Spezi : La voiture à moteur n’a plus de raison d’être

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Le 23° Spezi (salon international des vélos spéciaux) s’est tenu samedi et dimanche derniers dans la petite ville universitaire allemande de Gemersheim, reliée par le train à Karlsruhe. Il fut dominé par les vélos utilitaires, des véhicules de la vie quotidienne fort éloignés des vélos droits classiques. Avec eux l’automobile n’a plus aucune utilité. Rendons-leur visite. 
Mis en ligne à 19 h 20.

C’est la troisième fois que je me rend à Spezi1 Les deux éditions où je me suis rendue :  Spezi, le salon du vélo décoincé, 2013.  /  Spezi se calme, 2015.. Il y a deux ans j’avais été frappée par la domination des outils pour personnes en difficulté de mobilité. En 2013 l’essentiel des machines exposées étaient des vélomobiles et des vélos carrossés. Le clou était un vélo couché de grand luxe, le Mosquito, de Olivier et Nicolas Chambon, qui malheureusement n’étaient pas présents cette fois-ci.

Reflet des évolutions, en 2018 les utilitaires de la vie quotidienne ont été dominants

Cette année les machines sportives, vélomobiles ou vélos couchés, ont disparu. C’est l’utilitaire qui domine, et 50% au moins bénéficie d’une assistance électrique.

Pas mal de machines sont à 4 roues et à pédales, ce qui montre bien que nous sommes désormais dans l’ère du remplacement de l’automobile.
Le dernier de chez velomo, par exemple, est très léger et ses suspensions en lamelles d’une grande simplicité.

Le , 4-roues à pédales et assistance solaire de Evovelo, est lui aussi tout à fait emblématique.

On a vu aussi toutes sortes de vélo-cargos et de remorques, allant jusqu’à la taille d’un véritable plateau de camion.

 

Le Bastiaen cargo a lui aussi retenu l’attention générale. Son cadre court qui rend plus efficaces les freinages, sa roue avant accrochée d’un seul côté, sa caisse très basse facilitant l’accès des enfants, son intelligent agencement, le couvercle se transformant en banc, sa caisse en balsa et fibre de verre… en font un véhicule remarqué, cherchant pourtant encore son industriel.

Le Chike, utilitaire familial pendulaire tri-cycle, avec suspension indépendante et réglable, et caisses latérales, a fait également l’unanimité dans notre groupe. Vidéo ici.

Ce qui a frappé Dario, revendeur en Suisse des Veltop (protextions contre la pluie fixées sur le vélo), fidèle du salon, c’est cependant … l’obésité : les visiteurs sont devenus gros, et les pneus aussi.
J’ai aussi remarqué la place grandissante des changements de vitesse couplés à l’assistance, le tout dans le pédalier. Mais le clou en la matière revient sans doute à un véhicule dont c’est le pédalage uniquement qui alimente la batterie, l’impulsion étant envoyée à la roue motrice arrière par un fil électrique : c’est presque la fin de la « transmission indirecte » ! 

Si on parle surtout allemand dans les stands, il faut tout de même signaler la présence de quelques Français connaisseurs parmi les visiteurs, venant de Lunéville, Nancy, Le Havre, région parisienne et Alsace.

Parmi les exposants, notons la présence fidèle des cycles JV&Fenioux, qui est fabricant de vélomobiles, et le plus gros revendeur du monde, installé entre La-Roche-sur-Yon et La Rochelle. L’association France-HPV (reportage sur Spezi 2018 sur le site) était présentée par Philippe Ravary à proximité des pistes d’essai.
Joseph Mignozzi, de Benur, que nous avions rencontré au Festival du voyage à vélo de 2017 et au salon Autonomy était là également. Il est accompagné par le moove-lab, (lequel est porté par Via-id où nous avions rencontré Smoove ou Cyclofix) et le CNPA, et logé à la station F.

Benur  a reçu le second prix du concours de prototypes. Son « cargo » médalable, doté d’une assistance électrique, est destiné à embarquer directement les fauteuils. Sa seconde version, avec transfert (sortir du fauteuil), va « sortir » dans une quinzaine de jours. C’est un véhicule très puissant qui permet de grimper des cols, et donc de voyager, ainsi qu’il l’explique dans la vidéo de D. Perruchon. Vous pourrez le voir au salon du transport public du 12 au 14 juin à Paris.
Il est en passe de fournir des véhicules pour la location à plusieurs grandes villes françaises ainsi qu’à l’opérateur de tourisme d’une grande véloroute nationale. Il est aussi en contact avancé avec plusieurs grandes entreprises, intéressées à en fournir dans le cadre de leur plan de déplacement. 

Le premier prix du concours de prototypes est allé au TreGo, un système amovible pour charger du lourd à l’avant ou pour « motoriser » un fauteuil roulant.

L’an prochain nous espérons que le vélo en bambou sera à l’honneur, ainsi qu’on en voit les prémices. La Nancéenne Oriane Bertaux, de Belcycles, aura alors complètement finalisé son prototype.

Site de la manifestation : Spezi 2018

En vidéo, l’essentiel du salon en 40 minutes, par Dominique Perruchon de l’association France HPV.  Avec Jean-Luc Saladin pour guide dans les 10 premières minutes, Benur aux minutes 37.20 et 39.03, Gilbert Huot de Lunéville à 37.58, le Bastiaencargo à 38.20 … et le texte d’accompagnement. 

Dans cette autre vidéo (9 minutes), réalisée par Jean-Marie Azais, nombreux 4-roues :

Mö, 3.10
Velomo, 3.39
Velocargo taille camion (autre que celui en photo dans l’article), 7.9
 

Visite réalisée avec l’aide de nombreuses personnes parmi lesquelles Dominique Perruchon2 Le compte-rendu de D. Perruchon se trouve sur le site de France-HPV., Dominique Rosenfeld, Jean-Luc Saladin.

—Notes—

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Axelos
6 années

Merci Isabelle pour ce retour.
Juste un commentaire concernant le « « . J’ai déjà vu un vélo dans le genre ces derniers mois par chez moi, et déjà à l’époque j’avais tiqué sur un détail. Il y a quand même une sacrée différence avec les vélos habituels concernant la largeur, 1.40 m, soit le double des bicyclettes.
Quid de la possibilité de rouler sur des aménagements cyclables ? Le CEREMA conseille une largeur de 1.5 m pour les bandes cyclables, sur le terrain on est souvent plus proche du mètre. Sur une piste cyclable bidirectionnelle, il est conseillé 3 mètres ce qui est déjà très limite si deux de ces engins s’y rencontrent ! Ou rien que de pouvoir accéder aux places piétonnes en roulant au pas, sachant que les obstacles antiterroristes prolifèrent dans nos villes.
Je pense que ce type d’engin n’apporte que des contraintes, et reproduit à la perfection l’un des problèmes que génère la voiture individuelle : l’encombrement.

Adrien
6 années
En réponse à  Axelos

Pour avoir déjà conduit des vélos-taxis, je peux dire qu’on passe à des endroits où il est très difficile voire impossible de passer en voiture. Certes, les vélos taxis et autres cargos sont plus encombrants que de simples vélos, mais ils sont beaucoup moins encombrants qu’une voiture, pour une capacité de transport bien meilleure car ils sont optimisés pour ça.

Lili
4 années
En réponse à  Axelos

Je comprends votre questionnement sur l’encombrement des « vélos voitures », cependant je dois bien avouer que ce sont des alternatives à la voiture. Je rêve d’un vélo qui me permettrait de me déplacer à l’abri de la pluie et avec ma famille les jours de mauvais temps (ce serait là l’essentiel de son utilité). Les vélos cargos m’inspirent peu pour deux raisons : le poids est situé à l’avant, et je trouve cela plus difficile à manoeuvrer ; ensuite, ils manquent cruellement d’abris pour le conducteur… et je n’aime pas l’idée d’arriver trempée à destination ou de devoir me couvrir de poncho en plastiques (ou autres équipements) : je préfèrerais avoir un toit au-dessus de ma tête.
Par ailleurs, vu le manque d’aménagements pour les vélos dans ma ville, un côté un peu plus « imposant » obligerait peut-être au respect de la part des automobilistes… bref, j’espère qu’un jour, ce type de vélos multiplaces se développera et sera accessible. Si vous avez des constructeurs en tête, je suis preneuse ! Merci d’avance.

Dominique Perruchon
6 années

Tout simplement merci Isabelle, non seulement pour cet article mais aussi pour l’énergie que tu déploies généreusement, depuis des années, pour notre bien à tous. Très affectueusement pour ton travail, D.

Vincent
6 années

Pour ce qui est du Benur : est-ce plus intéressant que les solutions qui consistent à attacher une roue avant motorisée ? Liste sans doute non exhaustive :
Batec
Davinci
Triride
Rio Mobility : FireFly
a2j : Crazy HorsE-Power
TeamHybrid
Max Mobility

Vincent
6 années
En réponse à  Vincent

Je n’ai pas l’usage de ce type de vélo, donc aucun parti pris. La question est : quel est l’avantage du Benur par rapport à un simple kit qu’on attache à un fauteuil roulant ?

Mignozzi
6 années
En réponse à  Vincent

Bonsoir, c’est une question qui revient souvent et vous avez raison de la poser. L’usage est différent, voire complémentaire, c’est très bien d’ailleurs que vous ayez cité plusieurs marques, car elles ont presque toutes une fixation différente qui ne s’adapte pas à tous les fauteuils ; ensuite dans son usage vous êtes limité par le revêtement à cause des roues de votre fauteuil, sur les graviers, balade sur les plages, les pavés, le revêtement de mauvaise qualité, usure prématurée du fauteuil.
Avec le vélo Benur, que vous pouvez utiliser avec tous les fauteuils, et pas seulement puisqu’il est utilisé aussi par les personnes dites à Mobilité Réduite (PMR) avec une assise à la place du fauteuil, vous avez beaucoup plus d’autonomie, et la possibilité d’avoir des bagages.
Ce sont deux solutions différentes, j’ai eu l’occasion d’utiliser une troisième roue et j’ai trouvé cela très bien pour des déplacements courts.

6 années

Juste une petite précision concernant l’aventure du mosquito : notre absence au spezi est dûe au calendrier assez rempli, un 3ème mosquito vient d’être fini en ce début de printemps et un autre est en cours de fabrication. Carnet de commande complet pour 2018 donc. L’année prochaine peut-être au spezi pour des nouvelles actualisées !

6 années

oui les Français étaient fort nombreux au Spezi, comme chaque année, à la fois des utilisateurs récents et d’autres plus chevronnés, les uns et les autres provenant de toute la France. Nous pouvons ajouter aux connaisseurs pratiquants ou sympathisants de longue date, des connaisseurs originaires de Lyon, de la Loire, de la Drôme, des Vosges, de l’Aveyron, du grand Est au-delà de l’Alsace, du Nord, de Nantes, de Rouen, ainsi que quelques Belges et Suisses francophones…
Les Français sont très présents au Spezi, ce depuis des années, et c’est une excellente chose pour la diffusion de la culture du vélo sous toutes ses formes et ses multiples applications.
Déjà lors de ma première visite en 2003, on entendait beaucoup parler français.

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