Avertir le modérateur

jeudi, 12 avril 2012

Exposition "Circuler"

Comment rues, voies ferrées et 180x0_circuler_hd_3_ada76.jpggares façonnent nos villes.
L’exposition aurait eu ça pour titre que sa visite vous aurait fait passer un agréable moment.
Annoncée prudemment sur ce blog, à partir des documents disponibles, elle se tient à la cité de l’architecture et du patrimoine, au Trocadéro, à Paris.
Son vrai titre est « Circuler. – Quand nos mouvements façonnent les villes »


et son commissaire est Jean-Marie Dutilleul, architecte et ingénieur, grand spécialiste des gares de chemin de fer.

L’exposition montre donc des gares, des bouches de métro, des tramway et des routes, et nous fait remarquer qu’il s’agit toujours de tubes, même les descenseurs de métro. Ils sont photographiés en majesté, mais cela ne nous explique pas du tout en quoi ils façonnent les villes. A s'en tenir à l’exposition je n'en sais trop rien, à moins que j'accepte l’idée que les places sont le fruit des croisements de routes, ou que les architectures des gares sont de nature poétique. Surtout les anciennes ? Nous le savons, le rôle des routes sur la forme des villes est un vrai sujet, l'histoire des places aussi. Je ne crois pas que cela soit traité autrement que marginalement, dans les textes d'introduction.

panneau, droite.jpgDe circulation je croyais qu’on ne verrait jamais l’ombre d’un vélo. Si, finalement, il y a tout un panneau de photos, non-commentées ni classées, et toutes anciennes. C'est le seul endroit où les citoyens ne sont plus "les hommes" mais "les humains" ! Le vélo rendrait-il bon ?panneau, à G..jpg (Un homme qui ne sait dire de ses congénères que "les hommes" m'inspire de la méfiance.)

Du façonnage des villes par le vélo, on aurait pu dévoiler quelques secrets, montrer Houten ou Malmö, évoquer de nouvelles perceptions, faire comme on aurait pu faire pour les bouches de métro ou les gares, les routes et avenues … Décidemment le titre de cette exposition est trop ambitieux. Et les fleuves, canaux et ports ? Pourtant en voilà bien qui ont façonné les villes par les mouvements qu'ils ont engendrés ! Dans le cadre du Grand-Paris cela s'imposait.

Du moins aurais-je vu une photo du garage à vélos de usines Renault.jpgl'usine Renault de Boulogne-Billancourt. Que du neuf !

 

Vous pouvez aller voir l’exposition (dont l’entrée est tout de même facturée 8 €), vous y verrez d’intéressants montages de films (pour moi le plus intéressant est celui intitulé Circuler, le monde, 1895 – 1980, sur l’inauguration de Orly, d’une autoroute, du périphérique parisien…).

Ailleurs vous réviserez quelques leçons : déjà en 1900 on pouvait dire « ça va de plus en plus vite, et ça avance de moins en moins », vous verrez les premiers policiers devenant agents de la circulation et finirez peut-être par mémoriser la date du premler feu de circulation (mais pour savoir où, il faudra vous creuser les méninges).

Vous pourrez aussi feuilleter le livre de Nicolas Pressicaud, et, de la librairie, emporter le livre de Frédéric Héran et toute la collection des « Le goût de » (du vélo, du voyage, de la marche, etc.).

Une bibliographie d’une centaine de titres donne pour « Modes doux » un ouvrage de JR. Carré et C. Mignot (Ecomobilité des déplacements non-motorisés), pour « Marche à pied » un ouvrage de G. Amar et … V. Michaud (La marche au coeur des mobilités), et pour « Vélo » celui de N. Pressicaud.

La dernière partie de l’exposition présente des expérimentations, en cours à Paris, de mobilier urbain innovant : des abris-bus au toit anti-fournaise, avec prises électriques, USB etc  et écrans tactiles de tous poils. Des écrans de renseignements très perfectionnés. Des potelets souples, solides et éclairants ...

 

L’exposition est placée sous le patronage du ministère de la culture et du patrimoine. Ce ne sont pas spécialement des urbanistes, en effet. La "préface", de Francis Rambert, critique d’architecture, est plus complète que l’exposition. Selon lui, elle montre le nouveau rôle des gares dans les villes, celui que peuvent jouer les parkings souterrains, la « vela », rue couverte de 1,7 km construite pour la feria de Milan par Fukas, les gares de tram de la Haye, par OMA, ou de Strasbourg, par Zaha Hadid … Tiens, même sans vélo voilà une exposition d'architecture moderne qui aurait pu valoir le déplacement.

On peut donc ne pas aller la voir, d'autant que du "Grand-Paris", son cadre conceptuel, on n'entend pas parler, ni même d'actualité. En outre je recommande de s'abstenir de s'y rendre avec des enfants. Dans la salle qui leur est destinée se trouve une immense maquette de rues, en légo, avec plein de véhicules et de personnages posés dessus, le tout à hauteur de mains et d'yeux et sans barrière. Mais il est interdit d'y toucher !



Exposition
Tous les jours sauf mardi, de 11h à 19h + jusqu'à 21h le jeudi.
Jusqu'au 26 août.

Conférences, colloque et rencontres autour de l'exposition
23 mai, un colloque
Mercredi 2, 16, 30 mai de 19h à 20h30, trois rencontres
Mardi 5, mercredi 6, jeudi 7 et vendredi 8 juin, de 19h à 21h, quatre conférences
Première semaine de juillet 24h chrono, parcours de 10 sites sur 24h, 10 tandems de 2 heures.

 

Commentaires

Cette exposition vient clore un cycle consacré à la réflexion sur le Grand Paris, ce qui de prime abord n'est pas évident.
Le parcours de cette exposition qui mérite d'être visitée même si quelque fois on peut rester "sur sa faim" met en scène au (sens propre) ce qu'ont été les étapes marquantes de la transformation de notre cadre de vie.
Quand je regarde cette photo de l'aérogare du Bourget avec des parkings à vélo en bordure des pistes, et l'extrême difficulté pour venir de nos jours à Roissy ou Orly, on voit l'ampleur du chemin à parcourir pour rendre la Cité d'aujourd'hui vivable, celle où le temps du transport n'est plus un temps perdu, mais devient un temps utile.
En parcourant l'exposition, une définition frappe les esprits : les places urbaines seraient "les ports terrestres des villes". Tout l'enjeu est précisément de retrouver le sens de la mixité, alors que les ports , autrefois lieux vivants et animés, s'isolent aujourd'hui hors des villes en étant axés sur la seule fonctionnalité liée à la rapidité et à son rythme étourdissant qui tend à nous déposséder de nous-mêmes.

Écrit par : Favier Lionel | jeudi, 19 avril 2012

Les commentaires sont fermés.

 
Toute l'info avec 20minutes.fr, l'actualité en temps réel Toute l'info avec 20minutes.fr : l'actualité en temps réel | tout le sport : analyses, résultats et matchs en direct
high-tech | arts & stars : toute l'actu people | l'actu en images | La une des lecteurs : votre blog fait l'actu