Lancement du groupe de travail « Transports » pour la sobriété énergétique

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Après ceux sur les entreprises, le logement et les collectivités locales, en juillet, le sport fin août, voici ce matin le lancement du groupe de travail Transports dans le cadre du Plan Sobriété énergétique annoncé en juin par le Gouvernement. L’objectif est de baisser partout la consommation d’énergie, pour qu’elle soit de -40% en 2050, soit dans … 28 ans. 

Etaient présents les sociétés concessionnaires d’autoroutes, les grands ports maritimes, Voies Navigables de France (VNF), les opérateurs de transports collectifs et ferroviaires comme l’union des transports publics, la SNCF, la RATP, la Société du Grand Paris, Keolis et Transdev. Il y avait aussi l’Union des aéroports français, les Aéroports de Paris, Air France et Transport et Environnement, une ONG experte du secteur, ainsi que RTE.
Ni les Fédérations d’usagers ni les associations d’élus n’ayant de pensée, elles n’étaient pas invitées, ni les fabriques de pensée très spécialisées comme le Shift project, Rue de l’Avenir ou le Forum Vies Mobiles, ni bien sûr la Fub et le Club des Villes et Territoires Cyclables et Marchables, qui n’étaient même pas au courant. Ces dernières il est vrai sont en apparence des exemples de sobriété depuis l’origine. Mais pas le pays ! 

Participants au groupe de travail « transports » du 6 septembre 2022

  • Agnès PANNIER-RUNACHER, Ministre de la Transition énergétique
  • ­Clément BEAUNE, Ministre délégué chargé des Transports
  • ­Olivier DAVID, Direction générale de l’énergie et du Climat (DGEC)
  • ­Damien CAZÉ, Direction générale de l’aviation civile (DGAC)
  • ­Anne-Florie CORON, Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM)
  • Thomas VEYRENC, Réseau de transport d’électricité (RTE)
  • Augustin de ROMANET, Aéroports de Paris (ADP)
  • Benjamin SMITH, Air France – KLM
  • Blaise BRIGAUD, Air France – KLM
  • Thomas BIGUEURE, NGE Concessions (représente Alicorne)
  • Guillaume HERENT, APRR – AREA
  • Olivier QUOY, Atlandes
  • Thierry REPENTIN, Société Française du Tunnel Routier du Fréjus (SFTRF)
  • Jean-Frédéric LAURENT, Grand port maritime de Bordeaux
  • Maurice GEORGES, Grand port maritime de Dunkerque
  • Jean-Pierre CHALUS, Grand port maritime de la Guadeloupe
  • Philippe LEMOINE, Grand port maritime de Guyane
  • Eric LEGRIGEOIS, Grand port maritime de la Réunion
  • Michel PUYRAZAT, Grand port maritime de La Rochelle
  • Hervé MARTEL, Grand port maritime de Marseille
  • Jean-Rémy VILLAGEOIS, Grand port maritime de la Martinique
  • Olivier TRÉTOUT, Grand port maritime de Nantes
  • Christophe BERTHELIN, HAROPA Port
  • Marie-Claude DUPUIS, RATP
  • Marie-Ange DEBON, KEOLIS
  • Rainier d’HAUSSONVILLE, SANEF
  • Mikaël LEMARCHAND, SNCF
  • Jean-François MONTEILS, Société du Grand Paris (SGP)
  • Edouard HENAUT, Transdev
  • Lucien MATHIEU, Transport & Environnement
  • Nicolas PAULISSEN, Union des aéroports français & Francophones associés (UAF & FA)
  • Florence SAUTEJEAU, Union des transports publics et ferroviaires (UTP)
  • Pierre COPPEY, Vinci Autoroutes
  • Thierry GUIMBAUD, Voies navigables de France (VNF)

Plusieurs pistes ont été évoquées, qui toutes relèvent des « améliorations » et dont une partie sont déjà engagées :

Pour les transports terrestres il est proposé la baisse de la température dans les bureaux, de l’éclairage dans les gares, des publicités lumineuses -déjà interdites en cas de menaces sur la sécurité d’approvisionnement en électricité[1. Art 31 de la loi portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat.]-, et la mise en place de minuteries. A cela s’ajoutera l’optimisation des déplacements professionnels, le renouvellement des flottes, la récupération de l’énergie du freinage, une meilleure gestion des consommations en atelier. 

Pour les ports on envisage une réduction de la consommation des conteneurs réfrigérés, la réduction des vitesses sur les canaux, et la baisse de la consommation des écluses. Et pour l’aérien, diverses mesures pour limiter la consommation des aérogares, et optimiser les moteurs. 

Le garage à vélos des visiteurs des ministres

Faire des petits efforts pour éviter le pire, telle est la philosophie affichée

Pour Elisabeth Borne ce plan, « construit dans une logique volontariste et non coercitive », doit permettre d’éviter la prise de mesures plus contraignantes. C’est une logique d’adaptation et non de transformation. Bien sûr, la sobriété choisie plutôt que les coupures subies, comme l’a dit Agnès Pannier-Runacher, est préférable, mais cela suffira-t-il ? Bien sûr que non, puisqu’il faut changer de système, comme nous le montre le livre Où est le sens ?[1. Sébastien Bohler, Où est le sens ? Les découvertes sur notre cerveau qui changent l’avenir de notre civilisation. Pocket, 2021].

  • Dans le Sport le groupe de travail avait proposé « une action visant à favoriser le co-voiturage et sensibiliser à la pratique du vélo pour les déplacements de moins de 5 km » et tendre vers la gratuité des transports en commun les jours de matchs.
  • Pour les Jeux-Olympiques on a parlé de mobilité propre pour la flotte olympique, ainsi que de transports en commun et mobilité douce pour les spectateurs. Ce sont de belles paroles, quand on sait qu’aucun aménagement cyclable ne sera finalement réalisé, malgré les annonces (un peu molles), pour desservir les pôles sportifs. Or cela aurait été le plus visible et le plus pérenne.
  • Pour les collectivités territoriales on a parlé LED, modulation de l’éclairage, chauffage, mais pas localisation des hôpitaux, écoles, tribunaux et commerces.

Préférer la marche et le vélo à tout autre mode, et aider les citoyens à le faire, signifie d’abord réduire les distances et adapter les voies. Réduire les émissions se traduit par limiter très fortement l’usage de l’avion, ne pas courir après la vitesse des trains … et ne pas continuer à développer le réseau routier !  L’action sur les transports doit être une action sur la mobilité, sur les services publics, sur les commerces, sur les loisirs … bien plus que sur des compagnies industrielles qui n’ont pas à s’interroger sur leur utilité sociale. Il ne faut pas penser mode par mode, mais bien en système et inter-modalité[1. L’AREC –département Énergie-climat de L’Institut Paris-région– écrit : « la sobriété (…) est un mode de pensée, un mode de faire et un mode de vivre innovant, intelligent, social et juste, pour peu qu’on s’y intéresse vraiment ». Suit une série d’exemples de ce que l’Etat devrait faire.] .

« Nous pouvons tous avoir un bilan « zéro carbone » dans notre usage de la mobilité d’ici 2050. Mais il n’y a pas un seul bouton sur lequel appuyer pour y parvenir. (…) », [assurait pourtant Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, aux Universités d’été de l’économie de demain, le 30 août 2022.]
« Il ne s’agit pas uniquement de faire « un peu moins » ou « un peu différemment ». Il faut vraiment aller plus loin dans cette démarche de sobriété. » 
Essentiel Santé-Mobilité, 6 septembre 22.

On ne peut pas demander aux compagnies de transport de se réduire elle-mêmes, ou aux sociétés d’autoroutes de fermer volontairement leurs guichets. En revanche les organismes de piétons et de cyclistes ont des idées sur la façon de vous faire revenir au vélo, à la marche et au train… 

© Region Pays de la Loire / A. Monie – Les beaux matins

Les discussions vont se poursuivre, toujours pour adoucir la note tout en continuant comme avant à vivre comme si le monde était un libre-service sans limite, et toujours sans les usagers, dont certains sont pourtant de redoutables experts. A ce compte nous n’aurons sûrement pas baissé les consommations de 40%[1. et moins 10% maintenant, sans date ni moyens d’évaluation, ce qui est normal puisqu’il s’agit d’actions « volontaristes ».] dans 28 ans[1. 2050 est la date définie par l’Europe pour la « neutralité carbone ».], elles pourraient bien même avoir chuté d’elles-même. Ce n’est pas le mieux qui puisse nous arriver. 


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Dambrine Michèle
1 année

Lecture triste dès le matin…
Ici à Saint-Avold, dans ma petite ville de Moselle déjà récompensée en 2011 par le Clou Rouillé FUB (lorsque la FUB selectionnait chaque année un ou une destinataire digne de son Clou Rouillé-pour le ou la plus mauvaise en matière de politique cyclable, et un ou une destinataire digne de son Guidon d’Or-pour le ou la meilleur), je pensais que la classification dans la catégorie « petite ville mosellane » expliquait ce retard énorme de notre politique cyclable, comme d’ailleurs de nombreux autres sujets liées au mode de vie.
Malheureusement même au sommet de l’Etat les décisions restent « d’un autre âge », prises sans aucune anticipation ni clairvoyance pour les années à venir.
Nos responsables politique sont-ils si incompétents, ou tellement cyniques, pour nous faire croire qu’ils agissent pour notre Bien ?
Merci Isabelle.

marmotte27
1 année

Les dernières élections étaient celles de la dernière chance, le point de non retour étant atteint d’ici 6 ans et probablement, au vu des événements climatiques actuels, bien plus tôt.
Cette chance ne fut pas saisie. Ces péripéties actuelles de la politique pour jouer au con et berner le public seraient risibles si l’état d’esprit qu’elles révèlent n’était pas aussi destructeur.

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