lundi, 28 juin 2010
Le casque : encore ?
Le casque ET le gilet, et même en ville … voici ce qu’ont encore inventé certains de nos députés !
(dessin envoyé par Colibri. Source : http://www.bakfiets-en-meer.nl/wp-content/uploads/2010/06/volvo-helmet.jpg)
Avec une mise à jour édifiante du 6 juillet en bas de note et une autre, dramatique, le 16 juillet.
-- Un projet de loi tendant à rendre obligatoires casque et gilet a été déposé le 9 juin 2010 à l’Assemblée nationale. Un article L. 431-2 serait ajouté au Code de la route afin d'obliger tout conducteur ou passager d’un cycle qui circule sur la voie publique à porter un casque et un gilet de haute visibilité. Une amende serait fixée par décret en cas de non-respect de cette obligation.
Christophe Raverdy, président de la FUBicy, explique, heureusement, que « ce n'est qu'une proposition » mais « qui vaut déclaration de guerre ». Il ajoute : « mais comme ce n'est pas de la compétence législative mais de celle du gouvernement cela n'aboutira pas. Par contre cela signifie que la DSCR peut à n'importe quel moment décider des mesures radicales contre le vélo urbain. »
En effet, la dernière fois ce n'était qu'en décembre.
-- La liste des signataires peut vous intéresser, il y en a pour tous !
Yves ALBARELLO, Edwige ANTIER, Martine AURILLAC
Patrick BALKANY, Patrick BEAUDOUIN, Jean-Claude BEAULIEU, Jacques Alain BÉNISTI, Roland BLUM, Jean-Claude BOUCHET, Loïc BOUVARD, Valérie BOYER, Françoise BRANGET, Bernard BROCHAND
Dominique CAILLAUD, François CALVET, Joëlle CECCALDI-RAYNAUD, Jean-François CHOSSY, Dino CINIERI, Éric CIOTTI
Marie-Christine DALLOZ, Patrice DEBRAY, Jean-Pierre DECOOL, Jean-Pierre DOOR, David DOUILLET, Jean-Pierre DUPONT
Sauveur GANDOLFI-SCHEIT, Guy GEOFFROY, Bernard GÉRARD, Charles-Ange GINESY, Claude GOASGUEN, Jean-Claude GUIBAL, Christophe GUILLOTEAU
Michel HAVARD, Michel HERBILLON, Jacqueline IRLES, Denis JACQUAT
Jacques LAMBLIN, Marguerite LAMOUR, Guy LEFRAND, Michel LEJEUNE, Dominique LE MÈNER, Geneviève LEVY, Gabrielle LOUIS-CARABIN
Guy MALHERBE, Thierry MARIANI, Patrice MARTIN-LALANDE, Alain MOYNE-BRESSAND, Marie-Anne MONTCHAMP, Pierre MOREL-A-L’HUISSIER, Jean-Marie MORISSET, Étienne MOURRUT, Jacques MYARD, Jean-Marc NESME, Jean-Pierre NICOLAS
Josette PONS, Michel RAISON, Jacques REMILLER, Jean ROATTA, Jean-Marc ROUBAUD
François SCELLIER, Georges SIFFREDI, Jean-Charles TAUGOURDEAU, Isabelle VASSEUR, Jean-Sébastien VIALATTE, Philippe VITEL et André WOJCIECHOWSKI.
-- L'exposé des motifs est bien aussi :
"Le cyclisme est l’un des sports les plus anciens et populaires en France. Toutefois, l’usage de la bicyclette comme moyen de déplacement a connu une phase de décroissance importante entre 1950 et 1980. (Quel rapport, que signifie ce "toutefois" ?). C’est la raison pour laquelle, jusqu’au début des années 2000, la France a accusé un certain retard en la matière notamment par rapport aux pays nordiques."
"Cependant, l’augmentation du coût d’utilisation des véhicules motorisés combinée à une congestion de plus en plus importante des centres villes ont conduit à une diffusion progressive de l’usage de la bicyclette comme moyen de déplacement régulier. Associant les atouts d’un mode de transport écologiquement responsable à des bénéfices indéniables en matière de santé publique, le vélo a fait l’objet de politiques publiques pro-actives dans le but d’encourager son développement. L’apparition des services urbains de « vélo-partage » a accéléré cette tendance. Ainsi, selon une étude réalisée pour Atout France en 2009, il y aurait en France près de 25 millions d’usagers occasionnels et 10 millions d’usagers réguliers de la bicyclette.
Pour autant, même si la France a tout intérêt à voir se développer ce mode de transport, la sécurité ne doit pas être oubliée. En effet, sur la route, le cycliste est tout particulièrement vulnérable. D’ailleurs, entre 2007 et 2008, le nombre de cyclistes victimes d’accidents a continué à augmenter pour atteindre 159 morts et près de 5 000 blessés alors que, dans le même temps, toutes les autres catégories enregistraient une réduction de ces chiffres.
Les efforts en matière de prévention ont sans aucun doute été grandement utiles pour donner aux cyclistes occasionnels une réelle conscience de l’importance du respect des règles du code de la route pour assurer leur propre sécurité. Mais le danger vient surtout des autres usagers de la route puisque, dans plus de 70 % des cas, lorsqu’un cycliste est impliqué dans un accident, sa responsabilité n’est pas en cause.
C’est la raison pour laquelle cette proposition de loi est nécessaire (ah ? on continue à passer du coq à l'âne ! ). Elle a pour objet de rendre obligatoire le port du casque et du gilet phosphorescent pour tous les cyclistes qui circulent sur la voie publique.
L’objectif est donc double : Il s’agit, d’une part, de limiter les blessures à la tête en cas d’accident et, d’autre part, de prévenir les risques d’accidents en insistant sur la visibilité des cyclistes.
En ce qui concerne la question de l’efficacité propre du casque, une étude qui lève une multitude de doutes vient d’être publiée par l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS). Les résultats sont sans appel : avoir un casque au moment de l’accident est associé à une division par plus de trois du risque de blessures à la tête. De plus, que le cycliste ait heurté ou non un véhicule motorisé, ou que l’accident ait eu lieu en milieu urbain ou rural, le port du casque permet de réduire de 71 % le risque de blessures sérieuses à la tête. Il est essentiel de souligner que ces chiffres sont probablement sous-évalués dans la mesure où ne sont comptabilisées que les personnes ayant été hospitalisées. Or, nombreux sont les cyclistes qui échappent aux statistiques dans la mesure où le casque les a protégés des blessures nécessitant des soins médicaux.
Par ailleurs, la crainte unanimement partagée par tous les défenseurs du vélo de voir sa pratique décroitre sous l’effet désincitatif et contraignant du port du casque n’est aujourd’hui plus fondée. Les efforts réalisés par les concepteurs de casques pour les rendre plus esthétiques et légers réduisent grandement les inconvénients de leur port. (merci le lobby des marchands de casques !)
Enfin, il ne faut pas oublier que l’un des principes fondamentaux de notre République est la solidarité nationale. Aussi, dès lors qu’une personne a une conduite irresponsable et dangereuse pour elle-même, elle fait peser le poids de son inconséquence sur la collectivité toute entière en cas d’accident nécessitant une prise en charge médicale.
En outre, même s’il est important de limiter au maximum les conséquences médicales des accidents, la prévention doit demeurer un pivot de l’action en matière de sécurité routière. Ainsi, alors qu’une étude publiée en 2007 indique que le risque d’accidents avec blessures est divisé par quatre chez les cyclistes qui portent toujours des couleurs fluorescentes, aujourd’hui, le gilet fluorescent et réfléchissant n’est obligatoire pour les cyclistes que la nuit et hors agglomération. Or, le risque étant présent partout et à tout instant, il apparaît essentiel d’étendre cette obligation à tous les cyclistes circulant de jour comme de nuit, en agglomération et hors agglomération.
(en bleu et italiques : c'est moi qui souligne ou commente)
-- Le vrai motif se trouve sur le site de ce médecin, maire d'une commune corse : C'est suite au décès tragique l'an dernier d'un jeune âgé de 15 ans et membre du Vélo Club de Biguglia que le député avait fait la promesse aux parents de la victime de ne pas rester inactif sur cette question. Les commentaires qu'il a reçus sont de ton modéré, et de contenu très clair ....
-- Nous apprenons enfin, grâce à Guillaume Prébois (Mon tour en France : le drame d'Adrien Lippini. Le Monde, 16 juillet 2010) que l'accident s'est produit sur la voie rapide entre Biguglia et Bastia, "Un tronçon sans alternative pour les cyclistes". Le maire n'aurait-il pas dû proposer une loi (qui existe déjà...) obligeant à réaliser un itinéraire pour les cyclistes à chaque fois que l'on créé ou que l'on réaménage une voie ?
-- C’est Gilles Boivert, de l’agence Ecomobilité de Chambéry, qui a levé le lapin le premier. Merci à Michèle Dambrine, de Saint-Avold, à Denis Moreau, de Rue de l’Avenir, et à Xavier Cadeau, du blog Weelz.fr, d’avoir fait suivre.
11:16 Publié dans Actualités, Réglementation | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : casque
Commentaires
Bonjour Isabelle et merci de m'avoir cité en fin de ton article.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient réagir directement auprès de l'intéressé, en l'occurrence M. Sauveur Gandolfi-Scheit, qui a fait cette proposition de loi, je vous invite à le faire directement sur sa page de contact.
Écrit par : Xavier | lundi, 28 juin 2010
Le dessin d'humour est excellent et mériterait d'être adressé à ces signataires, en en citant la source.
Je me permets de profiter de l'occasion pour citer un article récent (daté du 12 juin) que j'ai publié sur mon blog, relatant, à propos de casque, une déconvenue vécue suite à l'édition 2010 du "P'tit Tour à vélo" dans la Nièvre.
Beaucoup de ces signataires me sont inconnus mais, pour ceux que je connais, ça ne m'étonne pas trop. J'y retrouve des maires qui ne font pas grand chose, sinon plutôt "oublient le vélo" dans leur politique d'aménagement et de déplacements urbains.
Sur le terrain de la sécurité et de l'éducation routière, il me semble que beaucoup de formateurs et d' "encadrants" sont et travaillent aujourd'hui dans cette optique (ils imaginent qu'ils devancent juste la loi).
Écrit par : Nicolas Pressicaud | jeudi, 01 juillet 2010
Voiture & co (http://www.voitureandco.com), l’organisation que je représente au CNSR (Conseil National de Sécurité Routière), s’est prononcée contre l’obligation pour les cyclistes de porter casques et gilets réfléchissants en ville. Cette mesure pose en effet deux problèmes.
L’un, matériel, est qu’il serait difficile de contraindre les utilisateurs de vélos en libre service d’avoir un casque et un gilet avec eux.
L’autre, philosophique, est que c’est la puissance des véhicules motorisés qui tue les cyclistes, et non le vélo ou sa pratique. Pour que les différents moyens de se déplacer puissent cohabiter, ce n’est pas en contraignant le plus faible qu'on obtiendra des résultats. Sinon, pourquoi ne pas demander qu’il porte une armure et un gyrophare ? Je me suis foulé le poignet en jouant de la guitare. Vais-je demander qu'on interdise ces dernières, parce qu'elles peuvent être dangereuses ?
Écrit par : Ludovic Bu | mardi, 27 juillet 2010
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