lundi, 12 décembre 2011
"VLSI" : le Vélo en Libre Service INTERMODAL
Quand les VLS sont un complément au transport collectif, on ne rigole plus. C'est ce qu'ont déjà compris certaines villes françaises, et c'est ce qu'ont compris depuis longtemps les Pays-Bas. Les VLS y sont absents dans la forme qu’ils ont pris partout ailleurs.
Ce mois-ci Hans Kremers vous propose d’élucider cette énigme, et peut-être d'en tirer des leçons ... comme chaque mois.
Les vélos en libre-service sont désormais présents dans au moins 200 villes du monde.
Le système des vélos en libre service a connu une progression spectaculaire depuis le lancement du « Vélo à la Carte » à Rennes en 1998, du « Call a Bike » à Münich par la société de chemins de fer allemande (DB Bahn) en 2001, du « Vélo’v » à Lyon en 2005, du « Vélib » à Paris en 2007. Les habitants d’environ 200 villes un peu partout dans le monde disposent aujourd’hui de ce système (Berlin, Bogota, Londres, Melbourne,…).
Pourquoi le choix a été différent aux Pays-Bas ?
Parce que 18 millions de vélos suffisent pour 16 millions d’habitants ?? Non ce n’est pas ça. La raison en est que la priorité a été donnée à l’intermodalité.
Quelques constats faits il y a une dizaine d’années permettent de comprendre ce choix :
- Presque le quart de tous les déplacements aux Pays Bas est effectué à vélo. Si l’on ne regarde que les déplacements courts, jusqu’à 7,5 km, alors le vélo assure pas loin du tiers de tous les déplacements.
- Plus de 60 % des Néerlandais habitent à moins de 5 km d’une gare.
- Ce sont bientôt 40% des usagers quotidiens du train qui se rendent à vélo à la gare et environ 15% de ces usagers utilise un vélo après son trajet en train pour se rendre à sa destination.
- La location de vélos, qui existe dans de nombreux parkings vélos des gares, est gérée de façon disparate.
Si vous mixez ces constats et si vous y ajoutez une bonne dose de volonté pour favoriser les transports en commun et notamment le train, cela vous explique le lancement, en 2001, d’un système de vélos en libre service associé aux transports en commun appelé « OV-Fiets » (« OV » signifie transport en commun et « Fiets » signifie vélo). Ce système, créé par un organisme indépendant en 2001, est géré depuis 2008 par « NS », la SNCF néerlandaise.
Où se trouvent ces vélos ? Combien d’utilisateurs ?
Le système de location « OV-Fiets » a évolué de 70 gares et 800 vélos en 2004 à 225 localisations et 5000 vélos en 2010. Le « OV-fiets » est actuellement disponible en 6000 exemplaires, répartis dans 230 lieux de location : toutes les grandes gares et toutes les gares moyennes, ainsi qu’un grand nombre de petites gares, mais également près des arrêts de bus et des stations de métro, dans quelques zones d’activités et sur des parkings relais.
Les 85 000 abonnés du « OV-Fiets » ont totalisé 835.000 trajets avec 5000 vélos en 2010. Le « OV-fiets » qui a fêté en novembre 2011 les 100.000 abonnements pense atteindre un million de trajets à la fin de cette année.
Cela coûte combien ?
L’abonnement annuel (10 €) est obligatoire. L’abonné choisit soit une carte « OV-Fiets », soit une option sur sa carte de transport en commun. Ces deux cartes rechargeables sont utilisables sur l’ensemble du territoire. Avec une carte, il est possible de louer deux vélos ce qui permet aux abonnés d’inviter quelqu’un.
La location du « OV-Fiets » coûte 3 € par 24 heures et cela jusqu’à 72 heures et ensuite ce prix est augmenté de 5 €.
Des vélos électriques sont pour l’instant disponibles dans dix gares. La première location d’un vélo électrique coûte 3 € par jour et les locations suivantes coûtent 7.50 € par jour (avec le même supplément de 5 € après 72 heures).
Des résultats ?
Le « Fietsersbond » (l’équivalent de la FUB française) a réalisé en 2009 une enquête auprès de 11500 abonné(e)s du OV-Fiets. En voici quelques résultats qui permettent de conclure que grâce au « OV-Fiets » il y a plus de personnes qui montent dans le train et moins de personnes qui utilisent une voiture.
- Plus de la moitié des clients déclare voyager plus souvent avec le train grâce au « OV-Fiets ».
- Plus de 15% des clients utilise moins sa voiture.
- 8% des usagers indique qu’ils effectuaient le trajet en voiture auparavant
- 3% des abonnés était cherché en voiture avant l’utilisation du « OV-Fiets »
Des petits ?
Il est intéressant de noter qu’un système similaire appelé « Blue-bike » a vu le jour en Belgique en mai 2011 grâce à la société des chemins de fer (SNCB) qui propose actuellement environ 1000 vélos dans 37 grandes gares.
Hans Kremers,
consultant en mobilité
SOURCES :
http://www.ov-fiets.nl
www.blue-bike.be
http://www.callabike-interaktiv.de
http://www.fietsberaad.nl
12:10 Publié dans Aménagements & Technique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : kremers, vls, politique cyclable, train
Commentaires
835 000 trajets pour 5000 vélos en un an, certes, mais cela fait moins d'un trajet par jour et par vélo, comparés aux 5 à 10 trajets par vélo et par jour pour vélo'v ou vélib, est-ce que l'on peut parler de rigoler ?
Écrit par : lavive | vendredi, 16 décembre 2011
Ce sont des locations à la journée : ce serait donc étonnant qu'il y en ait plus.
La durée d'un trajet en Velib' est d'environ 20 minutes (de même sans doute pour les autres VLS), sa durée d'utilisation totale est donc comprise entre 2 et 3 heures par jour.
On est dans les mêmes ordres de grandeur pour les deux systèmes, dans des types d'utilisation très différents. La possession d'un vélo par de nombreux Néérlandais rendrait sans doute moins utile un système de VLS.
Des comparaisons pertinentes pourraient être faites dans les villes ayant les deux systèmes (Strasbourg, Bordeaux, Dijon ...)
Écrit par : Abel | lundi, 19 décembre 2011
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