Initiée par François Philizot, préfet, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine, la conception de la véloroute La Seine à vélo commence très fort. Une première rencontre, le 23 novembre, en témoigne. 2 photos commentées par Napoléon-Bonaparte et ajoutées le 4 décembre.
L’idée vient du préfet Philizot1 En réalité c’est Napoléon qui a eu l’idée le premier, comme on l’apprend en visitant le musée de Suresnes (92)., en charge du développement de l’axe Seine, de l’estuaire (Le Havre – Honfleur) à Paris2 Sans doute aurais-je dû plutôt parler d’impulsion. Comme me l’a fait remarquer l’asso. Sabine, à Rouen, cette véloroute figure en effet au schéma national de 1998, révisé en 2010, sous le n° 33. Le chemin des flotteurs y figure également, sous le n° 55. (ajout du 28 novembre). Un axe portuaire, fluvial, industriel et urbain, qui a mal pris le tournant du 21° siècle. Un axe qui a failli être le « Grand Paris » lors de la consultation internationale qui avait été lancée par le président de la République pour un « nouveau projet d’aménagement global du grand Paris », dont les résultats avaient été présentés au palais de Chaillot début 2009 (les 10 équipes…) et où le vélo avait été oublié des débats et oublié des aménageurs. Mais un axe désormais pris en compte au travers d’un contrat de plan interrégional (Etat – Ile-de-France -Normandie) qui a pour objet la mise en œuvre d’un schéma stratégique de développement de la vallée de la Seine dont le premier volet est cette liaison cyclable.
Qui est dans la cabine du pilote ?
Alors cette fois-ci ça me paraît bon. La mise en oeuvre de la véloroute reviendra à l’association des départements de l’axe Seine, créée il y a un an. Le département de l’Eure a déjà fait connaître son souhait d’être le pilote de la véloroute3 Si le Département de l’Eure devient pilote de la réalisation de la Seine à vélo on espère qu’ils seront meilleurs que la Seine-Maritime, pilote du Paris-Londres ou que la région d’Ile-de-France, ex-pilote de la véloroute de Compostelle ! et l’association des départements cyclables a bien rappelé son rôle de coordonateur des véloroutes en France.
Mais pour l’heure ce sont les agences d’urbanisme de l’axe qui mènent la danse, et bien. Ils sont complémentaires. Les cyclistes connaissent les pratiques cyclistes et savent le prix de la qualité, les urbanistes pensent aux liaisons ou maillages (avec les réseaux des villes, avec les gares, etc), à l’environnement et à l’adhésion des riverains.
Nature, pas nature ?
Mercredi toute la journée on s’est donc réuni à la préfecture de la Région d’Ile-de-France pour parler de cette véloroute qui sera un des moyens de la réhabilitation de la Seine aval. Elle sera un moyen fort d’identification pour les habitants et visiteurs, peu conscients de leur communauté d’appartenance à ce fleuve. Elle sera aussi l’occasion d’une restauration écologique de ce fleuve très artificialisé (déchets, industries, pollutions multiples et protections contre ses inondations).
Pour autant il a été compris que la nature ne devait pas être un alibi pour faire une piste au rabais (sans revêtement dur) ni pour trop l’éloigner du fleuve. François Bonis (chargé de mission à la Région), par exemple, a évoqué l’expérience sensorielle forte que procurait le fait de rouler dans un milieu naturel au bord de l’eau. Il n’a pourtant pas plaidé pour que cela se fasse sur des chemins boueux.
Il fut finalement admis que la création d’une piste renforçait l’existence du couloir écologique, et que l’attraction qu’elle susciterait aurait pour résultat de faire connaître le fleuve, de le faire aimer, et donc qu’il soit protégé.
Gardons raison, au bout du compte, ce qu’on lui a fait jusqu’à aujourd’hui est bien pire, fut-il aussi rappelé !
Chez nous on ne fait pas de bluff
Dans l’atelier n° 3, l’après-midi, nous avons réfléchi à la promotion de la future véloroute. Deux cibles ont été identifiées, celle des décideurs, qu’il faut faire rêver (notamment sur l’intérêt économique) et celle des utilisateurs, auxquels il ne faudrait pas vendre du vent. Mieux vaut attirer sur ce qui existe, au fur et à mesure de la réalisation, plutôt que risquer de provoquer de cruelles déconvenues4 La « commercialisation » prématurée d’itinéraires entiers est dangereuse pour la réputation. J’ai écrit par exemple pas mal d’articles bien négatifs sur la Loire à vélo, promue trop tôt, et des bons plus tard. La via Rhôna a également été évoquée, comme dans mon article.. La solution est de dire ce qui a été terminé, et peut-être de l’intégrer dans des propositions de boucles ou de parcours vélo-bateau, vélo-train, vélo-patrimoine, etc. Certains lecteurs remarqueront que, par rapport à d’autres véloroutes françaises, nous avons fait de sérieux progrès !
Ça va être presque facile
De toutes façons la construction de cette véloroute pourrait aller très vite, sitôt le pilotage organisé. Des étudiants, sous la houlette des agences d’urbanisme, ont déjà fait à vélo le parcours et repéré que le linéaire rouable était déjà quasi continu. Voir le reportage à la télévision ou leur page Facebook. Il y a quand même plusieurs ponts ou passerelles qui ne conviennent pas.
Alors à ma question « que faire en cas de difficulté due à une route importante passant au ras du fleuve, créer une piste en balcon ou limiter l’emprise de l’automobile sur la route existante ? » il ne fut pas apporté de réponse. Je m’y attendais5 La Loire à vélo souffre d’être très souvent une piste le long de la rivière, dans la zone non protégée des inondations, alors que la grand route lui est parallèle de l’autre côté de la digue. A ne pas avoir voulu réduire l’emprise du trafic motorisé les Ligériens se retrouvent avec des pistes noyées plusieurs mois par an, sans avoir même organisé de déviations, lesquelles ne pourraient souvent que se trouver sur ces routes. Le risque est de perdre des touristes par abstention ou par accident, et de disqualifier ces linéaires pour les trajets quotidiens utilitaires..
La Seine, jusqu’au bout !
La véloroute devrait atteindre Paris par le canal Saint-Denis, au Nord, dans un souci compréhensible d’économie de moyens6 Les deux autres véloroutes du secteur, celle du Mont-Saint-Michel et celle de Londres, passent par un même axe chaotique mais partiellement existant. C’est bien sûr de la sage potentialisation.. Cependant cette solution est pauvre si l’on s’intéresse à l’affirmation de l’identité fluviale. Arriver au port de Javel, dans le 15° arrondissement, aurait une toute autre allure.
Une piste longe déjà la Seine depuis le parc de Saint-Cloud … et se prolongera par une voie express vélo (REV) parallèle à la Seine dans toute la traversée de Paris… pour se raccorder encore à la Seine de l’autre côté.
Ce serait aussi la voie ouverte vers des prolongations vers Troyes, ou vers Auxerre et toute la Bourgogne (ouvrant sur un formidable maillage de véloroutes) avec le projet de Chemin des flotteurs7 Laurent Richoux, l’animateur du projet Chemin des flotteurs, était présent dans la salle. Le repérage effectué cet automne a montré là aussi que l’essentiel du linéaire était disponible, mais qu’il était urgent d’instituer la notion d’itinéraire. Des constructions récentes (passerelles pas pratiques, nouveaux carrefours…) gâchent le plaisir et cassent la continuité et la perception d’un axe du quotidien comme du loisir. Mêmes questions des deux côtés de la Seine !. On s’y voit déjà.
— Compléments et notes —
- Site du projet Vallée de la Seine.
- La Seine à vélo : le projet pour développer le cyclotourisme. Les Echos, 23 novembre. Avec des chiffres !
- Le Parisien : bel exemple de concision !
- Paris-Le Havre à vélo : le projet de véloroute pourrait voir le jour dans sa totalité en 2020. France-3 Normandie.
La vallée de la Seine du Havre à Paris vue au musée de Suresnes (92).
Légende : « Paris, Rouen, Le Havre, une seule ville dont la Seine est la grande rue. »
Citation de Bonaparte lors de sa visite au Havre, le 7 novembre 1802.
Dans le cadre de l’exposition « Aux origines du Grand-Paris ».
Claudio a déjà roulé 4 fois et débuté un topo guide, mais à faire à plusieurs. C’est génial en effet.
Dans la mesure où l’objectif est le même pour tous.
En effet, de Paris à la mer le long de la Seine c’est assez bien sécurisé et déjà relativement facile à identifier. L’arrivée à Paris par la Seine depuis Melun et Charenton est identifiée, la traversée de Paris par la voie London – Paris est identifiée aussi. Claudio y retourne en 2017.
Je découvre à cette occasion le projet de Chemin des flotteurs. Une super idée, ce trait d’union avec le réseau de Bourgogne. De Clamecy, plus qu’à descendre jusqu’à la Loire, à Decize, par le canal du Nivernais, très roulant à présent.
Bravo pour cet itinéraire de la Seine à vélo; vite qu’il soit relié, plein sud, à » ma » Loire à vélo !
Claudio a passé l’hiver aux bords de la Seine, du moins virtuellement, à faire ses cartes. Il y retournera cet été pour valider ses tracés, le topo est quasi prêt : http://cbandiera.free.fr/parcours/seine/topo/index.php
Quelques zones où Claudio a encore un peu de mal à « voir » le parcours pour rejoindre la Loire, ya pleins de possibilités, depuis Moret sur loing en longeant le loing et l’Yonne .. depuis les boucles de la Seine direction Orléans …suffit d’ouvrir une carte et de la lire.
La suite, la Seine amont, démarre ! La journée de lancement a eu lieu le 28 mai 2019.