Isabelle et le vélo

Keizo Kobayashi, le découvreur, reconnaît dans son livre que l'on n'est pas certain de la date. Ce pourrait même être une légende entretenue dès le début par les frères Olivier, les associés futurs concurents, qui avaient misé sur l’image Michaux, comme le pense Claude Reynaud, du musée du vélo de Domazan.  Le fait que le seul brevet ait été déposé par eux ne prouve pas non plus que ce soit eux, ou que ce ne soit pas Michaux. Ou un autre, ou plusieurs.

On sait en revanche que l'activité fut très importante à Paris, et que cela mérite d'être mis en valeur. L’activité de construction et réparation de cycles fut très importante en cette fin du 19ème siècle à Paris, dans les deux quartiers industrieux qu’étaient les Champs-Elysées et le canal Saint-Denis. On remarque aussi que cette activité a été très liée à d’autres, tubes et donc radiateurs, aviation, automobile, sellerie, serrurerie … ou à un jeux de jambes, puisque french cancan et vélos sont parisiens …

 

---Le vélocipède, le cycle ou la bicyclette sont bien de leur époque--------------------------

---------------------------------------Et le vélo, ça sert-de véhicule, mais aussi d'emblème--

Le vélocipède apparaît juste avant l’avion et l’automobile. Leurs liens de parenté sont nombreux, la pédale, l’acier… le sentiment de liberté, et la classe sociale de leurs adeptes. On a eu des vélos volants, suspendus à un ballon, des vélos à hélice… réclamant de l’équilibre et de réussir à garder la direction. Clément Ader était constructeur de vélocipèdes, Henry Farman participa au voyage à Madrid de Edouard de Perrodil… Avec le vélo apparaît aussi le tourisme, et la photographie. En ce domaine, le rôle du TCF fut déterminant. Et avec le sport cycliste apparaît le sentiment national, ainsi que l’a montré Ana Santos au sujet de la Vuelta du Portugal. Le vélo servit aux sufragettes anglaises, car le vélo est tout un symbole, et qu'il sert aussi à se déplacer lorsqu’on a les moyens mais pas le permis de conduire. Le vélo fut aussi lié à l’image du jeune garçon américain, image si fortement entretenue par la publicité qu’elle en signa la mort : Dès 16 ans, fini le vélo car permis de conduire et âge adulte !

La bicyclette est un objet industriel de la seconde révolution industrielle (acier, caoutchouc), qui marque le début de la standardisation et des « marques », de la publicité, et des courses : la standardisation implique de se différencier.

Lors de l’exposition universelle de 1867, sont exposés 2, peut-être 4, vélocipèdes, qui passent inaperçus ! Au vélocipède succédera la bicyclette bourgeoise, qui sera suivie et remplacée par le vélo prolétarien de l’après-guerre de 14. Ce vélo est un vélo bricolé, un vélo qu’on voit partout, notamment dans de nombreuses professions, nous explique Catherine Bertho Lavenir. En 1936 arrivera le cyclo-camping, puis le sport spectacle. Aujourd’hui, à l’âge de l’automobile et du code de la route, le vélo est multiforme.

Mais jusque dans les années 70, l’enfant se fait écraser car il est désobéissant. Depuis c’est parce qu’il manque de respect que l’automobiliste écrase le piéton.

Mais qu’importe, s’emporte Jacques Seray depuis la salle ! De toutes façons la pédale sur le moyeu avant est une erreur historique, une fausse piste technologique ! L’essentiel est la draisienne et la chaîne, martèle-t-il. D'autres orateurs pensent que le vrai génie c’est l’horloger Guillemet qui équipait ses automates de chaines, les rémouleurs qui avaient de grandes machines entraînées par roue et courroie, cet handicapé qui, au 17ème siècle, s’était fabriqué une voiture à roue crantée… Pour ce qui est de la pédale, l'encyclopédie montrait déjà des machines avec leurs leviers actionnant d’énormes roues ...

Quant au baron Drais, les poubelles de l’histoire l’ont accueillli bien trop vite. C’était un réel génie, qui a notamment inventé le calcul binaire, lequel a permis rien moins que l’informatique … Son véhicule à deux-roues aurait pu être l'acte fondateur ... en effet, il a connu un fort essor en 1816. Je cite le professeur Lessing dans la "traduction" remise aux animateurs des séances (un peu améliorée dans l'édition sur papier !) :

L’inventeur démocratique Charles Drais (1785-1851) était avili par les royalistes du grand-duché de Baden aprés la révolution écrasée de 1849, même après sa mort. Ne démêlant pas cette perfidie les allemands ne s’interessaient trop pour l’histoire de son invention. C’est seulement après le choc pétrolier de 1973/78 que des recherches sérieuses commençaient. On a trouvé que les deux-roues étaient la réponse à un „choc d’avoine“ de 1816/17 pour remplacer les chevaux affamés. Même après la bonne récolte de 1817 les vélocipèdes á deux-roues étaient bâtis par milliers aussi en France, en Autriche, Belgique, Hollande, Italie, en Angleterre et puis aux Ètats-Unis. Mais la bonne récolte avait fermé la fenêtre favorable pour cette invention, et les chevaux retournaient. Partout l’usage sur les trottoirs était interdit par les magistrats. Mais sur les voies boueuses et
sillonnées par les équipages on ne pouvait guère balancer les vélocipèdes. Des connaissances récentes sont rapportées.

Nicholas Oddy a alors exposé, le dernier jour, son avis sur la date (1861), et a souligné le danger pour les historiens de célébrer des mythes  qui ne seraient pas vérifiés.

---Une conférence internationale, dont j'aurais aimé qu'elle attire un peu plus de Français-----------

En l’espèce, la conférence, pour être internationale et pour se tenir à Paris … n’a jamais atteint les 50 personnes. Les habitués, d’Amérique, d’Australie, Angleterre, Ecosse ou Allemagne (presque à l'unité à chaque fois), collectionneurs ou historiens amateurs pour la majorité ; un Alsacien, un Genevois, un ou deux Franciliens le temps d’une demi-journée, 2 ou 3 Parisiens, … Frédéric Bobay, la cheville ouvrière bénévole, Sahamer Wannous, stagiaire au  CNAM, Francis Robin, qui eut l’idée de cette célébration, moi, qui ait provoqué la mise du CNAM dans le circuit …

Ah, le CNAM ! lieu visiblement vénérable (créé par Napoléon 1er !),  ... ce qui amena quelquefois  à improviser. Ainsi se retrouvèrent interprètes plusieurs volontaires … pour moi ce fut Claude Marthaler.

Bonne ambiance, Paris est belle, le temps était beau, le musée du CNAM est superbe, l'exposition des bibliothèques épatante. Michel Cantal-Dupart le vendredi soir a guidé la visite des lieux du vélo, Jean-Charles Gosselin eut le réflexe de faire signaleur, et j'ai réussi à ne perdre personne...

 

Une rencontre au contenu très riche

De très nombreuses conférences, certaines concluant qu’on n'en sait pas beaucoup plus à la fin qu’au début, d’autres bizzarement hors-sujet mais remarquables ou intéressant vivement le public. Hors sujet ??? pas forcément. Les vélos de La Rochelle ont servi de "publicité" pour la ville, bien plus qu'ils ne servaient aux habitants, comme l'a montré avec grande pertinence Maxime Huré. Ils étaient devenus une sorte de mythe.  Les Vélibs, quant à eux emblèmes d'une autre ville, ne tombent pas du ciel : ils ont besoin d'une logisitique très importante et peu vue, ce qu'a présenté Martin Tironi et qui a passionné. Quant aux chiffres compilés par Francis Papon (images ici, cliquables), on ne peux que regretter de n'avoir pu noter ... C'est lui qui présente "ce que nous en avons fait" !

Quelques conférences brillantes, d’autres plus monographiques, un public peu nombreux mais spécialisé, et cyclotouristes passionnés ! Un certain nombre d’entre eux se retrouveront dans quelques jours au rallye international et annuel des Vétérans …

Le Cnam a promis d’éditer rapidement les textes complets des conférences. On les attend avec une grande impatience. Avec les conclusions prononcées par André Guillerme, qui recevait, et dont on me dit (il n'y avait plus ni micro ni interprète) qu'elles étaient une brillante synthèse de l'ensemble.