1 an de casque et toujours pas de preuves

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Cela fait un an et deux jours qu’a été mise en place l’obligation en France, pour tout enfant tentant de  jouer au vélo, de porter un casque. En a-t-on fait au moins un bilan ?
L’institut canadien de santé publique vient à notre secours. 

Vous vous en doutez, les avis sont variés, et les plus autorisés des donneurs de conseil ne sont évidemment pas ceux qui portent un casque. Chacun d’eux est bien certain que le casque lui a sauvé la vie, ou qu’il le fera, mais aucun n’est capable de comprendre qu’il n’a pas l’intention de se désavouer lui-même et qu’il est ignorant des statistiques et recherches scientifiques.

Alors voici ce que j’avais publié le 22 mars 2017 dans l’agenda de ce blog :

Je le reprend ici :

-1/7- Aucune étude ne permet de conclure s’il sauve plus de vies qu’il n’en coûte
Il y aurait à ce jour 549 078 études sur le port du casque pour les cyclistes. Aucune ne permet de conclure s’il sauve plus de vies qu’il n’en coûte, nous disait le magazine Sport&Vie1 Sport et vie, n° 149, mars-avril 2015 : Le casque serait plus utile dans certains sports violents! Faut-il rendre obligatoire le port du casque à vélo? Dans un article précédent, nous disions notre scepticisme sur l’efficacité de la mesure. Cela nous a valu d’être traités d’inconscients ou parfois d’imbéciles dans des échanges de courriers et lors de conversations lourdement casquées! Auteur : Goetghebuer Gilles, pp : 60-67. au printemps 2015. Il semble difficile de s’appuyer sur des résultats scientifiques pour le rendre obligatoire. «Dans le meilleur des cas, cela sauvera 5 vies par an» commentait la Fub.

«Increased helmet use hasn’t reduced injuries» (en Suède),
ajoute la fédération européenne des cyclistes, ECF.

Mais le principe de précaution, nous direz-vous ??? « Si ça peut sauver une vie », et d’ailleurs je connais quelqu’un qui, s’il ne l’avait pas eu, ne serait plus là. Ah oui ? Qu’en savez-vous, et est-ce une raison pour le rendre obligatoire? C’est pas un peu café du commerce, tout ça ?!

-2/7- Les effets négatifs de l’obligation du casque
Les effets négatifs de l’obligation du casque, et même du port du casque tout seul, ont eux aussi été décrits. D’un côté les sensations de sécurité et la prise de risque, et la moindre crainte de l’accident de la part des automobilistes; de l’autre la gêne, la contrainte, et la baisse du nombre de cyclistes.
Il n’est pas certain que cette baisse soit toujours vraie; en revanche la médecine avance que la boîte crânienne des enfants est plus fragile que celle des adultes, et que les chocs chez les enfants provoquent des conséquences qui n’apparaissent que bien plus tard!
Mais pourquoi rendre obligatoire le port d’un casque alors que ceux qui peuvent en avoir besoin le portent déjà? Les enfants, notamment en groupe et dans le cadre scolaire, et les sportifs, portent déjà tous un casque.

-3/7- Il vaudrait mieux intervenir sur les causes
On dit que cette mesure n’a été prise que parce qu’elle était facile à prendre (et ne coûtait rien à l’Etat). Si danger il y a, il vaudrait mieux intervenir sur les causes, ce qui semble être la mission de la Délégation à la Sécurité routière!

La preuve du danger du vélo, c’est que j’ai déjà eu pas mal d’accidents :

  • une portière (à droite!) qui s’ouvre,
  • une auto percutée sur le flanc (dans un embouteillage géré par la police !),
  • une glissade sur une plaque,
  • une auto stationnée qui me recule dessus,
  • un piéton qui étend brusquement son bras,
  • 3 chutes sur défauts de chaussée,

  • Des collants déchirés, un vélo foutu, des très gros bleus.

Mon dernier accident aurait pu m’être fatal. J’ai glissé d’un escabeau, et me suis fait là aussi quelques très gros bleus, dont un au dos du talon. Ce fut le plus contraignant de ma vie. Je n’ai jamais réussi à tomber sur la tête!

-4/7- Le décret : ses arguments sont faux et son contenu ridicule !
La preuve que ce texte a été rédigé n’importe comment c’est que ses arguments sont faux et le contenu ridicule. Il y est écrit « afin de limiter les blessures graves à la tête et au visage », (en quoi un casque protège-t-il le visage?), et que l’obligation est faite « pour les conducteurs et les passagers de cycle âgés de moins de douze ans de porter en circulation un casque attaché et conforme à la réglementation ». Même un bébé, nous avons bien compris, même dans la remorque ou dans le cargo …

La dernière « publicité » montre un gosse blessé à la tempe. « Une chute de vélo qui fait ce genre de blessure ?! Avec ou sans casque, ce n’est pas réaliste. » commente la chargée de mission du club des villes cyclables.
L’association Troyes en selle a d’autre part démontré que les normes des casques correspondent à une chute tout seul à l’arrêt, ce qui n’a rien à voir avec une collision avec une automobile. L’Agence Science-Presse (Québec) disait la même chose en septembre dernier!

-5/7- Ce que cette campagne ne mentionne pas : 

  1. que les automobilistes et les deux-roues motorisés se déplacent trop vite, sans prendre en compte le danger qu’ils représentent pour les autres usagers de la route.
  2. que le port du casque à vélo déresponsabilise le conducteur de véhicule motorisé.
  3. que les infrastructures cyclables ne sont pas adaptées à la circulation des enfants, des cyclistes débutants ou peu aguerris. c’est l’aboutissement d’une fine opération de fabrication du consentement à l’obligation du port du casque.
Ici Elles font du vélo vous invitait à lire l’article de @AupresDeMaSelle à ce sujet

-6/7- Porter un casque n’empêche pas l’accident de survenir
Alors … si la DSCR, délégation à la sécurité et à la circulation routières, avait de meilleurs résultats, si son directeur n’était pas un motard, et si j’étais la papesse du vélo … les effrayés, les assureurs, les industriels, tout ce monde sans doute, n’en seraient pas à nous enquiquiner avec cette histoire. Porter un casque n’empêche pas l’accident de survenir, nous connaissons tous des cas de casqué gravement accidenté, et aller en auto ou à pied est plus dangereux que d’aller à vélo.

Les têtes des cyclistes sont moins visées que celles des automobilistes ou des randonneurs, nous montre le graphique ci-dessous.

-7/7- L’obligation du casque ne reflète-t-il pas une haine du cycliste ?
Aucun pays cycliste n’impose de casque, et leurs cyclistes ne portent pas de casque.
Non, le port du casque ne sauve pas plus de vies que ne le ferait n’importe quelle mesure de sécurité routière. Rien ne prouve que son obligation ne soit pas une mesure de facilité pour pays sans cyclistes et souhaitant le rester.

****

Et voici ce que vient tout juste de publier l’institut national de santé publique du Canada :
 Sécurité des cyclistes : l’INSPQ réaffirme l’importance du casque de vélo
et poursuit en expliquant pourquoi il lui paraît sage de ne pas le rendre obligatoire.

****

J’ai une suggestion : dans le cadre de l’apprentissage du vélo à l’école, ne pourrait-on pas au moins préciser qu’en milieu clos, dans la cour de l’école, le casque ne sert à rien et qu’il n’est donc pas obligatoire ? C’est ce que dit le texte en toutes lettres : « en circulation« .

On peut donc jouer au vélo
sans porter de casque

Isabelle avait tout faux,
et l’image publicitaire de la Sécurité routière aussi !

Je vous propose donc de changer le titre, et de mettre :

Un an de casque sous les autos,
et toujours pas de preuves.

Le principal avantage du casque, c’est la très grosse marge que les revendeurs font dessus.

Précision : J’ai bien demandé à la Direction de la Sécurité routière si une évaluation avait été produite (que ce soit en termes de respect de la règle, de verbalisation ou d’accidents), mais n’ai pas reçu de réponse. Je peux donc à bon droit titrer : « et toujours pas de preuves ». C’était d’ailleurs prévu … voir les commentaires à l’article Bonjour les enfants ! Demain c’est casque, du 21 mars 2017.

Ajout du 5 avril, cet article trouvé par S. Guillet : When covering car crashes, be careful not to blame the victim. Columbia Journalism Review, 4 avril 2018. “The helmet fixation redirects attention away from the overarching problem of vehicular violence, assisting in its denial,” par exemple …

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5 années

En matière de prévention des risques, on apprend qu’il y en a de trois types : primaire, secondaire et tertiaire. Notre risque ici, c’est celui d’un accident à vélo. La prévention primaire, c’est un dispositif qui empêche la survenue du risque ; secondaire, elle modère les conséquences possibles si le risque survient ; tertiaire, elle répare les dégâts après que le risque est survenu. On comprend bien ici que le casque n’est qu’un outil de prévention secondaire. Pour le tertiaire, faites du vélo à proximité d’un bon hôpital.
Il est donc… primordial de s’attacher à la prévention primaire. À côté du casque secondaire, il est un petit dispositif primaire qui me semble avoir trop peu de publicité, c’est le gilet jaune dit haute visibilité, il n’est obligatoire que de nuit hors agglomération. Personnellement je le porte presque systématiquement, même si je ne mets pas mon casque, et j’insiste auprès de mes enfants maintenant adolescents pour qu’ils le portent. Toujours du côté du primaire : de bons aménagements, la réduction des vitesses (qui est aussi secondaire), un comportement adapté sur la chaussée, notamment en « prenant sa place » pour être visible et éviter les portières et autres trottoirs, avaloirs et accotements.

Vincent
5 années

Voici un petit film qui illustre bien l’utilité du port du casque à tous les âges.

Quentin
5 années

Le casque de vélo protège efficacement des accidents au freinage et des collisions avec des automobiles à vitesse relative modérée (effet de fauche). C’est tout.
Corollaire : une personne qui ne maîtrise pas son freinage (ex. chaussée mouillée, freins douteux) ou qui ne maîtrise pas les règles de priorité doit porter un casque à vélo. Sinon c’est peu utile.

Thierry
5 années

Ce que je puis faire c’est simplement donner mon temoignage. J’étais adulte, je faisais du VTT en descente, j’avais un casque. Je suis tombé, mon casque a été cassé, brisé … J’ai eu une fracture du crâne, j’ai été opéré mais je suis vivant.

Hélène
5 années
En réponse à  Thierry

Celui qui veut jouer au casse-cou a intérêt à prendre casque, bonne assurance et conjoint patient. Les autres choisiront mieux leur itinéraire. Et d’ailleurs, le vtt comme ça, est-ce encore du vélo? Non, c’est du casse-cou.

Guy
5 années
En réponse à  Thierry

La descente en VTT est une activité sportive à haut-risque, où la chute fait partie du jeu. Chaque faute se paye cash. À ce propos le port d’un équipement spécifique dont un casque intégral est la règle pour cette activité. La comparer avec la randonnée sur piste cyclable ou la pratique du vélotaf me paraît malvenu.

Seb.
5 années

Le plus grand danger pour les cyclistes c’est les automobiles. D’ailleurs, alors que le nombre de cyclistes augmente, il y a de moins en moins de cyclistes tués sur la route. En effet, plus les cyclistes sont nombreux, plus les automobilistes apprennent à en tenir compte.
Dès lors, il n’est pas dans l’intérêt des cyclistes d’ajouter des obligations telles que le port du casque, puisque cela provoquera une diminution de leur nombre, et donc une moins bonne prise en compte des cyclistes par les automobilistes.

christelle
5 années

Je vois encore beaucoup d’enfants sans casque! Pour ma part, je trouve cela bien dommage.
Au travail (en vélo jaune), le casque est obligatoire, on ne discute pas la règle. C’est un EPI. Et je trouve que c’est une très bonne chose car cela a permis à des collègues d’éviter des ennuis très graves

Devauton, Monique
5 années

Bravo pour ton article, Isabelle, je le trouve très convaincant. Pourquoi envisager l’espace public comme un champ de bataille dans lequel on ne peut entrer que protégé par un heaume… ? C’est clair et net : plus il y aura de cyclistes, plus la ville sera sûre pour eux (et pour les piétons par la même occasion), et le casque en tout état de cause ne pourrait que les dissuader…

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