jeudi, 01 novembre 2012
De la voie rapide à l'avenue urbaine : des autoroutes à transformer
Que faire des voies rapides urbaines aménagées sans égard pour les villes traversées ?
La question fait débat à Paris et en Île-de-France, mais aussi à New York, Lyon, Montréal, Birmingham, Toronto, Angers, Reims ou Strasbourg... Elle s'impose comme un sujet majeur de l'urbanisme contemporain. La parution d’une «Note rapide» de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France est l’occasion de revisiter le sujet.
Cette note de 4 pages propose des exemples pris à Portland (Harbor Drive), New York (West Side Highway à Manhattan), San Francisco (Embarcadero Freeway et Central Freeway), Milwaukee (Park East Freeway), Séoul (Cheonggyecheon Expressway), et Boston (Central Artery, «Big Dig»).
Elle a été rédigée avant la parution de l’étude complète, par Paul Lecroart, urbaniste, et est le fruit d’un voyage d’étude de plusieurs mois. Elle montre jardins, piscines, plages ou promenades réalisées à la place ou à côté des anciennes voies rapides. Ou seulement apaisement et réappropriation par la vie.
Des nuisances inadmissibles
Elle montre d’abord que ces routes, express, nationales ou autoroutes, génèrent des nuisances inadmissibles, socialement pénalisantes, et qu'elles cloisonnent les territoires. Elles encouragent aussi des modes de vie automobiles qui engendrent, à leur tour, étalement urbain et congestion.
Dans tous les cas étudiés la transformation d'une voie rapide en avenue a eu un impact urbain, paysager et économique, très positif. À Séoul, par exemple, depuis la démolition de la voie express, les berges de la rivière Cheonggye sont devenues les «Champs-Elysées» de la ville.
La suppression des voies rapides n’engendre pas de dégradation des conditions de circulation au-delà des ajustements de départ.
Elle supprime seulement l’effet d’aubaine de la voie rapide, ce qui fait que le trafic diminue, même en comptant les reports sur les voies proches. Mais cette élasticité des comportements n’est en général pas intégrée dans les simulations de trafic.
Des bénéfices extraordinaires, sans création de nouveaux problèmes
Les déplacements motorisés «perdus» ne se retrouvent pas intégralement dans les transports en commun : au contraire, on constate «l’évaporation» du trafic, qui s’explique par la notion de «trafic induit» :
. En créant une nouvelle offre de voirie rapide on génère un trafic nouveau qui croît avec le temps, entraînant finalement une hausse des temps de parcours.
. Inversement, lorsque l’on réduit l’offre, il y a réduction du trafic.
Souvent conflictuels au départ, ces aménagents sont généralement plébiscités après. Le remplacement d’une autoroute par une voie publique bien connectée créé de la valeur. De nombreux exemples sont évoqués dans la note.
- Paul Lecroart, IAU, De la voie rapide à l'avenue urbaine : la possibilité d'une «autre» ville ? (en pdf)
A lire aussi dans Isabelle et le vélo :
- Les "coupures" dans le milieu urbain, un excellent ouvrage de Frédéric Héran dont je recommande fermement la lecture. ici, présentation du livre. Juin 2011.
- Les rond-points nantais expliqués à tous. Mars 2010. Comment faire passer plus de trafic dans moins d'espace tout en laissant vivre les riverains.
05:24 Publié dans Aménagements & Technique, Paris et Ile-de-France | Lien permanent | Commentaires (0)
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