mercredi, 25 mai 2011
Demain à la conf. d'histoire du cycle
Barbara Buatois, que les lecteurs de Isabelle et le vélo connaissent bien (elle est la championne du monde de vitesse à vélo couché), sera présente jeudi à la conférence internationale d'histoire du cycle. Elle présentera la session n° 3, de 11 h 00 à 12 h 30, portant le titre de «Dans la roue», avec trois communications :
Glen Norcliffe : Before Geography : early tricycles in the age of mecanicians.
John Green : Cortis, Falconer, and the Amateur-Versus-Professional Bicycling Scene of the 1880’s.
Ana Santos : The Volta a Portugal Cycling Race : Rituals, Identities and Emotions.
Barbara sera sans doute frappée du parallélisme avec son sport...
Photo : Barbara Buatois peu avant le départ de la Race Across America, la course la plus difficile du monde.
... La construction des vélos couchés est encore le fait d'amateurs passionnés ou de petites industries; les compétitions sont le fait preque uniquement d'amateurs, y compris la meilleure; la presse ne s'y intéresse pas encore, mais certaines gazettes des temps modernes (blogs et forums !) fédèrent son public.
Ce parallélisme me semble pouvoir s'appliquer aussi à la recherche en histoire du cycle ... et notamment ici, où l'organisation de la conférence internationale annuelle aura été faite "en interne" et les communications émaneront d'amateurs très savants et de professionnels ...
Mais revenons à la session n° 3 ! Ci-dessous présentation des communications et de leurs auteurs.
-- Glen Norcliffe, de l’université de Toronto, nous parlera des premiers tricycles, ceux d’avant l’âge de la mécanisation------------
Il présentera un début de preuve de la conception de tricycles jusqu’aux environs de 1860, quand le « boneshaker » (vélocipède) à trois roues a commencé à apparaître, et que le développement des cycles a commencé sérieusement.
Les premières machines étaient conçues par des mécaniciens qui, pense-t-on généralement, travaillaient principalement d’une manière indépendante les uns des autres. La conséquence en était une faible capitalisation des connaissances techniques. Mais après 1860, on peut discerner pour les techniques d’innovation et le développement industriel des cycles des régions plus fertiles que d’autres.
Auparavant, la documentation de ces machines est dispersée, fragmentaire et pas nécessairement précise, mais il semble cependant qu’ il y ait une géographie de l’innovation différente des économies régionales de la fin du dix-neuvième siècle.
--John Green parlera des rapports entre amateurs et professionnels dans le sport cycliste des années 1880 en Angleterre---
La communication a pour origine une série de correspondances entre l’Union Vélo, le club cycliste universitaire, et H.L. Cortis, concernant une compétition entre amateurs et professionnels, sur le chemin de Cambridge en Juin 1880.
En Février 1880 Herbert Cortis propose à Falconer de se mesurer à lui. Ils sont tous deux amateurs. Faute d’accord, c’est finalement juin qui est retenu, et la compétition accueille des professionnels. Cet article examine la correspondance et les implications des débats professionnels-amateurs à cette période.
J. Green a étudié l’histoire locale à l’université de Cambridge, ville près de laquelle il réside. Il a publié sur les vélocipèdes « secoueurs d’os » et sur les premières années du vélo.
--Ana Santos, de l'université de Lisbone, étudiera le rôle symbolique joué par les grandes courses au Portugal-----------------
La course dite du Tour de Portugal (Volta a Portugal) a été créée en 1927. Le premier itinéraire, proche de la frontière, a servi de moyen de construction des identités locales, régionales et nationales et a été préféré par la population à tout autre tracé.
Des événements comme celui-ci sont des rituels qui solidifient l’expression des concepts sociaux et culturels. Ces rituels célèbrent le corps de la modernité, le corps technologique et le corps du sacrifice, de l’ascétisme et la rigueur morale héritée du conformisme provincial.
La rationalité des rituels de la préparation du corps, qui produisent l’énergie émotionnelle, le libèrent et lui donnent l’autonomie. Le nombre d’heures d'entraînement et la discipline du corps ne produisent pas l’oppression mais la libération, et des sentiments de confiance et de sécurité. L’objectif des rituels n’est pas le contrôle des émotions, mais leur métamorphose.
Les rituels de la préparation du corps du cycliste pour la compétition permettent d'expliquer la hiérarchie entre les équipes ainsi que la hiérarchie entre les événements nationaux comme le Tour de France et la Volta au Portugal. Au fil du temps l’analyse comparative de ces deux événements désigne, selon les mots de Bauman (2007), la transition de la modernité solide, stable et répétitive à la modernité liquide, flexible et volubile, dans laquelle les itinéraires sont fragmentés, les identités en constant recyclage, les projets instables et éphémères. La solidarité sociale, quant à elle, dépend désormais de la liquidité financière.
Ana Santos est diplômée d’anthropologie, docteur en sociologie, et enseigne la sociologie du sport à l’université de Lisbonne. Sa thèse est sur le point d’être publiée sous le titre « A Volta a Portugal em bicicleta : territories, narrativas e Identidades ». Mme Santos s’intéresse aux rituels, aux événements médiatiques ainsi qu’à l’identité culturelle. Elle a également pas mal de choses à nous dire sur les questions d’identité nationale en lien avec le sport, et sur les questions de hiérarchie sociale et de pouvoir. Elle présentera en anglais, mais parle français, ce qui facilitera les questions... s'il y a des francophones dans la salle.
04:10 Publié dans Congrès, journées d'étude | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barbara buatois, 150 ans
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