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jeudi, 23 février 2012

Calculateurs, ou cartes, pour s'orienter à vélo ?

Mappy, qui a fait pas mal de publicité sur le portail de 20 minutes, prétend calculer les itinéraires pour vélos et pour vélib'. Je viens de découvrir Ride the city, un calculateur d'itinéraires pour cyclistes qui s'est attaqué à des villes nord-américaines, australiennes, sud-américaines et européennes.
Est-ce que ça vaut une carte imprimée ?
Passage en revue


Les itinéraires de Mappy sont faux. J'ai testé dans mon quartier, le calculateur ignore la réalité des double-sens cyclables. Donc n'apporte strictement rien de plus qu'un calculateur pour auto. Il prétend guider aussi les cyclistes.

Les (les ?) calculateurs d'itinéraire pour cyclistes ne convainquent pas. Paris utilise celui de Géovélo, qui nous envoie en plein dans les endroits à éviter. Le logiciel a d'abord été développé pour Tours, mais ne s'y trouve plus ??? Il est aussi implanté à Nantes (ajout du 28 février). Moviken a eu (un temps ?) un projet de cartes pour cyclistes. Et s'est rendu compte que les bases de données récupérables n'existaient pas.

Ce qu'apporte Ride the city je vous le laisse voir. Pour la France sont disponibles Lyon, Marseille, Nice, Paris et Toulouse. Le site est en anglais.
En España hay Barcelona, Madrid, Sevilla, Valencia, Zaragoza. Site en espagnol. Ca a l'air bien mieux que ce que nous avons vu jusqu'ici, même si,

décidément ...

... rien ne vaut une carte ... 

à condition qu'elle soit exacte et précise, c'est-à-dire relevée à vélo et sur le terrain. Celle de Paris a été relevée par une seule personne et est diffusée par Au petit vélo. Elle est infaillible, mais vieillit lentement. Elle avait le gros avantage d'avoir été éditée par une société  spécialisée, mais elle souffrait de la concurrence de cartes gratuites (municipales) ou payantes mieux distribuées. Celle de Lyon a été réalisée d'abord pour le site de l'association La Ville à vélo, qui espère pouvoir en tirer une carte sur papier cette année. Réalisée sous openstreetmap, elle a l'air d'une grande précision, et permet aussi de voir les lacunes dans les linéaires, et les (pour l'instant ?) deux itinéraires conseillés semblent devoir rendre de grands services. Sa démarche est présentée dans le journal de la FUB de ce mois-ci... et n'est pas simple. On espère que la carte sera publiée ! Celle de Bruxelles a été réalisée par la direction de la politique des déplacements du ministère, avec de nombreuses aides communales et citoyennes. Elle est diffusée gratuitement par le GRACQ, association des cyclistes quotidiens, et donne entière satisfaction. Les deux cartes citées pour l'instant disponibles sont imprimées sur support résistant à l'eau et indéchirable. La société Kümmerly+Frey a aussi publié une carte Alsace - Bâle - Forêt Noire, qui doit presque tout aux relevés du CADR, l'association des cyclistes de Mulhouse. Nancy s'apprêterait à faire de même, après avoir écarté une solution professionnelle. Michelin utilise aussi, pour ses nouvelles cartes départementales, les relevés fournis par l'AF3V... qui ne s'en vante pas tant que ça ... Les entreprises et collectivités préfèrent parfois faire appel aux associations pour avoir des prestations quasi gratuites, qu'elle qu'en soit la qualité réelle, m'explique un prestataire un peu lassé. Mais attention aux contrats  : car en plus les associations se sentent souvent flouées dans ce genre d'arrangement.

Rien ne vaut une carte, relevée sur le terrain, j'insiste, et ... diffusée. Oui. Mais il faut aussi qu'elle soit conçue comme un outil de déplacement, et non de propagande.  Une certaine carte d'une région française, constamment rééditée et diffusée gratuitement, est de ce point de vue un énorme gâchis.

Cette note est quasi un appel aux pouvoirs publics !


Allez voir Ride the city !

 

Sur ce sujet sensible des calculateurs d'itinéraires, professeur Luc vous en dira beaucoup plus.
Et quand vous aurez la conclusion, prévenez-moi !

Merci à Romain Mehut qui m'a rappelé que je devais lire le journal de la FUB ! R. Mehut s'intéresse au projet OpenStreetMap. Sa question est en commentaire ici. Si vous y connaissez quelque chose, ce serait bien de le contacter !

Cette note n'est pas exhaustive. En particulier il n'y a pas un mot sur les systèmes qui reposent sur la signalisation. Je pense aux nouvelles cartes des Pays-Bas et de Flandre belge, qui sont calées sur les "knooppunten", numéros indiqués à chaque carrfour de voie conseillée aux cyclistes. Ca marche si la signalisation est parfaite, et si vous n'allez nulle part ailleurs. La signalisation n'est jamais parfaite, les rues jamais barrées ... et vous allez où vous voulez. J'aurais pu aussi parler des excellentes cartes éditées par Sustrans, en Grande-Bretagne, et des cartes pas mal fautives éditées par l'ADFC en Allemagne. Ou de toutes celles du Danemark, superbes, éditées par les pouvoirs publics et héritées de notre cher (vieux) IGN. Bon... nous parlions de quoi, déjà ? des calculateurs d'itinéraires ! Bon courage !

Commentaires

C'est un sujet qui m'intéresse en ce moment, à savoir qu'il n'y a pas de "service/site" correct en ligne. Moi ce qui m'intéresse plus c'est la planification de trajet hors des villes. Habitant à Paris je commence à avoir l'habitude et au pire je fais comme les voitures.
Je commence tout juste à m'intéresser sérieusement au sujet et je ne sais pas si j'aurais le temps d'y consacrer suffisamment de temps, mais je réfléchis à la faisabilité de service en ligne (libre) exploitant openstreetmap et/ou google maps. Le nerf de la guerre restera toujours l'accès aux données "cartographiques" et c'est là que openstreetmap peut être intéressant car la communauté peut l'alimenter. Il me semble que dans certains pays/régions ils arrivent à avoir des données plus à jour et détaillées, car les services sont "commerciaux" (en Allemagne il me semble ...). Je n'ai pas encore vraiment utilisé openstreetmap en tant que contributeur mais il me semble qu'un des freins est la difficulté d'utilisation.
Si j'arrive à avancer sur le sujet je donnerais des nouvelles (je dis "si" car tout ça se ferait en plus de mon boulot de tout les jours et de ma vie de famille).

Écrit par : Nicolas | jeudi, 23 février 2012

Le service Géovélo existe toujours à Tours, mais je ne sais pas dans quelle mesure les données sont actualisées (intégration des nouveaux aménagements). Il prétend prendre en compte les travaux en cours du tramway mais je ne l'ai pas testé suffisamment en détail pour me prononcer.
J'ai envoyé la semaine dernière la question à Viamichelin de la non prise en compte des voies vertes dans les calculs d'itinéraires vélo, la réponse est un modèle de réponse toute faite (mise en avant du "Plus d'option" qui consiste à pouvoir choisir si on veux passer ou non par les autoroutes, le choix du carburant, l'affichage des hôtels le long de l'itinéraire, ...). Rien sur notre problème. A noter que les voies vertes ne sont disponibles que sur l'affichage correspondant au 1/200.000, pas aux autres niveaux de zoom.
Même les cartes et plans papier sont incomplets, notamment sur les impasses limitées (impasses pour voitures mais débouchant pour les piétons/vélo).
Voir aussi le site www.opencyclemap.org, basé sur openstreetmap, développé au Royaume Uni, et qui semble bien couvrir aussi la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne. Peut-être une action du domaine de l'ECF pour mettre en commun tout ce que chacun fait dans son coin.
Amitiés, Thomas Joire, Collectif Cycliste 37

Écrit par : Thomas JOIRE | vendredi, 24 février 2012

Isabelle a raison, les calculateurs d'itinéraires qui se prétendent “pour cyclistes"sont tous mauvais. Ride the City comme les autres : j'ai testé un itinéraire que j'ai fait quotidiennement à Paris entre la rue Léon Frot et la rue Castex : résultat aberrant en distance et en sécurité !
Quant aux cartes cyclistes, les meilleures se périment vite.
Le problème pour les cyclistes est que les autorités qui interviennent sur les routes et les rues ne sont pas tenues d'observer des règles précises et obligatoires pour jalonner les itinéraires cyclistes (alors qu'elles y sont tenues pour la circulation automobile).
C'est pourquoi ce qu'il faut obtenir pour les cyclistes ce ne sont ni des cartes, des calculateurs, ni même des itinéraires-vélo ; mais des règles universelles (précises et homogènes sur l'ensemble du territoire national) qui rendent obligatoire de doubler en tous lieux le balisage directionnel "voiture" d'un balisage cycliste. C'est ce qu'ont fait les Suisses et ça marche (enfin, roule !).

Écrit par : J. R. Carré | samedi, 25 février 2012

Un trajet en automobile ou en transport public est objectivement modélisable, et les comportements des automobilistes et des usagers des transports publics peuvent être décrits : c'est pourquoi les calculateurs d'itinéraires qui existent pour ces deux modes donnent satisfaction.
Il en va tout autrement pour le vélo : un itinéraire à vélo ne se compose pas que de lignes mais aussi de noeuds, dont le franchissement dépend des lignes par lesquelles on y entre et on en sort. Et les cyclistes ont des comportements et des ressentis très divers, encore plus difficiles à décrire. C'est pourquoi, je viens une fois de plus de le vérifier, ni Via Michelin ni Mappy ni Géovélo ni Ride the City ne donne de résultats probants : chacune des trois propositions de Géovélo pour le trajet-type qu'il propose comporte par exemple plusieurs curiosités étonnantes.
Peu utiles aux cyclistes, ces calculateurs sont de séduisants objets commerciaux et politiques. Ils attirent d'abord des subventions comme celles du Predit, puis l'attention des collectivités locales pour lesquelles ils représentent un investissement faible à grande productivité, d'autant plus que la presse, troisième bonne cible, en est très friande : la Ville de Paris a fait carton plein de retours presse en implantant Géovélo sur son site.

Le vrai service à rendre aux cyclistes est de leur fournir une cartographie spécifique la plus fidèle possible, qui leur permette de déterminer eux-mêmes leur itinéraire.
La tâche n'est pas facile. La démarche participative de type Wiki a donné d'assez bons résultats avec Openstreetmap, mais Opencyclemap est un échec.
La carte réalisée par La Ville à Vélo me semble par contre remarquable, sans doute grâce à l'efficacité d'une démarche pragmatique, bien détaillée dans l'article de Vélocité, s'appuyant sur l'existant et le complétant par un travail efficace et systématique.
Les relevés sur le terrain et la traduction lisible de ces relevés sont une étape difficile.
Lorsque le MDB a réalisé en 2003 une telle carte pour Paris, 20 cyclistes (un par arrondissement) s'étaient répartis les relevés, mais j'avais du tout reparcourir pour vérifier et homogénéiser le rendu. J'ai sillonné à nouveau Paris en 2005 et 2008, pour le petit éditeur Média-cartes. Je suis prêt à recommencer.
En cliquant sur ma signature on peut voir une première carte schématique des aménagements cyclables, que j'avais réalisée pour le MDB en 1998.

Écrit par : Abel | samedi, 25 février 2012

Le nerf de la guerre sur les calculateurs cyclables, c'est la précision des cartes qu'elles utilisent.
GéoVélo, rideTheCity, OpenCycleMap utilisent les mêmes cartes et auront les mêmes (déplorables) résultats.
Le souci est qu'il n'existe pas en France une carte (payante ou gratuite, privée ou publique) précise des pistes cyclables et autres aménagements pour vélos. Les solutions restantes seront forcement faites par des amateurs de manière parcellaire et pour une date donnée. Le projet OpenstreetMap est une bonne solution pour ces personnes, pour réunir ces données de manière viable et pérenne. Le temps d'apprentissage pour éditer la carte est d'environ une heure, ce qui permet à n'importe qui de pouvoir enrichir la carte.
Pour info, quelques cyclistes participent à la cartographie sur Rennes et à ces endroits les calculateurs d'itinéraires deviennent subitement fiables.

Écrit par : Fabien | dimanche, 26 février 2012

Abel dit: "Opencyclemap est un échec". Je pense que c'est un échec en France car ce n'est pas connu en France. Quand on regarde la carte du Royaume Uni, il me semble que c'est extrêmement détaillé. Opencyclemap est basé sur Openstreetmap, tout comme la carte réalisée par La Ville à Vélo, considérée par Abel comme un succès, et bon nombre d'autres projets du genre. Si tout était porté sur un site unique, le principe gagnerait en visibilité et en efficacité. De plus, cela supprimerait la distinction Agglomération/Grands Trajets.
Fabien dit: "Le nerf de la guerre, c'est la précision des cartes". Je vais renforcer ce que dit J.R. Carré: ce qu'il faut obtenir, ce sont de règles universelles de balisage, ET UNE MISE A DISPOSITION DES DONNEES PAR LES AMENAGEURS. Ces données pourront ensuite être enrichies, précisées, corrigées, etc. par les contributions des utilisateurs, mais le plus gros du travail sera fait.

Écrit par : Thomas JOIRE | lundi, 27 février 2012

Résumons.
Je suis d'accord avec Abel :
- Il faut des cartes précises qui permettent aux cyclistes de choisir leur itinéraire.
- Quel que soit le moyen technique, elles doivent forcément être coordonnées par une seule personne.
- Le calcul d'itinéraire est très difficile à établir, car il faudrait y introduire les endroits difficiles, les dangereux, les côtes, les largeurs disponibles, les vitesses pratiquées, etc. etc.
Je suis d'accord avec Jean-René :
- Un bon jalonnement rendrait de grands services. Or l'énorme majorité de ce qui se fait en France est fait sans méthode ni rigueur, puis n'est pas surveillé.

Écrit par : Isabelle | mercredi, 29 février 2012

L'un des plus gros problèmes rencontrés dans la construction des cartes cyclables, c'est l'élaboration d'une notation de la voirie, basée le moins possible sur notre ressenti personnel.
J'ai récemment commencé une campagne de notation de certaines voiries parisiennes et alentour que je connais sur GéoVélo, et la tâche est ardue, car les critères sont très difficiles à établir.
J'ai dégagé trois pôles de désirabilité d'un itinéraire : l'accessibilité technique, la rapidité de circulation et l'agrément sensoriel. Ces pôles sont ceux entre lesquels se situent les desiderata de chaque cycliste, qui privilégient l'un ou l'autre selon leur goût et leurs capacités. Plutôt que de régler un curseur "Distance/Sécurité", l'idéal serait de se placer sur un triangle dont les sommets sont les trois pôles dont je parle, et entre lesquels chaque cycliste peut se placer selon ses préférences personnelles.
Le lien dans mon nom pointe vers le sujet Vélotaf que j'ai lancé à ce sujet.

Écrit par : Quentin | dimanche, 04 mars 2012

Je pense que Quentin parle de calculateurs d'itinéraires et non de cartes pour cyclistes.

Écrit par : Isabelle | lundi, 05 mars 2012

On me demande de vous faire savoir que l'association lyonnaise La ville à vélo organise une réunion-formation pour modifier et compléter sa carte des aménagements cyclables, mercredi 14 mars 2012. Ouvert à tous, notions de base en informatique nécessaires. Inscriptions : par mail à martin@lavilleavelo.org
> De 19h00 à 20h00, apprentissage du logiciel JOSM.
> De 20h00 à 21h00, réflexion sur la future carte papier : quel contenu ? Quel format ?...

Écrit par : Isabelle | lundi, 12 mars 2012

Les commentaires sont fermés.

 
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