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mardi, 20 novembre 2012

Ouf, mon casque n'a rien !

casqueLe casque cycliste est une illusion sécuritaire, nous démontre in-vivo Jean-René Carré, sociologue, ancien chercheur spécialisé sur le vélo, et grand cycliste. C'est juste le fruit d'un lobby astucieux.

J’ai parcouru dans ma carrière de cycliste plus de quatre fois le tour du monde (soit près de 175.000 kilomètres, dont bon nombre en milieu urbain), nous assène-t-il. Il m’est donc -tout à fait normalement- arrivé de faire quelques chutes : une douzaine au total, sans conséquences corporelles notables, les plus graves (2 sur les 12) se soldant par une tendinite et une fracture du pied.


casqueJe n’ai jamais porté de casque au cours de ma carrière cycliste.

Pourquoi ? Parce que l’analyse des études internationales ainsi que les études d’accidents que j’ai pu faire en tant que chercheur à l’ONSER et à l’INRETS démontraient clairement l’inefficacité du casque pour les cyclistes (qui tombent plutôt sur l’omoplate que sur la tête, et que rien ne protégera s’ils sont renversés par une auto).

Le risque (au sens statistique, ndlr) est au premier chef  (avec ou sans couvre chef !) fonction de l’exposition, c'est-à-dire de la durée de l’activité, et dans mon cas j’ai pourtant été largement exposé au risque “cycliste” puisque j’ai passé plus de 10.000 heures à vélo (soit l’équivalent de plus d’un an sur une selle à raison de  24h/24 !).


Toutefois « avançant en âge » et venant de subir un traumatisme cranien avec fracture du rocher (suite à une chute … d’un arbre) et cédant aux sollicitations de mon entourage, je portais depuis quelques mois un casque lors de mes déplacements à vélo, lorsque roulant à allure modérée (moins de 14 km/h) mon vélo a brusquement dérapé dans un virage engravillonné


Résultat : après une très brève perte de consciencecasque (moins de 3 minutes), les pompiers rapidement alertés m’ont conduit à l’hôpital où le médecin urgentiste a constaté :

  • Un traumatisme cranien
  • Plusieurs blessures à la face nécessitant des points de suture (arcade sourcilière, lèvres, menton)
  • Une fracture du nez, et de deux dents
  • Plus diverses contusions et une fracture de la main.

 

Mais -heureusement- mon casque n’avait rien : pas la moindre égratignure ! Et ce n’est pas faute d’avoir mal ajusté ce casque, car la jugulaire avait été exactement ajustée et maintenue plus serrée que ne font la plupart des cyclos.

 

casque


 

Moralité : désormais je ne porte plus de casque et je suis prêt à offrir un casque en parfait état à tous ceux qui apprécient le look sportif que procure ce gadget et qui se sentent rassuré par le port de cet accessoire qu’un lobby américain astucieux a imposé [1] .

 

Nota :  par contre le VTT, dont le développement actuel va vers des pratiques de plus en plus extrêmes nécessite le port du casque et même d’un casque intégral avec mentonnière  protégeant la face- tout en sachant que cette protection ne pourra jamais atteindre le niveau des casques motos (leur poids étant incompatible avec l’effort musculaire que doit fournir un cycliste).

cet été


[1] La promotion du casque vélo est le fruit d’une campagne menée dans les années 90 par les Centers For Diseases Control d’Atlanta (USA) qui, devant lutter contre la montée des morts violentes aux USA –accidents de la route et morts dues aux armes à feu – ont choisi pour cible les cyclistes pour ne pas avoir à s’affronter aux lobbys trop puissants de l’industrie automobile et de la National Rifle Association. (JRC)

-o0o-

Voir aussi :
  • "Si le port du casque diminue le risque en cas de choc à la tête, il peut aussi induire des comportements contre-productifs." dans Velo-city 2012 (4/7) : vélo et sécurité routière
  • Adieu le casque de vélo, voici l'airbag invisible. Tom'style, 19 août 2012 (Un truc qui revient régulièrement depuis plusieurs années, dernièrement au journal de la 2. Au cas où cela y change quoi que se soit !)

Commentaires

Je suis d'accord avec Jean-René concernant le courage qu'il faudrait avoir pour adresser les vrais problèmes, dont la voiture. Et je compatis avec sa douleur.
Une nouvelle fois cette question du port du casque resurgit. Je reconnais que je l'ai en tête depuis la mort de Gilles Boisvert. En effet, c'était un cycliste expérimenté qui savait rouler prudemment. Mais aucun cycliste n'aurait pu éviter cette Porsche folle qui l'a renversé. J'ai lu qu'il n'a pas pu être ranimé. Je ne sais pas s'il portait ou non un casque ni si un choc à la tête est à l'origine de sa mort, encore moins si, le cas échéant, un casque aurait pu le sauver. Mais cette question tourne dans ma tête.
Cependant, un évènement ponctuel n'a pas force de statistiques. Si Jean-René n'a pas été protégé par son casque, ce n'est pas toujours le cas. J'ai ainsi eu l'occasion de voir directement une personne chuter à vélo devant moi, face contre terre, et avoir le visage indemne, protégé par la visière du casque qui a cogné le sol en premier. Son sac à dos lui est même retombé sur la tête lorsqu'elle était à terre. Il est certain que sans casque, elle eut été défigurée.
Je suis, comme de nombreux militants de la cause du vélo, opposé à l'obligation du port du casque. Cependant, je le porte moi-même depuis des années. Je l'attache au cadre et il ne me gêne pas. C'est une habitude simple et qui me paraît saine. Mais cette question fait débat, comme ce fût le cas en son temps pour la ceinture de sécurité. Je me souviens d’argumentaires très étayés expliquant toutes les séquelles pouvant résulter du port de la ceinture. Aujourd'hui, ce dernier est entré dans les habitudes et ne fait plus couler d’encre.
Ce qui compte, c'est de développer l'utilisation du vélo. Maintenant, comment augmenter la sécurité face à des situations extrêmes et heureusement rares, comme celle qui a coûté la vie à Gilles ?
La question reste ouverte et il n’existe pas, hormis le casque, tant d’éléments de sécurité qui puisse être ajoutés.

Écrit par : Hervé Bellut | mardi, 20 novembre 2012

Soutenir « l’inefficacité du casque pour les cyclistes » est une mauvaise action. J'aimerais disposer sur ce sujet des références d'études scientifiques cautionnées par des organismes tels que l'INRETS ou le CERTU. En réalité, le débat "sur l'utilité du casque" est pollué par le débat "sur l'obligation du casque". Les cyclistes qui, avec raison, s'opposent à l'obligation du port du casque ont parfois tendance à en nier l'efficacité.
Oui, le casque sauve des vies. Non, le casque ne protège pas dans tous les cas. J'ai connaissance d'un accident d'un cycliste non casqué qui a fait une chute sur la chaussée, sans intervention d'un autre véhicule. Il est mort à l'hôpital d'une hémorragie cérébrale.
La photo de Mr Carré avec un pansement sur le front, alors qu'il portait un casque bien ajusté, me laisse perplexe.

Écrit par : Philippe Degand (GRACQ - Belgique) | mardi, 20 novembre 2012

(précision, je suis sur Paris, je roule tous les jours, 10km en moyenne, je porte un casque)
Evidemment le casque ne protège pas en toutes circonstances, mais est-ce pour autant une raison de le reléguer au placard ? Alors que le vélo est en train de se développer en ville notamment grâce au vélib et à la mode du PF, alors que je vois de plus en plus lors de mes trajets vélotaff de jeunes voire de très jeune sur des vélos, entre les voitures, je pense que tout ce qui est de nature à apporter éventuellement une protection supplémentaire doit être encouragé. D'autant plus que les pistes cyclables sont trop souvent mal conçues ou non exemptes de danger.
Se croire invincible car on porte un casque est idiot. Tout autant que d'en décréter l'inutilité en se basant sur une seule expérience personnelle, aussi douloureuse soit-elle.
Moi je vois dans l'encouragement à porter le casque une façon de rappeler que le vélo peut être dangereux, que le corps est fragile et qu'il faut en avoir conscience. Après comme il est dit dans l'article, je vois aussi beaucoup de gens porter des casques sans qu'ils soient ajustés (lanière qui pendouille sous le cou) ce qui revient à ne pas en porter... De la même façon j'ai du mal à comprendre les parents qui mettent un casque à leur enfant mais n'en portent pas eux-mêmes...

Écrit par : Baptiste | mardi, 20 novembre 2012

Je trouve cet article inutile et stupide! Vous êtes tombé sur la face puisque vous écrivez que votre casque n'a aucune égratignure, ce qui prouve bien que le casque n'a pas tapé le sol. Hors, le casque protège le crâne et plus particulièrement le cerveau. Votre crâne aurait frappé le sol, le casque aurait donc était rayé voire cassé. Et le médecin vous aurez bien évidemment dit que c'était lui qui vous avez protégé d'un hématome extra-dural. Urgence qui engage le pronostic vital si l'hématome n'est pas résorbé de manière chirurgicale dans les heures qui suivent. Le port du casque sauve des vies, il n'y a aucun doute.
Ah, évidemment, ce type de casque n'est pas approprié pour la route mais si vous aviez porté un casque de descente, vous auriez préservé votre sourire...

Écrit par : emma8 | mardi, 20 novembre 2012

Je confirme d'expérience. En déc 2008, j'ai eu (tout seul) un accident de nuit sur un aménagement routier sécuritaire et ... disons discutable, à 10 m d'une belle piste cyclable non signalée dans mon sens de circulation..
Bilan :
- arcade sourcilière gauche ouverte par la monture de mes lunettes de vue;
- pommette gauche fracturée (fracture décelée lors du scanner crânien effectué en raison de ma perte de connaissance d'au moins 10mn);
- fracture ouverte des 2 os de l'avant-bras gauche qui formait un angle comme si j'avais eu un 2ème poignet (mais rien aux mains grâce aux gants);
- contusions et "pizzas" diverses harmonieusement réparties de la face jusqu'aux membres inférieurs;
- vélo : quelques éraflures (c'était un dur à cuire en acier);
- casque : pas une seule égratignure visible, mais je l'ai remplacé, par prudence, et jeté car imbibé de sang.
Bref, je ne dis pas que le casque n'est jamais utile, mais que ce n'est pas la panacée.
--> Depuis cet accident et un autre (avec tiers responsable : refus de priorité) je suis beaucoup plus attentif, dans l'anticipation, et c'est sans doute la meilleure des protections.

Écrit par : Jean-Jacques | mardi, 20 novembre 2012

Je ne porte pas non plus de casque pour me déplacer (région parisienne, Paris, randonnées en France, brevets). Je l'utilisais ou aurais dû l'utiliser pour les pratiques suivantes : VTT, courses sur route, rouler rapidement en peloton.
Le cas de Jean-René n'est pas isolé. Je peux également témoigner de quelques accidents où le casque n'a pas eu d'effet protecteur lors d'un choc à la tête. A chaque fois, il s'agissait de choc à la face (paumettes).
Pour répondre à Baptiste, les parents estiment peut-être à raison que les enfants n'ont pas les mêmes réflexes pour se protéger ou limiter l'impact d'une chute.
Soit dit en passant, un bon moyen pour leur apprendre est de passer par des activités physiques où l'on apprend à tomber : art martial (judo), gymnastique. Il faut aussi les équiper de mitaines pour qu'ils prennent l'habitude d'amortir les chutes avec les mains.
Pour finir, il faudrait parler de l'état de la chaussée. Les vélos sont plus sensibles aux défauts de la chaussée. Malheureusement, certaines techniques employées par les DDE pour réparer les routes peuvent avoir de graves conséquences pour les cyclistes...

Écrit par : Jean-Charles G. | mardi, 20 novembre 2012

Jean René Carré peut-il nous expliquer pourquoi il a subi un traumatisme crânien lors de son accident à vélo, alors qu'il nous dit que son casque est reste intact ?

Écrit par : BERTHIER jean Marie | mercredi, 21 novembre 2012

Je complète mon témoignage, pour bien signaler qu'il n'a aucune portée générale ni valeur statistique, en précisant que je porte TOUJOURS un casque lors de mes trajets domicile-travail (14,7 km effectués à rythme soutenu, pour ne pas dire rapide, en banlieue parisienne ) ou lors de mes randonnées cyclistes.
Car je n'ai pas conclu de mon accident que le casque cycliste est inutile quel que soit le type de chute de vélo. Je n'en déduit pas non plus qu'il est la panacée et que je peux donc prendre des risques inconsidérés.
En revanche, je ne mets pas de casque pour mes déplacements utilitaires à rythme pépère dans les environs de mon domicile car j'assimile ces déplacements à ce que je pourrais faire à pied, et lorsque je suis piéton, je ne porte pas de casque. Peut-être ais-je tort, mais c'est ainsi.

Écrit par : Jean-Jacques | mercredi, 21 novembre 2012

Je serais assez d'accord avec Jean René. Pour avoir eu plusieurs accidents de vélo, je crois que ce sont les genoux, les clavicules et les côtes, notamment, qui sont vulnérables. Cependant le médecin expert de mon assurance maintient avoir vu plusieurs traumatismes qui auraient pu être évités par le port du casque - qu'il recommande.

Écrit par : rotko | mercredi, 21 novembre 2012

Jean-René Carré m'a promis de répondre bientôt aux questions posées, en s'appuyant notamment sur les travaux scientifiques publiés sur ce sujet depuis de nombreuses années. Quant à moi je vous remercie de votre réactivité, et vous assure de la poursuite de ma contribution à la cause du vélo, notamment via ce blog.

Écrit par : Isabelle | mercredi, 21 novembre 2012

Les commentaires sont fermés.

 
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