Accidents : on a trouvé encore mieux que le casque ! 

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Sauver des vies c’est important pour les services de sécurité, parmi lesquels la Direction de la Circulation et de la Sécurité routière (DSCR) et en particulier à l’heure des « grands départs ». C’est pourquoi ce service a érigé le port du casque pour tous les cyclistes comme emblème d’une vie longue et heureuse. 

  1. Les chiffres des morts « évitées » grâce au casque / les causes des morts
  2. Les autres moyens d’éviter des morts de cyclistes
  3. La solution efficace pour éviter les morts en situation de loisir
  4. Une innovation radicale qui ne se répandra pas.

(1) Les chiffres

On chiffre à 5 (selon Olivier Schneider, de la Fub) les morts qui seraient évitées chaque année grâce au port du casque (hélas seulement par des cyclistes) s’il était obligatoire.

En France on ne trouve pas vraiment d’étude sur le rôle du casque dans la prévention des décès.
Pourtant nous les cyclistes sommes fortement incités à en porter, et probablement le seul pays au monde à l’avoir rendu obligatoire pour les enfants jouant au vélo.

Il nous faut donc nous tourner vers l’agence québecquoise Science-presse, qui, dans sa rubrique Détecteurs de rumeurs signait un article sous le titre :

Depuis le milieu des années 1980, une vingtaine d’études ont confirmé l’efficacité du casque pour prévenir les blessures à la tête — et donc, certains décès. Cependant, cette protection a ses limites et n’est pas la meilleure stratégie pour diminuer la mortalité chez les cyclistes.

Agence Science-Presse, septembre 2016

L’agence détaille : tous les cyclistes tués ne l’ont pas été à cause d’une blessure à la tête. Entre 2007 et 2011, l’INSPQ recense en moyenne 23 décès de cycliste par année. Dans l’ensemble de cette période, 56,5 % des décès sont associés à une blessure à la tête ; mais seulement 39,1 % avaient subi uniquement des blessures à la tête. L’absence de casque (hypothèse non formulée) expliquerait une moyenne de 9 décès par an. Autre exemple, en Ontario 18 % des cyclistes ayant subi un traumatisme crânien fatal portaient un casque. C’est le sens de mes relevés publiés dans la revue de presse.

▶️ Le casque pourrait jouer un rôle protecteur dans certains cas minoritaires

Il est impossible de donner avec précision le nombre de vies qui auraient été sauvées si le casque était obligatoire, mais on sait déjà que seule une partie des accidents mortels serait concernée (au Québec, 9 sur 23). De plus, comme l’INSPQ estime que le port du casque ne diminue que de 60 % la probabilité de blessures à la tête, le nombre final de décès évités pourrait être encore moins élevé.

Agence Science-Presse, septembre 2016

Depuis on s’est aperçu qu’il pouvait y avoir des effets induits au port du casque, prises de risques par le cycliste, impression de puissance vue par l’automobiliste … Tout cela venant encore réduire les effets bénéfiques du casque.

Selon Vélo&Territoires, avec toutes précautions méthodologiques utiles, 245 cyclistes (dont 43 en VAE) ont été tués sur les routes en 2022, soit 58 de plus qu’en 2019, avec une augmentation aussi du nombre de cyclistes.

  • 9 victimes sur 10 sont des hommes
  • 82% des victimes circulaient pour leurs loisirs
  • 70% de ces victimes ont 55 ans ou plus.

Le nombre de décès chez les usagers du VAE de plus de 55 ans a triplé, passant de 13 à 33, accentuant leur sur-représentation (…) alors que cette tranche d’âge ne représente que 21% de la population française.

Le baromètre des addictions de la MACIF adopte un autre point de vue :

65 % des jeunes déclarent utiliser leur téléphone en se déplaçant en voiture, à moto ou scooter et à vélo. 

Près d’un tiers des jeunes utilisateurs de deux-roues (30%), trottinettes (35%), vélo (32%) et voiture (21%) se sont déjà filmés ou ont fait des selfies en conduisant !

S’ils utilisent leur smartphone alors qu’ils en connaissent le danger en situation de conduite, c’est pour 30 % d’entre eux « par habitude », 30 % parce qu’ils estiment être « capables de faire plusieurs choses en même temps » et 27 % par l’impossibilité de « résister à une notification ».

Les comportements à risque des jeunes sur la route

L’assureur pense que malgré tous ces comportements répréhensibles ils ont moins d’accidents que les vieux. La Sécurité routière pense le contraire (encadré plus bas ), et cela est conforme à ce que nous avions lu récemment :

➡️ Le conseil du jour : Roulez comme une femme

(2) Les remèdes

Le meilleur remède c’est bien sûr celui d’interdire aux hommes de plus de 55 ans de faire du vélo-sport, et de leur ordonner de ne pas rouler en VAE. En complément … ce serait peut-être de faire respecter à tout le monde les règles utiles du code de la route.

Contre les accidents survenus « sans tiers », c’est-à-dire tout seul, par fatigue, imprudence ou même arrêt cardiaque, il n’y a guère que l’appel à la prudence et à l’acceptation de ses limites, et le changement de vélo. Le port du casque aussi, avec une efficacité assez faible.

Les remèdes préconisés par l’association Vélo&Territoires sont les pistes cyclables, les zones à faible vitesse, l’instruction routière et les détecteurs de cyclistes inclus dans les automobiles.  

Le collectif « Sauver des vies c’est permis » (avec Karima Delli notamment) propose un remède préventif consistant en une visite médicale tous les 15 ans pour tous les automobilistes, comme cela se pratique dans la plupart de nos voisins européens qui encadrent déjà le droit à conduire, en vérifiant au minimum l’aptitude des automobilistes à partir d’un certain âge, testant la vue, l’ouïe et les réflexes. Cela permettrait à chacun de savoir qu’il n’est un danger ni pour lui-même ni pour les autres. Selon ce collectif la France fait partie des derniers pays à n’avoir mis en place aucun dispositif de ce type. 

Pourtant l’observatoire de la Sécurité routière indique que 37% des présumés responsables d’accidents mortels ont entre 18 et 34 ans. Ils sont 5 % à avoir 75 ans et plus.
Plus de la moitié des conducteurs présumés responsables sont des conducteurs de véhicules de tourisme, et les trois quarts sont des hommes.

Le confinement a lui aussi eu une grande efficacité. On peut rappeler qu’il a réduit la transmission du covid de 68%, et que le vaccin a évité 159 000 morts, 20 000 de plus auraient même été évitées si le vaccin avait été disponible une semaine plus tôt. (Le Point, 15 février 24, p. 26). La pollution de l’air paraît avoir été un facteur aggravant, les particules fines facilitant la pénétration du virus dans les poumons. Le biologiste Gilles Boeuf voit pire encore, il redoute l’arrivée d’une pandémie beaucoup plus meurtrière si l’on ne change rien, si on repart comme avant (revue de presse complémentaire, 3 juin 2020 ). Nous sommes repartis comme avant. Il n’y aura pas de remède, mais c’est un autre sujet.

On peut aussi mettre des cierges pour que les Nations-Unies soient efficaces dans leur souhait d’une intensification des efforts déployés pour mettre en œuvre le Plan mondial d’action pour la sécurité routière 2021-2030. Le 4 juin dernier (2024 donc) son Assemblée générale avait demandé que

des mesures soient prises rapidement pour réduire le nombre de morts et de blessés dus aux accidents de la route dans le monde en mettant en œuvre le plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030).

La résolution « Améliorer la sécurité routière mondiale » appelle à faire de la sécurité routière une priorité politique et encourage les États membres à mettre en place des mécanismes de coordination interministérielle – notamment entre les ministères de la santé, des transports, de l’éducation, des infrastructures, de l’intérieur et de l’environnement – pour traiter efficacement les enjeux transversaux de la lutte contre l’insécurité routière.

Sécurité routière.

(3) LE remède

Au-delà du casque aux vertus bien faibles il est un autre emblème de la liberté et de la joie de vivre qui mérite d’être porté à votre connaissance. Cet outil, dont l’efficacité, elle, est avérée, s’appelle le gilet de sauvetage. Il ne s’applique pas au vélo de tous les jours, bien sûr, mais aux morts en activité de loisir, ce qui est le cas de 82% des morts à vélo. Et vu comme ça, nos 5 morts évitées chaque année grâce au port du casque, s’il était obligatoire, ne sont rien face aux bénéfices du port du gilet de sauvetage, qui sauverait 462 personnes, soit le double des actuelles morts à vélo, casquées ou pas.

Dans son numéro de juillet-août 2024, Que Choisir cite les chiffres de Santé Publique France :


La conclusion de Hervé, notre informateur, s’impose tout naturellement : 


Un gilet de sauvetage est nettement plus efficace pour éviter un décès par noyade qu’un casque pour éviter un décès en cas d’accident à vélo. C’est à se demander si on cherche vraiment à sauver des vies.

Mais ça, personne n’en parle, sauf Isabelle et le vélo. Relisez par exemple sa dernière revue de presse, dans laquelle on voit que casque ou pas casque l’accident et ses conséquences sont les mêmes :

Vous l’aurez compris, la sécurité routière ce n’est pas simple, et on voit mal comment un petit casque tout bête pourrait y jouer un rôle autre que marginal. On voit bien aussi qu’il serait plus efficace, et plus facile, d’agir sur les causes que sur les conséquences.

Dernière heure, l’union fait la force !

Dernière heure, le gilet et le casque s’unissent : Si le gilet de sauvetage est utile dans l’eau, il en est un autre, qui ressemblait à un casque et avait été prévu pour le vélo. Il s’ouvrait automatiquement en cas de chute, est n’a jusqu’alors eu aucun succès. Son successeur devrait en avoir plus, espère son inventeur. En effet il couvre la tête et le cou, mais aussi tout le buste, et en profite pour alerter les secours. Il est ainsi encore plus efficace que l’airbag pour voiture de sport (développé par Apple car, appelé à couvrir tout le pare-brise. Voir Un airbag révolutionnaire va mieux protéger les passagers en cas d’accident). En conclusion « Avec tout cet attirail, In & Motion espère réduire de 80 % les risques de traumas crâniens comparés à un casque de vélo habituel. D’autant que le constructeur n’en est pas à son coup d’essai. La firme a en effet (produit) d’autres airbags par le passé, pour des disciplines diverses telles que le ski ou encore l’équitation. »

Le Stan air bag de In & Motion

Casque ou gilet, ou même casque-gilet, pour le vélo ça n’est pas sérieux !

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Vincent
3 mois

Petite note: « jeune » dans l’étude de la macif, c’est de 16 à 30 ans.

pH|Re
3 mois

J’adore cette pub du lobby cycliste australien contre l’obligation du port du casque :
https://youtu.be/Ujs6DJAMGp0

Alain
3 mois

Dommage de reprendre l’article fallacieux du Point car totalement déconnecté de la réalité concernant les morts épargnés grâce au confinement Covid.

Marc
3 mois

Et si on essayait de rendre les voitures plus sûres pour ceux qui sont à l’extérieur?
Bridages, capteurs anti collision, de somnolence etc…. Ce ne sont plus les solutions qui manquent aujourd’hui.
Ça ne plaira pas aux « pilotes » mais tant pis.

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