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samedi, 06 février 2010

Cyclab', Bordeaux, 4 février 2010 : une date fondatrice

logobas.jpg01- Pas loin de 600 participants (la Ville en annonce 550), des présentations plus marquantes les unes que les autres, une foison d’objets roulants, et une ambiance bon enfant… J’ai demandé à quelques personnes leurs impressions ...

 

Avec des photos de Thierry Delvaux (photos de gauche)

et de Francis Mons (photos de droite).


Le vélo du futur et le futur du vélo : quel titre si judicieusement choisi, nous dit Sabine Martin, élue déléguée à la mobilité.

Elle poursuit : Programme éclectique particulièrement riche et bien adapté au titre de la rencontre :

- les expériences étrangères

- la présence de Barbara. (On peut revoir le film de son record sur le site !!! : NEW RECORD VIDEO IS UP !)

Barbara.jpg- la santé et les prototypes avec Dr.Saladin.

Puis la présence d'Alain Juppé, carrément animateur ! Nous présentant son"Appel de Bordeaux". Le public conquis qui acquiesce : C'est vraiment extra.

Et l'arrivée de Starck avec sa démonstration de l'homme depuis la cellule jusqu'au gros c.. en 4x4 ! P1010058.JPGQuelle est la place de l'homme ? Pour lui, le vélo c’est « l’élégance du minimum », ai-je noté.

Photos par Thierry Delvaux :

Barbara Buatois après la projection de son film.

Aurélien Bonneteau, champion du monde (au fond), et Yves Bertin, médecin francilien (avec le micro), juste avant la projection du film du record du monde de Barbara Buatois. Au fond, c'est moi, puisque j'ai animé une partie des séances. Le vélo posé verticalement est le vélo de Aliaciklo.

descente avec Paul Belmondo.jpgDescente de scène avec Paul Belmondo et Barbara Buatois.

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  • Mais voici un récit complet par Abel Guggenheim :

* Parti de Paris par le TGV de 6h10, j'arrive à l'Athénée de Bordeaux au moment où Jean-Luc Saladin est sur la scène.

On a beau avoir plusieurs fois entendu ce médecin bien connu, on est chaque fois conquis par ses démonstrations et ses phrases choc : "Je me sens plus médecin en venant ici qu'en soignant des patients dans mon cabinet". "Personne n'est en assez bonne santé pour se permettre d'être sédentaire". "Les vélomobiles sont sans doute l'avenir du périurbain". "Faire de la propulsion humaine un moyen de transport de masse".

Il montre un graphique sur l'espérance de vie après 21 ans, quasi stable depuis plusieurs siècles : L'amélioration de cette espérance à la naissance n’est due qu'au traitement de la femme enceinte et à la baisse spectaculaire de la mortalité infantile… En fait, il n'y a pas de progrès.

La nourriture de l'homme était auparavant en rapport avec l’activité physique qu’il déployait pour se la procurer. Sur une photo d'allée de supermarché, il explique : "Nous avons tous maintenant un mammouth à notre disposition en permanence".

JL. Saladin chiffre, pour chaque maladie, la réduction du risque et les économies que procurerait l'intégration de l'activité physique dans le quotidien. Il en déduit la possible disparition du trou de la Sécu, et même son remplacement par un excédent.

Il propose au niveau national la création du FACTA (fonds d'action pour les transports actifs) analogue au VT (versement transport) des transports en commun, alimenté comme expliqué sur son blog. Il propose au niveau  local  la création de commissions statutaires appelées COMTACT  (commission transports actifs), analogues aux commissions  PMR (personne à mobilité réduite).

Il fait de la draisienne sur scène (à partir d’un vélo pliant) et en explique les avantages : "On est tous cyclistes, on croit que tout le monde sait faire du vélo. Mais c'est dur d'en faire. On est passé trop vite de la draisienne à la bicyclette".

* Face au bon docteur Saladin, le sociologue qui participe à cette table ronde paraît un peu ennuyeux, semblant surfer sur les concepts à la mode et enfiler des lieux communs : "les cyclabilités de la ville", "la ville vivable et les équilibres", "la reliance cyclable", "tout le monde gêne tout le monde", "plus la ville crée de liens entre quartiers et communes, plus elle est cyclable", ...

 

* L'après-midi, Hubert Peigné, "Monsieur vélo" national, et Christophe Raverdy, président de la FUBicy, analysent en un duo bien huilé la situation actuelle du vélo et son évolution. Le premier rappelle qu'il n'est pas délégué interministériel mais coordinateur de la politique vélo, et qu'il n'a donc aucun pouvoir propre. Il doit aller voir et convaincre ceux qui en ont. Mais il observe que dans pas mal de domaines des obstacles sont tombés, et que ce qui paraissait impossible il y a cinq ans ne l'est plus toujours autant.

Christophe Raverdy cite quelques exemples, comme les vélo-écoles (qualifiant par erreur celle de Montreuil de pionnière, alors que celles du MDB et de Réseau Vert l'avaient précédé de plusieurs années), ou le groupe d'études deux roues de l'Assemblée Nationale, présidé par Christophe Caresche, qui comporte une trentaine d’élus. Bonne surprise, ils s’appellent deux-roues, mais pensent « vélo ».

Hubert Peigné évoque une étude sur l'économie du vélo, « les chiffres du vélo ». Le résumé fait une quarantaine de pages. Il sera possible de réaliser des « focus » sur un thème ou un autre.

Et ils constatent ensemble que partout les écoquartiers tiennent largement compte de la mobilité, sauf en France. 

* Des représentants de Copenhague, Anvers et Berlin font ensuite part de leurs expériences. Si Chris Brouwers l'anversois parle, bilinguisme belge oblige, un excellent français, la traduction des propos du Danois et de Jörg Thiemann-Linden l'Allemand est effectuée par un jeune homme de bonne volonté, mais dont le niveau d'anglais n'est pas supérieur à celui d'une bonne partie de la salle : à plusieurs reprises des murmures de désapprobation accompagnent des traductions approximatives, qui en déforment malheureusement souvent le sens. C'est ainsi qu'on entend plusieurs fois dire en anglais que la ville de Copenhague fait tout pour que les cyclistes puissent rouler "fast and safe", ce qui en français devient "faciliter la circulation des cyclistes". Le "fast" a disparu, ce qui n'est pas anodin lorsqu'on voit de nombreuses municipalités françaises réaliser, sous prétexte de sécurité, des aménagements complexes entraînant pour les cyclistes détours et perte de temps.

Un point commun entre ces trois exposés est qu'ils insistent tous sur le fait que leurs villes construisent des infrastructures pour les cyclistes. Copenhague, qui en réalise depuis exactement un siècle et en possède donc un réseau étoffé, continue à construire des pistes cyclables.

En Allemagne, c’est le concept de ville sans feux qui est appliqué, comme à Chambéry. Des villes où tout se joue sur la « négociation » : plus personne n’est prioritaire, tous doivent donc s’adapter au plus faible. Du côté de la Flandre, ce sont les cycloroutes qui sont à l’honneur. Certaines villes françaises, qui se sont engouffrées dans le succès politique des vélos en libre service en jugeant peu utile d'adapter leur infrastructure, devraient méditer ce message.

On retiendra aussi que 80% des habitants de Copenhague ont leur propre vélo, que 60% l'utilisent chaque jour, et que 70% des cyclistes continuent à utiliser le vélo pendant tout l'hiver.

* Une table ronde sur "le vélo urbain du futur entre innovation et design" réunit des professionnels du vélo. Didier Huré, du Conseil National des Professions du Cycle, indique que  les vélos vendus sont surtout destinés au loisir, mais que la part des vélos de ville est passée en 5 ans de 15 à 20%.

Patron de la Petite-Reine.jpg* Samuel Allain-Caronni (photo à gauche), le responsable bordelais de l'entreprise de livraison "La petite Reine", créée il y a plusieurs années à Paris, présente le développement de son activité, et évoque de nouveaux véhicules : le Frigocycle pour la livraison de produits frais (Danone serait intéressé), Petite-Reine.JPGle Cyclopropre (photo à droite, en vert) pour l'entretien d'espaces verts. Il existe donc une palette très étendue d'activités, traditionnellement effectuée par des véhicules motorisés, qui peut très bien basculer vers des vélos, certains avec assistance électrique.

(Je précise que La Petite Reine a été créée en 2001 à Paris par Gilles Manuelle. Sa première activité était la livraison, que ce soit pour les super-marchés bio vers leurs clients ou pour le compte de grandes entreprises comme DHL. Aujourd’hui, avec plusieurs agences en France, la société a montré sa pertinence en zone dense. Son activité est désormais double, la logistique urbaine et la vente de véhicules cyclistes avec assistance électrique adaptés à la logistique urbaine. Tout récemment, elle s’est également transformée en entreprise d’insertion : La logique jusqu’au bout.)

 

** Partout, sur la scène, dans le hall, sur la petite place devant l'Athénée, et au moment du déjeuner dans la cour de la mairie, un foisonnement de vélos, de matériels, d'équipements, complétait ces présentations. Certains sont des réalités actuelles, comme le vélotaxi à assistance électrique Cycloville, en service depuis juin 2009 à Bordeaux, d'autres sont des prototypes ou des concepts. velomobile.JPGToutes n'auront pas un avenir brillant, et une partie des innovations présentées ici se révéleront des impasses. Mais certaines prospéreront. Nul ne peut dire avec certitude ce que sera l'avenir du vélo. Mais toutes les directions possibles de cet avenir ont sans doute été envisagées dans le panorama très complet qu'a tracé cette journée.

** Du temps était aussi disponible pour des questions et interventions de la salle. Bien que pas toujours en rapport avec le sujet en cours de discussion, presque toutes étaient très pertinentes.

Quelque-unes sont donc citées ici, en vrac :

- Un vélociste bordelais a fait faire une étude sur ses clients. Plaisir et efficacité sont les plus mis en avant.

- Un cycliste bordelais parle des problèmes dus à l'état de la chaussée.

- Une question donne à Gilles Durantet, responsable du vélo à la SNCF, l'occasion d'annoncer publiquement la bonne nouvelle dont Guillaume Pépy avait récemment fait part aux associatifs cyclistes en relation avec la SNCF : A l'été 2010 les TGV vers le sud-ouest seront enfin accessibles aux vélos. Plus besoin d'aller prendre un TGV à Massy ou de faire correspondance à Limoges.

- On parle bien sûr beaucoup de vélos électriques, sans qu'on sache toujours s'ils s'agit de VAE ou d'autre chose. Un participant évoque des « vélos électriques conformes », roulant à 25 km/h, d'autres à 45km/h, et évoque même un engin roulant à 80 km/h.

- L'université de Reims travaille sur un vélo à air comprimé. "Pour beaucoup de jeunes le vélo est un substitut à la mob' ou à la bagnole qu'on ne peut encore avoir".

- Henri Bosc, cycliste historique, roule sur un vélo René Herse de 1953 en parfait état. "Il y a sur la scène des vélos de 20 ans d'âge dont on peut trouver des pièces détachées : ce qui compte c'est le coût du vélo à long terme" (NDLR : on pourrait parler de vélos à basse consommation). "Même neufs, les vélos de supermarché actuels sont moins bons que celui de ma grand-mère. C'est pour ça que les vélos sont mal traités. Un vélo ça s'entretient. Une voiture, un ordinateur, on l'emmène chez le garagiste ou le magasin d'informatique."

- Proverbe danois : "Il n'y a pas de mauvais temps, il n' y a que de mauvais équipements."

- Vers la fin de la journée, une participante fait observer que tout ce qu'on voit est ciblé masculin. Chacun des participants à la table ronde en cours proteste, et à partir de ce moment c'est à qui sera plus féministe que l'autre.

 

* Ensuite est arrivé Philippe Starck, qui a fait un brillant exposé. Juppé+Strack.JPGMais on a dû, pour rejoindre le dernier train vers Paris, partir au moment où commençait son dialogue avec Alain Juppé.


Au final, une journée passionnante.

Ce n'est pas un hasard si l'expérimentation des tourne-à-droite cyclistes aux feux rouges a lieu à Strasbourg et Bordeaux. Déjà à l'origine du Club des Villes Cyclables, il y a 20 ans, ces deux villes sont aujourd'hui à nouveau en pointe dans la prise en compte du vélo comme mode de déplacement. Et elles le doivent en grande partie à la conviction et à la combativité de leurs maires, Roland Ries et Alain Juppé.

Ce dernier est intervenu deux fois au cours de la journée, arrivant chaque fois très nettement avant l'heure de son intervention. Il se dit "époustouflé" par l'inventivité des innovateurs présents et, après avoir énuméré les avantages du vélo et indiqué que sa part était passée de 7% à 9% dans sa ville, il ajoute : "Il faut aller de l'avant". Et il propose à l'assistance d'adopter un texte préparé collectivement peu avant cette journée, « L’appel de Bordeaux », texte simple mais listant clairement les directions à suivre pour que le vélo puisse prendre toute sa place parmi les modes de transport urbain. Lorsqu'on est Parisien, on ne peut manquer de faire la comparaison avec les récentes élucubrations de Bertrand Delanoë (les "ilôts sécurisés pour cyclistes et piétons"), qui se réfugie dans l'innovation sémantique par manque de connaissance comme d'intérêt. L'emploi des mots n'est pas anodin.

Il convient à ce propos de saluer avec enthousiasme la généralisation, lors de cette journée, de l'emploi du terme "modes actifs". Va-t-on enfin voir disparaître ces "circulations douces", qui ont tant contribué à la mauvaise prise en compte de ce qu'elles prétendraient décrire ?

Un dernier regret, celui de n'avoir pas pu aller voir la "bicycletterie", garage collectif dans l'habitat ancien, en pied d’immeuble et avec entrée sur la rue (une ancienne boutique), initiative indispensable pour rendre la possession d'un vélo possible dans les grandes villes. Ce sera pour une autre fois.

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La suite dans la note de demain

Commentaires

Merci beaucoup Isabelle, c'était très intéressant!
Espérons qu'ils fassent vraiment des aménagements de bonne qualité. Enfin il semble qu'il y a une réelle volonté politique.

Écrit par : Nilcouak | dimanche, 07 février 2010

Une précision cependant: ALIACIKLO et pas aliacyclo.
alia = d'une autre façon
aliu = une autre personne
alio = autre chose
alie = un autre endroit
alien = dans une autre direction
aliel = d'une autre manière

Écrit par : Gérard Rollin | dimanche, 07 février 2010

Merci, je viens de corriger.

Écrit par : Isabelle Lesens | dimanche, 07 février 2010

Même le quotidien "Les Échos" publie un encadré sur Cyclab' ! (lien dans la signature). Mais l'article correspond à une approche infiniment plus partielle et partiale !

Écrit par : ROBIN | lundi, 08 février 2010

Les commentaires sont fermés.

 
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