Isabelle et le vélo

En une centaine de pages vous trouverez l’essentiel de la problématique de l’aménagement du territoire, qui est de « disposer avec ordre », ou équilibrer, les activités et les emplois.

L’auteur nous met en garde contre l’attention au passé. Créer des routes pour juguler la pression du trafic renforce les zones où la pression s’exerce, pour parler d'un de nos sujets favoris. Or un des grands défis d’aujourd’hui est la taille des villes. «Lorsque la taille d’une ville double, le prix des terrains double également», et les équipements de transport y coûtent de plus en plus cher. Ainsi « la première ligne de RER a coûté aussi cher que l’autoroute Paris – Marseille, le périphérique autant que l’autoroute Paris – Bordeaux ». De plus, qui dit grande ville dit toutes sortes de difficultés, notamment la « désintégration du lien social ».

L’auteur nous invite donc à penser sur le long terme.

* Autres faits nouveaux, avec la civilisation urbaine, l’avènement de la «civilisation du loisir» ainsi que le fait que «c’est surtout par la promotion du tourisme que les pouvoirs publics peuvent contribuer au renouveau rural.»  Les «zones de revitalisation rurale» sont d’ailleurs pas mal concernées par nos véloroutes, si l’on excepte l’Alsace. Mais pas un mot ! A peine sont évoqués les piétons et les cavaliers. C’est dans les années 90 qu’est apparue en France la notion de véloroute, et c’est faute d’avoir réussi à me faire charger de leur organisation que j’avais quitté la DATAR.

Vous verrez quand même que la politique d’aménagement du territoire a eu d’assez beaux résultats, mais qu’ils sont déjà annulés, suite à l’abandon de la politique de décentralisation et des incitations à la localisation. L’Europe a joué un rôle là-dedans. Le Grand Paris est l’apothéose de ce retour au passé, concentrant argent et transports sur la seule région de Paris.

 

En marge du livre, Jérôme Monod va plus loin encore. Il souhaite que l’on fasse la révolution; mais le vélo n’y est toujours pas. Pour celui qui fut un grand délégué à l’aménagement du territoire, et un patron de la Lyonnaise des Eaux exigeant et respectueux, les méthodes du passé ne servent à rien. On a voulu équilibrer le territoire, dit-il, aujourd’hui les impératifs d’écologie et d’environnement prennent le pas sur ceux de l’équilibre. Toujours pas de vélo.

Pour lui ces nouveaux impératifs sont :

° Le changement climatique, la raréfaction des ressources ; elles impliquent une croissance frugale.

° Les carcans, en particulier administratifs, qui sont devenus « redoutables » et « détestables ».  Il exhorte l’administration a devenir compréhensible et secourable.

° Il faut penser avec la population. Pour 95% des gens, par exemple, le gigantisme des hôpitaux, des aéroports ou des supermarchés est illisible. Les personnes « en marge » ont de moins en moins leur place.

 

Des grandes préoccupations de l’époque, 3 sont selon lui les plus importantes :

- L’urbanisme et le foncier. Il est nécessaire de construire en hauteur et dense ; il est nécessaire que soit créée une autorité foncière au niveau de l’Etat, que des règles soient édictées, qu’elles soient appliquées.

- L’emploi. Le chef de l’entreprise a un rôle central. Mais il faut déplorer la disparition des métiers.

- L’agriculture.

 

Et toujours pas ….

L'histoire ne repassera pas.

Bien sûr ce livre n'est pas le discours de l'Etat, il n'est pas un programme non plus. Il est un reflet de la politique d'aménagement du territoire telle qu'elle a été et est pratiquée.

 

 

Sur l'économie cyclo-touristique, voir :

• Témoignes au sujet de la ligne SNCF Paris - Orléans - Blois – Tours
• Le Tour de Bourgogne est toujours en panne

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