mardi, 04 février 2014
Le vélo existe-t-il encore dans leur tête ?
A la veille d’élections municipales dont la campagne sent assez mauvais, le club des villes cyclables tente de mesurer les progrès accomplis dans ses villes ou agglomérations adhérentes. On ne note pas de recul dans son échantillon de grandes villes, mais il est difficile de parler de triomphe. Surtout que les chiffres de kilomètres d’aménagement ou d’euros dépensés ne garantissent ni qualité ni résultats.
On parle bien peu de vélo dans cette campagne électorale. Cette fois-ci c’est Jean-Marie Darmian, président du Club des villes cyclables, qui le signale. Version optimiste : il n'y a pas besoin d'en parler parce que c'est acquis, on continuera sur la même lancée. Version réaliste : c'est parce cette campagne sent mauvais, on n'y parle que de trois choses, la sécurité, le logement, l'emploi.
Le club des villes cyclables ne donne pas l'impression de se bercer d'illusions. En présentant les derniers résultats de l' «observatoire» du club, Bruno Monjaret, le directeur-général de MTI-conseil, note sur deux ans une augmentation «technique» des linéaires aménagés, des surfaces «apaisées», des arceaux de stationnement … dans les villes centres. Rien de folichon et cela ne veut pas dire que la qualité y soit, c'est juste des comptages envoyés par les services. Et puisqu'en plus ce n'est guère encore qu'en centre-ville, l'enjeu du prochain mandat sera donc le «territoire», autrement dit la périphérie, note J.M. Darmian.
Jean-Marie Darmian quitte bientôt la présidence du club, sur un échec, nous dit-il. Pourtant il est consensuel, chaleureux, clairvoyant, déterminé … Son échec, à ses yeux, c'est ne pas avoir réussi à mobiliser le gouvernement. Ce sont les communes qui font tout, martèle-t-il une fois de plus. Elles agissent, inventent et payent.
Heureusement il ne croit pas qu'on reviendra en arrière, une commune qui agit pour le vélo va forcément continuer, dit-il, parce que le vélo oblige à sortir des schémas techniques, le vélo c'est de l'humain, rien que de l'humain. C'est beau l'optimisme ... même si je ne le partage pas.
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Quelques résultats
Les résultats présentés ne portent que sur les grandes villes adhérentes au club, et visent à évaluer les évolutions entre 2011 et 2013. Seules 46 grandes villes ont répondu aux deux questionnaires, et, chez elles, les actions se poursuivent. D'une façon générale, d'ailleurs, plus la ville est grande plus les résultats, au moins en chiffres, sont bons.
Présence d'un chargé de mission vélo : on passe de 65 à 76 % des communes répondantes. (graphique à gauche)
Observatoire, comptages, évaluation, comité de suivi : 35 → 47%
Concertation : 46 → 59%
Subventions aux associations : environ une sur deux, surtout dans les grandes villes
Subventions à l’achat de vélo à assistance électrique : 40% des villes de plus de 250 000 habitants.
Plan de déplacement d'administration, vélos en libre-service, aides à l'achat de vélos assistés … fréquents.
Mise à disposition de vélos de service : les 3/4 le font ou vont le faire.
Instances de concertation
Outils de planification
Schéma directeur vélo : presque partout si plus de 100 000 habitants.
Chartes d'aménagements cyclables (document technique) : fréquent
Budget vélo identifié : 75 % des communes répondantes
Dépense moyenne : 5 € → 5,9 € par an et par habitant. {Il en faut ... plus du double ! (1)}
Réduction du nombre de files : partout.
Double sens cyclable sur grandes artères : ½
Sas : + 24%
Augmentation des tourne-à-droite, des zones apaisées etc.
Kilomètres aménagés : + 19%. Sur l’échantillon, la barre de un kilomètre aménagé pour 1000 habitants est franchie.
Sont en tête, dans l’ordre (et dans l'échantillon),
les agglomérations de Montbéliard, Strasbourg, Orléans, Lorient, Tours…
et pour les villes, Besançon en tête, suivie de La Roche-sur-Yon, Lorient, Perpignan, Metz, Versailles …
Le grand Lyon est dernière avec 0,59 km aménagé pour 1000 habitants, et pour les villes c’est Paris qui termine, avec 0,28 km pour 1000 habitants. (Pour leur défense, notez quand même qu'elles ont probablement moins de voirie par habitant.)
Stationnement : Prépondérance des arceaux sur l'espace public, mais 1/3 ont un stationnement gardé à la gare. Les vélo-stations sont tristounettes et devraient devenir de réelles maisons du vélo, avec services, conseils, locaux divers …
Vélos en libre-service : 1/2 collectivité de plus de 50 000 habitants (base : 21 communes ou groupements de communes ayant répondu).
Nombre de trajets réalisés à vélo par jour. On n'en a pas parlé !
Distances parcourues par cycliste et par jour. On n'en a pas parlé ! (2)
Résultats, quel que soit le mode d'appréciation : On n'en a pas parlé ...
Synthèse des résultats (pdf, 25 pages)
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Autres articles :
- Vélo : radiographie d’un retard français. Olivier Razemon.
- Les territoires cyclables attendent une politique nationale. Filière Sport.
- Politique vélo : les collectivités sur la bonne voie. Localtis.info
- Les municipales 2014 délaissent la question du vélo. Mobilicites.com
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Après un mandat 2008-2013 florissant, le vélo en ville peine à faire campagne. Le courrier des maires.
(1) Combien faudrait-il dépenser? Plus que les 5,9 € donnés ici ! Prévoir 12 à 22 € par an et par habitant.
(2) Comparer avec Amsterdam, ne serait-ce que pour percevoir les différences de motivation : Votez vélo en campagne électorale.
19:00 Publié dans Actualités, Aménagements & Technique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cvc, politique cyclable, statistique
Commentaires
Notre association, Pau à Vélo, va faire une lettre à tous les candidats pour qu'ils ne nous oublient pas !
Écrit par : Alain2pau | mardi, 04 février 2014
une avancée en Ile-de-France qu'il est intéressant de noter : 5,5 / millions d'euros viennent d'être votés pour aider les collectivités locales. C'est mieux que rien.
Écrit par : Damien | mardi, 04 février 2014
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