Le vélo est, comme toujours, la meilleure des solutions

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Une nouvelle étude du Shift project le montre pour la Vallée aval de la Seine, tous les calculs mènent au rôle important que doit jouer le vélo.
La deuxième partie de l’étude sera présentée ce soir.

Le Shift project, qui est un repaire d’ingénieurs, cherche à décrypter les vraies causes, et surtout les vraies solutions, au réchauffement climatique, à la production de gaz à effet de serre, à la pollution de l’air. 

Les chiffres, on peut leur faire dire ce qu’on veut, parait-il, mais ils ont au moins une vertu : ils s’imposent, ils sont sans affects. Et là, que voit-on d’étude en étude ? C’est que le remède le plus efficace, et de loin, à la crise climatique, c’est le passage au vélo. 

Cette fois-ci, après les « zones de moyenne densité », c’est la Vallée de la Seine qui est expertisée.  

D’abord un rappel, le premier producteur de CO2 en France, c’est le transport, il produit 1/3 du gaz à effet de serre, et ne baisse pas. Or nous sommes censés atteindre la neutralité carbone en 2050 … à coup de SUV … 
Le présent rapport prend pour échelle une période plus facile à imaginer. Il propose – 40% en 2030, soit une période compatible avec les mandats politiques.

Climat: cinq ans après la COP21, où en est l’accord de Paris?
Les Vingt-Sept sont quant à eux parvenus à se mettre d’accord vendredi sur une baisse des émissions d’«au moins 55 %» d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre 40 % actuellement. (…)
Si la mise à l’arrêt forcée des activités économiques a provoqué une baisse des émissions de l’ordre de 7 % cette année, ce ralentissement n’a pas empêché l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, qui a atteint un nouveau record en 2019. (…)
La France ne fait pas exception: elle a dépassé de 2,7 % le plafond d’émissions nettes de GES qu’elle s’était fixée pour 2019, selon l’observatoire Climat-Énergie. 

Le Figaro, 11 décembre 2020

En vallée de la Seine, le transport est à 45% de la mobilité locale, locale étant entendu comme jusqu’à 20 km par trajet.

5 alternatives à l’auto-solisme ont été étudiées, secteur géographique par secteur géographique de la vallée aval de la Seine, en excluant Paris et sa petite couronne. 

Pour remplacer une tonne de ferraille en plastique transportant 75 kg, messieurs-dames, le plus efficace, ce n’est ni le télétravail, ni la livraison des achats, ni le transport en commun en site propre (train, bus), nommé ici TPE – pour transport public express – ni même le covoiturage… c’est le vélo.

Le vélo est le plus efficace car ses émissions, fabrication et transport compris, sont de 25 à 35% moindres au km parcouru que l’auto seule. Et pourtant, par réalisme, dans le mot « vélo » le Shift met vélo, vae et même speed bike (qui pourtant relève de la réglementation des motocyclettes).
En dépense publique il lui faut 40 à 130 € par an et par habitant, et en économie pour les citoyens il représente 300 à 400 € par ménage de cyclistes. 

Le vélo relève donc d’un « choix stratégique » nous dit le Shift, par rapport aux combustibles, notamment. C’est le seul véhicule qui fonctionnera encore en cas de crise pétrolière ou de panne géante d’électricité.

Le covoiturage et le télétravail ont pour eux de demander peu d’investissement public. Il faudrait par contre de de fortes incitations, par exemple réglementaires, mais leur résultat sur les émissions est bien inférieur, de 8 à 16% pour le premier et de seulement 8% pour le second, notamment à cause de ce qu’on appelle les « effets rebond », c’est à dire induits. 

Les transports en commun express ne font gagner que 6% d’émissions, pour de très forts investissements. Et les livraisons, alors ? Pour les auteurs, pour que l’économie en co2 soit sensible, il faudrait que toutes les grande-surfaces soient converties en entrepôts. Peu crédible, balayent-ils. 

A vrai dire télé-travail et livraison généralisée sont déjà en phase de test. Et on en voit les limites. Cela ne fait que renforcer la place qu’il convient de donner au vélo.

Mais attention, pour que le vélo devienne vraiment le mode central de mobilité quotidienne, il va lui falloir des incitations fortes, alertent les auteurs. Justement, il y en a eu, des incitations, c’est la pandémie, et le reflux des transports en commun. Cela ne suffira pas, le beau temps n’est plus là, le vélo a retrouvé son niveau antérieur (Actu.fr, 11 déc)[1. L’association Vélo&territoires indique à la mi-décembre que, sur les axes équipés de compteurs, « depuis le reconfinement, le nombre de passages de vélos est en moyenne 9 % inférieur à celui observé à la même période en 2019 avec de grosses différences entre la fréquentation en semaine (-13 %) et le week-end (+6 %) ». Ces chiffres sont à nuancer, nous y reviendrons.].

Le rapport ne parle pas des camions sur les routes, ni de leur puissance en terme d’influence, ni du système qui favorise par tous les bouts l’automobile. Cela a été remarqué lors de la présentation de la première partie. 

Le piège du pétrole

Le Shift project rappelle que le pétrole est un piège. Nous en sommes fortement dépendants, au moins pour les déplacements, mais pas seulement … et ce alors que son approvisionnement est de plus en plus incertain, sans même parler de son prix, ni de l’aspect géopolitique. L‘équipe rappelle que l’auto a été à la base de l’une des crises de ces derniers mois, celle dite « des gilets jaunes », provoquée par la baisse de même pas 10% de la vitesse autorisée sur route, et la tentative d’imposer une taxe carbone. 

Des méthodes pour des visions réalistes

Le club de réflexion se situe dans la perspective des prochaines élections régionales, probablement en mars prochain, pour des Régions ayant désormais l’autorité sur l’organisation de la mobilité (évolution due à la Loi d’Orientation des Mobilités). 

Personne au Shift ne prend comme hypothèse que « tout le monde ira à vélo » ou que « tout peut se faire à vélo ». Au contraire, ils sont prudents dans leurs choix d’hypothèses et voient parfaitement qu’il faut jouer sur tous les tableaux. Par réalisme d’ailleurs, quand ils parlent de vélo ils y mettent les VAE, et même les speed bike. Les deux tirent le bilan énergétique vers le bas, mais crédibilisent les résultats du point de vue concret. 

Lors de la présentation au grand public de la partie francilienne, deux maires sont intervenus.
Jean-Michel Morer, maire du Trilport, en face de Meaux, en Seine-et-Marne, a expliqué que laisser faire des lotissements est simple, vouloir densifier autour de la gare et faire un écoquartier infiniment plus complexe, cela demande 15 ans, en particulier à cause des règles d’urbanisme. Notre société est complexe, or il y a urgence, dit-il, et donc urgence de simplifier les règles d’urbanisme.
Mélanie Cosmier, maire de Souvigné-sur-Sarthe, village de 600 habitants à 5 km de Sablé-sur-Sarthe, par la route d’Angers, faisait partie de la Convention citoyenne pour le climat. Elle remarque de grandes similitudes entre les deux démarches; elle voudrait qu’on transforme les incitations en obligations et insiste sur la nécessité de penser tout en même temps. Son meilleur exemple est que la gare n’est qu’à 5 km, mais qu’on ne peut pas y aller à vélo. Les voies vertes c’est très bien pour le loisir, mais cela n’aide en rien à aller à la gare, insiste-t-elle. La Convention citoyenne demande une multiplication par 4 du budget du Plan vélo, comme avait fait la Fub. 

Conclusion

Nous nous trouvons au moment inconfortable de la bascule… les changements ont commencé, mais c’est encore embryonnaire, a conclu Matthieu Auzanneau, le directeur du Shift project. 
De mon côté ma conclusion c’est que ces travaux illustrent la méthode que le gouvernement (et tout dirigeant) devrait adopter : Avoir une liste de critères, incluant, et mettant dans l’ordre, climat, économie, sanitaire etc. Dresser un tableau de + et de – pour chaque hypothèse de décision. Aller marcher en forêt 2 ou 3 heures. La décision s’impose et elle répond aux priorités.  

Compléments

1- Les tableaux donnés dans cet article concernent tous la Normandie, arbitrairement. Le même travail a été effectué pour le Calvados, la Normandie, l’agglomération du Havre, l’agglomération de Rouen et la grande couronne francilienne. Les résultats sont consultables sur le site du Shift project.

2- La partie francilienne de l’étude a été présentée au public le 10 décembre, la séance est visible sur la page facebook.
La partie normande sera présentée ce soir le 15 décembre de 17 h 30 à 19 h 30. Vous pourrez la suivre en direct sur la même page facebook, et poser des questions par couriel.
Programme : Quelles conséquences la COVID-19 a-t-elle sur la mobilité quotidienne en Normandie ? Vont-elles dans le sens d’une moindre dépendance au pétrole ? Quels sont les enjeux de la transformation de la mobilité quotidienne en Vallée de la Seine ? Quelles priorités se fixer dans cette transformation ? Quels leviers et quels points de blocage ? Quelle intégration du citoyen dans cette transformation ?

  • Cyrille Moreau, Vice-président en charge des transports, des mobilités d’avenir et des modes actifs de déplacement, Métropole Rouen Normandie
  • Geneviève Quemeneur, Chargée de mission Vallée de la Seine à la DREAL Normandie
  • Grégoire Fraty, Membre de la Convention Citoyenne pour le Climat
  • Animé par Matthieu Auzanneau, Directeur, The Shift Project
  • Mot de conclusion par M. le Préfet Philizot, Délégué interministériel au développement de la Vallée de la Seine

3- Le Shift Project est un club de réflexion qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone. Créé en 2010 par Jean-Marc Jancovici, le Shift est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général et guidée par l’exigence de la rigueur scientifique. Sa mission est d’éclairer et influencer le débat sur la transition énergétique en Europe. Le Shift Project est soutenu par des responsables économiques de premier plan qui veulent faire de la transition énergétique leur priorité stratégique.

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Mélou, F.
3 années

Il est nécessaire d’améliorer la qualité du roulage, sinon la lassitude l’emportera face au confort d’autres moyens de déplacement .

Jean-Charles C.
3 années

Cent fois d’accord avec le commentaire de Mélou. Il faut le dire et le répéter: en France, la qualité des chaussées en zone urbaine est souvent moyenne ou médiocre et rend la pratique du vélo plus difficile et peu sécuritaire. On ne convaincra pas les usagers normaux sans leur offrir de bonne chaussées.

Yves Egal
3 années

Le Shift Project (quel anglais inutile ?) a fait un travail louable, mais ne permettant guère de prévoir l’avenir : cf. la grande différence entre scénarios volontariste et potentiel/maximum. Il parait que le trafic vélo a augmenté de 66% depuis le 1er confinement (où, quand exactement ?). Pour un trafic représentant 3% des déplacements, cela fait 4,5% de ceux-ci. Pas énorme ! Il faut dépenser pour le vélo, faire du télétravail (vite limité, et très peu apprécié pour l’enseignement), développer les TC électriques et la voiture électrique, bref tout décarboner. Ya du boulot, mais il y a des domaines où décarboner est plus facile que dans le transport : agriculture (sans labour avec maintien de couverture végétale entre cultures), nucléarisation des centrales électriques à charbon (Chine, Inde, Pologne, Tchéquie, Roumanie) …

michelangelo
3 années

On ne perd pas son temps en écoutant Jean-Marc Jancovici (on le trouve sur youtube). Son orientation vélo semble bien naturelle et nous avons à agir dans ce domaine. C’est en effet bien le recours aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) qu’il nous faut massivement diminuer, et c’est bien dans le transport que la substitution au pétrole est la plus difficile. Le vélo (y compris dans ses déclinaisons électriques ou mobylette) est bien, pour ces questions, la pépite rare que nous aurions tort de négliger.

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