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jeudi, 16 mai 2013

La Loire -à vélo- prend l’eau

Est d'Orléans01.JPGCe n’est pas parce qu’on aurait bientôt fini les travaux que tout va bien. Les pluies de cet hiver et de ce printemps ont pour conséquence que la Loire déborde de partout. La piste cyclable de La Loire à vélo disparaît sous les eaux.


On peut se plaindre de ne pas voir tous les jours le Danube lorsqu’on le longe à vélo ; c’est de moins en moins le cas pour la Loire, puisque l’itinéraire passe carrément dans l’eau. Enfin, s’en approche tellement que chaque année c’est la catastrophe (ou un désastre, comme vous voulez).

loire-à-vélo

Le Collectif cycliste 37 a recensé les points de débordement de son département et a écrit à toutes les mairies concernées. Il a bien fallu, puisqu’aucune information officielle ne semble avoir été diffusée. Ainsi, à l’office de tourisme de Saint-Dyé sur Loire, ce lundi, on me déclarait tout bonnement que tout avait été rouvert, alors même que je venais de photographier l’inondation dans la zone de Montlivault, qui se trouve collée à Saint-Dyé. L’an dernier déjà nous avions publié deux photos inquiétantes du même phénomène, en pire, datant de juin 2012.

Lundi 13 mai, secteur de Montlivault, est de Blois.
En haut du talus, la route.

L’association tourangelle a recensé, pour l'Indre-et-Loire, des débordements dans au moins 5 communes : Tours, Saint-Cyr, Saint-Pierre-des-Corps, La Ville-aux-Dames, Montlouis. D’autres ont été vus du côté de Blois, moi j’en ai vu près d’Orléans et à Montlivault.

Est d'Orléans01.JPGloire-à-vélo

Est d'Orléans, mardi 7 mai 2013

Aucune notification, aucun balisage d’itinéraire alternatif ne se trouvait à l’est d’Orléans mardi 7 mai.  Dimanche 12, du côté de Montlivault, un panneau «route barrée à 500 m» d’un côté, et, de l’autre côté, un panneau fait main indiquant un itinéraire de remplacement. 

route barrée.JPG

itinéraire bis.JPG

Secteur de Montlivault, lundi 13 mai

 

Arrivant par le côté «route barrée» je n’ai pu que rouler sur la RD 951, une route à deux voies assez étroites, fort chargée et rapide.


L’association donne un témoignage comparable :

«Nous avons des témoignages de personnes qui ont roulé dans l’eau en jouant la chance, d’autres ont marché dans la boue du talus, certains ont grimpé à pied (avec un vélo chargé) pour monter sur la digue. Nombreux sont ceux qui ont fait demi-tour, sur plusieurs kilomètres, pour prendre ensuite la route départementale à très forte circulation, faute de connaissance du secteur.

Nous soulignons l’importance de ces situations dangereuses, et par ailleurs le manque de confort pour un liné́aire mondialement connu des touristes à vélo».


Et d’enfoncer le clou :

«Il est fondamental de prévoir à l'avenir des itinéraires de déviation. Ne pas l'envisager, c'est condamner les usagers à se rabattre sur la solution la plus simple, c'est à dire la route départementale sur digue à fort trafic. Le danger nous parait trop important pour négliger ce problème.».


C’est exactement ce que j’ai vécu cette semaine.

 

La Loire-à-vélo finira peut-être par voir sa réputation à nouveau ternie (*), et sa saison raccourcie. En outre voici une belle occasion, manquée, de bien utiliser les fonds publics. Comment imaginer en effet que, dans ces conditions, la piste serve aussi à aller d’un village à l’autre ou en ville, de façon normale et utilitaire ?

Outre les dégradations probables à réparer, voilà que vous allez finir par être obligé de sécuriser vos routes. Ça vous fera les pieds. (**)

 

* A ce sombre tableau j’ajoute un méchant ragot. Il se dit de façon insistante, je l’ai entendu plusieurs fois, que de plus en plus de propriétaires de chambres d’hôtes ne jouaient plus le jeu, répondant «complet» aux demandes de chambre pour une seule nuit. Or le label «Loire à vélo» concerne par définition des cyclistes itinérants, c’est-à-dire changeant de lit chaque jour… Je peux aussi rapporter des expériences, personnelles cette fois, d’utilisation «élastique» du label par des hôteliers.

 

 

(*) Les premières années de la Loire à vélo, la promotion commerciale était très importante, mais la réalisation très loin d’être achevée. De nombreux tronçons étaient jalonnés à la va-comme-je-te-pousse en «provisoire» et emmenaient soit sur des routes inappropriées en termes de circulation, soit par des détours longs et terriblement pentus. Les gens perdus étaient nombreux.

(**) Voir à ce sujet ce que j'ai écrit concernant le pourquoi de certains aménagements en contre-bas d'une route ... qu'on s'évite ainsi de sécuriser. Par exemple à Amboise, à Chaumont ou à Cande. En passant, on prive les commerces locaux de visibilité, mais d'autres rumeurs sûrement malveillantes prétendent que la Loire-à-vélo ne s'intéresse qu'aux "hébergeurs". 

 

  • Article avec belles photos, dans La Nouvelle république, le 10 mai, où l'on peut voir ce qu'il advient de la jolie passerelle d'Amboise !!!
  • Sur la Loire à vélo, nombreux articles sur ce blog, à trouver grâce au tag « Loire à vélo ».
  • Le 23 mai la crue n'est pas terminée, info de la NR. On évacue les voitures. Même plus, la crue repart ... Contrairement aux années précédentes, les autorités sont désormais conscientes du problème, grâce au CC37. 

Commentaires

Cet article est bien vu et inquiétant... Car cette crue de mai était fort modeste compte tenu de ce que la Loire est capable de faire, on l’a vu dans le passé en 2003, 1907 ou 1856… La crue millénale de 1856 est d’ailleurs survenue au cours des 2 et 3 juin 1856, en pleine saison touristique d’aujourd’hui !
Il n’y a pas vraiment d’ «autorité organisatrice» de la Loire à vélo, comme cela existe pour d’autres réseaux de transport. Aussi la responsabilité des intervenants se dilue-t-elle un peu.
Une autre illustration de cet aspect : la traversée actuelle à vélo de la rivière Loiret s’effectue sur un pont étroit à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, sur la D951 (environ 9000 véhicules /jour). Dans le cadre de la "Loire à vélo", un projet de passerelle piétons/vélos sur le Loiret était prévu et budgété. Il semble qu’un désaccord sur son emplacement entre deux maires de communes riveraines ait fait capoter le projet. La Région Centre, le Conseil général du Loiret et l’Agglomération Orléans-Val de Loire devaient en financer chacun une part, tout est tombé à l’eau à cause de cela.

Écrit par : Christian Veillon | jeudi, 16 mai 2013

Merci Isabelle pour cet article intéressant. Je crois que tu devrais faire un autre article où tu décrirais tes péripéties en venant d'Orléans.
Certains ne sont pas du tout conscients des situations périlleuses qu'il faut affronter lors de ces inondations, surtout quand on est pressé d'aller au boulot.

Écrit par : Gérard Rollin | jeudi, 16 mai 2013

Nous avons roulé d'Orléans à Tours du 8 au 12 mai, avec un enfant. Je confirme qu'il n'y avait aucune indication concernant les inondations de la voie, nous avons pris des photos. A Blois et Chaumont, nous avons dû emprunter la départementale très circulante.

Écrit par : Claire G. | vendredi, 17 mai 2013

Pour en rajouter une couche… Non seulement il faudrait annoncer les berges inondées, mais également les risques de verglas!
Mon époux a manqué de peu la fracture du col du fémur l'hiver dernier, suite à une chute. Il avait voulu emprunter une voie sur berge à la suite du retrait de l'eau sans penser aux plaques de verglas! Ses vêtements ont été tout troués, mais lui ont protégé la peau.

Écrit par : C. Fourmond | mercredi, 22 mai 2013

Il me semble logique, lorsqu'on circule à vélo dans des lieux humides en bordure de fleuve, de s'attendre à du verglas en hiver (surtout en cas de vent) et à des zones inondées en cas de pluies abondantes. Pas besoin de panneaux d'avertissement non ?
Concernant les crues, je suis originaire du Vaucluse et le Rhône, malgré sa domestication, est encore capable de sortir de son lit : on fait donc attention avant de s'engager sur des voies sur berges.
En revanche, que des itinéraires "bis" n'aient pas été prévus pour contourner de la façon la plus cyclamicale possible les secteurs régulièrement impraticables me parait pour le moins "léger", tant pour les "locaux" que pour les randonneurs (chargés qui plus est) de passage, surtout sur cet itinéraire qui commence à acquérir une renommée internationale.

Écrit par : Jean-Jacques | mercredi, 22 mai 2013

La Loire à vélo n'a d'attraits que si elle longe au plus près le fleuve tranquille. S'il n'est pas tranquille et déborde, on ne batifole pas à pédaler dedans. Nous sommes en lit mineur, l'aurait-on oublié? Un cycliste qui a une certaine conception du progrès ne devrait jamais oublier certaines contingences de dame nature ... Point n'est besoin de pannonceaux pour nous dissuader de l'aventure ou du divertissement. Seule la raison devrait l'emporter, quand bien même ce fut le temps contrarié d'une péripétie de WE. Au moins, pour d'aucuns, ce souvenir sera ancré.

Écrit par : jihem | mercredi, 22 mai 2013

bonjour, je voulais faire un bout de Loire à vélo avec mes 2 pré-ados difficiles a bouger et me demandais si mai était le bon mois ou s il s'agit d une période particulièrement pluvieuse ? Merci de vos conseils.

Écrit par : Céline | dimanche, 09 février 2014

Je n'en ai aucune idée !!!! Et inondation ne veut pas dire pluie.
En principe mai est un joli mois, mais avec le changement climatique, dû à l'abus de l'auto, il n'y a plus de saison. Après l'épisode de l'an dernier, les informations du site de la Loire à vélo (lien dans ma signature) sur les inondations semblent avoir été améliorées ... car les fermetures de voie sont plus gênantes que la pluie.
En résumé, je ne suis pas madame Soleil, mais flattée qu'on puisse le croire.

Écrit par : Isabelle | lundi, 10 février 2014

Les commentaires sont fermés.

 
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