Avertir le modérateur

vendredi, 04 mai 2012

Train + vélo, ça dérape

train,loire-à-véloL’agence de voyages à vélos Blue Marble Travel témoigne au sujet de la ligne SNCF Paris - Orléans - Blois – Tours. L’association Cyclo-Trans-Europe confirme que la situation devient incontrôlable.

Dernière saison en val de Loire ?


Photo : train Intercité avec un un logo vélo et un compartiment réservé aux vélos, mais interdit aux vélos,  avec un vélo dedans.


Obligée d’affréter des autocars avec une remorque pour les vélos, l’agence Blue Marbel Travel se voit contrainte de réduire le nombre de ses départs. De 24 départs par an grâce au train elle arrive à 4, avant un abandon envisagé dès l’an prochain et l’ouverture de nouveaux circuits en Bourgogne, Champagne, et dans la Vallée de l'Eure (Chartres).  

Nicolas Clifford, son directeur, ajoute : Je me demande si c'était le but recherché par le Conseil Régional du Centre, mais qui sait?  L'un de mes collaborateurs hôteliers m'a dit que la suppression des trains transportant les vélos avait été actée pour encourager la location de cycles sur place. J'ai déjà entendu ça quelque part....

Voici son témoignage :

Le premier de nos quatre voyages "Loire" a donc eu lieu fin avril.  Je suis descendu les voir un peu avant (par le TGV via St-Pierre-des-Corps, avec mon vélo), aussi pour expliquer en personne à nos hôteliers pourquoi on se voyait obligé de renoncer au circuit à la semaine, qui s'était quand-même vendu en 252 exemplaires en 2011.  Je suis resté dans la région pendant 4 jours, me déplaçant à vélo, mais aussi beaucoup en train.  

La desserte de la Loire "à vélo" : fondue mais encore visible

- Les 5 rames ex-Aqualys observées en gare, voire emprutées (par moi pour deux d'entre elles), comportaient toutes des voitures vélos, alors même que les trains en question étaient tous interdits aux vélos.  

Toutefois, aucune d'entre elles ne comportait de voiture "Aqualys vélo" (mixte 1ère / 2ème classe, équipée de crochets et de strapontins), et ce malgré la présence de beaucoup de voitures Aqualys dans chaque rame. Ces trains étaient sans exception équipés de voitures vélo Corail classiques, en livrée "Intercités," avec un compartiment vidé pour accepter les cycles.  Je n'ai vu aucune voiture ex-Aqualys vélo pendant mon voyage.  Où sont-elles?

- Les rares trains Tours - Blois - Orléans - Paris acceptant désormais les vélos (désormais avec correspondance à Orléans) sont pris d'assaut.  Je n'ai pas vu un seul train autorisé (sur 6) sans vélo à bord.  


Le samedi, je me suis retrouvé à Amboise en fin de journée.  J'avais programmé mon retour sur Paris par le TER de 16 h 22 sur Orléans, correspondance 18 h 30, arrivée Paris 20h.  3h38 pour Amboise - Paris, ce n'est pas un horaire idéal, mais c'était le seul possible dans l'après-midi (une dernière combinaison possible 2 heures plus tard).

Jusqu'à la violence

Sur le quai à Amboise, sous une pluie battante et froide : 8 cyclistes, moi compris, dont une famille de 4 avec deux enfants.  Rentre en gare un élément 3-caisses, probablement un Z21500, avec 4 emplacements vélo. Le train est chargé, accuse 3 minutes de retard à l'arrivée. Un cycliste descend, un autre vélo est visible à bord, sur l'un des crochets.  Le contrôleur, voyant les cyclistes à quai, hurle "ON EST COMPLET, PLUS DE VÉLOS."  De fait, la porte centrale, toujours la plus accessible pour tout le monde sur ces rames car la seule qui permet de rentrer de plein pied, est assez bloquée par de gros bagages, comme l'est l'emplacement vélos.  

Le père de famille, choqué, fait valoir qu'il s'agit du dernier train vélo pour Paris ce soir-là (il a tort, mais croit ce qu'il dit, et le contrôleur ne le contredit pas), que ses filles ont 5 et 8 ans, que l'on ne peut pas les laisser sur le quai...  Mais si, on peut.  "CE N'EST PAS UNE OBLIGATION DE VOUS PRENDRE. C'EST SELON LES PLACES DISPONIBLES."  Et le contrôleur ne fait rien pour les rendre disponibles.  Le train part, les cyclistes sur le quai.

 

J'appelle le service d'accueil de la gare de Tours, pour prévenir de ce qui vient d'arriver.  Le chef de service promet d'avertir le contrôleur du Paris direct qui arrive une heure plus tard (mais qui rejoindra Paris 30 minutes plus tôt que les omnibus via Orléans !).  Il confirme la présence d'un compartiment vélo dans la rame, ainsi que son emplacement.  Je propose de nous répartir sur le quai : la famille sur la plateforme arrière du train, les autres à hauteur de la voiture vélo, 4ème de tête.  Le contrôleur est averti en ce sens, et tout se passe bien : contrôleur amène, vélos chargés sans retarder le train (on en cueille encore 4 à Blois, mais qui rentrent sans problème dans le compartiment vélo).  

Bilan : 13 vélos chargés (dont un depuis Tours) dans un train équipé pour mais qui ne les prend pas, à une saison où l'on peut s'attendre à une affluence cycliste minime, une journée de très mauvais temps, qui clôt une semaine de mauvais temps....  

 

Messieurs, dit N. Clifford en s’adressant à la SNCF, je vous demande d'imaginer ce que nous réserve le mois de juillet ! Là le seul train de Blois à Paris le samedi après-midi sera un tricaisses chargé, avec correspondance de 1h30 à Orléans …  A force de rendre la Vallée de la Loire accessible en train + vélo, la SNCF a permis à une demande de se créer.  Elle sera là!

On nous explique que les trains sont chargés, que nous sommes des clients en trop...  FAUX!  Nous sommes des CLIENTS, comme les autres, en plus, pas en trop.  En trop sur un TER bondé à trois caisses ?  En effet, comme tout client en plus serait de trop. Le choix d'un matériel totalement inadapté en est la cause, pas nous!  


Alors comme vous pouvez vous imaginer, après avoir arrangé cette triste affaire pour les clients que la SNCF avait laissés sur le quai, je n'ai pas manqué à faire la publicité pour mon agence, et son autocar...

Plus la SNCF se fait une mauvaise réputation, mieux je me porte.  Mais cela m'attriste.  


 *

Erick Marchandise, délégué de Cyclo-Trans Europe, confirme.

Avec N. nous avons constaté que sur les trois rames Paris-Tours que nous avons vues, il y avait toujours au moins un emplacement vélos, sinon plus. Nous avons discuté avec des contrôleurs qui nous ont tous dit, sauf un, que les rames étaient toutes équipées de places vélos.

Nous avons constaté qu’en effet, du départ à l’arrivée, il y avait des cyclistes qui ont emprunté les deux trains que nous avons pris.

Nous avons interrogé des cyclistes qui pensaient tous que ces trains étaient ouverts aux vélos.

Pour la plupart des voyageurs, la présence du logo vélo sur les trains est le signe qu’ils sont accessibles. Tout le monde le croit.

Pourtant sur la fiche horaire Tours-Blois-Orléans (Paris), AUCUN des trains Intercités  (train d'équilibre du territoire, géré par l'Etat) n’a de picto vélo. Cela vaut autant pour les trains de semaine que du week-end, les trains Paris-Orléans que Paris-Tours (hors les Teoz desservant Les Aubrais).

Mais sur le site internet, dans le sens Paris-Tours sur les quatre relations intercités, un train embarque les vélos mais pas les trois autres. Au retour, c’est l’inverse, trois trains acceptent les vélos. Ils doivent perdre leurs espaces vélos dans l’autre sens.

 

Cette contradiction dans l’information SNCF est malheureusement un grand classique. Je l’attribue aux dysfonctionnements de l’entreprise et à la mauvaise volonté d’une partie de l’entreprise vis à vis des vélos.

J’ajoute que les Paris-Tours-Royan circulant en été n’ont pas de picto vélo.

A supposer même qu’exceptionnellement une rame ne soit pas équipée, elle ne justifie pas une telle attitude restrictive. Dans le cas du TGV-A, on pouvait l’admettre compte tenu des contraintes de la réservation obligatoire. Ce n’est pas le cas sur cette ligne.

 

Avec son attitude pusillanime, un pas en avant, deux pas en arrière, la SNCF est en train de créer une situation incontrôlable sur la ligne Paris-Tours, lourde de conflits dont elle sera tenue responsable.

 *

Isabelle aussi est navrée. Ce train entre Paris et Tours, elle l'a pris souvent, toujours avec un vélo. C'est fini. La Loire à vélo a du plomb dans l'aile. Entre le pont de Saint-Nazaire, infranchissable, et le train à Orléans, imprenable, la publicité ne suffira plus. Tristement, je me réjouis que cela bénéficie aux entrepreneurs vaillants et aux régions accueillantes.

 *

Pourtant, fin avril notre correspondante sur place nous disait : "La région Centre envisage le transport gratuit et sans réservation des vélos en wagons spécifique sur l'Interloire (train TER, géré par la Région, dessert la ligne entre Orléans et Saint-Nazaire, ignore Paris) en juillet et août. Attendre la confirmation…." Les "wagons spécifiques", ce serait les mêmes que l'an dernier, mais sans faire payer les 5 € ni exiger de réservation. Evidemment c'est la bonne solution. Au moins pour Orléans - Tours. Mais allez comprendre quel train vous est autorisé, quel vous est interdit, et comment se rabattre vers Paris ...

 

Lire aussi :

  • Accès à Lourdes, Bordeaux et Bayonne en bus avec votre vélo depuis Londres ou Paris. Sur le site VVV-sud (Véloroutes et voies vertes du sud)

  • L'économie du tourisme, c'est fragile. On peut lire aussi ce qu'on en dit en Bourgogne (Tour de Bourgogne à vélo) : La région a besoin du vélo pour soutenir son économie. Et le vélo, en Bourgogne, a besoin du tour de Bourgogne... qui a besoin des canaux.

Commentaires

Bonjour, usager régulier de cette ligne et cycliste itinérant à vélo, j'avais posé la question sur le blog de la ligne intercités Tours-Paris (lien dans la signature).
En fait les voitures sont en rénovation sur cette ligne et la SNCF ne sait pas si une voiture vélos pourra être en permanence disponible sur les rames. La rénovation va durer 3 ans.
Quant aux ZTER, c'est vrai qu'ils sont le plus souvent bondés aux heures de pointe...

Écrit par : Matthieu R. | mercredi, 09 mai 2012

En réponse (partielle) à Matthieu R.... jusqu'à nouvel ordre, le samedi après-midi n'est nullement une "heure de pointe". Le parc SNCF est dimensionné justement pour les heures de pointe. A d'autres moments, rajouter de la capacité à une circulation existante n'a pas un grand coût, quoi qu'en dise la SNCF...

Écrit par : Clifford | mercredi, 16 mai 2012

Un autre dérapage.
Je me suis rendu à la mi-juillet à la Vélorution Universelle à Concarneau. En TGV Atlantique avec mon vélo, en ayant réservé comme indiqué sur le site velo.sncf.com (lien dans ma signature)
Pas de problème à l'aller, le jeudi matin.
Pas non plus au retour, le dimanche soir, du moins au début : je place mon vélo à l'emplacement prévu, dans le compartiment au bout de la voiture 11, je l'immobilise avec les sangles, je place le protège-pédale, et m'assois en face à ma place. La contrôleuse passe, vérifie les billets, tout va bien.
Quelques stations plus loin, des personnes montent, dont deux groupes de deux personnes.
"À qui est ce vélo ?" "À moi." "Enlevez-le, ces places nous sont réservées." Il me montre son billet, qui indique les numéros des places des sièges repliés derrière l'emplacement vélo.
Deux des quatre personnes sont particulièrement désagréables, et m'enjoignent de retirer le vélo. Je leur réponds que je n'ai pas le droit de le mettre ailleurs que là, et les invite à contacter les contrôleurs. L'un d'eux me demande combien j'ai payé pour le vélo, et je commets la maladresse de lui répondre : "Dix euros." "Et moi j'ai payé 74 euros. Et votre vélo prend quatre places."
L'ambiance m'est défavorable. Les personnes en face et à côté de moi ne disent plus mot. Ce n'est pas la SNCF qui a fait une erreur, c'est le cycliste qui ne devrait pas être là. À plusieurs reprises des voyageurs de la voiture voisine viennent contempler comme au zoo "le vélo qui prend la place de 4 personnes".
À ce moment, je fais encore confiance à l'informatique SNCF. Je vérifie sur mon billet que je ne me suis trompé ni de date, ni de train, ni de voiture, et j'en conclus que ce sont les autres qui ont commis une de ces erreurs classiques : le problème devrait ainsi être réglé par les contrôleurs.
Un peu plus tard, je me dirige vers la voiture-bar, et je les croise. Elle vérifie mon billet et m'explique qu'il y a eu une erreur : les autres ont aussi des réservations valables. Elle m'explique aussi que le train est archi-bourré, et qu'il en est de même de tous les autres trains revenant de Bretagne ce dimanche, qu'elle n'a donc pas pu replacer ces voyageurs ailleurs.
Elle me propose alors de mettre mon vélo dans les toilettes, qu'elle refermera. Je lui dis que ça ne tient pas dedans, mais que je veux bien le mettre en partie dedans, en partie sur la plate-forme attenante.
Et, sous le regard haineux et triomphant de mes "adversaires", j'enlève le protège-pédales, les sangles, et retire le vélo de sa place. L'un d'entre eux me fait observer que c'est exactement ce qu'il me demande depuis le début. "Je n'avais pas le droit de le faire, et je le fais à la demande et sous la responsabilité des contrôleurs". Ceux-ci confirment.
Tout le monde s'assoit ou se rassoit, la plupart absorbés dans une lecture papier ou informatique. Un peu plus tard, je retourne voir les contrôleurs. Comme elle m'avait dit qu'elle essaierait de me trouver une autre place si les choses se passaient mal, elle s'affole. Non, je suis juste venu leur demander s'ils savent de quel côté se trouvera le quai à l'arrivée. Si c'est à droite, tout va bien, je laisse tout le monde descendre. Mais si c'est à gauche, le vélo empêche de sortir, et je leur demande alors d'être présents à la manoeuvre. Ils le sauront un quart d'heure avant l'arrivée. On bavarde un peu : au fond ce sont les seuls à comprendre ma situation. Je dis à la contrôleuse que, bien qu'elle m'ait finalement fait perdre la face, je trouve qu'elle a très bien fait son travail.
C'est finalement par la sonorisation du train que je serai informé :
"Message à l'attention du voyageur muni d'un vélo en tête du train. La descente s'effectuera à droite."

Écrit par : Abel | mercredi, 01 août 2012

Merci pour ces informations.
J'aimerais prendre le train le 15 août pour visiter Orléans (Intercités 14037), rouler jusqu'à Amboise et remonter (TGV ) : ai-je bien compris qu'il n'y a plus d'espace vélo dans ces trains ?

Écrit par : Gilles | vendredi, 10 août 2012

La réponse se trouve ici : "Loire à vélo : les trains toujours présents", note de ce blog en date du 28 juin, accessible via le tag "train" par exemple. Il y a des trains (3 ou 4 par jour) sur la ligne qui longe la Loire, de Nantes à Orléans, avec fourgon et personnel dédié au transport des vélos, jusqu'à la fin août. Ensuite, il faut désormais changer de train, alors que jusqu'alors non, difficulté annoncée pour durer trois ans. De Orléans à Paris il y a quand même des possibilités, mais l'information est si discrète que à deux reprises je suis montée avec mon vélo dans un train qui n'était pas autorisé, et sans que le contrôleur ne m'en fasse reproche. Voilà ce que je sais, et surtout ceci : les règles changent souvent !!!

Écrit par : Isabelle | samedi, 11 août 2012

Merci pour l'info. Si quelqu'un se pose la même question :
- le Paris-Orléans du 15 août 2012 Intercités 14037 avait juste un ancien compartiment vidé de ses sièges pour le transformer en espace vélo. Un peu la galère pour monter avec les portes étroites, puis le couloir, puis le compartiment. Prévoir de retirer les sacoches pour que ça passe
- le Blois-Paris même jour Intercités 4004 ne possédait apparemment pas d'espace vélo. On peut poser un vélo près de la porte, mais il faut penser à se lever et le déplacer à chaque arrêt où la sortie change de côté.
Vu (1) le nombre de cyclistes venant de Paris/nord qui aimeraient descendre visiter les châteaux de la Loire et (2) les efforts de la région pour pousser au vélo-tourisme (pistes cyclables), la SNCF est vraiment nulle.

Écrit par : Gilles | jeudi, 16 août 2012

Les commentaires sont fermés.

 
Toute l'info avec 20minutes.fr, l'actualité en temps réel Toute l'info avec 20minutes.fr : l'actualité en temps réel | tout le sport : analyses, résultats et matchs en direct
high-tech | arts & stars : toute l'actu people | l'actu en images | La une des lecteurs : votre blog fait l'actu