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mardi, 14 septembre 2010

A la recherche des véloroutes rapides

Leiden.jpgSouvenirs d’exploration aux Pays-Bas, août 2010

 

Des véloroutes rapides (*), j’en avais tracées sur la carte ce qu’en dit le site d’informations néerlandais Fietsberaad. J’avais donc prévu d’en visiter au Isabellens 5 ou 6, sur la dizaine que j’avais repérées comme les plus significatives.

(*) on devrait dire plutôt "Vélovoie rapide", d'après le néerlandais Fiets snell weg, ou "Autoroute à vélo" si l'on veut souligner l'autonomie et la place idéologique à reprendre. Il m'arrive de dire aussi "véloroute à haute capacité".

Photo : Leiden - la preuve de l'efficacité par la fréquentation des enfants.


 

Delft.jpgIl me fut difficile de dinstinguer le vieux du neuf, l'ancien de l'amélioré

 

De Rotterdam à Delft je photographiais exactement la même route n°2 qu’il y a dix ans (photo). C’était d’ailleurs si facile (sauf pour trouver le centre-ville), plat et quasi sans obstacle, que je continuais jusqu’à la Haye. Mais je photographiais aussi une superbe passerelle peut-être neuve, et, avant de quitter la ville testait l’onde verte cycliste de la Scheikade…

Je n’ai aucune idée de ce qui a pu être amélioré, ou devrait l’être, le seul problème réel rencontré étant le vent. La piste cyclable à double-sens est tracée principalement le long des canaux, et la route qui lui est parallèle est plutôt constituée d’impasses ou de tronçons séparés par des rétrécissements ne laissant passer qu’une voiture à la fois. Passages sous chemin de fer et superbe passerelle complètent ce tableau enviable.

Cependant je me perdis assez souvent, à cause de la signalisation qui me parut lacunaire ; ce sont les points de références, numéros tenant lieu de toute toponymie, qui m’ont parfois sauvé la mise.

 

tout pour se repérer.jpgLa véloroute à haute capacité est-elle un nouveau nom pour ce qui existe déjà ?

De La Haye à Zoetermer, et de Leiden à La Haye, j’ai eu la même impression d’habillage nouveau pour des réalisations anciennes de qualité.

La carte cyclable gratuite de la Haye m’a bien aidée à trouver les itinéraires, lesquels étaient indiqués par les panneaux aux caractères rouges habituels, ou par les Knooppunten, mais pas de façon spéciale.

A Zoetermeer j’ai compris que vélo rimait avec qualité de l’espace public. Pistes cyclables, verdure, école ouverte, aires de sports, aires de jeux, étendue d’eau, bancs et pelouses… le tout au pied d’immeubles les plus « sociaux » qui soient.

Le retour de Leiden à La Haye longeait la grand’route. C’est efficace, aucun doute, les floppées d’enfants et de jeunes rencontrés dessus en témoignent (photo du haut). Il faut cependant passer vite, car cela n'a rien d'agréable.

 

Enfin je me rendis à Utrecht, puisqu’il y avait une véloroute à y voir. Facile, un aller-et-retour et je décidais que j’en avais assez vu. En réalité je trouvais que je n’apprenais rien que je n’ai déjà appris lors de mon premier voyage, qui remonte pourtant à 20 ans. Je ne regrette pas pour autant la visite ...

La véloroute n° 7 me tendait les bras, et passait, par chance, par Houten. Dans Utrecht, des travaux barraient la route entre le point 38 et le point 41, aucune déviation n’était indiquée, je me trompais donc et me retrouvais sur une route énorme et interdite aux vélos.

 

chaucidou.jpgQuelques merveilles non prévues

J’eus cependant bien raison de rebrousser chemin. -- Car j’ai d’abord vu mon premier (de ce voyage) feu à détection de cycliste. Il approche, il est détecté, le feu de la route passe à l’orange et au rouge, et hop, le cycliste n’a eu qu’à légèrement ralentir et confirmer son intention par un poussoir. Sans s’arrêter, le voici déjà de l’autre côté.

-- J’ai revu la ville d’Houten, qui semble structurée par ses pistes cyclables, qui vont même jusqu’à se croiser à la gare au point qu’on en oublie l’existence de que l’on appelait l’automobile.

J’ai suivi la véloroute 7, puis la 9, en me perdant quelquefois. Les indications de points, celles de destinations, les panneaux de véloroutes, se complètent et ne suffisent encore pas : des panneaux manquent, d’autres sont mal placés, certains sont barbouillés ou retournés. Ce n’est pas la majorité, mais en la matière un seul suffit.

panneau Fietsstraat.jpgcontrole anti auto.jpgrue cycliste.jpgparallèle à autoroute.jpg-- Et j’ai vu des routes cyclistes et des routes à priorité cycliste (panneaux et 1 photo).

J’arrivais finalement à Bréda.

 

 

Une très dynamique vélo-voie rapide

C’est à Bréda que je trouvais enfin ma première véloroute rapide manifestement neuve, cohérente, convaincante.

-- Cette piste, large de 4,50 m, longe une rue de quartier, structure le quartier suivant, traverse la route par des feux à détection de cycliste (photos ci-dessous dans cet ordre), jouit ensuite d’une priorité renforcée à tous les carrefours, passe sous le chemin de fer et sous l’autoroute, longe enfin une grand’route, et arrive en un rien de temps à Etten-Leur.

 

continue.jpgpriorité.jpgfeu.jpg

 

 

 

Au final, je le précise : ce que j'ai vu aux Pays-Bas cette année encore n'a rien à voir avec aucun pays connu (*) …

Au-delà des questions de communication, on a affaire à des aménagements cohérents et intelligents, un maillage dense, des jalonnements directionnels abondants et complémentaires, uniformes sur l’ensemble du pays, adaptés à leur usage. Les éditeurs proposent d’excellentes cartes spécialisées (notamment Falk). Au-delà des faiblesses (humaines, après tout !) on peut mesurer qu’aucune réalisation n’est jamais finie, que des panneaux tombent pendant que de nouveaux dispositifs sont encore inventés, mais que la ténacité et l’attention aux réalités sont le secret de la réussite.

Zoetermer.jpg

 

-- -- -- -- --

Mais au fait ? C’est de tout cela que nous parlerons fin septembre au Havre ! Alors venez ! Nous parlerons de véloroutes -ou vélovoies- rapides, et peut-être d'autoroutes à vélos de grande capacité, mais aussi de ces nouveautés qui changent tout …

 

(*) Concernant le système de numérotation des points de référence, il est également utilisé en Flandres, avec le même succès et le même type de faiblesses. Seules les cartes sont moins bonnes, car elles ne donnent pas les autres pistes cyclables.

utrecht-bien.jpg

 

 

- Carte "en longueur" : de La Haye à Zoetermer

Sur mes cartes, j'ai dû surligner le tracé (supposé) des véloroutes rapides : elles ne sont signalées ni dans la documentation usuelle, ni sur le terrain.

- Carte "verticale" : sortie d'Utrecht vers le sud


Outre la question du vent (question non résolue !), il y a celle de la pluie : des abris ont été posés sur Breda - Eten-Leur. Je crois qu'une dernière question se fait épineuse, c'est celle de la présence autorisée des mobylettes et autres deux-roues à moteur sur les aménagements cyclables. Très nombreux, faisant un bruit qui vrille le cerveau, ils vont aussi vite que les autos et, naturellement, forcent le passage, y compris en claxonnant. Notez au passage que leurs pilotes et passagers ne portent pas de casque, pendant qu'en France on voudrait l'imposer aux cyclistes !!! Leur présence m'est apparue comme une nuisance majeure.

 

 

PS. Pour connaître la méthode, passez par ici

vous en finirez avec les bouchons ...

Commentaires

Que de choses intéressantes dans ce billet ... normal quand on parle du "paradis" des cyclistes :-)
Évidemment, on ne peut s'empêcher de comparer avec la France...
Pour moi, les aménagements cyclables tels qu'on les trouve aux Pays-Bas sont tout simplement les meilleurs/efficaces au monde. Ce n'est pas l'esthétisme ou je ne sais pas quoi qui le dit, mais bien les chiffres de la part modale du vélo. D'ailleurs, plus encore que la part modale, c'est que statistiquement tout le monde ou presque fait du vélo, à un moment de sa vie ou de sa journée. Ça cloue le bec à tout ceux qui disent que le vélo n'est réservé qu'à une infirme partie de la population !

Aucun autre pays au monde n'a réussi à faire aussi bien, alors pourquoi chercher midi à 14h ? Il suffit de copier ce qui se fait aux Pays-Bas, que diable ! Car ce qui conditionne la pratique du vélo, c'est avant tout l'infrastructure. Les gens savent faire du vélo et ont les moyens de s'en payer un, par contre ils ne peuvent pas "inventer" une rue aménagée.

Alors quelle infrastructure ? Celle des Pays-Bas je dis, qui met majoritairement les cyclistes hors du trafic, dès qu'il est un tant soi peu rapide/dense. Oui, je fais faire bondir bien des militants "historiques" du vélo en France mais c'est ainsi : la majorité des cyclistes ne veulent PAS rouler au milieu des motorisés. Les bandes cyclables n'attirent PAS, tout au plus ça contente les cyclistes confirmés. Autre exemples, les giratoires, les tournes-à-gauche, etc EFFRAIENT les cyclistes débutants. Ils veulent des feux et une priorité sur les flux motorisés. La solution du "partage de la voirie" doit être réservé à bien moins de cas qu'actuellement. Ça heurte sûrement l'esprit égalitariste à la française mais les faits sont têtus.

C'est un chantier immense pour mettre la France au niveau des Pays-Bas ... Je dis les Pays-Bas, car autant s'inspirer du 1er de la classe...
Une volonté politique balbutiante semble vouloir prendre davantage en compte les cyclistes. Mais concrètement les compétences en France sont médiocres. Il faut faire un énorme effort de formation, de "montée en compétence" comme on dit. Nous devons collectivement reconnaître que nous ne savons pas bien prendre en compte le vélo. Nos "standards" de construction des aménagements cyclables laissent à désirer.

Je vais prendre des exemples pas très heureux mais c'est pour l'analogie. Quand on a massivement "motorisé" la France, industrialisé l'agriculture, etc pendant les 30 Glorieuses, ça ne s'est pas fait tout seul, non ?
Je n'ai pas étudié la question en profondeur mais il a dû y avoir une organisation quasi "militaire" pour y parvenir en si peu de temps. Toute proportion gardée, le vélo en France a besoin de la même chose aujourd'hui, si on veut que la part modale ne stagne pas globalement à 5%, au mieux.

Alors quand est-ce que Etat, régions, départements, communes s'y mettent tous, de façon concertée et réfléchie ?

Écrit par : Colibri | mardi, 14 septembre 2010

Pour en revenir au contenu de votre billet, je retiens quelques points :

1. Le vent : en effet, certains ont beau jeu de dire que les Pays-Bas sont "faits pour le vélo", car "tout plats". Mais ils ne disent pas qu'il y souffle souvent assez fort, sans aucune protection du terrain justement. Et le vent tourne, alors que la côte, à l'aller, au moins a l'avantage de devenir obligatoirement une descente au retour...

2. La signalisation : j'ai un avis mitigé moi aussi. A plusieurs reprises je me suis déjà bien perdu dans une ville en voulant aller vers une destination précise. Mais d'un autre côté, il y a souvent plusieurs chemins différents pour atteindre un même point, au contraire de la France où il suffit de louper l'entrée d'une piste pour rester comme un imbécile...

3. Les "fietsstraat" et la ville de Houten : n'est-ce pas emblématique du retournement de paradigme ?!

4. Les 2RM : moi aussi, durant mes parcours aux Pays-Bas, je n'ai jamais été très à l'aise avec les 2RM. Mais à priori ça ne pose pas trop de problème aux locaux, ou bien est-ce limité qu'aux grandes agglomérations ? En campagne, je n'ai pas souvenir d'en avoir croisé ... alors que c'est sur ces parcours plus longs qu'on penserait en trouver davantage. D'ailleurs, si je ne me trompe pas, il existe 2 catégories de cyclomoteurs aux Pays-Bas (et en Belgique je crois aussi) : les "bromfiets" qui sont des scooters que l'on connaît (max 45 km/h) mais il y aussi les "snorfiets" qui ressemblent davantage à des solex (25 km/h max, pas de casque). Et seuls les snorfiets sont acceptés sur les pistes cyclables dès que le trafic de la chaussée principale est compatible avec les 45 km/h des bromfiets.

5. L'évolution, l'amélioration permanente du réseau : on se pince pour le croire, mais au lieu de se reposer sur leurs lauriers, les autorités néerlandaises continuent bel et bien à entreprendre pour améliorer le réseau cyclable ! En France, souvent on trace une piste (de qualité moyenne parfois...) et on l'oublie. Entretien quasi nul et 10 ans après, aucune modification ou prise en compte des usages qui ont pu évoluer.
Aux Pays-Bas, le foisonnement de projets (augmentation des stationnements vélos dans les gares, véloroutes rapides, etc) et initiatives ("Fiets filevrij", "Fiets en Win", "Heel Nederland Fietst", etc) qui laissent tout bonnement sur le c*l !

6. Les "véloroutes rapides" : voilà ce dont ont besoin toutes nos zones pavillonnaires en périphérie des villes, pas de rocades et d'autoroutes à voitures !

Concernant la "piste cyclable rapide" Breda - Etten-Leur, c'est marrant que vous en parliez car je venais justement de tomber sur une vidéo de l'itinéraire [1] [2]. Je conseille d'ailleurs de regarder les autres vidéos explicatives que l'utilisateur "markenlei" a posté sur Youtube, c'est très instructif.

[1] http://www.youtube.com/watch?v=ALV6h9vDa1M
[2] http://www.youtube.com/watch?v=Zgf8wSx7vxU

Écrit par : Colibri | mardi, 14 septembre 2010

Effectivement, tout cela est fort intéressant.
Concernant la France, selon ma propre expérience en région parisienne, la priorité serait à donner :
- à un maillage de pistes cyclables autour des écoles afin de réduire fortement l'usage de la voiture pour accompagner les enfants
- à faciliter la desserte des réseaux de transports en commun rapides (par exemple, je pense en priorité aux gares de RER, trains de banlieue et, dans une mesure moindre, aux métros)
- pour les grandes villes, à mettre en place un réseau de véloroutes rapides (j'aime bien aussi le terme "véloroutes express") pour faciliter l'accès aux centres nerveux des agglomérations depuis les banlieues résidentielles.

L'idée de ce dernier point est de proposer une infrastructure très efficace et plaisante pour développer l'usage du vélo. De tels équipements auraient également une forte valeur symbolique.
Pour les villes traversées par des canaux et des rivières, il faudrait une directive pour donner la priorité à de tels aménagements sur les rives, car ce sont presque toujours des points d'entrée privilégiés et naturellement optimisés pour l'usage du vélo.

J'ai remarqué cet été qu'il y a de plus en plus de d'aménagements destinés aux vacanciers sur les bords des canaux. Dans certains cas, il pourrait être intéressant de prolonger ces axes jusque dans les centres urbains et de les mailler au réseau de pistes cyclables.

Concernant les aménagements rapides néerlandais, on voit sur les deux cartes de l'article qu'ils font encore faire quelques zigzags aux cyclistes. Il suffit de comparer leur tracé avec celui des autoroutes présentes sur les cartes.
Cela signifie donc qu'il est possible de faire mieux ! Mais aurons-nous la volonté politique de le faire ?

Écrit par : Jean-Charles | mercredi, 15 septembre 2010

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