le regard de Jean-Louis Pons, responsable de la mission nationale Véloroutes et voies vertes. Elle est présentée et téléchargeable sur le site du ministère.

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Ajout qui n'a rien à voir (17 mars), Offre d'emploi : Les DRC recherchent un géomaticien pour l'« Observatoire national des véloroutes et voies vertes » (ON3V). L'ON3V est un outil national, financé par le Ministère de l'Écologie, dont les objectifs sont de : visualiser et mesurer l'avancement des réseaux VVV en recensant les itinéraires réalisés et en projet, en les décrivant techniquement, les cartographiant et les situant dans les différents schémas et réseaux ; d'aider au pilotage, à la coordination et à la décision ; de permettre la mutualisation des informations et le développement des échanges d'expériences.

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Candidatures à adresser avant le 7 avril 2011.