La Vennbahn au coeur de l’Europe

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 ligne-belge-en-alleCet été j’ai voulu voir la Vennbahn, et j’ai vu l’Europe. Prix européen des voies vertes en 2014, elle est longue de 125 km, remarquable pour la préservation de son passé ferroviaire. Elle est aussi un témoignage des drames de notre continent.

3-pays

La Vennbahn est belle, elle est continue depuis le nord du Luxembourg jusqu’à Aachen (Aix-la-Chapelle). Entre le Grand-Duché et l’Allemagne, elle passe en Allemagne et en Belgique, sans qu’il soit facile de savoir où on est, d’autant que la frontière a beaucoup fluctué1 La frontière est ici mouvante, et la paix revenue ce sont les règlements tatillons et leur application qui a pourri la vie des habitants. Malgré paix et Europe, contrôles policiers à chaque passage de frontière, me raconte G. Perrin !!!. La voie, établie sur une ancienne voie de chemin de fer, est même belge en territoire allemand, ce qui a créé bien des complications lorsqu’elle était en activité. C’est une belle voie, qui passe par de beaux pays de la vieille Europe. Et c’est une voie qui relate les horreurs de notre continent.

Le prix a été attribué notamment parce que le passé ferroviaire est très bien mis en valeur, et c’est vrai2 La Vennbahn a reçu le premier prix européen des voies vertes en 2014, notamment pour sa conservation de la mémoire ferroviaire., mais je retiendrai que c’est là que l’Europe est née, dans des souffrances atroces.

Avant d’arriver à Troisvierges, départ de la voie au sud, on peut rentrer dans une ancienne « maison de retraite juive », en fait un camp de concentration pour malades et vieux. Au bord de la route des panneaux précis nous apprennent beaucoup sur les passages clandestins pour fuir le Luxembourg, où l’occupation était, à ce qu’on nous dit, bien pire qu’en Belgique.

Pour s’y rendre
Pour m’y rendre j’ai pris un train pour Metz, ville sage et bien réglée, aux aménagements de voirie subtils et appropriés qu’il faudra que je vous présente un jour, puis ai roulé par la voie verte qui longe enfin la Moselle jusqu’à Thionville, ville … plus chaleureuse et vivante.
 Ensuite, véloroute de la Moselle côté allemand, puis côté luxembourgeois le long de la Sauer de Kön à Ettelbrück. Tout ça est facile, toujours continu, bien indiqué, avec beaucoup d’endroits charmants, et des campings très agréables.
Nous sommes toujours au Luxembourg et le relief va maintenant être très dur puisqu’il n’y a plus de voie verte. Un saut en train jusqu’à Clervaux (2 € pour 2 heures, les vélos on n’en parle même pas, c’est gratuit sans prévenir et dans tous les trains) et me voici à pied d’oeuvre.

3vierges-1010% de pente pour éviter … un tunnel !
Le terrain est toujours très montagneux, et si la Vennbahn affiche 1,5% de pente en moyenne (elle n’a quasi pas de vrai plat), les 10% du départ multipliés par 5 fois n’y changent rien puisque côtes et descentes s’annulent. Cela fait de longues et jolies pentes et côtes pour éviter … un tunnel ! Ce sont les protecteurs des chauve-souris qui ont obtenu ce très gros inconvénient, ainsi que certains intérêts privés, se dit-il aussi.

Au-delà c’est formidable, et les panneaux d’information jamais ennuyeux et intéressants pour enfants comme adultes. 100 000 passages ont été comptés pendant l’été 2015, les cyclistes représentant le double des piétons, mais très peu vont en camping. Cela peut signifier que cet axe n’est pas correctement relié aux véloroutes européennes et que les visiteurs font de courts voyages. En tous cas je témoigne avoir vu des cyclistes en permanence, et en effet très peu dans les campings.

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Retour par la Belgique
Pour le retour vers la France, peu après Aix-la-Chapelle (Aachen), je suis passée en Belgique, et n’ai plus trouvé de camping. Autant les cartes routières classiques les indiquent-elles, autant les guides y ajoutent-ils hôtels, gites d’étape et chambres d’hôte, autant … la carte officielle de la Vennbahn n’indique qu’un petit choix d’hôtels, et sur les trois campings il manquait celui du milieu, celui où je me suis tellement plu que je suis restée 3 nuits. La carte achetée pour aller d’Aix-la-Chapelle à Liège, destinée aux cyclistes, ne donnait aucun hébergement en dur et tous les campings essayés étaient faux. Même l’itinéraire conseillé pour l’accès à la voie verte d’Aubel menait-il pile à un lieu sans accès !
L’arrivée et la sortie de Liège sont un bazar incroyable et la carte offerte par la Province d’un secours tout relatif. A l’est la jonction non-réalisée pourrait au moins être indiquée sur place. A l’ouest les 30 km sont indiqués avec soin, mais non sans lacunes, et font passer par des tours et détours fort intéressants qu’on ne refera cependant pas deux fois. Au bout de ces 30 km qui ont pris la journée, camping fermé, hôtel cher sur le bord de la route, non indiqué sur la carte, accessible par une piste cyclable décatie le long de la route express en face de la centrale nucléaire… mais l’hôtel était très bien3 Hôtel du Domaine du château de la Neuville, à Tihange, bord de la Meuse, 35 km ouest de Liège..

Gilbert Perrin, fondateur de l’association belge Chemins du rail4 L’asbl Chemins du rail est un modèle de prise en compte du passé ferroviaire., grand artisan de la sublimation des voies de chemin de fer en réseau autonome de voies lentes, m’expliquera que sur les documents touristiques ils ne mettront plus aucun hébergement au motif que « ça change tout le temps »… C’est faux et désastreux, mais il est vrai que les recenser demande beaucoup de soin.

Pour la suite du voyage j’avais le guide de Namur à Tours de l’association CycloTransEurope5 CyclotransEurope, association française qui promeut la véloroute de Saint-Jacques de Compostelle ou EV3. Le tome 2 de son guide est paru au début de l’été. et donc tout allait bien. J’ai terminé au camping de Maubeuge où je serais bien restée un peu tant il est bien tenu et l’accueil attentionné, mais vous m’attendiez et je suis rentrée.

La Vennbahn mérite qu’on la visite, et peut se combiner avec les véloroutes de la Moselle, de la Sarre, de la Meuse, du Rhin, ou avec le Ravel belge et la véloroute de Saint-Jacques de Compostelle. A condition de s’organiser, s’entend.

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Frenay
7 années

Hello Isabelle, très ‘juste’ comme présentation.
Elle est elle-même désormais bien connectée à diverses gares belges (Gouvy, Trois-Ponts, Eupen) et à l’Allemagne via 2 nouvelles voies vertes de grande qualité. Si tu en as l’occasion je te conseillerais un jour de quitter Weywertz vers Büllinge, puis redescendre avec la Kyll à suivre jusque Trèves, le long d’une ligne ferroviaire (et services permettant de transporter jusque 40-50 vélos dans une rame simple; j’en ai fait l’expérience) avec multiples connexions cyclistes
La Vennbahn bénéficie d’une très belle animation (au moins les we), de nombreux Allemands y venant 1 jour, et il y a de l’horeca dynamique. Tu auras aussi pu remarquer le RailBike de Sourbrodt à Kalterheberg parallèle sur plusieurs kilomètres.
En Wallonie, à part de l’asphalte déroulée sur des kilomètres, il y a en effet encore beaucoup à faire pour dés-isoler de nombreux bouts de voies vertes, faute de politique suffisamment globale en faveur de la petite reine; gageons toutefois que ces voies soient le début d’un sursaut.

Lucien
7 années

Des cartes qui n’indiquent pas les campings, la Vennbahn n’est pas un cas isolé.
Pour le tour de Bourgogne on publie de jolis dépliants gratuits, les campings n’y sont pas indiqués. On peut se poser la question pourquoi.

Adrien
7 années

Quel joli reportage. J’ai suivi il y a deux ans la véloroute V50 (ou Charles le Téméraire) de la Haute-Saône au Luxembourg, donc en passant par Metz (que j’ai également trouvée bien aménagée, même si je n’y ai que très peu roulé) et Thionville (où l’on a osé mettre des panneaux «cyclistes pied à terre» sur une véloroute). Cela me donne envie d’y retourner et de poursuivre mon itinéraire sur la Vennbahn. J’aime les lieux chargés d’histoire (même si celle-ci n’est pas toujours joyeuse) ainsi que le patrimoine ferroviaire ancien.

Lorena Cantillo
6 années

Pyrénéenne

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