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mardi, 23 juin 2015

En 25 ans l’image du cycliste n'a pas évolué

velo-city,isabelle,codePrésentation de Abel Guggenheim et Isabelle Lesens au congrès Velo-city 2015. Pourquoi l'image des cyclistes est-elle toujours aussi catastrophique? Retour sur 25 ans d'histoire du vélo en France, pour en arriver là... 


Pourquoi l'image des cyclistes est-elle toujours aussi catastrophique ? Retour sur 25 ans d'histoire du vélo en France. 

Présentation au congrès Velo-city 2015 par Abel Guggenheim et Isabelle Lesens.

 

A partir de la fin des années 80 on a noté en France de nombreux événements favorables au vélo. Par exemple : 

  • Programme Villes plus sûres, quartiers sans accidentsvelo-city,isabelle,code
  • Colloque international Vivre et Circuler en Ville
  • Création du Club des villes cyclables
  • Etude Erpurs
  • Ouverture des voies sur berges à Paris
  • Loi sur l'Air (article 20) fin 96.

→ Nous pensions que les choses étaient en train de changer. Mais pourtant, dans les têtes, rien n'avait encore changé...

 

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En février 1997 nous publions dans Combat nature un article commun « Les cyclistes doivent-ils respecter le code de la route ? »

Comme vous pouvez vous en douter nous n'avons pas répondu à la question. En revanche, dans l'introduction nous introduisions l'idée que la focalisation injuste sur les infractions des cyclistes relevait du fantasme de la part des automobilistes et des piétons, alors même qu'ils en commettent tout autant.

Avec humour nous dressions ensuite une liste d'infractions coutumières des automobilistes, qui coûtent cher à la collectivité en potelets, barrières, feux etc. et concluions par une philosophique remarque : Cela « fait de la rue, en plus d'un régal pour le citoyen respectueux de la légalité, un havre de paix et de tranquillité pour les usagers ». (Cette 1ère partie a été recopiée par le site de l'asso de Montreuil, en IdF)

 

Dans la 2nde partie nous tentions de comprendre pourquoi il y avait de telles distorsions dans la perception, pourquoi une telle agressivité contre les cyclistes et une telle complicité avec les automobilistes.

Quelques réponses :

Les règles sont établies en faveur du trafic automobile : feux pour obliger à respecter le code, sens uniques, ondes vertes, trottoirs rétrécis...

Il existe même des règles qui sont spécialement anti-vélo : doubler par la gauche ; rouler à 2 de front que si aucune voiture ne veut doubler...

Nous donnions ensuite des exemples de punitions infligées aux cyclistes (plaque d'identité absente, lumière défectueuse ou absente...) dont les raisons d'être tendent aujourd'hui à disparaître (lumières de meilleure qualité, plaque reléguée au rang des accessoires historiques).

Nous concluions cette partie par cette phrase :

"Au lieu de réprimer «bêtement», il vaudrait mieux réfléchir à la façon dont s'organise la ville, et aux objectifs que l'on poursuit."

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C'est donc naturellement qu'ensuite nous pouvions noter qu'adapter la ville aux cyclistes ne requérait pas de nouvelles mesures réglementaires, remarque qui nous semble avoir tout son intérêt encore aujourd'hui. On savait et pouvait déjà faire, on faisait parfois, des feux rouges sauf cyclistes; on savait comment "autoriser" les remontées de files par la droite ; les sens interdits sauf cyclistes existaient déjà largement (ex à Bâle, Genève, Strasbourg, Nantes ...) , les zones piétonnes pouvaient fort bien être autorisées aux vélos... et même les trottoirs pouvaient être autorisés aux cyclistes lents (Allemagne etc) ce qui était une bonne adaptation de la règle aux situations diverses.

velo-city,isabelle,codeNous notions donc, en 2015 à Velo-city, que malgré l'ancienneté de ces dispositions et leur début d'application en France, il a fallu refaire tout le travail réglementaire et redéfinir les zones 30, aires piétonnes, tourne-à-droite aux feux etc... en les rendant plutôt moins compréhensibles et plus rigides ...

Notre conclusion en 1997 était plus simplement que les cyclistes débutants sont parfois convaincus que «les cyclistes font n'importe quoi» et s'imaginent que cela est autorisé, ou toléré. Alors que les cyclistes habitués ne le font qu'avec la plus grande prudence.

Et, comme aujourd'hui, nous concluions que accidents et respect des règles n'étaient pas liés, ni pour les piétons ni pour les cyclistes.

 

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Alors, pourquoi le vélo était-il si mal vu ? Pourquoi l'est-il toujours pareil aujourd'hui ?

Pourquoi les infractions à vélo sont-elles perçues comme graves et les infractions en auto comme pas graves ? Quelques pistes rapidement proposées :

Le cycliste est silencieux, il arrive par surprise et fait donc peur.

Idée répandue que le cycliste est hors la loi par nature. Pourtant dès qu'il est piéton il se comporte en piéton, y compris dans le même carrefour, et respecte encore moins les feux, traverse là où il ne devrait pas, se soucie peu d'un cycliste qui arrive, etc.

La publication de l'"enquête" d'un assureur, déclarative pourtant, sans valeur statistique, montre que les infractions commises par les cyclistes sont mineures ("j'ai déjà roulé sur un trottoir" devient "71% des cyclistes roulent sur les trottoirs" etc.) ou correspondent à des infractions que l'on s'efforce aujourd'hui de "régulariser" (rouler à "contre-sens, tourner à droite à un feu...). Les infractions des automobilistes, tout aussi déclaratives, publiées peu après, comportaient des mises en danger d'autrui autrement plus graves... que le Gouvernement ne cesse de vouloir (mollement) réprimer.

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En fait nous notons que chaque catégorie s'invente un code de la route personnel et considère que seules ses infractions sont légitimes. Les piétons sont les plus vindicatifs, alors que c'est eux qui font le plus d'infractions ! Ça montre bien qu'il y a un problème avec le code. 

Pourquoi les piétons en veulent-ils tant aux cyclistes, et pas aux automobilistes ?

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La vidéo que nous avons ensuite montré est édifiante. Elle montre toutes les infractions commises par des cyclistes boulevard du Palais à Paris. Et en effet tous les cyclistes brûlent le même feu, situé le long d'une aire piétonne, et tous respectent les piétons en train de traverser... La vidéo ne souligne pas les infractions commises par tous les autres usagers. 

Les cyclistes parisiens, ces délinquants routiers (vidéo)

 

Comment est-on arrivé à ce que le corps social considère les automobilistes comme des victimes (amendes = impôts pour vache à lait) et les cyclistes comme des inconscients irresponsables ?

Est-ce le fruit d'un syndrome écolo-bobo ??? En tous cas, dans l'idéologie dominante, parmi les modes « actifs » le piéton est gentil et le vélo méchant.

velo-city,isabelle,codePourquoi prétend-on que les cyclistes sont favorisés par les pouvoirs en place ? Pourquoi l'automobiliste se prétend-il être le seul qui « travaille », et le seul qui soit légitime ?

La situation est-elle propre à la France ?

On espérait que ça changerait à force de l'augmentation du nombre de vélos... et aujourd'hui on trouve même des cyclistes qui ont des discours anti-cycliste !!!

Nous pensions que les choses changeraient avec l'augmentation du nombre de cyclistes. Il n'en est rien, et les autorités elle-mêmes donnent le mauvais exemple.

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Devant le centre de la police de la capitale de la France, stationnement automobile sur la bande cyclable.
Blog de Luc Saint-Elie, et notamment sa série sur les "pistes presque cyclables".

 

Est-ce que c'est pareil chez vous ? Est-ce que les cyclistes subissent les mêmes critiques ? Est-ce que ça peut changer ? Que devrions-nous faire pour ça ??? Telles ont été les questions que nous avons posé à l'assemblée ! 

Commentaires

Merci pour l'article. Je m'étonne aussi que le vélo ait encore autant de mal à s'imposer comme moyen de déplacement, alors qu'il a toute sa place aux Pays-bas et au Danemark. Et que quand on essayé, on en voit vite l'intérêt.
Hypothèses banales: Pays petits, forte densité de population, pas de constructeur automobile.
Comme par ailleurs, on nous explique régulièrement que la voiture coûte cher à son propriétaire, on peut s'étonner que les autorités fassent si peu pour permettre aux gens de se déplacer à vélo. Mais on retrouve globalement ce même blocage ailleurs en Europe.

Écrit par : Vincent | mardi, 23 juin 2015

Les Pays Bas ont un réseau cyclable excellent mais également un réseau piéton et automobile très bon. En France c'est la démerde pour tout le monde et l'incompréhension de chacun, tout le monde se contentant de peu. Et pourtant les Pays Bas est un petite pays très dense. Quand on veut on peut. Il y a également un excellent urbanisme qui aide à cela.

Écrit par : Franck | vendredi, 26 juin 2015

On se souviendra du poisson d'avril de 1967, place de la Concorde ...

Écrit par : Clément | mardi, 23 juin 2015

Salut Abel et Isabelle, ah la sale image des cyclistes ... Ne serait-ce pas plutôt les victimes expiatoires d'une cohorte de frustrés dans leurs bagnoles ? Pourquoi alors y attacher tant d'importance ? Pourquoi ne pas fustiger les utilisateurs de vélibs en France qui ne savent pas rouler correctement, génèrent fortement cette "mauvaise image" et au point aussi qu'ils sont les principales victimes de leurs bêtises : près de la moitié des accidents vélo en ville alors qu'ils ne sont qu'une minorité... Cette sur-représentation dans l'accidentologie n'est pas traitée pour ne pas déranger Jules César Decaux mais au final ce sont tous les autres cyclistes qui patissent des méfaits des usagers du vélib, notamment dans le fric fou dépensé par vélib et par an.

Écrit par : theron | mercredi, 24 juin 2015

Article super qui empêche bon nombre de se reposer sur leurs lauriers. Il reste beaucoup à faire pour le vélo et pas seulement en terme d'aménagements mais surtout en terme de conscience de l'autre.
Hier j'ai failli me faire renverser dans une Zone de rencontre par un camion de livraison qui n'a pas ralenti (pousstoid'là qu'je pass), j'étais pourtant bien en face ! Grand moment de solitude, impression de retour à la préhistoire du vélo, petit moment de découragement...

Écrit par : Sola-Ribeiro | mercredi, 24 juin 2015

La conduite en France n'a parfois rien à envier aux vidéos russes qu'on voit sur YouTube.

Écrit par : Vincent | mercredi, 24 juin 2015

"Pourquoi l'image des cyclistes est-elle toujours aussi catastrophique?" La réponse est peut-être que les piétons sont aussi majoritairement des automobilistes. Le jour où ce seront des piétons/cyclistes la perception vis à vis du cycliste changera par la même occasion.

Écrit par : Dadavidov | jeudi, 25 juin 2015

Bien vu : les pires, ce sont les automobilistes qui se déguisent en coureurs avec du lycra fluo bien collé sur les bourrelets et qui, en meute, semblent prendre un malin plaisir à ne pas se laisser doubler par les automobiles, conservant au guidon les mêmes pulsions néolithiques, voire... paléolithiques, qu'au volant !

Écrit par : Magnouloux | jeudi, 25 juin 2015

C'est un phénomène social très connu : il y aura toujours un bouc émissaire. Ici : tous vs vélo, simplement parce que le vélo est ultra minoritaire. Connaissez vous ce proverbe Shadok : pour qu'il y ait le moins de gens mécontents, il faut toujours taper sur les mêmes. Même entre vélos, en lisant theron, les majoritaures doivent taper sur les minoritaires : vélo vs vélib.
Sur la route, je suis tour à tour cycliste, vélibiste, automobiliste et motard ; sur les trottoirs, piéton, parfois en trottinette ou en roller. Si je devais passer mon temps à désigner un coupable ou des coupables, ça me retomberait alors dessus de manière certaine, comme on dit on ne crache pas en l'air.
En ce qui concerne l'image des vélos, elle évoluera avec les usages. Continuons respectueusement de nous faire plaisir en attendant...

Écrit par : Mistral | dimanche, 28 juin 2015

et cela ne s'arrange pas !
Quand les taxis s'en prennent même aux vélo-taxis à Nice... on croirait un article de legorafi ... :(
(lien dans la signature)

Écrit par : Carl | lundi, 29 juin 2015

C'est en effet, le même principe ; dans une même catégorie/sous-catégorie/activité les plus "forts" ou plus nombreux s'en prennent aux moins forts et/ou moins nombreux.
Le vélo n'a jamais été majoritaire même après la crise de 1929 ; il y a de fortes chances qu'il continue à être pris pour cible comme l'ont été les chevaux avec l'avènement du moteur à explosion.
Si on ne considère que le vélo, il y aura aussi des personnes qui voudront opposer les sous-catégories : cyclistes du dimanche, urbains, vélotaffeurs, vélibistes, vélos-taxi, livreurs en 2 voire 3 roues, utilisateurs de vae, fixies, ... ce sera à qui mieux mieux, les plus extrêmes se placeront toujours en exemple.
Il faut dénoncer ce principe de division entre usagers. Le reste c'est de la guéguerre de cour de récréation qui mérite en effet de se retrouver dans le garofi ;-)

Écrit par : Mistral | lundi, 29 juin 2015

1. Des aménagements. 2. Des services. 3. Une communication forte.
Entre autres, positiver sur le rôle des cyclistes. Il faut une communication institutionnelle qui dise que le cycliste contribue à protéger notre ville.

Écrit par : Alfred | vendredi, 03 juillet 2015

Les commentaires sont fermés.

 
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