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mardi, 06 avril 2010

Le stationnement vu par les cyclistes

Le stationnement des vélos, on connaît ! "Stationner pour avancer", quelle idée... "Ah, quelle barbe que le CVTC ait choisi ce thème", ont dû penser les absents. Eh bien les absents ont eu tort, le stationnement est susceptible de grandes innovations, dans le matériel, peut-être, mais surtout dans sa gestion. Et … pas que pour les vélos…

Compte-rendu de la journée technique du Club des villes et territoires cyclables du 1er avril 2010.


Le stationnement, c’est évidemment la clé de tout, mais encore plus qu’on ne l’imagine. En effet, une politique cyclable, c’est largement une politique de l’espace public. Or celui-ci est occupé par … le stationnement automobile, lequel est la cause majeure, il faut toujours le rappeler, de la mise en sens unique des rues…

Or les autos occupent la surface pour rien, car elles ne roulent en moyenne que 5% du temps, et empêchent le reste du temps tout usage normal et agréable des rues, obligeant les piétons à des trajets terriblement encadrés, et les cyclistes à des détours invraisemblables. Et les autos en court arrêt  encombrent ... trottoirs, passages piétons, pistes cyclables et double-files...

Il vaudrait donc bien mieux donner du stationnement de courte durée pour les usages utiles de la voiture (livrer, chercher, poser, rendre visite…) et ranger toutes les autres à l’abri ! Sylvie Matton, du CETE Nord-Picardie, pense donc qu’il faut d’abord une politique forte du stationnement automobile, afin que puisse s’épanouir le potentiel de déplacements à vélo, qui est très important si on regarde les distances effectivement à parcourir, comme je le fais souvent remarquer. (*)

 

  • Règles ou pas règles ? .................................................

Thierry Delvaux, du bureau Sareco, a montré que la prise en compte du stationnement vélo dans les PLU était répandue, mais… très pifométrique, appellations et modes de calcul variant d’une commune à l’autre, passant du nombre de places par m2 habité au nombre de m2 de garage par nombre d’appartements ou rapporté aux % de SCHON… et donnant parfois des résultats ... tout à fait grandioses mais ridicules.

Qu’il faille des règles nationales (pour les paresseux) ou non (pour s’adapter aux cas particuliers), là n’est pas la question. Le problème, c’est leur application, comme l’ont fait remarquer de nombreux orateurs : vous surveillez, vous, si les garages à vélo sont bien utilisés ? Si même ils sont vraiment utilisables ?

Dans leur conception, le bon sens manque aussi cruellement, règles ou pas. Le manque d’expérience aussi, sans doute, qui pourrait rendre de grands services, au moins pour les petits lots. Car, lorsqu’il s’agit d’équiper d’un coup de grands ensembles, une méthode de calcul serait bien utile, plaide Thierry Delvaux.

Paris-habitat y va plutôt pas à pas. Cette très grosse société de logement social a fait concevoir des « espaces vélo » par des étudiants de l’Essec et de l’Ecole Centrale. Les locaux seront dotés d’un plan des pistes cyclables, d’un espace de réparation, d’une fenêtre. Chaque vélo aura son point d’attache, les vélos d’enfant seront rangés en hauteur, suspendus ou posés sur une tablette… Point d’électronique compliquée : le bon fonctionnement repose sur le facteur humain. Le gardien doit surveiller et nettoyer. L’utilisateur signe un règlement en échange de sa clé. Les emplacements sont nominatifs. Et devraient, logiquement, être payants. Pour l’instant il n’y en a que deux.

 

  • Gratuit ou payant ? .................................................

Payant ou gratuit, ce fut une des grandes questions. Disons en tous cas que lorsque l’espace est rare il est cher. Emmanuel Tual, directeur de l’économie et du développement durable de Paris-habitat indique qu’il n’a aucun mal à trouver preneur pour ses espaces en pied d’immeuble : commerces, logements... L’existence d’un garage à vélos donne de la plus value, selon le témoignage de Rafael Murat, de Transdev. Les VLS donnent goût au vélo, il faut donc garer les vélos. D’autant que les Vélib’ ne sont pas viables économiquement, comme le rappelle Frédéric Héran, chercheur. Payant ou gratuit, la question est de moins en moins tabou. Il faut juste savoir quel service on offre, et ce que vaut le foncier.

En gare, ce sera payant. Après Strasbourg, Lille se lance, avec un concours pour 600 places. En ville, des solutions sont à l’étude et portent sur la reconversion de locaux techniques obsolètes et sur la création d’une prime municipale. A Chambéry, l’intermodalité se joue aussi quotidiennement entre auto-de-la-montagne et vélo-dans-la-vallée, avec stationnement intermodal voiture-vélo. A Grenoble, création à la gare de 300 consignes individuelles, dont certaines pour des vélos en libre-service (et comme l’espace est rare … ceux-ci ont un guidon pliable !). Montreuil, près de Paris, inaugurera en mai plusieurs parkings urbains, payants et sécurisés (mais non nominatifs, au moins pour l’instant).

 

  • Parmi les autres orateurs de la journée :

Corinne Verdier, PDG de Altinnova. Elle présenta ses matériels de stationnement, d'abris et de services, installés en ville et dans les gares.

Fabienne Keller, auteure d’un rapport sur « la gare contemporaine ». Elle a découvert l’extraordinaire complexité institutionnelle des gares et plaide pour la création de gestionnaires de gares, qui puissent lier le tout.

Jean-Marie Darmian, le président du CVTC, qui, date oblige, tenta de faire croire qu’il avait réussi à être reçu par trois ministres. Il a dit aussi espérer que l’Europe prenne enfin des mesures, puisque le l’Etat français ne se décide pas de lui-même.

 

Comme vous voyez le stationnement méritait qu’on s’y arrête ! Ils furent 150 environ à le faire. Attendons le compte-rendu officiel.

 

(*) Ces propos font échos à ceux de Hubert Peigné : "Il observe que, pour démarrer les changements, le premier pas, celui qui coûte le plus comme on sait, est toujours celui du stationnement sur voirie. Une fois ce tabou tombé on peut tout faire" tenus lors de la journée "Mobilité dans les écoquartiers" organisée par l'association rue de l'Avenir. 

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