Isabelle et le vélo

Une visite à Bourges ravive le souvenir de Jacques Vicart, l’ingénieur TPE qui inventa les axes partagés (ainsi que les bandes dérasées). Ces tiretets avaient pour objectif d’ «attirer l’attention», de «rappeler» … que «sur ces axes» des cyclistes pouvaient se trouver. Ils le faisaient mieux que les «couloirs de courtoisie» parisiens, malgré tout, car ils peuvent faire illusion …  Ils étaient verts lors des premiers essais, notamment à Montpellier en 1990, car le vert – écolo – vélo allait être adopté par les villes pionnières.

La couleur est restée sans existence légale pour cet usage, et les marquages berruyers, bien que blancs, n’en ont pas plus. S’ils avaient été transformés en bandes cyclables nous aurions même eu ici et là un «chaucidou», innovation qui, bien placée, vaut le coup. Pourquoi avoir abandonné cette pratique qui a quelques avantages ? Sans doute par manque de réflexion.

Quelle ville paradoxale ! Ce tartinage n’a été accompagné d’aucun aménagement de carrefour, lesquels sont souvent à deux couloirs bien larges, empêchant tout tourne-à-gauche pour les cyclistes. 

Je ne sais pas si la question de l’utilité est souvent posée ; on dirait plutôt qu’on veut «affirmer», soit la présence de cyclistes, soit la volonté politique. Un double-sens luxueux dans une rue très secondaire (photo à droite) ne me donne pas tort.

La "piste" en bas, sinueuse, étroite, en bord d'eau, à la place des promeneurs à pied, le tout en bordure d'une rue résidentielle, non plus... (ci-dessous).

Les pistes trop étroites créées sur les trottoirs, avec des intersections pleines de Stop et une réintégration qui mène droit à l’accident grave renforcent cette impression.

Avenue de la gare : Inutile et dangereux dans la descente / utile et bien placée dans la montée. (ci-dessus)

Leçon n° 1 : Jamais aménagement cyclable tu n’inaugureras tant que son concepteur ne l’aura pas testé.

Quant à la  « rocade verte », elle est magnifique lorsqu’elle est sur une ancienne voie de chemin de fer (ou à travers une zone de loisirs). Elle ne peut servir qu’à se promener, aucune indication de direction n’y étant fournie, même pas l’accès au centre-ville, qui pourtant semble exister. Faire une rocade, c’est une bonne idée à condition qu’elle réponde aux besoins de son public. Lorsque cela se réduit à du marquage sur trottoir dans des rues de quartier, et des carrefours pire que tout, ça ne sert à rien. D’ailleurs on peut très bien se passer de rocade. 

 

Beaucoup d'autres lacunes
L’association Mon cher vélo se veut l’interlocuteur de la mairie. C’est dans ce cadre qu’elle m’a fait visiter la ville. Avant de les rencontrer, j’avais découvert les sens interdits dont est truffée la ville, et particulièrement celui qui m’a empêchée d’accéder à l’auberge de jeunesse, un autre m’empêchant de la quitter par la côte la plus faible. L’auberge est dans la rue de l’école de musique et de l’auditorium.

Quelques-uns des aménagements font d’ailleurs partie des gagnants du concours du pire des pistes cyclables lancé par le webmagazine Terra-eco. Ce concours permet, certes, de voir que les mauvaises conceptions sont bien réparties sur le pays… La 3ème photo fait aussi partie de la "rocade verte"...

• D’autres photos des aménagements sur le site de Olivier Richet.
• La même chose en mouvement : reportage France3 diffusé le 28 mars.

Une association constructive
Inutile de dire que l’utilité du vélo ne semble pas encore très bien perçue à Bourges. Son maire, qui fut le seul ministre à jamais avoir assisté en personne à une rencontre du Club des villes cyclables (club dont il est aujourd’hui un des vice-présidents !), ne se représente pas. Alors l’association reprend espoir, et lui propose même de laisser un bon souvenir. Il pourrait lui permettre d’ouvrir un atelier du vélo, le local est repéré, y’a plus qu’à organiser l’affaire !