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vendredi, 23 janvier 2015

L’ indemnité kilométrique vélo est efficace, déclarent S. Royal et A. Vidalies

Des résultats incontestables sans être spectaculaires. Toutes choses égales par ailleurs l'indemnité vélo incite au changement. Pour faire encore mieux il faudra aménager le réseau et se pourvoir en stationnements. Et, dans l'immédiat, espérer que le Sénat adopte la création de l'IKV. 


Les résultats de l'expérimentation de l'indemnité vélo viennent d'être rendus publics par la ministre du développement durable et le secrétaire d'État chargé des Transports, aujourd'hui vers 18 h 30 (1). Le principal enseignement est une hausse de 50 % de la part du vélo pour les déplacements domicile-travail dans les entreprises qui ont participé. L’absence de stationnement a été évoquée comme un des obstacles probable à un plus grand succès.

Les distances parcourues du domicile au travail sont restées assez faibles, mais supérieures à la moyenne nationale : 5 km environ pour les cobayes contre 3,4 km (2). Pour que les déplacements plus longs soient concernés, il faudra forcément améliorer le réseau routier.
 

 

Une pratique nouvelle qui prend place progressivement.

La fréquence d'utilisation, par contre, semble plus faible que pour les habitués, 11 fois par mois pour ces nouveaux cyclistes contre 16 à 18 fois par mois pour les cyclistes réguliers avant indemnité. Mais 1/3 de ces nouveaux cyclistes a également augmenté sa pratique du vélo en dehors du travail. En fait il suffit de s'y remettre, et la fréquence d'utilisation suit, l'habitude finit par jouer son rôle.

Finalement la proportion des déplacements effectués à vélo dans les entreprises concernées est donc passée de 2 % à 3,6 %, mais l'expérimentation s'est déroulée avant l'hiver. Rapporté à l’année cela donnerait environ 3 %, nous dit le communiqué.

 

Transports publics et vélo se partagent les mêmes utilisateurs

Environ 54% de ces nouveaux cyclistes était utilisateur de transport collectif. 19% était passager d'une auto, et 5 % seulement étaient des chauffeurs. Dans les régions où il y a beaucoup de transports collectifs, l'IKV a eu plus de succès qu'ailleurs. Par exemple, cela a doublé à Paris (toujours pour les entreprises participantes) et augmenté de seulement 5% dans le reste de la région.

L'automobile reste toujours le premier choix pour ceux qui y sont habitués. Passer du bus au vélo est assez facile, alléger la charge des transports en commun est donc possible. On peut ajouter qu'il y a deux systèmes : l'automobile d'une part et le multi-modal d'autre part, avec le vélo, le bus, le taxi etc. Alors pour diminuer l'emprise de l'automobile, il ne faut pas rêver, ni y aller par quatre chemins ... Quant aux dispositions favorables au vélo, aucune ne suffit par elle-même.

 

Le Sénat va-t-il suivre Mme Royal ? 

L’expérimentation de l’indemnité kilométrique vélo était l’une des 25 mesures du Plan d’action « mobilités actives » présenté en mars 2014. Elle figure dans le projet de loi sur la transition énergétique et la croissance verte, adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, et qui sera examiné en séance plénière par le Sénat à partir du 10 février.

Ces bons résultats, rendus opportunément publics ce soir après la fermeture des bureaux, devraient aider les sénateurs à ne pas la retoquer. Ségolène Royal, qui avait déclaré attendre les résultats pour se prononcer, devrait désormais être rassurée. Mais des amendements de suppression de l'IKV (définie par l'article 13bis) ont déjà été déposés mercredi dernier, notamment par M. Husson, précise la présidente de la FUB... A partir de ce soir la partie pourrait changer de visage. Et de Loi de financement de la sécurité sociale (3) on passerait à Loi sur la transition énergétique. L'essentiel est qu'enfin le Parlement considère avec sérieux le vélo.

Rappelons surtout qu'il ne s'agit que d'aligner la règle sur celle qui s'applique à l'usage des véhicules motorisés.

 

(1) L'expérimentation s’est déroulée du 1er juin au 1er novembre et a porté sur 18 entreprises volontaires soit plus de 8 000 salariés. Elle était organisée par l'ADEME

(2) Distance domicile-travail mesurée dans l'enquête nationale Transports déplacements de 2008. 

(3) Voir 3 amendements rejetés à l’Assemblée nationaleoctobre 2012.


Compléments: 

  • L'Ademe souligne le fort effet incitatif de l'indemnité kilométrique pour les vélos, dans Actu-environnement.
  • L'historique de l'expérimentation IKV est ici.
  • L'historique de son adoption ici.
  • L'article d'Olivier Razemon. En voici la dernière phrase : "Pour développer le vélo, la première mesure à prendre consiste (...) à modérer la vitesse de la circulation."

 

Commentaires

Une hausse de 50 %, cela a l'air impressionnant, beaucoup plus que de dire que l'on passera de 2 à 3 %... Enfin, c'est un bon début mais il faudra aller plus loin et sans doute impliquer davantage les entreprises dans le développement des transports actifs.

Écrit par : Jean-Charles | vendredi, 23 janvier 2015

L'étude n'a porté que sur les mois de Juin à Novembre 2014, pas les plus défavorables en termes de météo... Il serait intéressant de comprendre pourquoi le report depuis l'automobile ne se fait pas (ou trop peu) en particulier au vu des déclarations d'intention des conducteurs. Est-ce par addiction au moteur ou paresse des autosolistes, ou bien parce que leurs trajets sont difficilement cyclables (routes dangereuses, absence d'aménagements, très forte déclivité, distance trop longue)?
Le calcul de l'indemnité devrait être déplafonné et basé non seulement sur le coût d'amortissement et d'entretien du vélo et sur le bénéfice pour la santé, mais aussi sur la réduction des nuisances et coûts induits par les transports motorisés (pollution, bruit, accidents, soit 8000 €/an pour une seule automobile).
Pour inciter les automobilistes qui résistent, il faudrait que l'indemnité kilométrique vélo soit très largement supérieure à celle qu'ils perçoivent pour leurs kilomètres faits en auto. On est loin du compte. Si l'on intègre tous les critères de bénéfice en santé et écologie dans les calculs il est parfaitement justifié que le vélo bénéficie de plus d'exonérations de charges sociales et fiscales que les modes motorisés.

Écrit par : Pierre F. | lundi, 26 janvier 2015

Les commentaires sont fermés.

 
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