Le livre La guerre des métaux rares, de Guillaume Pitron, nous entraîne aux fins fonds de notre planète, là où se trament dans la promiscuité et les pollutions effroyables le renversement des puissances. Une guerre totale d’un nouveau genre, une guerre dans laquelle nous sommes déjà.
Merci de n’imprimer que si besoin. Faites un petit geste pour la planète… Et si le numérique n’avait aucun des avantages écologiques dont on le pare ? Le Shift project l’a déjà montré et je m’en étais fait l’écho sous l’angle de la consommation et des effets induits1 Le Shift project vient de publier le 3ème volet de son travail sur le numérique. Il vise à proposer des cadres opérationnels pour mettre en place la sobriété numérique, dans les stratégies et politiques publiques, dans l’entreprise, dans les systèmes d’usages du domaine privé. Vous pouvez regarder la vidéo de la conférence de présentation du rapport ainsi que les supports de présentation utilisés.. D’autres, nombreux, alertent sur la perte de mémoire, la baisse de l’intelligence, la perte de l’orthographe et de la lecture longue, l’envahissement par les réseaux sociaux, le culte de l’immédiateté, etc. Les cyclistes, ces soit-disant écologistes, sont aussi concernés que les autres. GPS, vidéos sous la tente, lecture sur tablette et musique sous le casque sont connus. Les marchands nous rajoutent tous les jours des fonctions électroniques contre le vol, contre les accidents, pour prévenir à la maison, pour dire qu’on va tourner, etc…
Le livre que je viens de lire, La guerre des métaux rares, explique comment les industries « vertes » ou de « transition écologique » dépendent toutes, et totalement, non plus du charbon ou du pétrole, mais des minerais du 21 ème siècle, les « métaux rares ». Le sous-titre, « La face cachée de la transition énergétique et numérique » vous a déjà tout dit. Passer au « tout renouvelable » est certainement possible, comme le montre une étude dévoilée par Actu-environnement (100 % d’énergies renouvelables, c’est techniquement faisable (en théorie) :
Tendre vers un mix électrique majoritairement renouvelable est techniquement réalisable, estime une étude de RTE et de l’AIE. Cependant, de nombreux leviers devront être actionnés pour assurer la sécurité d’approvisionnement. Actu-Environnement, 27 janvier 2021.
mais comment, et à ce prix le faut-il vraiment ?
Cet ouvrage est le fruit de 6 ans d’enquête dans le monde entier. Partout on promet la fin des pollutions et des pénuries. Le résultat c’est la fin -toute relative- de la pollution chez nous, et bâillon par la Chine. Ce livre a reçu de nombreux prix. Il est en format de poche, vendu moins de 10 euros, et il vaut de l’or.
Nous nous sommes fait rouler par la Chine, et c’est bien de notre faute
Sous ce titre de moi, voici un résumé très résumé de ce que le livre de G. Pitron raconte :
-1- La France, comme l’Occident en général, ne voit que le court terme et l’argent à court terme lui aussi.
-2- La France, ou une partie influente de son opinion, refuse les industries polluantes. On ferme donc usines polluantes et mines.
-3- Les industriels et le gouvernement ne jurent que par « le moins cher », et vivent sur l’idée de notre supériorité intellectuelle. On s’aperçoit que la Chine nous a largement rattrapés, et que quelque fois nous lui avons même facilité la tache.
-4- La Chine veut réapparaître sur la scène mondiale, veut prouver qu’un régime autoritaire est efficace, et veut remonter le niveau de vie de sa population.
-5- Elle bloque les ventes de métaux rares, elle les réserve parfois à son marché intérieur, puis augmente sa surface en rachetant des mines dans le monde entier.
-6- Pendant ce temps l’Occident ne parle que de transition écologique, d’absence de rejets dans l’atmosphère, de décarbonisation et patati et patata. Les métaux rares sont absolument partout dans les fameuses nouvelles technologies vertes, communicantes, numériques, électroniques … comme dans celles dont on n’a même pas besoin.
Les ONG écologistes font preuve d’une certaine incohérence, puisqu’elles dénoncent les effets du nouveau monde plus durable qu’elles ont elle-mêmes appelé de leurs voeux.
p. 252-253
-7- Je résume encore : Nous n’avons plus d’usines et plus de mines. Nous dépendons totalement de l’Empire chinois et de son bon vouloir pour les métaux du 21 ème siècle, comme pour d’autres secteurs dont ne parle pas le livre (habillement, meubles … J’ai vu à Paris des meubles en bois … coupé en Chine, une râpe à fromage façon moulinex fabriquée en Chine et vendue au monoprix, et chez Uniclo les T-shirts cumulent. Ils sont fabriqués en Chine et contiennent de l’argent pour tuer les odeurs.)
-8- On fait quoi ? Montebourg voulait réindustrialiser. Hollande aussi. Le pire c’est que la France est un « géant minier en sommeil ». Montebourg voulait créer une Compagnie des Mines de France. Macron l’a enterrée, mais a lancé un programme pour … rendre les mines plus écologiques, et subit pour cela des oppositions violentes.
Faut-il revenir à un monde où les biens coûtent leur vrai prix, et où la machine n’est là qu’en appoint?
Selon l’auteur « la réouverture des mines françaises serait la meilleure décision écologique qui soit. » (p. 254). « D’abord, nous prendrions immédiatement conscience, effarés, de ce qu’il en coûte réellement de nous proclamer modernes et écolos et enclencherions sans doute un cycle vertueux sur les métaux. »
La mine responsable chez nous vaudra toujours mieux que la mine irresponsable ailleurs.
Le projet, entonné en choeur par tous les avocats de la transition énergétique et numérique, de réduire l’impact de l’homme sur les écosystèmes, a en réalité conduit à accroître notre mainmise sur la biodiversité.
p. 266
Jusqu’à ce jour toute raréfaction d’une source d’énergie a provoqué l’utilisation d’une autre encore plus puissante. Au lieu de nous interroger sur nos modes de vie, c’est la course folle en avant.
Quel est le sens de ce saut technologique que nous embrassons comme un seul homme?
p. 270
La guerre des métaux rares
Guillaume Pitron
Préface par Hubert Védrine
éd. Les Liens qui Libèrent
8,90 euros
Poche, juillet 2020. Première édition octobre 2019
Extraits chez les livres Google
Vous ne me croyez pas ?
Pénurie de vélos? A cause de la demande qui explose, pensez-vous. Souvenez-vous que la Chine a réussi à détenir une position dominante sur la production de cadres…
En réponse à la pénurie mondiale de vélos il est devenu difficile de trouver des vélos. Le phénomène est le même un peu partout dans le monde. La production, principalement chinoise, peine à suivre la demande. Il est devenu quasi impossible de trouver des VTT en dessous de 1 000 €. Et il n’y en aura pas avant l’été prochain »
Le Télégramme de Brest, 5 janvier 2021
Petite revue de la presse récente
Le 12 janvier, 3 articles et deux communiqués :
L’automobile en pleine mutation numérique. Le Monde, 12 janvier 2021. « Baidu, le Google chinois, a annoncé une collaboration identique avec Geely, le constructeur automobile le plus dynamique de Chine, propriétaire de Volvo. » Plusieurs grands constructeurs « ont dû réduire la production de leurs véhicules faute de puces. »
Kirghistan : Sadyr Japarov, le nouveau président, promet de soustraire le pays à l’endettement chinois et nie vouloir céder les ressources en fer. Le Monde, 12 janvier 2021. « Or une licence d’exploitatin pour le gisement a été allouée en 2009 à une société chinoise » « x a dû confirmer, le 17 décembre, que l’Etat kirghiz avait « gagné dans toutes les instances » et que « le gisement est depuis 2016 propriété d’Etat », avec des réserves estimées à « 3 milliards de tonnes ». Le nouveau président a convaincu les électeurs « qu’il était l’homme providentiel face au géant chinois. »
Modifier nos modes de consommation et de production implique un changement d’échelle. Le Monde, 12 janvier 2021. « Pour que l’on obtienne le meilleur accord possible en Chine fin 2021 » à propos des financements liées de près ou de loin à la sauvegarde de la planète.
Le 12 janvier on apprend que la nouvelle Réglementation Environnementale 2020 allait exclure le gaz, y compris issu de méthanisation, des bâtiments neufs pour raison de décarbonation. En avant !!!
Et le même jour, Europe Ecologie les Verts faisait savoir qu’elle était opposée à la prolongation de la concession minière en Guyane. « Les conséquences restent préjudiciables sur le plan écologique et peu profitables à l’économie locale. » Ils évoquent les déboisements mettant en péril de nombreuses espèces, et ajoutent : « C’est aussi l’usage de 45 000 tonnes de cyanure, 55 000 de tonnes d’explosifs, 195 millions de litres de fuel et un déplacement de 54 millions de terre pour 1,6 gramme d’or par tonne, et une gigantesque crevasse de la taille du stade de France au beau milieu de la forêt amazonienne. », tout ça par courriel, bien entendu.
Le 13 janvier, rebelotte : La Chine, bulldozer de l’économie mondiale. Le Monde. Le géant asiatique pourrait connaître en 2021 une croissance d’environ 8% après avoir évité la récession en 2020. Dans les toutes prochaines années il devrait passer du statut de pays émergent à celui de pays développé.
Lisez La guerre des métaux rares, par Guillaume Pitron.
- Lisez aussi Numérique responsable, un hors-série de KAiZEN.
- Ce livre a inspiré le documentaire La face cachée des énergies vertes, diffusé par Arte. « Technologies vertes mais polluantes, recyclage impossible… : cette vaste enquête menée à travers le monde révèle les effets pervers des solutions propres pour parvenir à la transition énergétique. » Pour montrer les effets pervers de la révolution verte, cette enquête ambitieuse … En misant sur les trompeuses énergies vertes … Le film est disponible à la boutique d’Arte. Voir aussi une présentation centrée sur la voiture électrique que vous voudrez bien transposer aux deux-roues à assistance électrique.
Note
Voici le chapitre qui manque à ce livre (omission volontaire?) : Malgré la Guerre en Ukraine, le nucléaire français reste très dépendant de la Russie #Nucléaire #Énergie #Électricité @OuestFrance