samedi, 16 mars 2013
Pourquoi si peu de vélos électriques en France ?
Le VAE (vélo à assistance électrique) est très implanté aux Pays-Bas, «pays du vélo» pourtant. En France, sa progression est lente (il a même baissé cette année), alors même qu’il bénéficie d’une forte publicité.
Cette nouvelle note de Hans Kremers présente les chiffres et les faits, puis tente des explications à cette étrange disparité.
> Pour Hans Kremers le VAE est utile à la mobilité d'aujourd'hui.
> Mais sa promotion doit être revue, passant par le prêt (l'essayer c'est l'adopter) plutôt que la subvention (il montre que le prix n'est pas le problème). > Enfin, il rappelle que la mobilité passe nécessairement par des infrastructures adaptées.
L’incroyable essor du vae aux Pays-Bas.
Le Conseil national des professions du cycle (CNPC) annonce pour la France une progression de 5,5% du nombre de vélos vendus entre 2011 et 2010. Par contre la vente des vélos à assistance électrique (vae) a baissé : sur les 3.197.200 de vélos vendus en France en 2011, 37 000 étaient des vae, contre 38 000 en 2010. Il s'agit de la première baisse depuis 2005.
Aux Pays-Bas c’est l’inverse qui s’est produit. Le total des vélos vendus (électriques et non électriques) était de 1198 000 en 2011, soit -1,4 % par rapport à 2010. Mais les 181 000 vae vendus en 2011 représentent une progression de 9 % par rapport à 2010, et cette hausse dure depuis ... 2005.
En France 1,2 % des vélos vendus en 2011 étaient des vae, contre 15,1 % aux Pays-Bas où, après les 3% de 2006, les 14 % de 2010, certains prédisent 20 % bientôt, soit UN vélo vendu sur CINQ qui serait un vae……
Une explication par le prix ?
Autrement dit, en France en 2011, le prix moyen d'un vélo était, d’après le CNPC, de 265€, prix est très inférieur à celui pratiqué en Allemagne (450 €) et en Grande-Bretagne (750€).
Aux Pays-Bas le prix moyen d’un vélo est 954€ et pour un vae presque le double : 1800€. En France le prix moyen d’achat d’un vae serait de … 950€ (source : Vélo-Pratic).
Une explication par l’utilisation ?
Le nombre de vélos à assistance électrique aux Pays-Bas aura probablement atteint le million d’exemplaires avant la fin du premier trimestre de 2013. « Fietsberaad », un organisme néerlandais qui collecte et diffuse les données concernant le vélo, donne des chiffres sur l’utilisation de ces e-vélos. En voici quelques uns au 31 décembre 2011 :
Ce sont surtout les femmes entre 46 et 60 ans qui possèdent un vae : 13% des dames de cette classe d’âge contre 7% des messieurs de cette même classe. Le groupe des personnes ayant plus de 60 ans se distingue également par la forte possession des vae : 10% des hommes et des femmes en possèdent un.
La distance moyenne parcourue par semaine est plus élevée avec un vae (31,3 km) qu’avec un vélo (18,2 km) ; les hommes pédalent un peu plus par semaine avec leur vae (34,9 km) que les femmes (28,7 km).
Le nombre de kilomètres effectués par les vae représente 10% de la totalité des kilomètres effectués à vélo. Dans le groupe des plus de 60 ans cela représente même 25% de la totalité.
Le nombre de kilomètres pédalés (sur vélo et sur vae) par personne et par an a augmenté dans beaucoup de classes d’âge entre 2000 et 2009. Toutefois, cette augmentation est très forte, +12%, chez les hommes au dessus de 60 ans et encore plus forte chez les femmes de cette catégorie : +19%. Il est supposé que cela s’explique par le développement du vae.
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Des explications multiples !
Pourquoi cet engouement pour l’e-bike chez les Bataves ? Sans prétendre à une réponse exhaustive, je formule ces quelques raisons :
- La qualité générale des aménagements, qui facilite le déplacement des cyclistes, lents ou rapides.
Amsterdam il y a un mois.
Les pistes cyclables(à double-sens de
chaque côté de l'avenue)
sont déneigées en priorité ...
- Le fait de pouvoir continuer à pédaler grâce au vae quand l’âge semble freiner cette possibilité.
- La santé, qui est souvent évoquée comme premier argument par des cyclistes sur des trajets longs favorables à l’utilisation du vae.
- La forte demande, qui suscite la diversification de l’offre et réciproquement.
- Les très nombreuses campagnes de sensibilisation, (par les Provinces, l’équivalent des départements français, les Chambres de commerces, les communes) notamment par la mise à disposition gratuite pendant une ou deux semaines de vae pour les employé(e)s des entreprises. Par exemple la Province Noord-Brabant propose aux entreprises un prêt gratuit de dix vae pendant deux semaines (l’action s’appelle «Probeer een e-bike» : "Essayez un vae"). Les employés peuvent disposer pendant une semaine d’un vae gratuit. Sont visés les employés qui habitent entre 5 et 20 km de leur travail et qui se déplacent principalement en voiture. Le nombre de personnes se disant intéressé par l’achat d’un vae après cet essai gratuit atteignait 69% en 2011.
- Les réseaux express vélos (rev) qui s’installent aux Pays-Bas dans une trentaine de secteurs (environ 700 km en cours de construction) et qui permettent d’aller plus loin et plus vite, sont excellents pour les usagers des vae.
Nec + ultra, le reve !-------------------------
Les communes d’Amsterdam et d’Almere viennent d’annoncer pour 2014 une première mondiale :
Les deux communes seront reliées par un «Electric freeway». Ce projet, piloté par l’entreprise ForenZo (un organisme dont l'objectif est la stimulation d’un trafic domicile-travail durable et d’un coût efficace), prévoit une voie d’une longueur d’une vingtaine de kilomètres, spécialement aménagée pour les vae et les scooters électriques (limités à 25 km/h) et pour les vélos. C’est donc le reve (réseau express vélo électrique) qui émerge…
Hans Kremers,
consultant en mobilité active
Pensez-en ce que vous voulez. Le VAE est aussi de la mobilité active (alors que le «2RM» est de la mobilité passive), il facilite les déplacements longs, il maintient à vélo. L’essentiel n’est-il pas de bouger les gambettes et d’être à l’air ? Toutes choses égales par ailleurs, est-il indispensable ? La question demeure, et c'est peut-être celle des distances. Is. L.
Pensez ce que vous voulez... Dès 1949 on constate, du moins en France, "l'émergence soudaine d'une génération spontanée de moteurs auxiliaires". Ces BMA (bicyclettes à moteur auxiliaire) ont vite posé problème à la FFCT (fédération française de cyclotourisme), qui décide, lors de son congrès du 3 décembre 1950, de ne pas les accueillir dans ses rangs, tout comme les motocyclettes. Pp. 188 et 223 de Histoire du cyclotourisme, tome 2, R. Henry, éd FFCT (en cours de lecture). Ceci fait peut-être partie de l'explication recherchée ? Is. L.
Sources
- Rijwiel en Automobiel Industrie
- Fietsen123
- CNPC
- Fietsberaad
- Presto
- Avem, information sur le véhicule électrique et hybride
- Probeer een E-bike
08:00 Publié dans Aménagements & Technique, Vélos, vêtements & Accessoires | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique cyclable, rev, vae, kremers
Commentaires
Comme vous le soulignez, le VAE aux Pays-Bas est utilisé majoritairement par des femmes, des personnes plutôt âgées et celles qui font des distances importantes.
En gros, quasiment tout le contraire de la plupart des cyclistes en France, qui sont généralement des hommes, jeunes, pour des déplacements urbains (vu l'hostilité de l'environnement dès qu'on s'éloigne un peu des villes-centres). CQFD.
Écrit par : Colibri | dimanche, 17 mars 2013
merci pour ces informations sur le VAE en France !
Chez moi en Suède, le VAE commence à devenir plus visible, bien que pas au niveau des Pays-Bas. Ses utilisateurs y sont plutôt des jeunes parents, qui s'y mettent à cause du poids de leur enfant sur le siège !
Par ailleurs, il faut noter que le VAE fait passer au vélo des personnes pour qui il n'était jusqu'alors pas une option, et qu'il rend "acceptable" des distances et des dénivelés plus importants qu'à vélo normal. Mais comme les utilisateurs de VAE sont en général moins expérimentés, il leur faut encore plus des infrastructures de qualité... ce qui bénéficie à tous les cyclistes !
Écrit par : Michael Koucky | dimanche, 17 mars 2013
Pour l'aide à l'achat de VAE, je pense que le mieux serait de faire un modèle non pas basé sur des subventions, mais sur un prêt à taux zéro (PTZ). En effet, même si on rembourse 25% au cycliste, il continue à devoir mettre 75% du prix. Or c'est une grosse somme, à débourser en une seule fois, surtout pour un VAE correct (souvent au delà de 1200 euros). Je verrai donc bien un PTZ sur 24 à 48 mois, ce qui permettrait de ramener l'usage du VAE à un prix similaire à celui des TC.
Pour encourager les progrès en terme de batterie, je trouve qu'on devrait garantir la batterie 3 ans, voir 4. En effet je trouve scandaleux les batteries qui "pètent" au bout de 18 mois, et qui ne sont plus garanties, car elle ne le sont généralement qu'un an...
Écrit par : Schneider Olivier | jeudi, 21 mars 2013
Un exemple : itinéraire matinal de 21 km, je passe devant plus de 70 feux. UN FEU TOUS LES 300 METRES en moyenne !
Sans équipement adéquat, utiliser un vélo devient vite un chemin de croix en zone urbaine sur un long trajet, même avec un VAE. Ces feux, et l'inadaptation du réseau, me conduisent à délaisser mon VAE depuis 3 mois. PLUS DE 140 FEUX PAR JOUR, c'est l'élément qui freine qui casse ma motivation !
Rouler avec un VAE, c'est 100 % plaisir, 100 % confort et très vite addictif, mais seulement sur des itinéraires sans stop comme par exemple en bords de Marne et bords de Seine (cf la carte).
Le paradoxe : malgré ces contraintes et les équipements inadaptés, c'est en zone urbaine que le vélo s'est le plus développé ces dernières années.
Écrit par : Lpietri | mardi, 02 avril 2013
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