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dimanche, 08 février 2015

Paresseux ...

santéAu regard de l'énorme distance qui existe entre les enjeux et les actions, notamment publiques, certains se demandent si le mode de sélection des décisionnaires (le personnel politique) est efficace. Ou, sinon, qu'est-ce qui le rend inefficace ? Eléments de réponse à partir de la politique de la santé. Et éléments de réponse liés à la santé !!!


Quelques réponses sont habituellement proposées, comme le lobbying d'une minorité, les relations de proximité entre les gros industriels et les gouvernants (conséquence de notre modèle économique ultra-compétitif), la manipulation des masses par les média (eux-même impliqués dans notre modèle économique), masses peu enclines à modifier leur comportement, schémas intellectuels inculqués pendant l'enfance... 
 
Ignorance et paresse
Un médecin bien connu sur les questions de vélo en propose une autre : l'ignorance et la paresse. Pour lui, ces deux maux font 90% du travail. Restent 10% de mensonges des divers lobbys, eux mêmes ignorants et paresseux.
Et cette paresse, d'où vient-elle ? De l'absence d'activité physique. Etre transporté et tout acheter est mauvais pour la santé.


L'exemple de la gestion de la santé est une bonne illustration, selon notre docteur, de l'incapacité à prendre les bonnes décisions. 

Ignorance
Les collectivités locales et l'Etat n'ont aucun levier d'action sur la santé publique. Les élus et fonctionnaires n'ont aucune culture médico biologique, la santé publique n'apparaît presque pas dans les organigrammes et il n'y a quasiment pas d'argent fléché là dessus. Les médecins ont été muselés par la solvabilisation de la demande créée par la sécurité sociale et le fantasme de la médecine par délégation qui habite ceux qui gèrent la santé (le fantasme du pouvoir de guérirhabite ceux qui gèrent la santé).  


Fiscalité contre-productive
Autrement dit, si les instances décisionnaires étaient réalistes et avaient du pouvoir, elles mettraient presque tout le monde à pied, à vélo, en véhicule à propulsion humaine. On établirait un droit restrictif à la mobilité assistée par énergies fossiles, par exemple par des quotas de co2 par personne et par an. On établirait une fiscalité attractive pour les deux et trois roues pendulaires qui consomment réellement moins de 1 litre aux 100 kilomètres et font moins de 65 décibels de bruit. (En effet, seuls les deux et trois roues légers peuvent réellement être silencieux, les 4 roues, pour tenir la route, doivent avoir des pneus bruyants tout particulièrement dans la terrible gamme des basses fréquences).

Le droit du travail s'oppose à la santé (Attention, voir 2ème commentaire ci-dessous)
Parmi les incohérences républicaines il y a la législation du droit du travail qui fait considérer les accidents de trajet comme des accidents du travail, avec tout la kyrielle d'ennuis que cela signifie pour l'employeur. C'est ce qui explique le peu de dynamisme des entreprises pour promouvoir le fait d'aller au travail à vélo. Il faut rappeler qu'ils croient que le vélo c'est dangereux.

Pourtant, objectivement, elles auraient tout à y gagner, en terme de bonne humeur, de communication réelle dans l'entreprise, de créativité, et d'absentéisme. On a vu des caisses primaires d'assurance maladie faire des campagnes recommandant de ne surtout pas faire la promotion du fait d'aller à vélo au travail.

Absence de gestion de la santé
Cette impuissance de la puissance publique à gérer la santé est une des causes de notre crise. Avoir laissé une partie de la jeunesse sombrer dans le cannabis, l'alcool, les écrans et la sédentarité explique la baisse du niveau scolaire et l'explosion des troubles du comportement observée depuis 30 ans, diagnostic qui n'est remis en cause par personne.

Tout cela explique que les entreprises ne soient pas reprises, que les artisans et commerçants ne trouvent ni repreneurs ni personnel, ni même apprentis, et que nous ayons une carence en entrepreneurs. Même les jeunes médecins ne s'installent plus, c'est dire si même le corps médical est lui-même malade.

 

 
 * 

Un certain nombre de textes ou supports de communication en rapport avec ces sujets  viennent d'être mis à la disposition du public par l'association France-HPV qui promeut les véhicules à propulsion humaine. Vous les trouverez ici, dans un dossier spécialisé

 

Commentaires

Bravo Isabelle, une fois encore tu vises juste, là où il faut, sur ce qu'il faut !
A SaintAvélo la présidente et le secrétaire sont justement deux anciens médecins, de la génération qui se déplaçait à vélo et pour qui les parents n'étaient pas encore des parents-taxis ! Et un de leur credo est que c'est "Ne pas faire de vélo" qui est dangereux (pour citoyens et planète) !
SaintAvélo se heurte à une mairie que l'on qualifiera de paresseuse si on veut être aimable, d'incompétente et ignorante si on veut être réaliste... C'est "plus facile" pour des élus de plaire (selon leur impression immédiate) en permettant de se déplacer en voiture et en faisant croire que c'est le progrès, la modernité, la facilité, le confort ... La paresse est peut-être en effet un sentiment plus difficile à combattre, et la première impression pour un non-cycliste est que le vélo c'est dur et fatigant ! Et si rien n'est fait pour rendre la pratique du vélo attractive (vitesse des voitures réduite pour cohabiter de façon agréable, et amélioration de l'espace public pour le rendre agréable pour les personnes et non pour les voitures), il est difficile d'avoir envie de se mettre en selle !! Mais on y croit, et Isabelle ne va pas manquer de continuer à le dire et le redire!! C'est comme à l'école, à force de rabâcher tout cela finira pas rentrer dans les têtes de nos décideurs, et pas trop tard j'espère !

Écrit par : Michèle | lundi, 09 février 2015

Texte et pensée justes, sauf sur un point ! Notre ami le Docteur S. est, en toute conscience, revenu sur ce point, depuis le premier jet de son texte reproduit ci-dessus.
Voici pourquoi : Réviser le droit du travail concernant la prise en charge des accidents de transport comme accident du travail aurait produit un effet contraire à la bonne intention voulue.
A l’heure où se trame l’abandon des horaires de travail et la pressurisation des employés sous la contrainte du forfait jour (progression de 4% en 2001... à 12% en 2011, et s’accélérant aujourd’hui), la menace du risque d’accident de trajet reste le dernier rempart contre l’asservissement total des salariés.
A ce jour, 800 000 cadres du secteur privé sont déclarés présenter un risque élevé de burn-out (voir les dossiers de la cour de cassation et des pudhommes). Ne pas rendre le patron responsable de l’état de fatigue dans lequel se retrouve son employé ne serait que donner un cadeau aux vils instincts économiques qui dirigent déjà si mal et ne considèrent plus l’espèce humaine !
Moralité : On gomme le cadeau empoisonné et on ne touche surtout pas au droit du travail relatif au temps de transport !

Écrit par : Dominique Perruchon | lundi, 09 février 2015

Quel est donc le "cadeau empoisonné" dont vous parlez ?

Écrit par : Michèle | lundi, 09 février 2015

Le cadeau empoisonné ce serait de décider que les trajets domicile-travail ne sont plus "couverts" par les employeurs. D. P. dit qu'alors, certes les employeurs ne dissuaderaient plus d'aller à vélo (considéré comme dangereux), mais n'auraient plus aucune raison, en revanche, de ne pas "presser le citron" des employés jusqu'à l' extrême fatigue source d'accidents ... dont ils n'auraient plus à s'occuper.

Écrit par : Isabelle | lundi, 09 février 2015

"Les médecins ont été muselés par la solvabilisation de la demande créée par la sécurité sociale." C'est à dire?

Écrit par : Vincent | lundi, 09 février 2015

Cela veut dire que si les médicaments étaient moins remboursés les malades n'en réclameraient pas autant et les médecins pourraient plus facilement les leur refuser au bénéfice d'une meilleure hygiène de vie.

Écrit par : Isabelle | lundi, 09 février 2015

Merci pour cette note ! Ce genre de réflexion me conduit à penser que la mise au point d'un véhicule motorisé propre et ne générant pas d'accident ne serait pas la panacée pour nos sociétés qui risquent les méfaits de la sédentarisation.
Pour continuer le débat sur l'implication des entreprises, il me semble qu'il faudra trouver un moyen pour que les entreprises deviennent davantage moteur pour inciter leurs employés à utiliser des "transports actifs". Avec elles en soutien, on aurait, à mon avis, un gage de rapidité et d'efficacité des mesures prises pour développer le vélo et les autres transports actifs.
Au passage, pour soutenir France-HPV et contribuer à développer et structurer nos idées, le lien est dans ma signature !

Écrit par : Jean-Charles | lundi, 09 février 2015

Bien que pro-vélo je crois que si les médicaments étaient moins remboursés, on en demanderait moins, mais, aussi, on se soignerait moins. Le consentement à payer les médicaments est certainement plus faible si on a peu de marges de manœuvre. Du point de vue de la santé publique, ce n'est donc peut-être pas le meilleur levier.
A l'opposé, il y a des médecins réputés, appréciés parce qu'ils prescrivent des arrêts de travail à la demande (ou les suggèrent), et prescrivent des remèdes de cheval très efficaces. Leur clientèle est particulièrement nombreuse ! La médecine libérale n'induit-elle pas une certaine concurrence ? Si mon médecin ne me donne pas de médicaments alors que je suis persuadé d'en avoir besoin, ne me suffit-il pas de me tourner vers un autre ? Et si je suis médecin, n'ai-je pas intérêt à accéder aux requêtes de mes patients pour mieux gagner ma vie?
Pouquoi ne pas imposer des emballages neutres aux médicaments, comme aux cigarettes ? L'objectif serait qu'on sorte de la logique de marketing.
Bref, si on veut une politique de santé basée sur la prévention, je pense qu'il faut faire la promotion des modes actifs. Mais plutôt que de viser la "responsabilisation par l'argent" il serait plus efficace de se tourner vers l'organisation du système de santé. Comme je ne crois pas trop aux lobbies surpuissants, je pense que ça peut marcher.
Et enfin, je ne partage pas du tout la conclusion de l'article. Ce serait parce qu'on a laissé "une partie de la jeunesse sombrer dans le cannabis, l'alcool et la sédentarité" qu'on ne trouverait pas de repreneurs pour des entreprises ?! Ceci est une vision philosophico-politique assez marquée. C'est bien dommage de ne pas rester sur une problématique plus neutre.

Écrit par : Rodolphe | mercredi, 11 février 2015

Le sujet principal de l'article est la faible efficacité des dirigeants, due à la paresse, celle-ci provoquée par l'absence d'activité physique. Le développement sur la politique de la santé n'est là que pour illustrer l'idée selon laquelle les bonnes décisions ne sont pas prises et le courage d'entreprendre disparaît.

Écrit par : Isabelle | mercredi, 11 février 2015

Bonjour, très bon papier, merci Isabelle ! Tout à fait d'accord avec la remarque de Dominique concernant les déplacements domicile - lieu de travail !
En ce qui concerne les déplacements pendulaires, les lignes bougent, fort heureusement, bien que trop lentement (cf l'article sur les dernières dispositions votées ces derniers jours, en autres l'indemnité kilométrique vélo).
En ce qui concerne le fait global de société, je crois aussi que nous sommes devenus assez paresseux, ou dit autrement que nous vivons un déficit de courage (individuel, politique, planétaire..). Il y a des explications multiples évidement, et en première ligne les messages passés en boucle depuis au moins 30 ans : simplifiez-vous la vie, ne faites plus d'effort, réussissez facilement, ne vous embêtez plus à faire la cuisine, maigrissez en regardant la télé...
Je crois bien que c'est le lot de toutes les civilisations qui commencent à travailler très dur sur les premières générations, puis qui s'endorment lorsque viennent au pouvoir les générations qui n'ont pas eu à mener ces combats du début et récoltent les fruits semés par leurs aînés... (la richesse de l'instant est toujours le résultat d'un travail passé...).
Le problème c'est que le mouvement perpétuel n'existant pas, ce joli modèle atterrit gentiment en une, voire deux générations maximum !
La solution ? Se retrousser les manches, et ça va faire bizarre à plus d'un... La difficulté supplémentaire actuelle, c'est qu'ayant atteint les limites de la planète dans presque tous les domaines, il faut inventer autre chose !! J'y vois une opportunité historique !

Écrit par : Jacques F. | mercredi, 18 février 2015

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