mardi, 14 février 2012
Cyc'lab, 2ème
La manifestation a un peu changé la forme de son nom, et son exposition, place Pey-Berland, était moins tournée vers l'extérieur qu’il y a deux ans, mais favorisait davantage la visibilité de l'inventivité bordelaise. La journée s’était alors terminée sur un dialogue entre deux as, Starck et Juppé.
Cette année, le 10 février 2012, Juppé, maire et ministre, a passé une partie de l’après-midi à dialoguer avec les représentants de Munich et Bristol, villes jumelées avec Bordeaux, et à compléter, avec gentillesse, la traduction de l’interprète.
Trois villes étaient invitées, parmi les meilleures : Bristol se déclare la première ville cyclable du Royaume Uni, Munich fait des grands progrès par rapport à ses "collègues" allemands, et la ville de 's-Hertogenbosch a été élue LA vélovile 2011 des Pays-Bas !
-- -Avec des précisions HISTORIQUES sur la création du vélo moderne ...
Le Pibal, une anguille qui file entre les gouttes ?
Mais la vedette de la journée, ce fut … « le vélo de Starck ». 60 000 messages twitter étaient recensés, nous a-t-on dit, avant midi ! La notoriété ne passe plus seulement par les journaux !
Dessiné, donc, par notre homme, "bé-né-vo-le-ment" nous a-t-on répété à l’envie, il sera fabriqué par Peugeot (qui y attrapera un regain de notoriété), il s’appellera Pibal (mot régional pour jeune anguille) et sera vendu à qui voudra. A la Ville de Bordeaux, déjà, qui en achètera 3000 pour compléter son parc de vélos en location. Il coûtera (aux acheteurs en gros) moins de 300 €.
Un vélo plutôt lourdaud d'aspect, le cadre devenant une plateforme, du presque déjà vu, ou pas loin (*). L’argument est que, en zone piétonne, il se transforme en trotinette, ou même qu’on puisse facilement en descendre pour le pousser, puis l’inverse. Je trouve qu’il ressemble plutôt une trotinette pour adulte, avec une selle et des pédales (**). Il y a aussi une histoire de balancement latéral dont je n'ai pas compris le principe. Avec ça, 3 vitesses dans un moyeu, un frein dans l’autre, léger, certes, sûrement, par son cadre en aluminium. Mais sera-t-il adapté aux distances bordelaises, ou sera-t-il cantonné dans l'hyper-centre ?
Les 300 répondants au questionnaire de la mairie avaient souhaité un vélo léger et maniable, qui cohabite bien avec autos, piétons et bus, qui ait un antivol intégré et un éclairage sans pile et sans dynamo… Protection contre la pluie, clignotants, roues increvables, rechargeur pour MP3, accroche rapide pour cartable, rétroviseur, porte i-phone etc. ... Les Bordelais demandaient plein d’astuces, dont la plupart, à vrai dire, existent déjà et ne demandent qu’à être assemblées sur un même vélo.
Se faire voler, ou tenter le voleur ?
Une des grandes séances a concerné le vol des vélos. Isabelle et le vélo venait justement de faire le point, grâce à Hans Kremers (en photo ci-dessous) ! On y a appris, notamment, que si les assurances contre le vol sont chères c’est parce qu’il n’y a pas assez de clients pour répartir le risque. Didier Huré, du CNPC, révèle qu’en France 150 000 vélos sont retrouvés chaque année, mais que seuls 3 000 retrouvent leur propriétaire. 9 fois sur 10 le vélo a été volé parce que l’antivol était défaillant ou le vélo mal attaché.
Faire, ou convaincre ?
Autre grand débat, que faut-il faire ? De l’infrastructure et du stationnement ou de la communication et des services divers ? Animé par Hans Kremers (photo), le débat nous a permis d'apprendre que :
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Munich dépense 75% pour de l’infra, 25 pour la comm’.
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Bristol 60% d’infra et 40% de comm’ car il faut redonner au vélo une place dans les esprits.
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Aux Pays-Bas c’est 65% d'infrastructure car on ne peut pas vendre un mauvais produit. (Le représentant de Den Bosch, meilleure ville cycliste du pays en 2011, a même indiqué que dans sa ville le lourd représente plus de 90 %)
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A Grenoble, selon Nicolas Mercat, la comm’ pour le vélo représente 0,5% du buget de la ville alors que l’industrie automobile dépense 4% du sien en publicité.
Résultats :
- Bristol est passée de 2% de part modale en 1994 à environ 6% aujourd’hui.
- Munich est passée de 10% en 2002 à 17% aujourd’hui. Elle a une équipe de 11 personnes pour le vélo, et a fait des actions de comm’ mémorables (voir ici) ayant pour objet la fierté d’être cycliste et Munichois, ou le sentiment d’appartenance à « Munich capitale du vélo ».
De ceci Juppé a retenu qu’il fallait rendre visibles les itinéraires en les signalant, qu’il fallait mettre de l’argent, et qu’il fallait agir sur le long terme : continuer dans la même voie, en somme.
Pourtant Michel Duchène concluera plus tard en disant qu’on ne pouvait pas tout demander aux élus et techniciens, qu’il faudrait aussi que les habitants aient la volonté de changer de vie. Il a aussi répété, comme à Paris, que la SNCF n’aimait pas les cyclistes.
Cultures urbaines, nouvelles pratiques, créativité bordelaise
Bordeaux se veut aussi capitale culturelle, ou des « cultures urbaines ». Elle est en quelque sorte la capitale du Bike polo, pratiqué dans le cadre du projet Darwin, rive droite, lequel se veut laboratoire des nouvelles pratiques de mobilité… vélo, skate, fixies, y sont autoproduits et croisent art, recyclage et esthétique. La ville est aussi championne du BMX, pratiqué aux Aubiers, un quartier pas marrant.
Entre l’esthéticienne à domicile et son triporteur, les imperméables élégants (mais que je trouve peu pratiques), l'illustrateur du livre "Les petites reines de Bordeaux" (qui sublime la ville), les étudiants des écoles de design, ceux de l'IUT des Sciences et technologies, l’inventeur du Popin’s (un support pour parapluie), ou les caméramen à vélo (interdit par le code de la route !), nous avons eu une petite revue de ce que compte Bordeaux comme créativité autour du vélo. Car cette journée avait ceci de particulier qu'elle était organisée par une très grande ville sur des thèmes d'intérêt général et que la municipalité ne cherchait aucunement à convaincre de sa politique (ce qui est rare !) mais à mettre en valeur ses citoyens.
Rêvons
Le plan vélo national a été présenté, et n’a pas fait de vagues. Il était temps, s’il est vrai que seules la Grèce et le Portugal, en Europe, n’ont pas encore de plan vélo national ! Geneviève Laferrère (FUB) a répété que le plus important était qu’on ait enfin parlé du vélo, ce que la presse a en effet beaucoup fait après les rencontres nationales du vélo (liste ici).
Ça ne suffit pas, et on demande décidemment au gouvernement de bien vouloir communiquer. Le vélo est encore une fois totalement absent de la campagne des Présidentielles, alors même qu’il est un évident remède à la crise, pour reprendre le titre du premier exposé, de J.-L. Saladin.
Mon petit doigt me dit cependant qu’on devrait voir se construire des REV, tant ce mot, inventé récemment, a été repris tout au long de la journée, tant le concept paraît une solution nécessaire et évidente.
Bordeaux au centre
Inventeur du Club des Villes cyclables ; capitale de la Gironde, premier département à avoir eu un réseau de pistes cyclables ; située à 100 km à peine de Notre-Dame des cyclistes …. C’est même ici que le vélo fut inventé
- Ecoutons Henri Bosc, figure nationale du cyclotourisme :
Bordeaux est bien la capitale du vélo dans le domaine de la créativité puisqu'il y a une continuité historique avec les innovations qui nous ont été présentées (en particulier le Pibal, vélo bordelais dessiné par Philippe Starck).
En effet il y a cent ans, décédait à Bordeaux le créateur de la véritable bicyclette moderne (en 1884 ou 1885, succédant au Grand Bi), Georges Juzan, constructeur-mécanicien de vélos, né à Bordeaux-Caudéran le 27 juillet 1849, décédé à Bordeaux le 21 juin 1912 (ainsi que je viens de le découvrir aux archives municipales). Son atelier se trouvait au 6 de la rue du Bel Orme, numéro et bâtiment ayant disparu depuis. Une plaque y avait pourtant été scellée en 1949 pour célébrer le centenaire de sa naissance.
Le Pibal a donc été présenté à Bordeaux cent ans après
le dècès de l'inventeur bordelais de la première bicyclette
de forme moderne
(à roues d'égal diamètre)
(*) trouvé grâce à Actuvélo
(**) Trotinettes pour adultes : réinventée en France dans les années 90 par François Bogrand (Le cycle, juillet 92) ou commercialisées (trotineo ou Trotinettes.com), avec petites roues, mais j'en ai aussi vu avec des grandes. Voir aussi Scoobike (ici) qui ressemble pas mal au prototype présenté à Bordeaux, ou les draisiennes, tout simplement (autres articles).
Première revue de presse
- Philippe Starck et les Bordelais conçoivent un vélo inédit pour la ville avec Peugeot. People-inside.
- Philippe Starck conçoit un vélo pour Bordeaux. Le Parisien.
- Un vélo-trottinette urbain signé Starck pour Bordeaux. Maison à part. Avec des liens vers des articles sur des projets urbains de Bordeaux.
- Un vélo inédit pour la ville de Bordeaux. Auto-plus
- Bordeaux a présenté le "Pibal", son vélo urbain du futur. Sud-ouest. (le plus complet, avec même une vidéo de la présentation).
- Peugeot et Starck: un vélo pour Bordeaux. Caradisiac.com (voir les commentaires)
- Bordeaux : des vols de vélos à la chaîne. Sud-ouest
- Bordeaux, Peugeot et Starck conçoivent un nouveau vélo. Les échos
- Pour la 2e édition du Cyc'lab, le vélo est revisité par Stark et les bordelais. Aqui! Bonnes explications sur le vélo
! Michel Duchène, adjoint au maire chargé de la cité numérique, de la prospective et de la stratégie urbaine, de la circulation et du stationnement, a annoncé le thème de la prochaine édition, dans deux ans. Ce sera l'emploi.
01:10 Publié dans Congrès, journées d'étude | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cyclab', histoire, politique cyclable, juppé
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