Coup sur coup nous apprenons que les trains de nuit en France sont en voie d’extinction, et que les trains internationaux refusent de plus en plus les vélos. Où va-t-on ? (21 h 47 – m-à-j 26 nov, 21 h 24 : notes)
Le dernier train de nuit Paris-Nice partira de Paris le 9 décembre. Après il sera supprimé.
L’association européenne Back on track (Retour au chemin de fer), propose d’écrire à la ministre.
CyclotransEurope propose de signer une pétition : Pour que la sncf respecte les voyageurs du Paris-Briancon – défense du train de nuit
Le 18 une manifestation a protesté contre la suppression annoncée de la ligne Oyonnax – St-Claude.Le 13 novembre le blog de trainline[1. Trainline est une agence de vente de billets de train et bus en ligne. Elle succède, après rachat, à Capitaine train, qui avait été la première à systématiquement donner les informations concernant l’emport des vélos, et à permettre d’acheter la place si besoin. Cela avait mis fin quelques mois plus tard aux gros mensonges de la SNCF sur la difficulté à le faire. Oui chère madame, l’année prochaine, et ce depuis des années. Je le raconte dans un article de velotaf en mars 2014 : La SNCF a enfin compris. Peut-être trop tard. Les possibilités d’emmener son vélo en train étaient réelles sur pas mal de destinations, mais la SNCF ne voulait surtout pas que nous le sachions.] nous informait que Thallys (vers Belgique, Pays-Bas, Allemagne, et l’Angleterre) et Lyria (vers la Suisse) cherchaient à mieux remplir leurs trains (plus de prix bas, re-création de la 3eme classe !!!) mais que dans les TGV Lyria, l’espace auparavant dédié aux vélos était supprimé. C’est déjà le cas dans les Thallys.
Pour France3Picardie, la ligne de train Abbeville – Le Tréport pourrait être fermée dès mai prochain.
Selon @aisnenord, 6 trains sont supprimés entre Laon et Hirson le 16 ou 17 novembre et nombre de trains « déprogrammés » pour ne pas dire « supprimés ».
Une politique malthusienne, constate l’Arafer (autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) dans son premier bilan. « Son panorama montre à la fois une baisse de la part modale du train, une baisse de la fréquentation et une qualité de service à la peine » (Mobilicités, 17 novembre) alors même que les TER regagnent des voyageurs (Le Parisien, 17 novembre). Une politique qui gêne considérablement les voyages à vélo. Un rapport résumé en 10 points par le Monde du 18 novembre : Dix chiffres qui pourraient vous surprendre sur le train en France.
Les conseils régionaux ne disent pas pire, comme le révèle le magazine en ligne MobiliCités. « Les transports ferroviaires de voyageurs sont pris en tenaille entre une insuffisance de leviers de maîtrise des coûts d’exploitation, une qualité de service perfectible nuisant au développement des recettes, une trajectoire insoutenable d’évolution des péages ferroviaires et une dérive de la pression fiscale sur les activités de transport conventionné » selon le livre blanc de Régions de France dévoilé le 16 novembre 2017. Le magazine rappelle aussi que l’Etat avait promis de reprendre à son compte les trains d’équilibre du territoire…
La FNAUT (Fédération des associations d’usagers des transports) s’est fendue d’une lettre ouverte au Président de la République dans laquelle elle dénonce deux accidents de trains mortels, l’effondrement du fret, la désorganisation de l’entreprise (trains en carafe, manque de conducteurs..), 5 000 km de ralentissement sur les voies ferrées….
Moi je ne compte plus les trains sans contrôleur, donc avec fraude et sans secours ou alerte en cas d’erreur de train. Quand il y en a, la plupart du temps on ne les voit qu’une fois. Savez-vous aussi que de plus en plus de trains n’auront pas de toilettes à bord?
Pendant ce temps, en Autriche, on se félicite du succès des trains de nuit ! (Médiapart, 18 novembre 2017.) Il faut dire qu’ils ont mis les moyens pour que ce soit confortable. Et en Suisse les CFF veulent augmenter la cadence de nombreux trains d’ici 2035 (Bilan).
Ce n’est pas en reculant sur les trains qu’on va réussir la « révolution des transports ». Vous vous rendez compte ? En pleines Assises de la mobilité !!! Le train, c’est bien ! Notamment il « fait réseau » avec le vélo.
—Notes—
- Le croisement de Lus-la-Croix-Haute, la ligne Grenoble-Gap, le train de nuit Paris-Briançon, la ligne de la vallée de la Roya grévée par des ralentissements, la liaison avec Marseille, Valence… … Changer les gens à la tête de la SNCF. Le Dauphiné, 26 novembre 2017. Réunion houleuse.
- Les « cars Macron » vont continuer à perdre des dizaines de millions d’euros en 2017. Le Monde, 25 novembre 2017.
Reprise des commentaires (après accident)
Ritchie : La pub de la SNCF : “à nous de vous faire préférer … la voiture”
Isabelle : “A la SNCF tout est possible”… Même le pire !
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Jean-Jacques : Et cette politique de TGVisation se traduit également dans les algorythmes de réservation en ligne. Voulant récemment avoir une idée de ce que donnerait un trajet Paris – La Tour du Pin (au S-E de Lyon) avec un vélo, je me suis aperçu que, même en sélectionnant l’option “via Dijon”, il ne m’était proposé que des TGV, généralement sans place vélo, dont les fameux Lyria, mais aucun TER (même avec Trainline que j’ai contacté à ce sujet).
Dans 3 ans environ je serai à la retraite : je pourrai donc envisager de me passer complètement du train car je disposerai alors de tout le temps souhaité pour randonner mais, d’ici là, j’aimerais avoir la liberté et la possibilité d’organiser mes voyages en fonction de mes besoins et envies.
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Ley : Il est impossible de rejoindre Paris depuis Lyon avec un vélo non démonté. Car même si le démontage a été fait, avec les gardes-boue la bicyclette ne rentre pas dans une housse homologuée.
Jean-Jacques : essaye via Nevers il y a des réponses avec vélo (aucune n’ayant un arrêt explicite à Nevers, même s’il y passe)
Ley : Pour le retour de Lyon je ne sais pas, mais à l’aller mon TGV (avec un vélo) s’est déjà arrêté à St Exupery.
Le site de la DB permet de rechercher des trajets en excluant les TGV. Sélectionner Correspondance > Plus de moyens de transport et décocher la case ICE.
Ensuite, pour acheter les billets, ma méthode consiste à aller au guichet de la petite gare la plus proche, ce qui contribue à les maintenir ouvertes.
Je fais aussi un mix de tout ça mais je crains que Pépy ferme quand même. Ici sur les 3 guichets un seul est encore ouvert. Comme les guichets ferment d’abord à la “campagne”, avec la limite de correspondance que s’est fixée voyage Sncf on sera encore plus désavantagés (parfois les trajets sont plus complexes, compte tenu de l’architecture du réseau et de la fermeture des lignes).
Quel gâchis. On laisse se dégrader les trains, les lignes et les offres (qui se souvient du train auto couchettes?) On préfère passer son temps dans les réunions et Assises, on pond des rapports et des études, on réfléchit, et on subit la pollution.
Ah mais pardon, la vision à long terme on l’a, si, si, on l’a, on l’a même très bien, par temps clair surtout on voit bien où on va !
On voit des trains qui roulent à 400 km/h, avec des tas de gens pressés dedans, avec des attachés cases, des cravates, des laptops, des smartphones et pis aussi des tablettes !
Ils roulent à toute vitesse, pour aller travailler à l’autre bout du pays et pour éviter de rester sur place!
Les blaireaux c’est tous les autres, ceux qui sont rien parce qu’ils ne vont pas à toute vitesse, ceux qui se trainent encore avec un vélo, qui n’ont rien à faire de leur journée ! Croire que l’on peut encore se déplacer avec un vélo, non mais des fois !!
Notre vision c’est ça : des trains très cher pour des gens pressés et qui peuvent payer, le reste c’est des pas rentables! Nous on est modernes, on a une vision !
Vive le vélo pliant (Brompton, voire même un vieux Peugeot NS plié en deux dans une housse… testé en TGV sur Besançon – Bruxelles!).
Je suis un peu partagé sur cette histoire de vélo dans les trains. Nous, cyclistes, y tenons comme à la prunelle de nos yeux car ça nous est indispensable dans certains cas (retours de voyages à vélos) et très utile dans d’autres, mais où nous pourrions faire autrement (par exemple, j’emmenais mon vélo à Paris autrefois… mais après un vol j’ai arrêté et je me suis mis à utiliser le Vélib).
Mais en réalité, qu’il y ait 4 ridicules crochets par rames ou qu’il n’y en ait pas, est-ce que ça change grand chose pour l’environnement ? Tant que l’embarquement des vélos dans le train restera un truc d’initiés, le vélo + train ne concurrencera pas efficacement la voiture pour le grand public.
On devrait militer, non pas simplement contre la suppression des 4 pauvres crochets dans les TGV, mais comme dans les trains d’autrefois, pour le retour de véritables fourgons dans lesquels tous les voyageurs pouvaient embarquer non seulement des vélos mais également de nombreux bagages volumineux. Ça, c’était vraiment du transport.
En voulant prendre l’Eurostar j’ai découvert qu’une tel service existait. Il est un peu confidentiel (il faut aller au fin fond dans la gare, dans une zone qu’on ne croirait pas autorisée au public) mais on peut, en payant, faire transporter des bagages volumineux et des vélos non démontés et non emballés.
En plus des TGV Lyria et des trains de nuit, la SNCF a supprimé à la même date, 9 décembre 2017, toutes les possibilités de place pour vélo (non démonté, 10€) dans tous les TGV Est, donc vers Strasbourg, Nancy, Metz et le Luxembourg, St Dié, Epinal ….
Le matériel est toujours en place (4 places strapontins en voiture 11 des rames à simple étage, soit 2 rames sur 3 sur ces lignes), c’est simplement une mauvaise volonté de la SNCF et pas une histoire de matériel comme pour les rames Duplex.
La pétition est toujours en place et accompagnera une demande cosignée des différentes associations : FNAUT, CyclotransEurope, AF3V, FUTAN, FFCT, CCI, MDB, FUB…