Isabelle et le vélo

Les détracteurs des premières rencontres nationales du vélo ne pourront pas nier qu’elles auront été à l’origine d’une décision majeure pour l’évolution de la pratique du vélo dans les années à venir.

En effet, le Coordonnateur interministériel pour le développement du vélo, Dominique Lebrun, a su, très habilement, proposer l’inscription des REV à l’ordre du jour des réunions hebdomadaires du Comité Interministériel pour des Liaisons Ferroviaires Rapides (CILFR), qui va d’ailleurs bientôt être re-baptisé CILFRREV.

Fervent défenseur du développement du Réseau Express Vélo (REV) français, Dominique Lebrun a plaidé devant cette instance pour un projet qui paraît, après-coup, évident : le couplage des Lignes à Grande Vitesse (LGV) et d’une partie du REV. Ce qui était moins évident, c'est que ce soit accepté, évidemment. Alors bravo.

Un beau succès pour monsieur vélo
Il a été décidé que ce projet comprendrait deux types de travaux :

- Pour toute nouvelle ligne LGV, réalisation simultanée d’une route express vélo dans la même emprise sauf dérogation et sous le même financement ;
-  Pour les LGV existantes, réalisation d’une route express vélo aux abords de la ligne, aux frais de RFF, qui peut refacturer des éléments d'accompagnement (bancs, abris, pompes) aux communes. Délai théorique de réalisation : août 2021.

Notons que cela était déjà demandé par le Conseil économique, social et environenemental (CESE, avis du 28 février), sur proposition de Philippe Goujon. La DATAR est chargée d'assurer un contrôle annuel de l'avancement du projet.

Le premier test est engagé
Lors de sa séance du 25 mars le CILFRREV a validé ces deux principes d’aménagement, sous réserve du succès de plusieurs tests à réaliser lors des chantiers de LGV en cours ou programmés, et sur la base des projets LGV identifiés par le Grenelle Environnement. Le protocole d’accord donne la priorité aux sections relativement courtes, jusqu’à 108 km (4 heures à vélo), comptés, pour des raisons propres au corps des Ponts et chaussées, à partir du pied de l’horloge de la gare principale de chacune des agglomérations concernées.

Réseau Ferré de France (RFF) propose plusieurs secteurs tests, le premier étant Tours-Bordeaux puisqu’il est en phase de préparation.

<- Arrivée du REV en gare de Tours.
Son élargissement sera réalisé à temps pour l'inauguration. (Photo CC37)

 

-> Les emprises de la LGV sont généralement assez larges pour l'installation d'un réseau express vélo confortable.
(Photo RFF-Bordeaux) 

Création d'une mission nationale aux REV
D’autre part, sur proposition de Christian Maudet, Chef de mission RFF à Bordeaux, Hans Kremers vient d’être nommé Chef de projet pour l’ensemble de ces aménagements en France. Doté de grandes compétences (il fut notamment le "K" de BKM, un bureau d'études réputé, puis Chef de Projet du SCoT du Grand Pau), importateur de la notion en France, co-inventeur du nom, il devrait être vraiment l'homme de la situation.

A Bordeaux on piaffe
Clément Rossignol, vice-président de la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB), chargé des mobilités alternatives aux TC, s'est engagé à ce que la Communauté urbaine mette tout en œuvre pour assurer la qualité de ce REV sur son territoire, entre Ambarès-et-Lagrave et la Gare de Bordeaux St-Jean (16,5 km). Enchanté, il pense que, grâce à cette initiative, la CUB s’envolera vers les sommets (landais?) et regardera de haut toutes les stations-vélo du sud-ouest.

<- En cas d'emprise RFF insuffisante, le REV pourra bénéficier d'une voie de certaines chaussées très larges. Ici, travaux du REV en sortie de Bordeaux. (Photo CILFRREV)

A Strasbourg l'herbe ne pousse plus
Geneviève Laferrère, présidente de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), admet que l’initiative de Dominique Lebrun lui coupe un peu l’herbe sous les pieds, puisque la FUB concoctait un autre projet de REV, entre Lyon et Strasbourg.  (L’AF3V en préparerait secrètement un autre, entre Bruxelles et Paris, via Senlis, pour desservir son nouveau siège).
Mais elle reconnaît bien volontiers le fort intérêt du projet retenu par le CILFRREV, tout en mettant en garde la SNCF contre sa probable tentation d'interdire les vélos dans les TGV sous prétexte qu'il y a des REV le long de chaque ligne à grande vitesse ! Parce que 100 km, c’est 5 minutes en train et une demi-journée à vélo, quand-même !

Mais à Melun on est très fier
Hubert Peigné, quant à lui, salue avec élégance ce premier et magnifique succès de son successeur, qui fait preuve, comment dire, d'encore plus de sens du coup médiatique que lui ?

 

Dominique Lebrun fait le modeste : Le train de ce que certains appellent des « autoroutes à vélo » vient tout juste de partir dans d’autres pays européens. Notre projet permettra donc de monter en marche. Je m’en réjouis particulièrement, car pour une fois on ne pourra pas dire que la SNCF est en retard… 

• Centre national du REV français, CILFRREV, 6 rue du Bel-Orme, 33 800 Bordeaux cedex. (Mettre l'adresse de l’expéditeur sur l'enveloppe).
  
• Carte des projets de LGV-REV
• Schéma national des transports : "Peut mieux faire" selon le CESE

 

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